Confidences d'enfants placés: trop peu d'éducateurs, trop de remplaçants

Photo : actionenfance.org
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Publié le Dimanche 04 septembre 2022

Confidences d'enfants placés: trop peu d'éducateurs, trop de remplaçants

  • «On a tout le temps des remplaçants», regrette Inès, 13 ans, qui reproche à des éducateurs de «ne jamais jouer» avec les enfants
  • Le manque d'éducateurs diplômés est un point noir pour les responsables de Capso, ici comme ailleurs en France

PARIS : «J’aimerais plus d’activités, avec plus d’éducateurs»: Assia, 9 ans, une enfant placée par l’Aide sociale à l’Enfance espère un quotidien meilleur au foyer «La Maison» à Charbonnières-les-Bains, près de Lyon, où elle vit avec 58 camarades.

«J’aimerais aussi plus de temps individuel avec les adultes pour parler des choses personnelles parce que ça me gêne un peu de parler devant tout le monde», poursuit la fillette en triturant son doudou.

Dans ce lieu géré par l'association Capso, les enfants sont répartis en quatre groupes selon leur âge et tous ceux interrogés par l'AFP demandent «plus d'éducateurs» - en écho des protestations des travailleurs sociaux qui dénoncent depuis longtemps la dégradation du système en France.

«On a tout le temps des remplaçants», regrette Inès, 13 ans, qui reproche à des éducateurs de «ne jamais jouer» avec les enfants.

«Ici, certains remplaçants sont un peu trop violents, ils ne donnent pas jusqu'à des coups mais leurs contentions sont un peu trop», confie l'adolescente.

Le manque d'éducateurs diplômés est un point noir pour les responsables de Capso, ici comme ailleurs en France.

Le responsable de «La Maison», Fabrice Jacquot, déplore «de grosses difficultés en terme de recrutement» en raison notamment des salaires et des contraintes horaires.

- «Repères et sécurité» -

Certains enfants «ont beaucoup de mal à dormir», ils ont «besoin d’énormément de sécurité et de repères», mais avec le roulement de personnel, ils «vont avoir encore plus de mal», explique Justine Ferrand, une éducatrice.

En cuisine, la maîtresse de maison Muriel Miagkoff, 52 ans, prépare une tarte pour les plus grands. En charge depuis 2015 de l'entretien, du linge ou des repas, elle se décrit comme «une maman à domicile».

Cette quinquagénaire dynamique qui dit travailler «avec son coeur» recueille les confidences: «j'étais loin d'imaginer que la détresse pouvait être aussi près de chez moi», lâche-t-elle.

«Ce que veulent les enfants, c'est qu'on les associe aux décisions qui les concernent et qu'on les aime», estime Gautier Arnaud-Melchiorre, un étudiant en droit placé dans sa jeunesse, auteur d'un rapport visant à accompagner «les professionnels qui essaient de bien faire» face aux logiques institutionnelles.

Pour lui, «l'avenir de la protection de l'enfance peut se construire autour de petites unités de vie», permettant notamment de cuisiner de manière familiale et non en commandant à une cuisine centrale, ou de se déplacer en voiture et non en minibus».

Ines, ainsi se plaint des moqueries dans son collège parce que le personnel du foyer vient la chercher dans «un gros van».

- «Grandir plus vite» -

«Il faut grandir plus vite que tout le monde quand t’arrives au foyer», confie Memet, 14 ans «et demi», placé dans un foyer Capso de la Loire, où il ne voit guère d'aspect positif au quotidien.

«Ce qui pourrait nous plaire, c'est qu'on soit beaucoup aidé, les +éducs+ sont là pour nous, mais voilà», résume-t-il. Il le sait: un éducateur qui a «11 enfants à coucher» ne peut «pas lire une histoire à tout le monde».

«Personne n'aimerait être au foyer. Ni moi, ni personne», confie Medina, 10 ans dont 7 en foyer. Cette frêle fillette nourrit deux rêves, «retourner chez (ses) parents» et être un jour «patronne» de son restaurant.

Ca l'inquiète de voir que «tellement» d'enfants «ont besoin du foyer, qu’on ne sait plus où les mettre». «Ces derniers temps, un petit de 2 ans et une petite de 4 ans sont venus dans le groupe des grands parce qu’il n’y avait plus de place et ça me fait de la peine», dit-elle, les joues mouillées de larmes.

En France, environ 300.000 enfants bénéficient d'une protection, dont 150.000 vivent en foyer ou en famille d'accueil.

Pour M. Arnaud-Melchiorre, «ce qui va améliorer la prise en charge des enfants, c'est le quotidien et la façon de prendre un enfant dans ses bras, de s'assurer qu'il a bien dormi, de jouer avec lui et cela, on ne peut pas l'inscrire dans une loi».

La loi la plus récente, votée en janvier, vise à améliorer les prises en charge avec notamment la proposition systématique d'un contrat aux jeunes majeurs, signant la fin des «sorties sèches» à 18 ans. Actuellement, selon l'Insee, près d'un SDF sur quatre (23 %) est un ancien enfant placé.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.