Les gangs, le fléau au coeur des élections en Suède

Malgré diverses mesures prises par le gouvernement social-démocrate contre les gangs, dont un durcissement des peines et un renforcement des moyens de la police, les morts et les blessés continuent à s'accumuler . (AFP).
Malgré diverses mesures prises par le gouvernement social-démocrate contre les gangs, dont un durcissement des peines et un renforcement des moyens de la police, les morts et les blessés continuent à s'accumuler . (AFP).
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Publié le Mardi 06 septembre 2022

Les gangs, le fléau au coeur des élections en Suède

  • "Avant on tirait dans les jambes, maintenant dans la tête": la Suède peine à enrayer une hécatombe de règlements de compte mortels
  • Ces assassinats sont selon la police la plupart du temps des règlements de compte commis par des bandes rivales contrôlées par des clans

STOCKHOLM: "Avant on tirait dans les jambes, maintenant dans la tête": la Suède peine à enrayer une hécatombe de règlements de compte mortels entre bandes criminelles, devenu un grave problème de société au coeur de la campagne des élections de dimanche.

"Voici mon fils, Marley, quand il avait 19 ans", raconte à l'AFP Maritha Ogilvie, 51 ans, en tenant entre ses mains une des photos du jeune homme souriant. Son appartement stockholmois en est recouvert.

"On lui a tiré dans la tête pendant qu'il était assis dans une voiture avec un ami".

Le meurtre, commis le 24 mars 2015 à Vårby, un quartier défavorisé au sud de la capitale, n'a jamais été élucidé, et l'enquête classée après dix mois.

Ces assassinats sont selon la police la plupart du temps des règlements de compte commis par des bandes rivales contrôlées par des clans, composées majoritairement de Suédois issus de l'immigration, souvent dans des lieux publics et parfois en plein jour.

Attribués à une guerre pour contrôler le trafic d'armes et de drogue, ils se sont multipliés ces dernières années, au point que la Suède, un des pays les plus riches et égalitaires du monde, occupe désormais le haut du classement européen pour les homicides par balles.

Elections en Suède: les trois principaux visages d'un scrutin indécis

La Première ministre sortante Magdalena Andersson, le chef de file de l'opposition de droite Ulf Kristersson et le leader de l'extrême droite Jimmie Åkesson sont les trois poids lourds qui s'affrontent dimanche pour les élections en Suède.

« Magda » Andersson, un « bulldozer »

Première femme cheffe du gouvernement dans un pays parmi les plus féministes au monde, Magdalena Andersson, 55 ans, est arrivée à son poste en novembre avec l'objectif de redresser son camp en vue des élections, et mener la candidature historique de son pays à l'Otan.

Essoufflés après sept années au gouvernement sous la direction de son prédécesseur Stefan Löfven, les sociaux-démocrates ont retrouvé des couleurs.

L'ancienne championne de natation, mariée et mère de deux enfants, est arrivée au pouvoir avec le surnom de "bulldozer", allusions à ses manières directes voire cassantes lorsqu'elle était ministre des Finances (2014-2021), qui déroutent parfois dans un pays soucieux de consensus.

Hésitante au début, elle change de pied en choisissant de demander l'adhésion de la Suède à l'Otan quelques semaines après l'invasion de l'Ukraine par Moscou, quitte à rompre avec la ligne historique des sociaux-démocrates et à deux siècles de non alignement militaire suédois.

"Elle a réussi à maintenir, et même à renforcer, la position du parti et le soutien des électeurs", note le politologue Ulf Bjereld.

Sa défense de l'Etat-providence, totem social-démocrate, est classique, mais elle a poursuivi le durcissement de la ligne du parti sur l'immigration. "L'intégration a échoué", avait-elle lâché eprès des émeutes entre jeunes immigrés et la police en avril.

En cas de défaite, elle sera le chef de gouvernement au mandat le plus court depuis 1936.

Sur la scène internationale, son dossier le plus épineux aura été de négocier avec la Turquie, qui menace de bloquer l'adhésion de la Suède à l'Otan en accusant le pays nordique d'être un refuge pour des "terroristes" kurdes.

Ulf Kristersson, le conservateur qui a tendu la main à l'extrême-droite

Il espère rafler le poste de Premier ministre au prix d'un rapprochement inédit avec l'extrême-droite: Ulf Kristersson, 58 ans, doit montrer que la nouvelle alliance historique est payante pour son camp.

Petites lunettes rondes et physique de poids plume, le chef du parti conservateur des Modérés en est à son deuxième essai pour devenir chef du gouvernement.

Après les précédentes élections très serrées de 2018, cet ancien gymnaste avait échoué l'acrobatie consistant à s'assurer à la fois l'appui des nationalistes des Démocrates de Suède (SD) et des petits partis de centre-droit, alliés historique des Modérés.

Mais un an plus tard, il s'était dit prêt pour la première fois à discuter avec les SD, et le rapprochement s'est approfondi depuis.

Ses détracteurs, comme la dirigeante du parti du Centre Annie Lööf, lui reprochent un pacte faustien, ressortant à l'envi ses promesses passées de ne jamais collaborer avec eux.

