En France, la formation face au défi de la pénurie de candidats

Face à la pénurie de candidats et à la nécessité de renforcer leurs compétences, le gouvernement entend développer la formation dans les métiers où les bras manquent, qu'il s'agisse de reconversions ou d'enseignement professionnel. (AFP)
Face à la pénurie de candidats et à la nécessité de renforcer leurs compétences, le gouvernement entend développer la formation dans les métiers où les bras manquent, qu'il s'agisse de reconversions ou d'enseignement professionnel. (AFP)
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Publié le Jeudi 08 septembre 2022

En France, la formation face au défi de la pénurie de candidats

  • Une étude de la Dares a identifié 30 métiers particulièrement en tension l'année précédente, comme la métallurgie, le BTP ou la maintenance informatique
  • Pôle emploi propose aux chômeurs de longue durée des formations «plutôt courtes», en lien avec «le marché du travail local», ce qui permet «de garantir que les compétences correspondent aux besoins»

PARIS: Face à la pénurie de candidats et à la nécessité de renforcer leurs compétences, le gouvernement entend développer la formation dans les métiers où les bras manquent, qu'il s'agisse de reconversions ou d'enseignement professionnel.

La formation était déjà l'un des principaux leviers du premier quinquennat Macron pour lutter contre le chômage et les emplois non pourvus avec la plateforme '1jeune1solution', la promotion des comptes personnels de formation (CPF) ou encore des incitations financières pour développer l'apprentissage.

Le gouvernement d'Elisabeth Borne promet de maintenir le cap comme la Première ministre l'a rappelé devant le patronat fin août. "Nous allons continuer à adapter la formation aux nouveaux emplois et aux besoins du marché du travail", a-t-elle souligné.

Pour ce faire, Elisabeth Borne s'est engagée à "simplifier et favoriser le recours à la formation professionnelle" mais aussi à renforcer "la reconversion vers les filières de demain ou qui ont le plus de besoins".

Créer sa propre école, la stratégie de certaines entreprises pour mieux recruter

TotalEnergies, Veolia mais aussi La Poste ou Axa... De nombreuses entreprises ont créé leurs propres écoles sous des formules variées et les présentent comme des solutions pour faire face aux difficultés de recrutement.

"La formation classique ne correspond pas forcément à 100% au besoin en magasin", soutient auprès de l'AFP Fabienne Cailly, directrice de la formation et des ressources humaines au sein du groupement d'enseignes d'optique Krys Group, qui lance à la rentrée son premier centre de formation d'apprentis (CFA).

Selon elle, "L'Ecole by Krys Group" va permettre aux élèves de mieux comprendre ce qui les attend et "de fidéliser" les étudiants au groupe dans un secteur qui connaît "une vraie tension".

Pour la société d'ingénierie ADF, qui ouvre une école de soudure pour ses salariés et des demandeurs d'emploi, il s'agit d'"élargir [son] champ de recherche de candidats".

Selon la taille de l'entreprise qui les crée, ces écoles peuvent permettre de recruter d'une poignée de personnes à plusieurs centaines de salariés par an.

Leur forme est très variable: certaines ressemblent à des universités ultra-modernes et d'autres proposent des formations entièrement à distance. Elles peuvent s'adresser à des jeunes sans diplômes ou à des cadres salariés, être partenaires d'établissements scolaires reconnus ou complètement autonomes, au risque de créer des formations sur-mesure pour l'entreprise mais pas forcément adaptées au reste du marché...

Certaines ont même participé à la création de diplômes, comme les campus Veolia dans les métiers de l'environnement.

Pour SNCF Réseau, qui dispose de deux campus à Nanterre et Bordeaux et compte en lancer un troisième à l'automne à Lyon, ces écoles sont aussi "une vitrine technologique" pour attirer des candidats.

Le développement des écoles d'entreprises s'est accru avec la loi "Avenir professionnel" de 2018, qui a ouvert la possibilité pour les sociétés de créer leur propre CFA, sans l'aval des régions.

