Indignation face à l’attitude des États-Unis au sujet du meurtre de Shireen Abu Akleh

Une nouvelle peinture murale a été dévoilée à Bethléem en l'honneur de la défunte Chirine Abou Akleh. (Twitter @DaysofPalestine)
Une nouvelle peinture murale a été dévoilée à Bethléem en l'honneur de la défunte Chirine Abou Akleh. (Twitter @DaysofPalestine)
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Publié le Vendredi 08 juillet 2022

Indignation face à l’attitude des États-Unis au sujet du meurtre de Shireen Abu Akleh

  • La famille de Shireen Abu Akleh a déclaré que le manque total de transparence de la part des États-Unis, les objectifs non définis et le soutien à la position d'Israël étaient une grande déception
  • Al-Jazeera a déjà renvoyé l'affaire devant la Cour pénale internationale et s'est engagée à demander justice à travers toutes les voies juridiques internationales

LONDRES: La gestion par le département d'État américain du meurtre de la journaliste d'Al-Jazeera Shireen Abu Akleh a suscité une indignation généralisée sur les réseaux sociaux.

Après avoir revu les enquêtes d’Israël et de l’Autorité palestinienne, le département d'État américain a conclu lundi que les tirs provenant de positions israéliennes «étaient probablement responsables de la mort de Shireen Abu Akleh», mais a considéré l'incident comme le «résultat involontaire de circonstances tragiques».

Des témoins oculaires et de multiples enquêtes menées par des médias américains, dont CNN, le Washington Post, l'Associated Press et le New York Times, avaient précédemment conclu que les forces israéliennes avaient abattu Shireen Abu Akleh.

Les enquêtes et les preuves vidéo confirment également qu'il n'y avait pas de Palestiniens armés dans la zone où Shireen Abu Akleh a été tuée, et qu'elle-même et d'autres journalistes portaient des tenues de presse visibles.

Malgré cela, la déclaration américaine a souligné le fait que le raid israélien visait des combattants extrémistes, comme réaction à de précédentes attaques palestiniennes.

L'Autorité palestinienne a réfuté «le fait que les États-Unis n’ont pas considéré que les forces d'occupation israéliennes» ont visé et tué intentionnellement Shireen Abu Akleh, en qualifiant les circonstances de tragiques plutôt que de crime de guerre intentionnel.

«Nous sommes médusés», a affirmé la famille d'Abou Akleh dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

«Dire que cette enquête, avec son manque total de transparence, ses objectifs non définis et son soutien à la position générale d'Israël est une déception serait un euphémisme», a déclaré sa famille.

Les défenseurs des droits des Palestiniens se sont également tournés vers les réseaux sociaux pour exprimer leur indignation à la suite de la déclaration américaine.

«C'est un jour honteux pour les États-Unis, qui n'ont pas enquêté correctement sur le meurtre de l’une de leurs citoyennes par une armée à laquelle ils envoient 3,8 milliards de dollars chaque année», a tweeté Jewish Voice for Peace (la Voix juive pour la paix).

L'organisation israélienne des droits humains B'Tselem a déclaré: «Pour ce qui est d’Israël, sa politique concernant le meurtre de Palestiniens n'a jamais été autre chose qu'un simulacre organisé, destiné à permettre la poursuite des meurtres en toute impunité, et ce n'est pas différent quand il s'agit d'un citoyen américain comme dans le cas présent.»

Mehdi Hasan de MSNBC a tweeté: «Où est l'indignation de l'administration Biden? Où est l'urgence de savoir comment une citoyenne américaine a été tuée par balle? Combien de temps les États-Unis continueront-ils à donner à Israël un laissez-passer, et visiblement tout?»

La famille de Shireen Abu Akleh a affirmé qu’indépendamment des conclusions de l'enquête, elle continuerait à se battre pour la justice et pour trouver les responsables de sa mort.»

«C'est très décevant, mais en même temps, ce n'est pas décourageant. Nous continuerons à nous battre pour la justice. Nous continuerons à lutter pour définir les responsabilités et mettre fin à cette impunité parce que ce résultat, que nous avons reçu aujourd'hui, ne fait qu'ajouter à l'impunité dont jouit Israël», a déclaré la famille.

«Mais nous ne nous découragerons pas et nous continuerons sur la voie de la justice et la définition des responsabilités», a ajouté la famille.

Al-Jazeera a déjà renvoyé l'affaire devant la Cour pénale internationale (CPI) et s'est engagée à demander justice à travers toutes les voies juridiques internationales.

La famille de Shireen Abu Akleh, la Fédération internationale des journalistes, le syndicat des journalistes palestiniens et le Centre international de justice pour les Palestiniens ont demandé à une équipe juridique de déposer une nouvelle plainte auprès de la CPI.

La plainte demande au procureur de la CPI d'enquêter sur les circonstances entourant la mort de Shireen Abu Akleh et la fusillade de Samoudi.

Israël affirme qu'il n'est pas lié par le mandat de la Cour parce qu'il n'a pas signé le Statut de Rome et que la CPI ne peut pas enquêter sur les abus dans les territoires palestiniens parce que la Palestine n'est pas un État.

Cependant, la CPI a décidé le 5 février 2021 que sa compétence pénale s'étendait à «la situation en Palestine» et que son champ d'application territorial incluait les allégations faites à Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, selon les avocats.

Cette nouvelle plainte fait suite à une demande à la cour en avril dans laquelle le procureur de la CPI a demandé qu'une enquête sur le ciblage, la mutilation et le meurtre systématiques de journalistes, ainsi que sur la destruction de l'infrastructure des médias en Palestine, soit ouverte, a déclaré l'équipe juridique.

Shireen Abu Akleh a été tuée quelques jours seulement après que le procureur de la CPI a accusé réception de la première plainte.

«Cela présente pour la première fois une réelle opportunité pour la définition de la responsabilité de la politique présumée d'Israël de cibler les journalistes, et pourrait conduire à une enquête officielle par le procureur de la CPI et à d'éventuelles poursuites», selon le communiqué des avocats.

Plus de 100 célébrités et artistes ont signé une déclaration demandant des comptes pour le meurtre par Israël de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, immédiatement après le meurtre.

Les acteurs Mark Ruffalo, Tilda Swinton, Susan Sarandon, Steve Coogan et Miriam Margolyes, ainsi que les cinéastes Asif Kapadia, Ken Loach et Mike Leigh, et l'ancien footballeur Eric Cantona, font partie de ceux qui se sont dit «profondément troublés» par sa mort.

En conséquence, une enquête de la CPI menée sur la scène internationale devrait continuer d'attirer l'attention mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.