Crise Maroc-Tunisie: à quoi joue Kaïs Saïed ?

Le président tunisien Kais Saied assiste à la séance d'ouverture de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) à Tunis, la capitale tunisienne, le 27 août 2022. (AFP).
Le président tunisien Kais Saied assiste à la séance d'ouverture de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) à Tunis, la capitale tunisienne, le 27 août 2022. (AFP).
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Publié le Mardi 13 septembre 2022

Crise Maroc-Tunisie: à quoi joue Kaïs Saïed ?

  • «Kaïs Saïed n’est plus l’homme de la Tunisie, mais du régime algérien»
  • Depuis l’avènement de Kaïs Saïed, jamais les relations avec le voisin marocain n’ont été aussi tendues et ambiguës

CASABLANCA: La Tunisie se retrouve-t-elle, malgré elle, au centre d’un conflit régional opposant le Maroc à l’Algérie autour du Sahara? En accueillant en grande pompe le 26 août, le chef du Polisario, Brahim Ghali, à l’occasion de la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad-8), la Tunisie a marqué une rupture avec sa neutralité positive dans ce conflit. Une première historique pour le pays du Jasmin, dont les relations ont été traditionnellement au beau fixe avec le Maroc.

Contacté par Arab News en français, le politologue et professeur des relations internationales à l'université Mohammed V de Rabat, Mohamed Tajeddine Houssaini, précise qu’il ne s’agit pas d’une crise enclenchée entre deux États, mais «créée par une seule personne, le président tunisien, Kaïs Saïed». Ce dernier «a suivi sa volonté personnelle, poussé par le régime algérien, à entamer une telle action hostile contre le Maroc. Il n’a pas consulté le gouvernement tunisien. Il n’est plus l’homme de la Tunisie, mais du régime algérien. Kaïs Saïed est en train d’installer une véritable dictature en Tunisie et les forces vives démocratiques du pays s’insurgent contre les comportements de cet homme qui mène le pays vers le bas», regrette M. Houssaini.

Depuis l’avènement de Kaïs Saïed, jamais les relations avec le voisin marocain n’ont été aussi tendues et ambiguës. Le ton avait été donné lorsque le président tunisien n’avait pas daigné répondre à une invitation du roi Mohammed VI pour une visite officielle au Maroc. Depuis, les initiatives hostiles à l’encontre du Maroc et favorables aux séparatistes du Polisario se sont enchaînées, notamment au sein des instances onusiennes. Mais la goutte qui a fait déborder le vase est la réception digne des grands chefs d’État qui a été réservée par le président tunisien au chef des milices du Polisario le 26 août dernier. Une mise en scène que le Maroc n’a pas acceptée en faisant rappeler son ambassadeur en Tunisie. Il convient toutefois de rappeler que l’accueil en grande pompe du chef du Polisario n’a pas été validé par les coorganisateurs de la Ticad, le Japon et des institutions onusiennes. Ils ont souligné que les pays africains non reconnus par l’Organisation des nations unies (ONU) ne sont pas les bienvenus lors de l’événement, le Polisario entre autres.

«Cette initiative de mauvaise foi n’est pas un acte isolé, mais s’inscrit dans un contexte global où l’Algérie essaie par tous les moyens d’encercler géographiquement le Maroc et de l’affaiblir. Elle a réussi avec la Tunisie, elle essaie de joindre la Libye à ses rangs ainsi que la Mauritanie, seule voie terrestre vers les pays de l’Afrique de l’Ouest», explique M.  Houssaini.

La Tunisie aurait pu éviter une telle crise qui n’augure rien de bon. La portée de cette crise est d’une ampleur historique quand on sait que le Maroc a toujours été du côté des Tunisiens. Après les bouleversements du printemps arabe, Mohammed VI a été le premier chef d’État à entamer une longue visite au pays du Jasmin, tout en marchant avec la foule dans les rues tunisiennes. Une action qui avait fait le buzz à l’époque et qui a joué en faveur du tourisme tunisien. Avant lui, son défunt père, le roi Hassan II, avait à maintes reprises rappelé son soutien indéfectible à la Tunisie et déclaré que le Maroc prendrait les armes sans sourciller pour défendre la Tunisie. Kaïs Saïed réussira-t-il à détruire en si peu de temps, à cause d’intérêts personnels, une Histoire commune entre deux pays basée sur la confiance mutuelle, la bienveillance et un destin commun? À suivre.


« Nous nous apprêtons à reconnaître l'État palestinien », annonce le président français à Asharq

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
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  • Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York
  • Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel

Dans un entretien accordé à Asharq en marge d'une rencontre avec des journalistes et des représentants d'organisations de la société civile palestinienne et israélienne, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à ce que son pays reconnaisse l'« État de Palestine » lors de la conférence que la France et l'Arabie saoudite accueilleront prochainement à New York.

