50 ans après les JO de Munich, Allemagne et Israël s'accordent sur des indemnisations

Des portraits de certains des athlètes israéliens assassinés (Photo, AFP).
Des portraits de certains des athlètes israéliens assassinés (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 01 septembre 2022

50 ans après les JO de Munich, Allemagne et Israël s'accordent sur des indemnisations

  • Cet accord, immédiatement salué par le président israélien, met fin à de confidentielles négociations tenues sur plusieurs décennies
  • Le gouvernement fédéral, ainsi que la région de Bavière et la ville de Munich vont verser 28 millions d'euros aux familles de victimes de cette prise d'otages

BERLIN: Près de 50 ans jour pour jour après la sanglante prise d'otages aux Jeux olympiques de Munich, le gouvernement allemand et les familles de victimes israéliennes sont parvenus mercredi à un accord sur les indemnisations.

Cet accord, immédiatement salué par le président israélien, met fin à de confidentielles négociations tenues sur plusieurs décennies et tombent à point nommé, à quelques jours de la commémoration de l'attaque terroriste, unique dans l'histoire des JO.

Le gouvernement fédéral, ainsi que la région de Bavière et la ville de Munich vont verser 28 millions d'euros aux familles de victimes de cette prise d'otages, qui s'était soldée par la mort de onze athlètes israéliens, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale.

"Le gouvernement fédéral salue l'accord avec les familles des victimes", a immédiatement réagi le porte-parole du gouvernement d'Olaf Scholz, Steffen Hebestreit.

Le président israélien Isaac Herzog a exprimé sa "gratitude" envers l'Allemagne pour ces indemnisations en réparation d'une "injustice historique".

Documents déclassifiés

Cette question sensible des indemnisations suscitait la colère des familles de victimes, qui jugeaient trop faibles les propositions du gouvernement allemand et menaçaient de ne pas participer à la commémoration de lundi en Bavière.

Cinquante ans après, ni l'Allemagne, ni l'Etat hébreu n'ont oublié le "Massacre de Munich".

Le 5 septembre 1972, huit membres de l'organisation palestinienne "Septembre noir" avaient pénétré dans un appartement de la délégation israélienne au village olympique, tuant deux athlètes israéliens et prenant neuf autres membres de la délégation en otage, dans l'espoir de les échanger contre 232 prisonniers palestiniens.

L'intervention des services de sécurité allemands sur la base militaire de Fürstenfeldbruck, à une trentaine de kilomètres de Munich, s'était achevée par la mort de tous les otages, un dénouement sanglant dont les autorités ouest-allemandes ont été tenues en partie responsables. Cinq agresseurs palestiniens avaient été abattus et trois autres arrêtés.

L'accord prévoit aussi la mise en place d'une commission d'historiens allemands et israéliens qui devraient avoir accès à des documents jusqu'ici classifiés pour faire toute la lumière sur l'attaque et le fiasco policier.

Dans des documents officiels publiés en 2012 par Israël, un compte rendu de l'ancien chef des services de renseignement, Zvi Zamir, estime que la police allemande "n'a même pas fait un effort minimal pour sauver des vies humaines".

Avec cet accord, l'Allemagne "s'acquitte de son obligation historique envers les victimes et leurs familles, dans le contexte de la relation spéciale germano-israélienne", ajoute le porte-parole.

Menaces de boycott

Les présidents allemand et israélien, Frank-Walter Steinmeier et Isaac Herzog, ont dans la foulée de l'officialisation de l'accord annoncé qu'ils participeraient tous les deux à la cérémonie organisée lundi en Bavière.

"Je tiens à exprimer ma gratitude pour cette étape importante franchie par le gouvernement allemand qui assume la responsabilité de l'injustice historique commise à l'égard des familles des victimes du massacre de Munich et en assure la réparation", a réagi M. Herzog dans un communiqué.