La loi encourage aussi les "écoles de production", des établissements où des élèves de 15 à 18 ans reçoivent une formation théorique et pratique en travaillant directement sur des commandes d'entreprises partenaires.

"C'est l'école d'entreprise pour celles qui ne peuvent pas s'en créer une elles-mêmes", résume Patrick Carret, directeur général de la Fédération nationale des écoles de production.

"Les entreprises se créent un vivier recrutement" grâce à ces écoles, poursuit-il.

Il assure avoir reçu plus de demandes de création d'écoles de la part d'entreprises cette année, avec l'amplification des difficultés de recrutement.

Pour M. Carret, ces écoles doivent toutefois s'inscrire dans un projet à long terme et ne pas répondre seulement à un besoin temporaire.

«Vivier réduit»

Une étude de la Dares, le service de statistiques du ministère du Travail, parue en 2021, a identifié 30 métiers particulièrement en tension l'année précédente, comme la métallurgie, le BTP ou la maintenance informatique.

Dans un contexte de chômage en nette baisse, "le marché du travail se tend", constate Stéphane Berger, directeur adjoint de Pôle emploi Ile-de-France. "La difficulté, c'est de trouver des candidats et des compétences dans les entreprises", ajoute-t-il.

Pôle emploi propose aux chômeurs de longue durée des formations "plutôt courtes", en lien avec "le marché du travail local", ce qui permet selon lui "de garantir que les compétences correspondent aux besoins".

Les demandeurs d'emplois peuvent même être sélectionnés en fonction de "leurs appétences plutôt que pour leurs compétences", relève Stéphane Berger.

"Plusieurs vocations peuvent naître de ces formations courtes", assure-t-il encore auprès de l'AFP. Preuve selon lui du succès de ces formations, "le taux de recrutement est supérieur à 80%"à l'issue, avance-t-il.

Des éléments confirmés par une autre étude de la Dares, parue en août. Selon celle-ci, "la probabilité de connaître un épisode d'emploi dans les deux ans suivant l'entrée en formation est supérieure de neuf points de pourcentage à celle des demandeurs d'emploi non-formés".

L'étude l'explique par l'"accroissement des compétences" et la possibilité de "nouer des contacts" lors des stages en entreprise.

"Les entreprises sont beaucoup plus ouvertes qu'avant au fait d'intégrer un salarié motivé mais à qui il faut apprendre les gestes du métier", décrypte M. Berger.

Difficultés de recrutement: des secteurs plus touchés que d'autres

Chauffeurs, ouvriers, enseignants... De nombreux métiers peinent à recruter. Tour d'horizon de certains secteurs particulièrement concernés:

L'industrie 

Il y a "70.000 emplois non pourvus dans l'industrie", a assuré le ministre Roland Lescure devant le patronat fin août.

Marqué par la vague de fermetures d'entreprises des années 1980, le secteur connaît des tensions depuis plusieurs années, qui se sont accentuées avec la crise sanitaire.

La métallurgie souffre particulièrement: chaudronniers, tôliers et soudeurs font partie des 10 métiers où recruter est le plus difficile en 2022, selon l'enquête "Besoins en main-d’œuvre" de Pôle Emploi, publiée en avril.

La situation s'explique "en partie par l'inadéquation entre l'offre et la demande" de salariés, explique David Derré, directeur emploi-formation à l'UIMM, syndicat patronal du secteur qui entend mettre en avant "la question de la souveraineté stratégique" que revêt ce secteur pour attirer des candidats.

La construction 

En juillet, 61% des entreprises du bâtiment déclaraient avoir des difficultés de recrutement, selon un point de conjoncture de la Banque de France publié en août.

En tête des postes les plus compliqués à pourvoir, selon Pôle Emploi: les couvreurs. Dans le top 10 également, les menuisiers et ouvriers de l'agencement.