En réponse à une question sur les conditions à la reconnaissance d'un État palestinien, M. Macron a déclaré : « Il n'y a aucune condition. La reconnaissance se fera selon un processus incluant la fin de la guerre, la reprise de l'aide humanitaire à la bande de Gaza, la libération des otages israéliens et le désarmement du Hamas.»

« Il s'agit d'un ensemble de mesures, » a-t-il souligné.

Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York, soulignant que la situation actuelle empêche le président palestinien Mahmoud Abbas de se rendre à New York en raison de la suspension des vols dans la région.

Le président français Emmanuel Macron s’exprime devant la presse à Paris, le 13 juin 2025- Asharq.

M. Macron a expliqué s'être entretenu à plusieurs reprises vendredi avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président palestinien Mahmoud Abbas, et qu'il avait été convenu de « reporter la réunion à une date proche ».

Il a indiqué que le président indonésien lui avait promis de reconnaître Israël si la France reconnaissait l'État palestinien, soulignant « la nécessité de poursuivre cette dynamique ».

Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne

Le document de la Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne, prévue à New York du 17 au 20 juin sous la coprésidence de l'Arabie saoudite et de la France, stipule que la conférence se tiendrait sur la base de la « solution à deux États », que sa mise en œuvre s’accompagnerait d’un calendrier précis, que des engagements concrets seraient pris par l’ensemble des parties, et que des mécanismes internationaux seraient instaurés pour en garantir la continuité.

Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel, et garantir la pleine reconnaissance de l’État de Palestine comme composante essentielle de la solution politique, tout en assurant le respect des droits des peuples ainsi que de leur aspiration à la paix et à la sécurité.

Le document souligne que les attaques du 7 octobre 2023 et la guerre contre Gaza ont entraîné une escalade de la violence sans précédent, des pertes humaines massives, la pire crise humanitaire jamais enregistrée, des destructions généralisées et d'immenses souffrances pour les civils des deux camps, notamment les détenus, leurs familles et les habitants de Gaza.

Le document indique que les activités de colonisation menacent la solution à deux États, seule voie permettant de parvenir à une paix juste, durable et globale dans la région. Elles ont un impact négatif sur la paix, la sécurité et la prospérité régionales et internationales.

Le document explique également que la conférence vise à changer de cap en s'appuyant sur des initiatives nationales, régionales et internationales et en adoptant des mesures concrètes pour renforcer le respect du droit international et promouvoir une paix juste, durable et globale qui garantisse la sécurité de tous dans la région et favorise l'intégration régionale.

La conférence réaffirme l’engagement indéfectible de la communauté internationale en faveur d’un règlement pacifique de la question palestinienne et de la solution à deux États, ainsi que l’urgence d’agir pour atteindre ces deux objectifs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq.com


Le ministre saoudien et l'envoyé américain ont discuté des événements récents lors d'un appel téléphonique

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
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  • les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

RIYAD : L'agence de presse saoudienne rapporte que le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a reçu samedi un appel téléphonique de l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack.

Au cours de cet appel, les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

Leurs discussions ont également porté sur l'actualité régionale et internationale.  

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Égypte : une marche internationale vers Gaza avortée, des militants restent retenus par les forces de l'ordre

Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
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  • Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza
  • « Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

LE CAIRE, EGYPTE : Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza en bloquant plusieurs dizaines d'activistes pro-palestiniens à la sortie du Caire pendant plusieurs heures, avant de relâcher certains d'entre eux.

Selon la même source, certains sont toujours retenus par les forces de l'ordre.

Vendredi, plusieurs groupes avaient quitté le Caire en voiture pour se diriger vers la ville d'Ismailia, première étape vers la bande de Gaza, leur destination finale.

Ils ont été interceptés, bloqués, leurs passeports confisqués, parfois molestés, avant d'être embarqués de force dans des bus, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ou adressées à l'AFP.

« Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

« Beaucoup de rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux, affirmant que nous voulions créer le désordre dans la capitale », a déclaré Seif Abu Kishk, l'un des organisateurs de la Global March to Gaza.

Des dizaines de participants ont été refoulés ou expulsés ces derniers jours.

Les autorités égyptiennes n’ont fait aucun commentaire sur ces interpellations ni sur ces expulsions.

La Global March comptait traverser le Sinaï, une région désertique sous haute surveillance militaire, pour rallier la ville d'al-Arich, à environ 350 km à l'ouest du Caire, puis marcher sur les 50 derniers kilomètres jusqu’à la partie égyptienne de Rafah.

M. Abu Kishk a précisé que la marche comptait parmi ses participants plusieurs personnalités publiques, dont des parlementaires étrangers, ainsi que le petit-fils de Nelson Mandela.

Malgré les signaux négatifs des autorités, les responsables du collectif soulignent que « leur objectif reste Gaza » et qu’ils entendent continuer « à agir de manière pacifique ».

En Libye voisine, le convoi « Soumoud », réunissant selon les organisateurs un millier de participants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens, est bloqué depuis vendredi matin à l'entrée de la ville libyenne de Syrte, sous le contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est libyen.