«Ni police, ni loi»: l'anarchie règne dans un faubourg de Jérusalem

 Des jeunes Palestiniens lancent des pierres sur une jeep de l'armée israélienne dans la ville de Silwad, près de la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, après une opération militaire dans la ville, le 31 août 2022. (AFP)
Des jeunes Palestiniens lancent des pierres sur une jeep de l'armée israélienne dans la ville de Silwad, près de la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, après une opération militaire dans la ville, le 31 août 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 02 septembre 2022

«Ni police, ni loi»: l'anarchie règne dans un faubourg de Jérusalem

  • Kufr Aqab, quartier palestinien de la Ville Sainte, se trouve derrière la barrière israélienne de séparation érigée en Cisjordanie occupée
  • Israël, qui a annexé Jérusalem-Est près l'avoir conquise en 1967, considère Kufr Aqab comme faisant partie intégrante de son territoire

JÉRUSALEM : Un soir ordinaire à Kufr Aqab, Arafé Rajabi, excédé par une énième partie de rodéo urbain sous ses fenêtres, descend se plaindre. Quinze minutes plus tard, il est abattu par balle dans ce faubourg de Jérusalem-Est devenu un véritable «Far West».

Pour se rendre à Kufr Aqab, à une dizaine de km au nord du centre-ville de Jérusalem, il faut traverser un checkpoint de l'armée israélienne et franchir un mur de béton de plusieurs mètres de haut. Car ce quartier palestinien de la Ville Sainte se trouve derrière la barrière israélienne de séparation érigée en Cisjordanie occupée.

Israël, qui a annexé Jérusalem-Est près l'avoir conquise en 1967, considère Kufr Aqab comme faisant partie intégrante de son territoire. La plupart des habitants payent leurs impôts à la municipalité sous autorité israélienne.

Mais une autre partie de ce vaste quartier dépend de l'Autorité palestinienne, dont les forces n'ont pas le droit de se rendre du côté annexé par Israël.

La police israélienne, elle, ne s'aventure quasiment jamais à Kufr Aqab, créant un vacuum idéal pour le crime, le trafic d'armes et de drogues, disent les habitants.

«Il y a des coups de feu sans arrêt, aucune autorité, ni police, ni loi», soupire Imane Rajabi, qui élève seule ses quatre enfants depuis la mort, en 2021, de son mari Arafé, abattu «en 15 minutes» avec trois autres personnes par des habitants du quartier munis de M16.

«C'est la jungle et on ne sait pas à qui se plaindre», poursuit-elle, affirmant que la police israélienne a mis plusieurs jours à se déplacer après la mort de son mari.

Contactée par l'AFP à ce sujet, la police a indiqué avoir «arrêté plusieurs suspects» et fait état d'inculpations, sans plus de précisions.

Elle affirme agir «constamment et résolument dans tout Jérusalem, dont Kufr Aqab, contre les activités criminelles».

- «Erreur» -

Mais à part quelques panneaux en hébreu ici et là, rien n'indique qu'on se trouve dans un quartier sous juridiction israélienne.

Kufr Aqab ne cesse de s'étendre et semble s'être détaché de Jérusalem, se rapprochant de la métropole de Ramallah.

En 2017 déjà, le ministre israélien en charge des Affaires de Jérusalem, Zeev Elkin, reconnaissait que le tracé de la barrière était une «erreur» qui avait fait de Kufr Aqab une zone de «non-droit».

Dans le recoin d'une ruelle, des douilles jonchent le sol. Partout, des détritus que personne ne ramasse. Dans la rue principale, il n'est pas rare de voir des véhicules rouler à contresens, des motos s'adonner à des parties de rodéos. Et les immeubles s'érigent sans aucune règle d'urbanisme contrairement au reste de Jérusalem.

«C'est un secteur en flottement, ni vraiment à Israël, ni vraiment à l'Autorité palestinienne», remarque Ziyad Chéhadé, dont le bureau de change donne sur la route principale, aux premières loges du «chaos» routier, avec ses incessants embouteillages et klaxons.

Sollicitée par l'AFP, la mairie de Jérusalem affirme que «malgré les nombreux défis créés par l'établissement de la barrière de sécurité», elle «fait tout ce qu'elle peut pour pouvoir fournir les services à ses habitants».

En réalité, «plus vous vous éloignez du centre-ville (de Jérusalem) en direction de Ramallah, plus le niveau de services baisse», estime Daniel Seidemann, avocat israélien et spécialiste de la Ville sainte. «Et si vous atteignez le mur, le niveau s'effondre».

- «Indivisible» -

A la conquête de Jérusalem-Est en 1967, Israël a inclus Kufr Aqab dans les limites de la ville car le secteur était peu habité et se trouvait près de l'aéroport dont il voulait se servir, poursuit M. Seidemann.

Mais l'aéroport n'est plus utilisé depuis 2001 et avec la construction de la barrière israélienne, il a été décidé de «se débarrasser de Kufr Aqab», c'est-à-dire de le laisser côté palestinien, explique M. Seidemann, fondateur de l'association israélienne anticolonisation «Ir Amim».

Les autorités israéliennes ont déjà envisagé de détacher Kufr Aqab de Jérusalem.

Mais l'idée se heurte à un «problème symbolique»: toucher aux frontières municipales, c'est ouvrir la voie à la division de Jérusalem alors que la Ville sainte est pour Israël sa «capitale éternelle et indivisible», explique M. Seidemann.

Imane Rajabi estime qu'elle a payé un lourd tribut du fait de ce statu quo. Elle et ses enfants envisagent de quitter Kufr Aqab, qui, dans son souvenir, était une contrée «sans violence», «sans coups de feu» il y a encore 20 ans.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".