"On pourrait faire bien mieux (accepter plus de chantiers, etc.) si on était en capacité de recruter plus facilement", a déclaré Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) en conférence de presse mardi.

Les transports 

Cars scolaires, transports en commun, trains et même l'aérien: aucun secteur du transport de voyageurs n'échappe à la pénurie de salariés, avec en conséquence un service détérioré pour les usagers.

Selon la Banque de France, 78% des entreprises du secteur signalaient en juillet des difficultés à recruter.

Raison principale de ce désamour: des conditions de travail et des salaires qui n'attirent pas. "Il faut travailler les week-ends, le soir, les jours fériés. Les vacances en juillet-août, il faut les oublier, surtout au début", détaille Didier Mathis, secrétaire général de l'Unsa-Ferroviaire.

Pour pallier le manque de personnel, les entreprises de l'aérien cherchent à recruter dès maintenant pour la saison prochaine. La RATP offre même 300 euros de prime à chaque agent proposant un candidat finalement retenu. Et Keolis déploie un "Bus pour l'Emploi itinérant" avec un simulateur de conduite pour chercher des candidats potentiels.

Ingénieurs, conseil et numérique 

Les entreprises manquent aussi d'ingénieurs et de consultants, en raison d'une "pénurie des talents" et d'une "forte concurrence des entreprises sur certains profils", selon la fédération Syntec, qui regroupe des syndicats dans ces métiers.

Depuis la crise sanitaire, la fédération note une aspiration "à travailler autrement", de nombreux cadres demandant par exemple une semaine de quatre jours ou plus de télétravail.

Les difficultés sont particulièrement fortes dans le numérique où 79% des entreprises évoquaient en mai le "manque de talents" comme le principal frein à leur croissance, selon une enquête commandée par Numeum, la fédération professionnelle du secteur.

Le ministre délégué au Numérique, Jean-Noël Barrot, a d'ailleurs fait de la crise du recrutement une de ses priorités.

Dans le conseil, les employeurs optent pour une "diversification des profils", selon Syntec. En clair: en recrutant par exemple au sein d'écoles moins réputées. Dans ce secteur où le télétravail est déjà développé, certaines entreprises vont même jusqu'à laisser leurs salariés travailler à 100% à distance.

L'éducation 

Le secteur de l'éducation est touché par une crise inédite du recrutement d'enseignants, avec plus de 4 000 postes non pourvus aux concours cette année, sur 27 300 postes ouverts dans le public et le privé (et 850 000 enseignants au total).

Pour répondre à cette pénurie, l'Education nationale a recruté des enseignants contractuels, avec 3 000 personnes embauchées pour cette rentrée selon le ministère.

A plus long terme, le gouvernement travaille à redonner de l'attractivité au métier via une augmentation des rémunérations des enseignants, afin qu'aucun d'entre eux ne débute sa carrière "à moins de 2 000 euros nets" par mois à la rentrée 2023, selon le gouvernement.

Les métiers du soin et du social 

Parmi les 10 métiers où les recrutements sont les plus difficiles, selon Pôle Emploi, figurent en deuxième place les aides à domicile et aides ménagères. A la 9e place, on trouve les infirmiers, cadres infirmiers et puéricultrices.

Ces professionnels ont dû continuer de travailler pendant la crise sanitaire et se sont retrouvés en "première ligne" avec des conditions de travail rendues particulièrement difficiles par le virus.

Certains représentants de ces secteurs dénoncent le manque de financement, malgré les investissements du Ségur de la Santé annoncés l'an dernier.

Près de la moitié des crèches manquent aussi de personnel. Le gouvernement y a assoupli fin août les critères de recrutement.

Dans l'ensemble de la branche sanitaire, médico-sociale et sanitaire à but non lucratif, quelque 45.000 postes sont à pourvoir, selon les estimations de Nexem, une des principales organisations professionnelles du secteur.

«On formate à l'emploi»

"Former, on sait faire!", confirme Franck Delvau, co-président général de l'Umih Ile-de-France, la principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration.

