Au Liban en crise, des sociétés de transfert d'argent comme alternative aux banques

Du côté des banques, les frais ont considérablement augmenté sur les services encore disponibles, notamment les virements en devises vers et en provenance de l'étranger. (AFP)
Du côté des banques, les frais ont considérablement augmenté sur les services encore disponibles, notamment les virements en devises vers et en provenance de l'étranger. (AFP)
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Publié le Dimanche 04 septembre 2022

Au Liban en crise, des sociétés de transfert d'argent comme alternative aux banques

  • Au Liban, les sociétés de transfert d'argent offrent des services auparavant assurés par les banques, qui ont drastiquement réduit la voilure depuis le début de la crise économique inédite
  • Pour payer les salaires de leurs employés, certaines compagnies se tournent elles aussi vers les sociétés de transfert de fonds

BEYROUTH: Carte visa, échange de devises, liste de mariage: au Liban, les sociétés de transfert d'argent offrent des services auparavant assurés par les banques, qui ont drastiquement réduit la voilure depuis le début de la crise économique inédite.

"Ces sociétés nous facilitent la vie", dit Elias Skaff, devant une succursale de l'agence de transfert monétaire OMT à Beyrouth.

"Si vous recevez un transfert à la banque, vous mourrez cent fois avant de pouvoir l'encaisser", lâche cet homme de 50 ans, qui dit survivre grâce aux fonds envoyés par ses proches à l'étranger.

Depuis 2019, le Liban est plongé dans une profonde crise économique imputée par une grande partie de la population à la mauvaise gestion, la corruption, la négligence et l'inertie d'une classe dirigeante en place depuis des décennies.

La crise s'est caractérisée par des restrictions bancaires draconiennes empêchant les épargnants d'avoir librement accès à leur argent, tandis que la monnaie locale a perdu plus de 90% de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir.

Pour faire face à l'effondrement, les banques, naguère considérées comme un fleuron de l'économie, ont supprimé des milliers d'emplois, fermé des centaines de succursales et suspendu un grand nombre de services, notamment l'octroi de prêts.

«Sans frais supplémentaires»

Pour sa liste de mariage, Elie, 36 ans, a invité ses proches et amis à passer par la société de transfert d'argent WHISH Money plutôt que par les banques.

"Au lieu d'attendre des heures à la banque, souvent bondée, les invités peuvent envoyer de l'argent en ligne via une application", dit-il.

Pour payer les salaires de leurs employés, certaines compagnies se tournent elles aussi vers les sociétés de transfert de fonds.

"Au début de la crise, on était contraint de verser les salaires en espèces, ce qui nous faisait perdre beaucoup de temps", explique Rachelle Bou Nader, responsable dans une entreprise spécialisée dans la vente d'articles sportifs.

Aujourd'hui, sa compagnie fait affaire avec WHISH Money. "Nos employés peuvent désormais retirer leur argent facilement, sans frais supplémentaires", dit-elle.

Du côté des banques, les frais ont considérablement augmenté sur les services encore disponibles, notamment les virements en devises vers et en provenance de l'étranger, "leur seule source de revenus", selon Sami Nader, directeur de l'Institut du Levant pour les affaires stratégiques.

Au cours des six premiers mois de 2022, environ 250.000 Libanais ont reçu de l'argent en devises en provenance de l'étranger, indique l'agence OMT, qui précise que le nombre de transferts entrants au pays a augmenté de 8% par rapport à la même période de 2021.

Une croissance qui a poussé la société, qui détient 80% du marché de transfert d'argent hors secteur bancaire, à élargir ses activités. "Nous avons plus de 1.200 filiales à travers le Liban", affirme à l'AFP Naji Abou Zeid, membre exécutif du conseil d'administration d'OMT.

En 2021, la compagnie a lancé sa propre carte de paiement Visa. Ses clients peuvent échanger des dollars contre des livres libanaises, créer une liste de mariage, et payer différentes factures et taxes.

Crise de confiance 

Pour Sami Nader, les sociétés de transfert d'argent fleurissent au Liban grâce aux envois des Libanais de la diaspora à leurs proches restés dans le pays, un marché juteux.

"Aujourd'hui, un jeune Libanais à l'étranger n'hésite plus à envoyer 100 dollars américains (environ 100 euros) à ses parents, car ça peut faire une différence", estime M. Nader.

Selon la Banque mondiale, le Liban fait partie des pays où le volume des remises migratoires en pourcentage du PIB est très élevé, atteignant 54% en 2021 et s'élevant à plus de 6 milliards d'euros par an.

Et la plupart de ces fonds ont été envoyés hors système bancaire, la confiance des Libanais envers leurs banques ayant été fortement ébranlée par la crise.

Les disputes sont d'ailleurs fréquentes entre clients en colère et employés des banques appliquant les consignes.

Le 11 août, un homme armé a retenu en otage des employés d'une banque à Beyrouth, réclamant le retrait de ses économies gelées pour payer les frais d'hospitalisation de son père, ce qui lui a valu d'être salué en héros par la foule.

"On ne peut même pas retirer une seule livre de la banque", s'insurge Alaa Cheikhani, 45 ans. "Pourquoi devrions-nous alors leur confier notre argent?", dit-il, en attendant de recevoir un virement devant une succursale d'OMT à Beyrouth.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".