Les appels pour une démocratie en Iran se font de plus en plus pressants

(Jacques COLLET/AFP)
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Publié le Mercredi 22 juillet 2020

Les appels pour une démocratie en Iran se font de plus en plus pressants

Les appels pour une démocratie en Iran se font de plus en plus pressants
  • Malgré la pandémie, des dizaines de milliers d’Iraniens des cinq continents se sont rassemblés pour un sommet virtuel « Pour un Iran libre » sur Zoom.
  • Le régime iranien est confronté à un niveau de pression sans précédent, tant au niveau national qu’international: plus que jamais, le peuple iranien montre qu’il est prêt pour un changement démocratique

La pandémie du coronavirus aurait exigé que la manifestation et le sommet emblématiques annuels de cet été « Pour un Iran libre » soient annulés ou reportés. Mais les Iraniens, qui ne désirent que la démocratie pour leur pays, ont décidé au contraire de donner à l’événement une ampleur inédite en organisant une rencontre en ligne grâce à la technologie moderne. Ainsi, vendredi, des dizaines de milliers d’Iraniens des cinq continents se sont rassemblés pour un sommet virtuel mondial sur Zoom.

Les organisateurs ont connecté des milliers de participants, notamment des centaines d’éminents juristes et des personnalités qui ont dit au monde qu’il fallait en finir avec le régime clérical iranien. Parmi les intervenants, des figures bien connues étaient présentes comme l’ancien maire de New York Rudy Giuliani ; l’ancien candidat à la vice-présidence des États-Unis Joseph Lieberman ; le député français Philippe Gosselin (Les Républicains); l’ancien ministre italien des Affaires étrangères Giulio Terzi ; l’ancien ministre des Affaires étrangères canadien John Baird ou encore Tom Ridge, le secrétaire américain à la Sécurité intérieure.

Giuliani, aujourd’hui avocat personnel du président des États-Unis Donald Trump, a déclaré que « le régime est sur le point de tomber en ce moment. Le changement de régime en Iran est à portée de main. N’écoutez pas les pessimistes ! »

Le régime iranien a toujours redouté les manifestations qui appellent à l’établissement de la démocratie dans le pays. En 2018, les responsables européens avaient déjoué une attaque terroriste qui visait la convention « Pour un Iran libre » de 2018 près de Paris, manifestation à laquelle j’ai moi-même assisté, avec de nombreux conférenciers de haut niveau, dont l’ancien président de la Chambre des représentants des États-Unis Newt Gingrich. Plusieurs autres personnes d’origine iranienne, dont un diplomate, avaient ainsi été arrêtées en France, en Belgique et en Allemagne, soupçonnées d’être impliquées dans le projet d’attentat. Les responsables français en ont conclu que le régime iranien était le commanditaire de cet attentat à la bombe. Paris avait alors gelé les avoirs de l’agence de renseignements iranienne et de deux de ses agents.

L’opposition iranienne et les dissidents veulent attirer l’attention sur les niveaux sans précédent d’instabilité sociale, économique et politique auxquels le régime est confronté depuis plus de deux ans. Lors des nombreuses manifestations en 2017 et 2019, des slogans populaires se sont répandus, tels que « Mort au dictateur », « Partisans de la ligne dure, conservateurs, la partie est terminée » ou encore « Mort à Khamenei » – ce qui est un crime passible de la peine de mort en Iran.

Le Guide suprême Ali Khamenei a été catégorique dans sa description du rôle de l’opposition dans les manifestations. « Les incidents ont été organisés et conduits par le Conseil national de la résistance en Iran [NCRI] », a-t-il déclaré, ajoutant que le groupe « s’était préparé depuis plusieurs mois ». Durant la préparation des manifestations, les activistes liés au NCRI avaient placé de nombreuses affiches anti-régime en Iran, notamment des photos de Maryam Radjavi, la présidente du NCRI.

Lors du soulèvement de novembre 2019, plus de 1 000 manifestants ont été tués par les forces du régime, selon Reuters. En décembre dernier, Radjavi a insisté sur le fait que « la communauté internationale devait agir d’urgence pour mettre fin aux tueries et garantir la mise en liberté des personnes arrêtées… Seule la fin de ce régime apportera la paix et la sécurité au Moyen-Orient ainsi que la coexistence pacifique entre tous les pays. »

Khamenei et les cadres supérieurs du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) croient fermement que la « douce puissance » du peuple iranien et de l’opposition est bien plus forte que les capacités militaires des puissances étrangères.

L’opposition iranienne appelle à un système de gouvernement démocratique en Iran, à la liberté de religion, à la justice sociale, à l’application de la loi et au respect des droits humains.

Toutefois, la communauté internationale n’a pas su apporter à la population le soutien dont elle avait besoin pour faire réfléchir le régime iranien avant qu’il ne mette en place de nouvelles mesures de répression. Heureusement, l’opposition locale à l’establishment théocratique est demeurée forte et ne montre aucun signe de faiblesse.

L’Histoire nous a montré que toute tentative pour promouvoir la modération au sein du régime iranien a échoué. Les États-Unis et la communauté internationale doivent continuer à tendre la main au peuple iranien et à la résistance qui rejettent le régime et appellent à la formation d’un gouvernement représentatif.

Le régime iranien est confronté à un niveau de pression sans précédent, tant au niveau national qu’international. Plus que jamais, le peuple iranien montre qu’il est prêt pour un changement démocratique. Le temps est venu pour les gouvernements qui optent pour la conciliation avec Téhéran d’adopter une nouvelle approche.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh

L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français

Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com