Dans ce secteur, où "de 200 à 300 000 postes" étaient vacants au début de l'été, un partenariat a été noué par l'Umih et Pôle emploi pour proposer aux demandeurs d'emploi une "période d'essai" en entreprise à la fin de leur formation.

Pour Lionel Lerogeron, dirigeant confédéral de la CGT, la formation ne parvient toutefois pas à compenser d'autres freins à l'embauche comme des conditions de travail difficiles, les bas salaires mais aussi la pénurie de logements.

Chauffeurs de bus, métiers de l'hôtellerie-restauration ou encore aides-soignants, "la majorité de ces secteurs ne demandent pas de qualifications énormes", relève M. Lerogeron, mais "les conditions de travail ne sont pas à la hauteur".

"Calibrer l'orientation des jeunes vers les filières en tension, c'est avoir une vision étriquée de la formation professionnelle", pointe pour sa part Sigrid Girardin, co-secrétaire générale du Snuep-FSU (syndicat de l'enseignement professionnel).

Les lycées professionnels, regrette-t-elle, "ne forment plus à un métier" mais "formatent pour un emploi".


Quatre banques françaises accusées par des ONG de financer la déforestation en Amazonie

Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil. (AFP)
Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil. (AFP)
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  • Entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole et le groupe BPCE ont été impliqués conjointement dans trois opérations (prêt ou obligation) avec Bunge pour un montant total de 4,3 milliards de dollars, a relevé Reclaim Finance
  • BNP Paribas a également prêté 1,5 milliard de dollars à Cargill en octobre 2024 et la Société Générale a participé à une opération de prêt à Bunge de 3,2 milliards de dollars en mars 2024, toujours selon les ONG

PARIS: Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil.

Les deux négociants, les géants de l'agroalimentaire américains Bunge et Cargill, ont cumulé 200 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2024.

Les ONG ont comparé la localisation des zones déforestées en Amazonie, cartographiées par le réseau MapBiomas, qui surveille par satellite l'occupation des sols, et celle des entrepôts de Bunge et Cargill, recensés par les cadastres brésiliens.

Les associations ont remarqué qu'à 273 reprises, ces silos étaient situés à moins de 50 kilomètres de fermes implantées sur des champs déforestés, suggérant que Bunge et Cargill s'y approvisionnent.

Or, entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole et le groupe BPCE ont été impliqués conjointement dans trois opérations (prêt ou obligation) avec Bunge pour un montant total de 4,3 milliards de dollars, a relevé Reclaim Finance.

BNP Paribas a également prêté 1,5 milliard de dollars à Cargill en octobre 2024 et la Société Générale a participé à une opération de prêt à Bunge de 3,2 milliards de dollars en mars 2024, toujours selon les ONG.

BNP Paribas a indiqué à l'AFP que ses clients devaient avoir mis en oeuvre l'objectif "zéro déforestation" d'ici à fin 2025. "La conformité des clients avec cette politique sera évaluée (...) courant 2026", a indiqué à l'AFP la banque.

En l'occurrence Bunge et Cargill ont pris des engagements pour éliminer la déforestation d'ici à fin 2025.

Côté Société Générale, leur politique de lutte contre la déforestation "inclut des critères d'exclusion spécifiques pour les clients opérant dans les chaînes de valeur du soja en Amérique du Sud", a affirmé à l'AFP l'entreprise.

Crédit Agricole a également indiqué avoir pris des engagements "zéro déforestation", et suivre leur mise en oeuvre auprès des clients.

Le groupe BPCE a lui critiqué vivement le travail des deux ONG, fustigeant des "chiffres invérifiables, sans méthodologie explicite", ni "preuve apportée", et ajoute qu'il "publiera sa démarche sur la déforestation fin 2025".

L'Amazonie joue un rôle majeur contre le réchauffement climatique via l'absorption de carbone. C'est un des principaux thèmes de la COP30 à Belém, au Brésil, qui s'achève vendredi.

