Les inondations au Pakistan relancent le débat sur l'aide climatique

Des zones résidentielles inondées après de fortes pluies de mousson dans la ville de Dera Allah Yar du district de Jaffarabad, dans la province du Balouchistan (Photo, AFP).
Des zones résidentielles inondées après de fortes pluies de mousson dans la ville de Dera Allah Yar du district de Jaffarabad, dans la province du Balouchistan (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 02 septembre 2022

Les inondations au Pakistan relancent le débat sur l'aide climatique

  • Une récente étude prévoyait ainsi que la probabilité de moussons particulièrement fortes sur le sous-continent indien serait multipliée par six d'ici la fin du siècle
  • Ces pays, qui contribuent peu, ou ont historiquement peu contribué, aux émissions, subissent en première ligne les effets négatifs du changement climatique

PARIS: Les dramatiques inondations qui frappent le Pakistan braquent à nouveau les projecteurs sur l'épineux dossier de l'aide des pays riches et gros pollueurs aux plus pauvres, frappés par les impacts du réchauffement climatique, à quelques semaines de la conférence mondiale sur le climat.

"L'Asie du Sud est l'un des points chauds de la crise climatique mondiale. Les personnes vivant dans ces points chauds sont 15 fois plus susceptibles de mourir des impacts climatiques", a rappelé mardi le patron de l'ONU Antonio Guterres, en lançant un appel aux dons de 160 millions de dollars pour venir en aide à plus de cinq millions de victimes des inondations catastrophiques.

Une récente étude prévoyait ainsi que la probabilité de moussons particulièrement fortes sur le sous-continent indien serait multipliée par six d'ici la fin du siècle, même si les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement baissaient.

"Ce n'est pas un accident. La science montre que la fréquence et l'impact de ces désastres va augmenter, et nous devons y être préparés", insiste Abel Munir, ambassadeur du Pakistan en Corée du Sud et président en exercice du G77+Chine, principal groupe de pays émergents et pauvres aux négociations climat.

Ces pays, qui contribuent peu, ou ont historiquement peu contribué, aux émissions, subissent en première ligne les effets négatifs du changement climatique, et réclament en vain depuis des années un mécanisme financier spécifique pour compenser les "pertes et préjudices" qu'ils endurent déjà. Un dossier qu'ils veulent remettre sur la table à la COP27 qui se tiendra début novembre en Egypte.

Pression morale

"Nous allons maintenir la pression morale. Mais il me semble qu'il faut également que beaucoup de pression politique et morale viennent de l'intérieur de ces pays", dit M. Munir.

Le Pakistan a contribué pour moins de 0,5% au total des émissions de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle, explique à l'AFP Pristina Dahl, responsable climat à l'ONG Union of Concerned Scientists, basée au Etats-Unis.

Les Etats-Unis, un des principaux adversaires d'un financement spécifique des "pertes et dommages", sont de leur côté responsables de 25% de ces émissions historiques.

"La compréhension des causes de désastres comme les inondations au Pakistan est un pas important vers la responsabilisation des pays riches pour les changements qu'ils ont causé à travers le monde", souligne Mme Dahl.

C'est notamment la crainte d'ouvrir la voie à une mise en cause juridique qui inspire le rejet des pays développés d'un financement spécifique. Ils estiment que la compensation des impacts du réchauffement peut entrer dans un mécanisme global.

Mais les pays touchés rétorquent que les promesses de financements climat des plus riches - 100 milliards de dollars par an - n'ont toujours pas été tenues. Alors même qu'ils ont dépensé des milliers de milliards pour soutenir leurs économies face à la pandémie de Covid.

Le sujet avait été à l'origine de fortes tensions lors de la dernière COP de Glasgow, débouchant finalement sur la décision de créer... un cadre de "dialogue" jusqu'en 2024.

Mais face à la multiplication des catastrophes, nombre de pays veulent aller plus vite.

Catastrophe économique

Avant les inondations, le Pakistan a par exemple été frappé en mars par une canicule avec des températures jusqu'à 50 degrés, touchant de plein fouet les récoltes et le bétail. Canicule qui a aussi accéléré la fonte des nombreux glaciers que compte le pays. Ce qui a pu gonfler les cours d'eau et aggravé les inondations.

Lesquelles inondations ont a nouveau frappé le secteur agricole, noyant les champs et emportant 800.000 têtes de bétail, souligne M. Munir. En ajoutant les infrastructures ravagées - 200 ponts et 3.500 kilomètres de routes emportés -, le pays fait face à une catastrophe économique en plus d'humanitaire.

Mais pour le soutenir, il n'y a que l'appel à l'aide humanitaire d'urgence de l'ONU. Alors même que le gouvernement pakistanais chiffre déjà les coûts de reconstruction à quelque dix milliards de dollars.

"L'aide humanitaire post-désastre peut aider, mais les pays en développement doivent pouvoir compter sur des ressources à long terme conséquentes face aux impacts grandissants du changement climatique," insiste Mme Dahl.

"C'est un fait établi: tout ceci est dû au changement climatique," renchérit M. Munir. "Donc le financement doit venir de quelque part. Et on sait bien où est ce quelque part".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.