Le Canada aimait sa reine mais plus vraiment la monarchie

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral Justin Trudeau au Musée canadien de l'histoire à Gatineau, au Québec, le 7 octobre 2019. (AFP).
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral Justin Trudeau au Musée canadien de l'histoire à Gatineau, au Québec, le 7 octobre 2019. (AFP).
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Publié le Samedi 10 septembre 2022

Le Canada aimait sa reine mais plus vraiment la monarchie

  • Selon un sondage en avril dernier, une courte majorité de citoyens - un pourcentage qui atteint 71% au Québec - aimerait en finir avec la royauté, dont le rôle est aujourd'hui largement honorifique
  • Toutefois, pour suivre l'exemple de la Barbade, qui a choisi en 2021 de se séparer de la Couronne britannique pour devenir une république, le Canada devrait envisager une réforme en profondeur des institutions et du droit constitutionnel

MONTRÉAL : Les Canadiens sont restés jusqu'au bout attachés à Elizabeth II, leur reine, mais la relation avec la monarchie s'est de plus en plus distendue et le décès de la souveraine jeudi va rouvrir un débat sur le système politique, estiment des experts.

«Le Canada est une exception monarchiste au milieu d'un continent plutôt républicain», rappelle Marc Chevrier, professeur de sciences politiques à l'université du Québec à Montréal.

Dans quelques semaines, après la période de deuil, «les débats vont resurgir autour de la pertinence de rester une monarchie, la boîte de Pandore est ouverte», ajoute ce dernier.

Pour honorer celle qui fut sa «reine pendant près de la moitié de l'existence du Canada», comme l'a rappelé le Premier ministre Justin Trudeau, le pays est entré jeudi dans une période de deuil de dix jours.

Tous les drapeaux ont été mis en berne dans le pays et une cérémonie nationale de commémoration est prévue dans la capitale Ottawa le jour des funérailles à Londres.

Mais derrière le faste officiel, le pays a une relation de plus en plus ambivalente avec la monarchie. «Même au Canada anglophone, le respect envers la monarchie diminue avec les années», explique Philippe Lagassé, professeur à l'Université Carleton à Ottawa et expert du rôle de la monarchie au Canada.

Selon un sondage en avril dernier, une courte majorité de citoyens - un pourcentage qui atteint 71% au Québec - aimerait même en finir avec la royauté, dont le rôle est aujourd'hui largement honorifique.

Et ils étaient 67% de Canadiens à se dire opposés à ce que Charles devienne roi du Canada. Son passage dans le pays en mai dernier est d'ailleurs quasiment passé inaperçu.

En tant que chef d'État, le monarque a moins d'autorité au Canada qu'il n'en a en Grande-Bretagne. C'est le gouverneur général, représentant du souverain dans le pays, qui détient les pouvoirs.

Mais il est désigné par le Premier ministre - Mary Simon, une Inuite du nord du Québec occupe actuellement le poste. Il s'agit de la première gouverneure générale autochtone du Canada.

- Gommer les liens avec la monarchie -

Toutefois, pour suivre l'exemple de la Barbade, qui a choisi en 2021 de se séparer de la Couronne britannique pour devenir une république, le Canada devrait envisager une réforme en profondeur des institutions et du droit constitutionnel.

Argument fondateur à la naissance du Canada, en 1867, «la monarchie est la clé de voûte de tout le droit constitutionnel» souligne Marc Chevrier. Par exemple poursuit-il, «la fonction de Premier ministre n'existe même pas dans la Constitution canadienne qui ne mentionne que le monarque».

Modifier la Constitution et abolir la monarchie représentent un effort titanesque et potentiellement des années de négociations politiques puisqu'il faut l'approbation unanime du Parlement et des gouvernements des dix provinces canadiennes.

Et le débat pourrait être vif dans un Canada de plus en plus divisé politiquement.

Tout le symbolisme attaché à la royauté sera discuté et probablement revu au fur et à mesure pour continuer de gommer les liens avec la monarchie britannique, estime Philippe Lagassé.

Comme la présence de l'effigie du monarque sur la monnaie. Aujourd'hui, la reine Elizabeth II est présente sur les pièces et les billets de 20 dollars.

Certains cérémonials pourraient aussi évoluer: notamment le serment de citoyenneté. Tout nouveau citoyen canadien devait jusqu'ici, lors d'une cérémonie, prêter «sincère allégeance à Sa Majesté la reine Elizabeth II, reine du Canada, à ses héritiers et successeurs».

Une disposition de la loi sur la citoyenneté déjà contestée devant les tribunaux par des résidents permanents il y a quelques années.

Dans une population canadienne de plus en plus diverse et multiculturelle, en pleine réflexion sur le rôle de la colonisation, le lien avec la monarchie semble de moins en moins pertinent.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com