Un moratoire signé en 2006 bannit la commercialisation du soja issu de terres déboisées en Amazonie après 2008.

 


Forum sur l'investissement Arabie saoudite - États-Unis: des milliards d'euros de transactions privées, un partenariat technologique et énergétique renforcé

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Trump ont salué le renforcement du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en annonçant de nouveaux accords d'investissement substantiels. (AFP)
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Trump ont salué le renforcement du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en annonçant de nouveaux accords d'investissement substantiels. (AFP)
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  • La coopération technologique, y compris l'intelligence artificielle et la fabrication avancée, est apparue comme un pilier central du partenariat en pleine évolution
  • Les chefs d'entreprise ont exprimé leur optimisme quant à l'élargissement des opportunités, considérant le partenariat comme une plateforme de croissance dans les secteurs à forte valeur ajoutée

WASHINGTON D.C. L'élan économique généré par la rencontre à la Maison Blanche entre le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Donald Trump mardi s'est rapidement déplacé vers le Forum d'investissement américano-saoudien au Kennedy Center à Washington.

C'est là, mercredi, que les accords gouvernementaux de haut niveau annoncés dans le bureau ovale et lors d'un dîner de gala de la Maison-Blanche la veille se sont rapidement traduits par des accords concrets avec le secteur privé, d'une valeur de plusieurs milliards.

Le forum, organisé par le ministère des investissements d'Arabie saoudite sur le thème "Leadership for Growth : Renforcer le partenariat économique entre l'Arabie saoudite et les États-Unis", a rassemblé des hauts fonctionnaires, des investisseurs et des PDG de certaines des entreprises américaines les plus puissantes.
S'adressant au forum mercredi après-midi, le prince héritier a déclaré que les bases d'un partenariat plus fort entre l'Arabie saoudite et les États-Unis avaient été jetées et que d'autres accords d'investissement dans les domaines de la défense, de l'énergie, de l'IA et des services financiers pouvaient être attendus.

Dans ses propres remarques, le président Trump a déclaré que 270 milliards de dollars d'accords et de ventes étaient signés entre des dizaines d'entreprises. Il a fait l'éloge du prince héritier, le qualifiant de dirigeant audacieux qui s'est engagé dans la relation entre l'Arabie saoudite et les États-Unis.

M. Trump a également déclaré qu'il commencerait à "travailler" sur la guerre au Soudan après que le prince héritier lui a demandé d'aider à mettre fin au conflit, qui fait rage depuis avril 2023 et qui a pris une tournure plus sombre le mois dernier après la chute d'El-Fasher.

"Sa majesté aimerait que je fasse quelque chose de très puissant en rapport avec le Soudan. Ce n'était pas dans mon programme, je pensais que c'était quelque chose de fou et d'incontrôlable", a déclaré M. Trump.

"Mais je vois à quel point c'est important pour vous, et pour beaucoup de vos amis dans cette salle, le Soudan. Et nous allons commencer à travailler sur le Soudan".

Lors de l'ouverture du forum mercredi matin, le ministre saoudien de l'investissement, Khalid Al-Falih, a souligné l'ampleur de la coopération entre l'Arabie saoudite et les États-Unis, annonçant que l'événement donnerait lieu au lancement "d'accords commerciaux révolutionnaires d'une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars".

"Hier, à la Maison Blanche, nous avons assisté à la signature d'une série d'accords stratégiques G2G dans plusieurs secteurs verticaux, notamment la défense, l'IA, les chaînes d'approvisionnement en minerais et en métaux critiques, entre autres", a déclaré M. Al-Falih.

Il a déclaré que la visite du prince héritier à Washington démontrait "la force du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis et notre ambition commune."

M. Al-Falih a ajouté qu'une "étape importante" avait été franchie lors de la discussion de mardi concernant le "cadre stratégique américano-saoudien sur l'accélération des investissements, un mécanisme qui soutient les approbations d'investissements en temps opportun entre nos deux pays".

