L'armée israélienne reconnaît une «forte possibilité» d'avoir tué Shireen Abu Akleh

Une peinture murale représentant la journaliste Shireen Abu Akleh est illuminée par des phares dans une rue de la ville arabe d'Umm Al-Fahm, dans le nord d'Israël, le 5 septembre 2022 (Photo, AFP).
Une peinture murale représentant la journaliste Shireen Abu Akleh est illuminée par des phares dans une rue de la ville arabe d'Umm Al-Fahm, dans le nord d'Israël, le 5 septembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 06 septembre 2022

L'armée israélienne reconnaît une «forte possibilité» d'avoir tué Shireen Abu Akleh

  • L'armée israélienne a publié les «conclusions finales» de son enquête et reconnu qu'un de ses soldats avait bien tiré en direction de la journaliste
  • L'armée a indiqué avoir étudié «chronologiquement» la séquence des événements, analysé les lieux, les vidéos et les sons enregistrés sur place

JÉRUSALEM: Pour la première fois, l'armée israélienne a reconnu lundi "une forte possibilité" d'avoir tué, mais pas de façon délibérée, la journaliste de la chaîne panarabe Al Jazeera Shireen Abu Akleh, un aveu en demi-teinte décrié par la famille et les soutiens de la reporter.

Star d'Al Jazeera, la journaliste américano-palestinienne avait été tuée par balle le 11 mai alors qu'elle couvrait une opération militaire israélienne dans le camp palestinien de Jénine, bastion des factions armées palestiniennes dans le nord de la Cisjordanie occupée, où une unité spéciale tentait d'appréhender des "suspects", ce qui avait mené à des affrontements armés.

Après la mort de Shireen Abu Akleh, équipée d'un gilet pare-balles avec la mention "presse" et d'un casque, l'Autorité palestinienne et son employeur Al Jazeera avaient immédiatement accusé l'armée israélienne de l'avoir tuée. Israël n'a cessé de rejeter cette accusation et ce malgré des enquêtes journalistiques et un rapport de l'ONU concluant à un tir israélien, qui excluaient toutefois qu'il ait été délibéré.

Or lundi, l'armée israélienne a publié les "conclusions finales" de son enquête et reconnu qu'un de ses soldats avait bien tiré en direction de la journaliste en se méprenant sur son identité: "Il y a une forte possibilité que Madame Abu Akleh ait été touchée accidentellement par un tir de l'armée israélienne qui visait des suspects identifiés comme des hommes armés palestiniens".

L'armée a indiqué avoir étudié "chronologiquement" la séquence des événements, analysé les lieux, les vidéos et les sons enregistrés sur place, mené une "simulation de la scène" et que des "experts israéliens" avaient mené une analyse balistique de la balle, le 2 juillet, en présence de représentants du "Comité de coordination sécuritaire des Etats-Unis pour Israël et l'Autorité palestinienne".

En raison du "piètre état de la balle", identifier son origine était "difficile", souligne l'armée dans son rapport, disant ne pas avoir la certitude "sans équivoque" de l'origine du tir fatal à la journaliste.

Erreur sur la cible?

À l'instar de l'armée israélienne, les Etats-Unis avaient conclu que Shireen Abu Akleh avait "vraisemblablement" été tuée par un tir provenant d'une position israélienne, sans avoir de raison de croire que sa mort ait été intentionnelle.

"Le soldat ne cherchait pas à cibler un journaliste d'Al Jazeera ou un journaliste en général. (...) Le soldat a mal identifié sa cible et il en est désolé", a déclaré lundi un haut responsable militaire israélien lors d'un briefing avec la presse. "Cela n'aurait pas dû se produire, il n'a pas fait ça de manière délibérée", a-t-il ajouté.

Ce responsable a indiqué que le soldat, posté à environ 200 mètres derrière la journaliste, n'avait pas vu son inscription "presse" au devant de son gilet pare-balle. Il a indiqué que la journaliste avait été atteinte par balle derrière la tête

Washington appelle Israël à déterminer les responsabilités

"Nous saluons l'enquête par Israël sur cet incident tragique, et soulignons à nouveau l'importance de déterminer les responsabilités dans ce cas", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du département d'Etat, Ned Price.

Pas d'accusation

Le bureau du procureur militaire israélien a annoncé de son côté lundi qu'il "n'y avait pas de soupçon d'un acte criminel justifiant l'ouverture d'une enquête criminelle par la police militaire" et ce, bien qu'il y ait une "forte probabilité" que Shireen Abu Akleh ait été tuée par des soldats israéliens.

"Les faits et les enquêtes prouvent qu'Israël est le coupable, que c'est Israël qui a tué Shireen, et c'est Israël qui doit porter la responsabilité de son crime", a réagi Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas qui avait d'ailleurs organisé des funérailles nationales à Ramallah en l'honneur de la journaliste.

La chaîne Al Jazeera a elle dénoncé les conclusions de l'enquête, estimant que "cet aveu du bout des lèvres n'est rien d'autre qu'une tentative des forces d'occupation Israéliennes d'échapper à leur responsabilité criminelle".