Les familles des victimes avaient prévenu le 11 août qu'elles boycotteraient les commémorations en Allemagne marquant le 50e anniversaire de la tragédie, jugeant insuffisante une offre de compensation des autorités allemandes.

Elles réclamaient aux autorités allemandes des "excuses publiques" pour "toutes leurs erreurs" et leurs "mensonges" dans cette affaire, "d'ouvrir toutes" leurs archives, ainsi qu'une "juste compensation".

Berlin proposait alors 10 millions d'euros, incluant les quelque 4,5 millions déjà versés en 1972 et 2002, pour un nouveau total d'environ 5,4 millions d'euros pour 23 proches directs des victimes.

"Ils nous ont dit qu'ils devaient respecter ce que les victimes allemandes de terrorisme reçoivent (...) mais dans notre cas il ne s'agit pas d'une affaire locale dans laquelle le gouvernement allemand n'est pas coupable", avait alors expliqué la porte-parole des familles des victimes, Ankie Spitzer, qualifiant d'"insulte" l'offre allemande.

Berlin espère désormais voir ces proches prendre part aux commémorations prévues lundi : "Le gouvernement attend maintenant avec impatience une cérémonie digne avec les familles", a indiqué un porte-parole.


Turquie: l'opposition convoque un congrès extraordinaire pour le 21 septembre

Turquie: l'opposition convoque un congrès extraordinaire pour le 21 septembre
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  • Le principal parti d'opposition de Turquie va convoquer un congrès extraordinaire le 21 septembre, après qu'un tribunal a destitué sa direction d'Istanbul sur des accusations de corruption

ISTANBUL: Le principal parti d'opposition de Turquie va convoquer un congrès extraordinaire le 21 septembre, après qu'un tribunal a destitué sa direction d'Istanbul sur des accusations de corruption, a rapporté une source du parti à l'AFP samedi.

Cette décision intervient dans un contexte de pression politique croissante sur le Parti républicain du peuple (CHP) après qu'un tribunal a annulé cette semaine les résultats de son congrès provincial d'Istanbul en octobre 2023, destituant son leader Ozgur Celik et 195 autres responsables.

Plus de 900 délégués du CHP ont soumis vendredi une pétition à une commission électorale locale de la capitale Ankara pour autoriser le congrès, a déclaré la source à l'AFP.

Ce congrès devrait définir la stratégie du parti alors qu'il est confronté à une incertitude juridique.

Le CHP, la principale force d'opposition au Parlement turc, a remporté une victoire majeure sur l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections locales de 2024. Depuis lors, le parti est devenu la cible d'une vague d'arrestations et de procédures judiciaires qui ont culminé en mars avec l'emprisonnement du populaire et puissant maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, pour des accusations de corruption qu'il dément.

L'arrestation et l'emprisonnement de M. Imamoglu, considéré comme un rival clé du président Erdogan, ont déclenché des manifestations de rue inédites depuis dix ans. Les autorités ont réprimé les manifestations en arrêtant près de 2.000 personnes, dont la plupart ont ensuite été libérées.

Mardi, un tribunal a destitué le leader du CHP d'Istanbul et des dizaines de délégués du parti, tout en nommant une équipe de cinq hommes pour les remplacer, ce qui a provoqué une chute de 5,5% du marché boursier turc.

Le CHP a fait appel contre cette décision judiciaire.

Pour l'analyste politique Berk Esen, cette affaire représente une "répétition" pour une affaire plus importante contre la direction nationale du parti, visant à l'affaiblir en tant que force d'opposition.

Une procédure judiciaire presque identique pèse en effet sur sa direction nationale, dans une affaire très suivie qui reprendra à Ankara le 15 septembre.

Gul Ciftci, vice-présidente du CHP responsable des affaires électorales et juridiques, a déclaré que le congrès extraordinaire "ne déterminera pas seulement l'avenir de notre parti, mais réaffirmera également la foi dans le pluralisme, la diversité et la politique démocratique en Turquie", dans un commentaire publié sur X vendredi.