"Aujourd'hui, nous assisterons également, une fois de plus, au lancement d'accords commerciaux révolutionnaires d'une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars, soulignant ainsi la force de notre partenariat et de notre ambition commune."

Le ministre de l'investissement a souligné que les États-Unis sont le premier investisseur étranger en Arabie saoudite, "un dollar sur quatre investis par des investisseurs internationaux dans le Royaume d'Arabie saoudite provenant des États-Unis".

Le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, qui s'est adressé au forum après M. Al-Falih, a ajouté que les accords récemment finalisés "ouvrent la voie aux entreprises américaines pour qu'elles deviennent des leaders mondiaux (en) matière d'innovation, de sécurité et de déploiement".

L'événement a été conçu pour consolider les dimensions économiques de l'alliance en alignant les ambitions d'investissement saoudiennes - en particulier celles qui sont à l'origine de la transformation Vision 2030 - sur l'innovation et la technologie américaines.

Il a souligné l'importance stratégique de la technologie, en particulier de l'intelligence artificielle, en tant que pierre angulaire du nouveau partenariat.

Après la signature officielle du partenariat stratégique sur l'intelligence artificielle entre le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, et le secrétaire d'État américain Marco Rubio, les deux parties ont affirmé qu'il s'agissait d'une étape historique pour faire progresser l'innovation et le progrès technologique.

Ce partenariat vise à tirer parti des avantages concurrentiels de l'Arabie saoudite en termes de terres disponibles, de ressources énergétiques et de situation géographique pour créer des pôles technologiques d'intelligence artificielle répondant à la demande locale, régionale et mondiale.

La collaboration englobe la fourniture de semi-conducteurs avancés, le développement d'applications et d'infrastructures d'IA avancées, le renforcement des capacités nationales et l'expansion des investissements à forte valeur ajoutée.

Le secteur privé a immédiatement tiré parti de cette orientation en créant d'importantes coentreprises. Advanced Micro Devices, Cisco Systems et la startup saoudienne Humain ont annoncé la création d'une coentreprise pour construire des centres de données au Moyen-Orient.

Cette initiative débutera par un projet de centre de données de 100 mégawatts en Arabie saoudite.

Le PDG de Humain, Tareq Amin, a confirmé que la startup de vidéo générative Luma AI a déjà signé un contrat pour acheter la totalité de la capacité de ce premier cluster, dont la construction est prévue pour 2026 et qui utilisera une énergie entièrement renouvelable.

La coentreprise vise à construire jusqu'à un gigawatt de nouveaux centres de données d'ici 2030 pour desservir un marché massif couvrant l'Asie, l'Europe, l'Inde, le Moyen-Orient et l'Afrique.

Elon Musk, PDG de Tesla, et Jensen Huang, PDG de Nvidia, ont également participé à une discussion sur les progrès de l'IA. Elon Musk a confirmé par la suite que son entreprise d'IA, XAI, et l'Arabie saoudite travaillaient sur un projet de 500 mégawatts avec Nvidia.

En marge du forum, Wassim Chourbaji, président du Moyen-Orient et de l'Afrique pour Qualcomm, a déclaré à Arab News : "L'ambiance est très positive. Le partenariat est excellent et solide. Je vois des opportunités à long terme.

"Dans le cas de Qualcomm, nous avons annoncé la création d'un centre d'ingénierie de l'IA dans les locaux de Humain. Nous avons annoncé un partenariat avec Humain et Adobe pour exécuter tout le contenu créatif sur notre solution de centre de données avec Humain.

"Nous avons annoncé précédemment la mise en place de nos puces et solutions d'IA les plus avancées avec Humain dans le Royaume d'Arabie saoudite pour construire ce que l'on appelle l'IA hybride... Et l'autre partie est la partie industrielle, où l'IA transforme les industries, y compris le pétrole et le gaz."