Diplômé d'économie et féru de Tintin, ce grand partisan de la baisse et du contrôle des allocations sociales est marié et père de trois filles adoptées de Chine.

Selon les analystes, un deuxième revers de rang pour devenir Premier ministre pourrait lui coûter sa place de chef de parti.

Jimmie Åkesson, le nationaliste qui a policé l'extrême droite suédoise

En 17 ans à la tête des Démocrates de Suède (SD), Jimmie ("Yimmie", dans la prononciation suédoise) Åkesson a fait passer le parti d'extrême droite du statut de paria du paysage politique suédois à un poids lourd indispensable à la droite pour gouverner après les élections de dimanche.

Cheveux impeccablement peignés mais qui laisse volontiers tomber la cravate, ce brun à lunettes de 43 ans à la carrure solide et à la barbe bien taillée cultive l'image du Suédois normal.

A l'image d'une ligne politique qui a transformé un parti héritier d'un groupe néonazi, l'organisation "Bevara Sverige Svensk" (Gardons la Suède suédoise), en un nationalisme bon teint à logo à fleur.

"Il veut donner l'image d'une personne ordinaire (...) qui fait griller des saucisses, part en voyage aux îles Canaries en vol charter et parle de façon ordinaire", de ce "voisin vivant dans un lotissement abordable dans une petite agglomération", dit à l'AFP Jonas Hinnfors, professeur en sciences politiques à l'université de Göteborg.

Son parti siphonne les électeurs conservateurs, mais aussi sociaux-démocrates, notamment chez les hommes de la classe ouvrière, et pourrait pour la première fois constituer une coalition au Parlement avec la droite traditionnelle.

Au fur et à mesure de leur progression rapide dans la politique suédoise, les Démocrates de Suède ont toutefois cherché à polir leurs discours, comme d'autres formations nationalistes en Europe.

Exit les formules controversées, comme lorsqu'Åkesson avait qualifié les musulmans de "plus grande menace étrangère depuis la Seconde Guerre mondiale", ou la proposition d'une sortie de l'Union européenne.

Séparé, il a un fils.

Litanie de morts

Selon un rapport publié l'an dernier par le Conseil suédois de la prévention du crime (Brå), parmi 22 pays d'Europe disposant de données comparables, seule la Croatie devance le pays scandinave, et aucun autre pays n'affiche une telle progression au cours de la dernière décennie.

Depuis le 1er janvier, 48 personnes ont ainsi été tuées par balle, déjà trois de plus que pour toute l'année 2021.

Malgré diverses mesures prises par le gouvernement social-démocrate contre les gangs, dont un durcissement des peines et un renforcement des moyens de la police, les morts et les blessés continuent à s'accumuler dans une longue litanie, tout comme des attaques à l'explosif ou à la voiture piégée.

La criminalité - thème central de la campagne électorale avec les prix de l'énergie - ressort selon les sondages comme la première préoccupation des Suédois.

Le 19 août à Malmö, dans le sud du pays, un homme de 31 ans, identifié comme l'un des chefs d'un gang de la troisième ville de Suède, a été abattu en plein milieu du centre commercial Emporia, quelques mois après la mort de son frère. Un adolescent de 15 ans a été arrêté et inculpé.

Une semaine plus tard, une femme et son fils étaient blessés par des balles perdues alors qu'ils jouaient dans un square à Eskilstuna, une ville à l'ouest de Stockholm.

La droite menée par le parti des Modérés et l'extrême droite des Démocrates de Suède, qui espèrent prendre le pouvoir après les élections de dimanche, ont promis de restaurer "la loi et l'ordre".

« Sociétés parallèles »

Soucieuse de répliquer au procès lancinant en laxisme contre la gauche, la Première ministre Magdalena Andersson a promis "une offensive nationale".

Selon elle, l'émergence de ces crimes est due à l'apparition de "sociétés parallèles", du fait d'une "trop forte immigration et d'une trop faible intégration".

Jacob Fraiman, un gangster repenti qui oeuvre désormais dans une structure d'assistance sociale, constate aussi à quel point le niveau de violence s'est envolé.

"Je suis d'une ancienne génération, on avait des armes chez nous, mais ce n'était pas souvent que l'on devait tirer sur quelqu'un", expose-t-il à l'AFP depuis sa ville de Södertälje, une grande banlieue industrielle de Stockholm à la population mixte.

"Le plus souvent on tirait dans les jambes. Aujourd'hui, on encourage à tirer dans la tête", déplore-t-il.

Dans le commissariat de Rinkeby, une des banlieues difficiles de Stockholm, Michael Cojocaru, un policier de terrain de 26 ans, détaille les saisies d'armes, y compris lourdes, et les graves règlements de compte dans le quartier.

"Vous allez voir des blessures, des gens blessés par des AK47, des coups de couteaux, des gens avec des blessures de guerre. C'est comme si c'était une autre société (...) une autre sorte de Suède", dit-il à l'AFP.

Très forte ségrégation, problèmes d'intégration et de pauvreté, porosité de la circulation des armes sont parmi les raisons avancées pour expliquer le fléau suédois.