Elle a salué la décision concernant le congrès, prise grâce à la volonté des délégués, comme "la preuve la plus forte que le CHP reste debout face à toutes les tentatives d'intervention du gouvernement".


Pour contrer Trump, le Canada mise sur des grands projets d'infrastructure

Le Premier ministre canadien Mark Carney s’exprime lors d’une conférence de presse, le 26 août 2025 à Berlin. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s’exprime lors d’une conférence de presse, le 26 août 2025 à Berlin. (AFP)
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  • Le gouvernement de Mark Carney engage une transformation économique historique, avec 500 milliards de dollars investis dans ports, autoroutes, et énergies pour réduire la dépendance aux États-Unis
  • Cette stratégie vise à faire du Canada une superpuissance énergétique, en misant sur ses ressources naturelles et de nouveaux partenariats, notamment avec l’Europe

MONTREAL: Ports, autoroutes, mines, pipelines... Bousculé par les attaques de Donald Trump, le Canada se lance dans une série de grands projets pour diversifier ses activités, rompre sa dépendance au marché américain et éviter une crise économique.

Dès son élection en avril, le Premier ministre Mark Carney avait annoncé la couleur: "Construisons à tout-va" ("build, baby, build"), avait-il lancé, détournant un célèbre slogan du président américain et promettant la plus grande transformation de l'économie canadienne depuis la Seconde Guerre mondiale.

Dans cette optique, fin août, le gouvernement a annoncé la création d'un bureau spécial dédié à la mise en œuvre des grands projets après avoir fait passer une loi en juin pour accélérer les processus d'approbation.

Et dans quelques jours, la liste des projets prioritaires sera rendue publique.

Le point de départ de cette nouvelle politique: la dégradation soudaine de la relation avec les Etats-Unis depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

L'imposition de droits de douane par le président américain et ses menaces d'annexion du pays ont provoqué un électrochoc au Canada qui a pour premier partenaire économique son unique voisin du sud.

Le gouvernement libéral de Mark Carney, élu sur la promesse qu'il saurait tenir tête à Donald Trump, veut donc relancer les grands travaux tout en diversifiant ses partenaires économiques et en se rapprochant de l'Europe notamment.

- "Réflexion profonde" -

"Notre gouvernement est en voie de débloquer 500 milliards de dollars pour investir dans des infrastructures, entre autres énergétiques et portuaires", a précisé fin août Mark Carney au côté du chancelier allemand avec lequel il venait de conclure une entente sur les minéraux critiques.

Pour Jay Kohsla, expert du secteur énergétique, le Canada est à un moment charnière.

"On sait que notre économie est en péril", explique à l'AFP cet ancien haut fonctionnaire, ajoutant que Donald Trump a fourni une occasion unique pour "une réflexion profonde".

Selon lui, les deux à trois prochaines années seront déterminantes pour le pays "pris au piège", alors que le taux de chômage a atteint 7,1 % en août, le niveau le plus élevé depuis 2016, hors pandémie.

Mark Carney compte notamment s'appuyer sur les immenses richesses du sous-sol canadien pour faire du pays une "superpuissance énergétique" en développant les énergies renouvelables mais aussi fossiles.

Quatrième pays exportateur de pétrole, le Canada possède les troisièmes réserves d'or noir au monde. Ses ressources se trouvent surtout en Alberta (ouest), d'où les hydrocarbures sont principalement exportés vers les Etats-Unis, faute d'infrastructures suffisantes pour atteindre d'autres marchés.

- "Prenons le temps" -

Mark Carney, qui a pris sur ce sujet le contre-pied des décisions de son prédécesseur Justin Trudeau, se dit maintenant favorable à l'idée d'exporter du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l'Europe.