Le secteur de l'énergie, qui constitue traditionnellement le socle de la relation, a connu un regain d'intérêt pour les investissements à long terme. Amin Nasser, PDG du géant pétrolier saoudien Aramco, a annoncé que l'Arabie saoudite signerait des accords dans le secteur de l'énergie avec les États-Unis pour un montant de 30 milliards de dollars.

En outre, un accord important a été annoncé pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement en minerais essentiels, un pilier clé de la Vision 2030.

MP Materials, qui exploite la seule mine américaine de terres rares, s'associe au ministère américain de la défense et à la société minière saoudienne Maaden pour construire une raffinerie de terres rares en Arabie saoudite.

Cette coentreprise vise à développer le traitement au Moyen-Orient de ces minéraux critiques, qui sont essentiels pour les avions de chasse, les véhicules électriques et d'autres technologies clés.

La Chine domine actuellement le raffinage mondial, et cette nouvelle installation représente un effort coordonné pour trouver d'autres sources d'approvisionnement stables.

En vertu de l'accord, l'entreprise commune entre MP et le ministère américain de la défense détiendra une participation combinée de 49 % dans la raffinerie saoudienne, Maaden détenant les 51 % restants.

L'installation raffinera des terres rares lourdes et légères qui seront utilisées par les industries manufacturières et de défense américaines et saoudiennes et vendues aux pays alliés.

De plus petites entreprises étaient également représentées au forum afin de trouver des moyens de pénétrer le marché saoudien dans des domaines aussi divers que le sport et le divertissement.

Nicholas Cooper, fondateur et PDG de Convergenz, société spécialisée dans les infrastructures de divertissement et de création, a déclaré à Arab News : "Il est très excitant d'être présent au forum d'investissement pour une raison essentielle.

"Je pense que beaucoup de gens sont venus en Arabie saoudite pour prendre, et mon objectif est de pouvoir apporter une valeur ajoutée.

"Je reconnais qu'il existe actuellement un positionnement unique permettant de jeter un pont entre les mondes de la technologie, du style de vie et du divertissement, et de contribuer réellement à influencer la culture. Mais surtout, j'aimerais apporter une valeur ajoutée à la prochaine génération.


Approfondissement du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et d'investissement

La cérémonie de réception du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à la Maison Blanche (AP)
La cérémonie de réception du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à la Maison Blanche (AP)
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  • Le partenariat entre Riyad et Washington a dépassé ses cadres traditionnels pour s'orienter vers une coopération plus approfondie fondée sur le transfert de connaissances, la localisation industrielle et les plateformes d'investissement transfrontalières
  • Dans ce contexte, Sultan Almorqi, directeur général de Raytheon Saudi Arabia, a déclaré que RTX, la société mère de Raytheon Saudi Arabia, est depuis huit décennies un partenaire de confiance du Royaume

Les relations entre l'Arabie saoudite et les États-Unis sont entrées dans une nouvelle phase de développement qualitatif, ont déclaré des responsables et des analystes saoudiens, citant l'expansion de la coopération en matière de défense, d'investissement et d'économie de la connaissance dans le cadre de la Vision 2030, qui redéfinit les priorités économiques du Royaume et ses partenariats stratégiques avec Washington.

Le partenariat entre Riyad et Washington a dépassé ses cadres traditionnels pour s'orienter vers une coopération plus approfondie fondée sur le transfert de connaissances, la localisation industrielle et les plateformes d'investissement transfrontalières.

Engagement de RTX

Dans ce contexte, Sultan Almorqi, directeur général de Raytheon Saudi Arabia, a déclaré que RTX, la société mère de Raytheon Saudi Arabia, est depuis huit décennies un partenaire de confiance du Royaume, qui répond à ses besoins en matière de défense et d'aviation.

M. Almorqi a déclaré à Asharq Al Awsat que RTX avait contribué à renforcer la localisation, à développer les talents et à atteindre des objectifs stratégiques à long terme.