"Al Jazeera condamne la réticence des forces d'occupation israéliennes à admettre explicitement leur crime et leurs tentatives d'éluder les poursuites contre les auteurs", ajoute la chaîne dans un communiqué.

La famille Abu Akleh, qui avait rencontré en juillet le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken à Washington, a accusé lundi dans un comuniqué les autorités israéliennes "d'éviter de prendre la responsabilité du meurtre" de la journaliste. "Nous demeurons profondément blessés, frustrés et déçus", a souligné la famille en demandant aux Etats-Unis de diligenter une enquête "crédible".

"L'aveu de culpabilité des forces armées israéliennes arrive trop tard et est incomplet", a fustigé Sherif Mansour, responsable du Moyen-Orient au Comité pour la protection des journalistes (CPJ), à New York.

L'ONG israélienne anti-colonisation B'Tselem a, elle, qualifié de "fausse confession" les conclusions de l'armée israélienne. "Ce n'est pas une enquête, c'est du camouflage. Ce n'est pas une erreur, c'est une politique", a déploré l'ONG.


Iran: deux « terroristes  » tués dans une frappe de drone

Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
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  • La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche
  • Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone

TEHERAN: Les forces iraniennes ont tué jeudi soir deux "terroristes" dans une frappe de drone dans la région du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui abrite une minorité ethnique, a annoncé un média officiel.

"Une attaque de drone menée par des forces de sécurité contre une voiture transportant des terroristes à proximité de Zahedan a entraîné la mort de deux terroristes", a indiqué l'agence Irna, sans fournir des détails.

La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.

Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone. Formé en 2012, il est considéré comme une "organisation terroriste" par l'Iran, ainsi que par les Etats-Unis.

Le 9 avril, le groupe avait revendiqué une attaque contre un véhicule de la police, qui avait coûté la vie à cinq policiers.

Jaish al-Adl avait déjà revendiqué une double attaque le 4 avril contre une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à Rask, et un poste de police à Chabahar, dans la même région. Seize membres des forces de l'ordre et 18 assaillants avaient été tués, selon un bilan des autorités.


Tensions Israël-Hezbollah, discussions pour une trêve à Gaza

Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué
  • De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière

JERUSALEM: L'armée israélienne et le Hezbollah libanais ont échangé des tirs de missiles dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'une délégation égyptienne est attendue en Israël, dans l'espoir de faire avancer les pourparlers pour une trêve et la libération d'otages à Gaza.

L'armée israélienne a fait état de "deux tirs de missiles anti-chars" ayant touché le nord d'Israël depuis le Liban dans la nuit et dit avoir ciblé les "sources de ces frappes" avec des tirs d'artillerie.

Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué.

De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière.

L'armée israélienne avait annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, d'où le Hezbollah mène des attaques contre l'armée israélienne qui frappe, elle, des positions du mouvement chiite allié du Hamas palestinien.

Le Hamas et Israël sont engagés depuis plus de six mois dans une guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, "dernier" bastion du mouvement islamiste située dans le sud du territoire.

Détruire ou libérer 

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas et libérer les plus de cent otages toujours retenus à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Mais selon des médias israéliens, le cabinet a discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne, pays médiateur à l'instar du Qatar et des Etats-Unis.

D'après le site Walla, qui cite un haut responsable israélien sans le nommer, les discussions portent plus précisément sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas "humanitaires".

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", soit d"éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Un « accord maintenant »

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo de l'otage Hersh Goldberg-Polin, un geste considéré par la presse locale comme visant entre autres à faire pression sur Israël dans les pourparlers.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, cet Israélo-américain âgé de 23 ans accuse dans cette vidéo M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages". "L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", poursuit le texte.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une opération militaire à Gaza ayant fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« C'est allé trop loin »

Dans la nuit de jeudi à vendredi des témoins ont fait état de bombardements à Gaza, notamment dans le secteur de Rafah où des rescapés ont tenté jeudi de récupérer des objets dans les décombres après des frappes.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Washington avait annoncé début mars la construction de ce port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

Ces développement interviennent alors qu'aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise.

De Los Angeles à Atlanta, d'Austin à Boston, le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens grossit d'heure en heure après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.


Soudan: Washington s'alarme d'une possible offensive «  imminente  » des paramilitaires au Darfour

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
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  • "Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué
  • "Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté

WASHINGTON: La diplomatie américaine a alerté mercredi d'une possible offensive "imminente" de paramilitaires au Soudan sur la ville d'el-Facher, au Darfour, un carrefour pour l'aide humanitaire dans ce pays ravagé par plus d'un an de guerre et au bord de la famine.

"Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

"Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté.

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.

El-Facher fait office de hub humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d'habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque là été relativement épargnée par les combats.

Mais depuis mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.

"Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l'ouest d'el-Facher", a relevé Matthew Miller, ajoutant qu'une offensive sur la ville "mettrait les habitants dans une situation de danger extrême".

El-Facher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.

Vendredi, l'ONU avait déjà alerté sur ce "nouveau front" du conflit. Il pourrait "entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour" et freiner encore plus la distribution de l'aide humanitaire dans une région "déjà au bord de la famine", selon la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

La région a déjà été ravagée il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- sous le président de l'époque Omar el-Béchir.

Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023 a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l'ONU.