Les "acheteurs et utilisateurs allemands de GNL" sont particulièrement intéressés, a affirmé la semaine dernière le ministre de l'Energie, Tim Hodgson, lors d'une conférence de presse à Berlin.

Cet été, le Canada a inauguré deux énormes projets énergétiques en construction depuis des années: la toute première installation d'exportation de GNL à grande échelle, LNG Canada, et l'agrandissement du pipeline Trans Mountain, qui transporte le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers la côte ouest.

Mais cette transformation inquiète les ONG, dont Greenpeace qui dénonce les reculs environnementaux et demandent au gouvernement "de privilégier les solutions climatiques et non pas les pipelines de pétrole et de gaz".

Les communautés autochtones, elles, redoutent que le développement économique ne prime sur les droits des Premiers peuples.

"Nous savons ce que ça fait d'avoir Trump à nos frontières. Ne reproduisons pas des politiques à la Trump chez nous. Prenons le temps de bien faire les choses", a demandé Cindy Woodhouse, la cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations.


La Finlande signe la déclaration franco-saoudienne sur la Palestine

L'adoption de la déclaration franco-saoudienne par la Finlande "est conforme au rapport du gouvernement finlandais sur la politique étrangère et de sécurité de la Finlande, qui a été adopté à l'unanimité par le Parlement", a ajouté la ministre finlandaise. (AFP)
L'adoption de la déclaration franco-saoudienne par la Finlande "est conforme au rapport du gouvernement finlandais sur la politique étrangère et de sécurité de la Finlande, qui a été adopté à l'unanimité par le Parlement", a ajouté la ministre finlandaise. (AFP)
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  • Le gouvernement finlandais est divisé sur la reconnaissance de l'Etat palestinien. Le parti des Finlandais, d'extrême droite, ainsi que les Chrétiens démocrates, sont par exemple contre une reconnaissance de l'Etat palestinien
  • "La Finlande s'engage à reconnaître l'État de Palestine à un moment donné dans le futur", a ajouté la ministre devant des journalistes, sans cependant donner de date

HELSINKI: La Finlande a annoncé vendredi qu'elle signait la déclaration franco-saoudienne sur une solution à deux Etats, mais sans s'engager sur une date de reconnaissance d'un Etat palestinien.

"Le processus mené par la France et l'Arabie Saoudite est l'effort international le plus important depuis des années pour créer les conditions d'une solution à deux États", a déclaré la ministre des Affaires étrangères Elina Valtonen sur X.

Le gouvernement finlandais est divisé sur la reconnaissance de l'Etat palestinien. Le parti des Finlandais, d'extrême droite, ainsi que les Chrétiens démocrates, sont par exemple contre une reconnaissance de l'Etat palestinien.

"La Finlande s'engage à reconnaître l'État de Palestine à un moment donné dans le futur", a ajouté la ministre devant des journalistes, sans cependant donner de date.

Le président finlandais Alexander Stubb avait annoncé début août être prêt à reconnaître l'Etat de Palestine si une proposition en ce sens lui était faite par le gouvernement. Le chef de l'Etat est doté de pouvoirs limités et dirige la politique étrangère en étroite coopération avec le gouvernement.

De nombreux pays, dont la France et le Royaume-Uni, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de la 80e Assemblée générale de l'ONU en septembre.

L'adoption de la déclaration franco-saoudienne par la Finlande "est conforme au rapport du gouvernement finlandais sur la politique étrangère et de sécurité de la Finlande, qui a été adopté à l'unanimité par le Parlement", a ajouté la ministre finlandaise.

La présidente des démocrates-chrétiens, ministre de l'Agriculture et des Forêts Sari Essayah, a indiqué sur X qu'elle avait fait part de son opinion divergente avec cette décision lors de la réunion du comité ministériel de la politique étrangère et de sécurité.

Ce comité chargé des questions de politique étrangères réunit le président finlandais, le Premier ministre et des membres du gouvernement.