Un imam marocain, recherché en France, visé par un mandat d'arrêt européen

Cette photo d'archives prise le 18 juin 2004 montre l'imam Hassan Iquioussen (à gauche) (Photo de Francois Lo Presti / AFP)
Cette photo d'archives prise le 18 juin 2004 montre l'imam Hassan Iquioussen (à gauche) (Photo de Francois Lo Presti / AFP)
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Publié le Vendredi 02 septembre 2022

Un imam marocain, recherché en France, visé par un mandat d'arrêt européen

  • Le prédicateur, que Paris soupçonne d'avoir gagné la Belgique, est sous le coup d'un mandat d'arrêt délivré par un juge d'instruction de Valenciennes (nord de la France) pour « soustraction à l'exécution d'une décision d'éloignement»
  • Le Marocain, mis en cause pour des propos jugés contraires aux valeurs de la République française, était resté introuvable mardi par la police à son domicile de Lourches

LILLE : L'imam marocain Hassan Iquioussen, disparu en France et sous le coup d'un arrêté d'expulsion signé par les autorités françaises, est désormais visé par un mandat d'arrêt européen dont son avocate et une partie de l'opposition contestent la légalité.

Le prédicateur, que Paris soupçonne d'avoir gagné la Belgique, est sous le coup d'un mandat d'arrêt délivré par un juge d'instruction de Valenciennes (nord de la France) pour "soustraction à l'exécution d'une décision d'éloignement", ont indiqué vendredi des sources proches du dossier.

Le Marocain, mis en cause pour des propos jugés contraires aux valeurs de la République française, était resté introuvable mardi par la police à son domicile de Lourches, près de Valenciennes, après la validation de son arrêté d'expulsion par le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative française.

Le lendemain, le préfet du Nord avait expliqué avoir saisi la justice, qualifiant l'imam de "délinquant" pour s'être "soustrait à un arrêté d'expulsion". Contactées par l'AFP, les autorités judiciaires de Valenciennes n'ont pas donné suite.

"Ce mandat d'arrêt européen nous stupéfait car s'il existe, il se fonderait sur une infraction qui n’est selon nous pas constituée", étant donné que M. Iquioussen "a quitté le territoire français", a réagi auprès de l'AFP son avocate, Me Lucie Simon.

"Pourquoi le rechercher ? Pourquoi vouloir le faire revenir ?", s'est-elle interrogé.

«Morbide»

Selon des sources proches du dossier, le motif du mandat d'arrêt aurait été justifié si M. Iquioussen était effectivement resté en France. Mais le ministre de l'Intérieur a affirmé depuis que l'imam était "manifestement en Belgique".

Dans ce cas, selon ces mêmes sources, M. Iquioussen est considéré comme ayant lui-même exécuté la mesure d'éloignement.

"Le parquet fédéral a reçu notification de l'émission du mandat d'arrêt européen  (concernant l'imam Iquioussen NDLR) mais n'a aucune indication sur sa présence ou non en Belgique, cela reste une supposition française non étayée", a indiqué vendredi à l'AFP Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral belge.

"S'il est à l'étranger et notamment chez nos voisins, la coopération judiciaire fera qu'il sera interpellé", a dans tous les cas affirmé le ministre français Gérald Darmanin vendredi soir sur la chaîne BFMTV.

"Le ministère de l'Intérieur n’est pas dans une position juridique dans ce dossier" mais "dans une politique spectacle", a estimé pour sa part Me Simon, qui dénonce "une volonté politique de faire du buzz, de le renvoyer au Maroc sous le regard des caméras".

Et l'avocate d'ajouter: "Ca n'a d'autre logique que celle, morbide, de l’humiliation".

«Grotesque»

La justice administrative française avait donné mardi son feu vert à l'expulsion de M. Iquioussen, né en France il y a 58 ans mais de nationalité marocaine, et dont Gérald Darmanin avait fait ces dernières semaines un symbole de la lutte contre les "discours séparatistes".

Le ministre français de l'Intérieur avait annoncé le 28 juillet l'expulsion de ce prédicateur du Nord, fiché S (pour sûreté de l'Etat) par les services secrets intérieurs (DGSI) "depuis dix-huit mois", selon lui.

L'arrêté d'expulsion lui reproche "un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d'une vision de l'islam contraires aux valeurs de la République". Sa chaîne YouTube est suivie par 178.000 abonnés.

Pour compliquer un peu plus cet imbroglio juridique, le Maroc a annoncé mardi, après la décision de l'administration française, suspendre le "laissez-passer consulaire" délivré début août pour permettre l'expulsion de l'imam vers son territoire.

"On se met à rechercher quelqu'un qui a appliqué l'arrêté d'expulsion lui-même, pour le renvoyer dans un pays qui a retiré son laissez-passer", a déclaré à l'AFP le député La France insoumise (gauche radicale) du Nord, David Guiraud, qui dénonce un feuilleton "grotesque".

"Si l'imam Iquioussen est arrêté en Europe et que le Maroc ne veut plus le reprendre, il va où ? C'est quoi la suite de l'histoire ?", a pour sa part réagi le député Rassemblement national (extrême droite) du Nord, Sébastien Chenu, auprès de l'AFP. "J'aimerais bien que nos brillants juristes et ministre de l'Intérieur nous expliquent ce qu'ils ont en tête."


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.