Sept ans plus tard, Maritha Ogilvie assure ne pas comprendre pourquoi son fils, "juste un gamin normal", a été tué.

"Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé avec notre société, et je ne sais pas comment ils ont perdu le contrôle de certains quartiers, mais ils l'ont perdu", soupire-t-elle. "Et c'est de pire en pire".

Elections en Suède: cinq choses à savoir

Voici cinq choses à savoir pour comprendre le scrutin.

Une majorité difficile à atteindre

Les 349 sièges du Riksdag, le Parlement monocaméral suédois, sont attribués à la proportionnelle, mais seuls les partis réunissant plus de 4% obtiennent des députés.

Une majorité de "pour" n'est pas nécessaire pour gouverner, mais un Premier ministre ne doit pas être rejeté par une majorité absolue, soit 175 sièges.

Pour la première fois, la droite traditionnelle menée par le parti conservateur des Modérés, allié aux Libéraux (L) et aux chrétiens-démocrates (KD), est prête à gouverner avec l'appui direct ou indirect de l'extrême droite des Démocrates de Suède (SD). Mais une place trop importante des SD, par exemple une entrée au gouvernement, risque d'effrayer les libéraux et bloquer la formation d'un exécutif.

A gauche, le parti social-démocrate de la Première ministre Magdalena Andersson compte lui sur le soutien des Verts, du parti de Gauche (ex-communiste) et du parti du Centre. Mais ces deux derniers ont de nombreux désaccords et ne veulent pas collaborer directement.

Covid: «amnésie collective» sur la «stratégie suédoise»

La "stratégie suédoise" contre le Covid-19, moins coercitive qu'ailleurs, avait fait les gros titres dans le monde au début de la pandémie. Mais elle a été remarquablement absente des débats.

"L'opposition n'a rien à y gagner. La plupart des gens ont été plutôt satisfaits de la stratégie", observe Jens Liljestrand, éditorialiste au quotidien Expressen, évoquant une 'amnésie collective" et le fait que "les gens sont passés à autre chose", malgré le souvenir de la surmortalité des premiers mois de la pandémie liée à cette stratégie.

Avec 1.901 morts par million d'habitants début septembre, la Suède fait moins bien que ses voisins nordiques, mais mieux que l'UE (2.529 par million), selon Our World in Data.

L'Otan en ligne de mire

Le prochain Premier ministre - sauf accident, la sortante sociale-démocrate Magdalena Andersson ou son rival de droite Ulf Kristersson - devra boucler la candidature d'adhésion de la Suède à l'Otan, commune avec la Finlande voisine.

La Suède est restée hors des alliances militaires depuis la fin des guerres napoléoniennes, et a été officiellement neutre jusqu'à la fin de la Guerre froide et son adhésion à l'Union européenne en 1995.

Avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'extrême droite de SD puis les sociaux-démocrates - pourtant historiquement opposés à une candidature - ont changé de position en faveur de l'Otan, permettant la candidature déposée mi-mai.

Longtemps ligne rouge en Suède, le sujet fait désormais l'objet d'un large consensus parmi les principaux partis. Seuls le parti de Gauche (ex-communiste) et les Verts y restent opposés.

Le point le plus épineux est d'obtenir la ratification de l'adhésion par la Turquie, qui menace de bloquer l'entrée de la Suède et de la Finlande, accusées notamment de positions prokurdes.

Greta, insatisfaite

Deux semaines avant les dernières élections de 2018, une adolescente âgée alors de 15 ans débarque devant le parlement suédois avec une simple pancarte "Grève de l'école pour le climat".

Depuis, Greta Thunberg est devenue le visage d'une jeunesse mobilisée pour le climat mais insatisfaite de l'action politique. Y compris dans son pays, où même le parti des Verts n'a pas réussi à engranger son soutien.

La campagne a vu les questions climatiques cantonnées à l'arrière-plan, quand les prix élevés de l'énergie ont dominé, avec la criminalité.

Lors du quatrième anniversaire du début de sa "grève", le 20 août, Greta Thunberg a déploré que la "crise du climat soit toujours absente du débat".

Des élections simulées dans les écoles

Les adolescents suédois - à partir de la cinquième, soit environ 12-13 ans - peuvent aussi voter pour leur parti favori grâce à une simulation des élections législatives dans les collèges et les lycées.

Organisée par l'Agence suédoise de la jeunesse et la société civile, l'initiative lancée il y a 20 ans vise à sensibiliser les élèves à la démocratie et la politique.

Cette année, plus d'un demi-million d'élèves sont appelés à voter au "Skolval", soit plus des trois quarts de la classe d'âge, avec près de 1.580 établissements inscrits.

Lors du dernier scrutin, contrairement à leurs aînés qui avaient mis les sociaux-démocrates en tête, les élèves avaient voté en premier pour les Modérés (conservateurs) avec environ 21,2%. Avaient suivi les sociaux-démocrates (centre-gauche) à 19,5% et les Démocrates de Suèdes (extrême droite) à 15,5%.

 


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.