Evgeniy, Mstyslav et Sergei, reporters de guerre dans leur propre pays, l'Ukraine

Sur cette photo prise le 22 août 2022 un employé prépare une photographie de Sergei Supinsky pour son exposition «L'Ukraine, de l'indépendance à la guerre» lors de la 34e édition du festival international de photojournalisme Visa Pour l'Image, à Perpignan, dans le sud France.
Sur cette photo prise le 22 août 2022 un employé prépare une photographie de Sergei Supinsky pour son exposition «L'Ukraine, de l'indépendance à la guerre» lors de la 34e édition du festival international de photojournalisme Visa Pour l'Image, à Perpignan, dans le sud France.
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Publié le Jeudi 01 septembre 2022

Evgeniy, Mstyslav et Sergei, reporters de guerre dans leur propre pays, l'Ukraine

  • «Quand on couvre d'autres pays que le sien, c'est comme si ce n'était pas réel. Mais quand c'est chez soi, on ressent la peine, dans l'âme, le cœur. Le cerveau réagit différemment. Je fais de sévères insomnies», admet Sergei
  • Mstyslav Chernov, aguerri en Syrie, à Gaza, au Nagorny Karabakh, en Libye, en Afghanistan, est touché par l'impact du conflit sur des lieux familiers comme son ancienne école à Kharkiv

PERPIGNAN: Couvrir une guerre dans son propre pays, tel l'Ukraine, affecte "l'âme, le coeur" et pour les photographes qui ont témoigné des derniers moments de Marioupol ou du massacre de Boutcha, il n'y a pas d'autre chez soi où récupérer; la mission continue.

Evgeniy Maloletka et Mstyslav Chernov ont été les premiers et les derniers journalistes à Marioupol, ville portuaire massivement bombardée. Du 23 février au 15 mars, ils ont coûte que coûte, transmis au monde leurs images depuis les ruines de cette ville de 400 000 habitants.

"Ces 20 jours ont été comme un seul long jour sans fin, de pire en pire", a confié Evgeniy Maloletka, 35 ans, photographe de l'agence Associated Press, toujours dans son pays où "il n'y a pas de temps pour se remettre, comme d'autres journalistes qui passent un mois, puis rentrent chez eux".

"De tout ce que j'ai couvert, ce fut de loin le plus dangereux, sans aucun site où se mettre en sécurité", confie Mstyslav Chernov, 37 ans, photographe de formation et vidéaste pour AP, selon lequel "on ne récupère pas d'une telle histoire, on continue!"

Leurs photos poignantes de l'hôpital et de la maternité, d'un père effondré sur la dépouille ensanglantée de son fils, d'un couple en larmes portant le cadavre de leur bébé, des regards angoissés dans les abris anti-bombes, sont exposées à Visa pour l'image jusqu'au 11 septembre à Perpignan.

Inquiétude et insomnies 

Les images de Sergei Supinsky des cadavres de civils, dans les rues de Boutcha en mars, appuient à l'ONU la dénonciation des crimes de guerre. Agé de 66 ans, il a commencé à couvrir l'Ukraine dès l'indépendance en 1991. Une rétrospective de son travail sur les soubresauts qu'a traversés son pays est également présentée lors de ce festival de photojournalisme.

"Quand on couvre d'autres pays que le sien, c'est comme si ce n'était pas réel. Mais quand c'est chez soi, on ressent la peine, dans l'âme, le cœur. Le cerveau réagit différemment. Je fais de sévères insomnies", admet ce vétéran, cherchant ses mots. "C'est difficile de parler. Tout ce que je pourrais dire, je l'exprime par mes photos".

Mstyslav Chernov, aguerri en Syrie, à Gaza, au Nagorny Karabakh, en Libye, en Afghanistan, est touché par l'impact du conflit sur des lieux familiers comme son ancienne école à Kharkiv. "Ou quand j'ai vu un mort devant la maison que j'habitais étant étudiant. Et puis bien sûr, on s'inquiète pour ses proches, ses amis, pour son pays."

Tous trois ont couvert ces huit dernières années ayant mené à cette guerre annoncée, depuis la révolution de Maidan en 2014.

Frustration de ne pouvoir transmettre 

"Quand les derniers journalistes sont partis de Marioupol, nous avons compris que nous étions la seule source" sur place, ajoute Evgeniy Maloletka, dont les parents déplacés de Berdiansk vivent chez lui à Kiev.

"Nous mangions une seule fois par jour et, faute d'eau courante, il fallait faire le choix de risquer sa vie, courir dehors mettre un seau à chauffer sur le feu pour faire fondre la neige, ou ne pas se laver", sourit Mstyslav Chernov.

Mais "le pire c'est d'être sans internet, d'avoir des images très fortes qu'on ne peut envoyer" parce que les lieux où se connecter sont détruits, que la connexion "est si lente qu'il faut trois téléphones et attendre six heures pour transmettre deux minutes de vidéo" par tronçons de dix secondes, raconte-t-il.

Déterminé à "raconter l'histoire en entier", il prépare un documentaire "Vingt jours à Marioupol" avec ce qu'il a filmé de cet enfer, dont il a fallu sortir pour ne pas y mourir. "Une famille nous a pris en voiture pour passer les checkpoints russes. Ils ont risqué leur vie pour nous aider!"

Ces trois agenciers ukrainiens sont conscients du "défi de garder la distance parce qu'en tant que journalistes, c'est notre devoir", ajoute Mstyslav Chernov, basé en Allemagne et qui a regagné son pays au début de l'offensive.

Sergei Supinsky aimerait faire "comprendre que ce n'est pas juste une guerre Ukraine-Russie. Si la Russie prend l'Ukraine, elle prendra d'autres pays (...) Beaucoup se fendent seulement de blablabla, de mots vides. Il faut mettre fin à cette guerre pas seulement pour nous, mais pour le reste du monde".


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.