Il a ajouté : "Aujourd'hui, RTX poursuit son engagement profond à travailler avec le Royaume, en s'appuyant sur ses technologies avancées et son expertise mondiale pour renforcer ce partenariat de longue date et soutenir sa défense future et ses capacités industrielles en ligne avec les objectifs de la Vision 2030."

RTX est l'un des plus grands groupes mondiaux dans le domaine de la défense et de l'aérospatiale et comprend des entreprises de premier plan telles que Raytheon et Pratt and Whitney. Son portefeuille comprend des systèmes de défense avancés, des solutions de détection, des solutions spatiales et des solutions de communication. La société s'appuie sur un long héritage technologique pour développer des radars, des systèmes de défense aérienne et des missiles guidés, ainsi que des solutions pour l'aviation civile et militaire.

Au-delà de la géographie

Sur les fronts de l'économie et de l'investissement, Kamal Bahamdan, fondateur et directeur général de Safanad, une holding mondiale basée à New York, et vice-président du groupe Bahamdan, a déclaré que les relations entre l'Arabie saoudite et les États-Unis constituaient un "partenariat stratégique profondément enraciné qui s'étend sur plusieurs décennies" et qui a renforcé la stabilité régionale tout en stimulant la coopération dans les domaines de l'économie, de l'industrie, du commerce, de l'énergie et de l'investissement.

Il a ajouté que ce qui rapproche Riyad et Washington "va au-delà de la géographie et de la politique et repose sur un héritage historique profond et une vision commune d'un avenir qui sert les intérêts des deux pays".

M. Bahamdan a déclaré que la Vision 2030 avait redessiné la trajectoire des relations économiques avec les États-Unis, la coopération passant d'un cadre traditionnel basé sur le pétrole à des partenariats plus diversifiés et plus souples qui incluent l'investissement direct, la technologie, l'éducation, l'énergie renouvelable et l'innovation.

Il a ajouté : "En participant à plusieurs événements économiques aux États-Unis, j'ai observé un changement positif évident dans la manière dont les investisseurs américains perçoivent le Royaume. Ils y voient désormais une véritable plateforme d'opportunités, soutenue par une vision claire, des stratégies solides et une capacité avérée à tenir ses promesses."

Plateformes d'investissement

Il a indiqué que Safanad a été créée en 2009 en tant que plateforme d'investissement qui sert de "pont économique entre les deux pays" et opère depuis ses bureaux de Riyad et de New York pour renforcer les liens d'investissement et développer des partenariats à valeur durable, en tirant parti de la situation stratégique de l'Arabie saoudite, de son poids régional et du rôle central qu'elle joue dans son environnement.

M. Bahamdan a décrit la visite du prince héritier Mohammed ben Salmane aux États-Unis comme "un moment charnière dans la trajectoire des relations entre les deux pays." Il a ajouté qu'il s'agissait d'une "expression claire de l'orientation du Royaume vers la construction de partenariats plus profonds et plus durables qui s'alignent sur les priorités américaines qui placent l'économie et la technologie au premier plan."

Il a ajouté que l'impact du partenariat s'étendait au-delà du niveau officiel ou des liens des grandes entreprises pour inclure les universités, les centres de recherche et les programmes d'échanges universitaires.

Il a ajouté que l'investissement dans les personnes par l'échange d'expertise, le soutien à l'innovation et le renforcement des partenariats éducatifs représente l'une des voies les plus importantes pour consolider les relations saoudo-américaines à long terme.

M. Bahamdan a déclaré que les relations entre les deux pays "traversent une phase de développement qualitatif et de croissance accélérée" sous l'effet d'un alignement politique et économique qui redéfinit le concept de partenariat pour l'élargir et l'approfondir.

Il a ajouté que les domaines de l'économie numérique, des technologies émergentes et de l'entrepreneuriat sont devenus des espaces naturels pour une coopération renforcée, soutenue par une infrastructure avancée capable d'absorber les investissements mutuels dans l'innovation et la production basée sur la connaissance.

Cet article a été publié pour la première fois sur Asharq Al-Awsat