Retraite Federer: Wimbledon, le plus beau théâtre de la légende

"Tant que je gagne à Wimbledon et que je suis numéro mondial tout va bien", disait-il quand Nadal lui infligeait défaite sur défaite à Roland-Garros (de 2005 à 2008). (Photo, AFP)
"Tant que je gagne à Wimbledon et que je suis numéro mondial tout va bien", disait-il quand Nadal lui infligeait défaite sur défaite à Roland-Garros (de 2005 à 2008). (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 16 septembre 2022

Retraite Federer: Wimbledon, le plus beau théâtre de la légende

  • Le Suisse a tout vécu sur le gazon anglais: son premier succès en Grand Chelem (2003), ses plus belles victoires (les cinq à la suite de 2003 à 2007), sa plus cruelle (et homérique) défaite (contre Rafael Nadal en 2008) et ses finales les plus acharnées
  • La surface convenait parfaitement à son jeu, en particulier à ses services extraordinairement précis, travaillés et variés qui glissaient sur l'herbe plus que sur les autres surfaces

PARIS : Roger Federer a enchanté les courts du monde entier pendant deux décennies, mais ses aventures à Wimbledon, le temple du tennis où il s'est imposé huit fois, auraient à elles seules suffi à en faire une légende de son sport.

Le Suisse a tout vécu sur le gazon anglais: son premier succès en Grand Chelem (2003), ses plus belles victoires (les cinq à la suite de 2003 à 2007), sa plus cruelle (et homérique) défaite (contre Rafael Nadal en 2008) et ses finales les plus acharnées (celle gagnée contre Andy Roddick en 2009 et celle perdue face à Novak Djokovic en 2019 après deux balles de match manquées).

Formé sur des courts en terre battue dans son pays, Federer a découvert le All England Club en 1998 chez les juniors. Le succès a été immédiat: victoire en simple et en double. "Dès le début j'ai su que j'allais bien jouer ici. C'est ici que je suis le meilleur. Je ne sais pas pourquoi", dira-t-il bien plus tard.

En réalité, la surface convenait parfaitement à son jeu, en particulier à ses services extraordinairement précis, travaillés et variés qui glissaient sur l'herbe plus que sur les autres surfaces. En finale contre Roddick en  2009 (16-14 au cinquième set), il réussit pas moins de 50 aces. Le gazon sublimait aussi son revers slicé et ses fulgurances en coup droit.

Federer a quand même tâtonné pour trouver la bonne tactique. Après le "chip and charge" (ruée vers le filet) qui lui permit de réussir le premier coup d'éclat de sa carrière, une victoire sur Pete Sampras, alors quadruple tenant du titre, en huitièmes de finale en 2001, il opta pour un mélange bien mieux dosé de jeu de fond de court et de montées à la volée.

 

Tennis: Roger Federer en bref

Date de naissance: 08/08/1981 (41 ans)

Lieu de naissance: Bâle (Suisse)

Réside en Suisse

Taille: 1,85 m

Droitier, revers à une main

Professionnel depuis 1998

N'est plus classé, n'ayant plus joué depuis plus d'un an

Palmarès en simple: 103 tournois gagnés (2e joueur derrière Jimmy Connors, 109).

En Grand Chelem: 20 victoires (deux de moins que Rafael Nadal et un de moins que Novak Djokovic)

Open d'Australie: 6 titres (2004, 2006, 2007, 2010, 2017, 2018), 1 finale (2009)

Roland-Garros: 1 victoire (2009), 4 finales (2006, 2007, 2008, 2011)

Wimbledon: 8 titres (2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2009, 2012, 2017), 4 finales (2008, 2014, 2015, 2019)

US Open: 5 titres (2004, 2005, 2006, 2007, 2008), 2 finales (2009, 2015)

Coupe Davis: 1 titre (2014)

Jeux Olympiques: 1 titre en double (2008, avec Stan Wawrinka), une médaille d'argent en simple (2012)

Masters: 6 titres (2003, 2004, 2006, 2007, 2010, 2011), 4 finales (2005, 2012, 2014, 2015)

Masters 1000: 28 titres (7 Cincinnati, 5 Indian Wells, 4 Miami, 4 Hambourg, 3 Madrid, 2 Canada, 2 Shanghai, 1 Paris)

Injouable pendant quatre ans

C'est ainsi qu'il remporta son premier titre majeur, en 2003, en battant en finale l'Australien Mark Philippoussis. Le plus gros obstacle avait été franchi en demie: l'Américain Andy Roddick, alors tête de série N.1, qui allait devenir une de ses victimes préférées (il le battra trois fois en finale).

L'atmosphère très chic de "Church Road" lui allait aussi à merveille. Si d'autres champions, comme Andre Agassi, enrageaient de devoir jouer tout en blanc, lui ne s'est jamais plaint du fameux "dress code" qui correspondait à son élégance discrète. Le public anglais lui rendit bien son amour, sauf peut-être lorsqu'il battit Andy Murray en finale en 2012.

Federer est incontestablement le plus grand joueur de l'histoire de Wimbledon. Et le temps presse pour Novak Djokovic, qui a remporté sept titres à Londres, s'il veut menacer son record.

Mais paradoxalement, son match le plus inoubliable restera une défaite: la fameuse finale de 2008 contre Nadal, souvent considérée comme le plus grand match de l'histoire avec le Borg-McEnroe de 1980.

Pendant quatre ans, de 2003 à 2006, le champion helvète avait été injouable à Londres. Mais en 2007, le jeune Nadal, encore trop tendre l'année précédente en finale, avait placé une première banderille en poussant le maître des lieux dans un cinquième set. L'année suivante, la troisième finale Federer-Nadal consécutive allait être la bonne pour le Majorquin... et la pire journée de la carrière de son grand rival (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7).

 

Réactions du monde du tennis

Voici les premières réactions du monde du tennis à l'annonce de la retraite de Roger Federer.

- Carlos Alcaraz: "Roger..." accompagné d'un coeur brisé. "Roger a été l'une de mes idoles et source d'inspiration! Merci pour tout ce que tu as donné à notre sport! Je veux continuer de jouer avec toi! Je te souhaite bonne chance pour la suite" (Twitter)

- Juan Martin del Potro: "JE T'AIME Roger. Merci pour tout ce que tu as fait pour le tennis et pour moi. Le tennis ne sera plus jamais le même sans toi" (Twitter)

- Andy Roddick: "Merci pour les souvenirs partagés. Ce fut un honneur de partager temps et expériences sur les terrains les plus sacrés du sport. Donne des nouvelles" (Twitter)

- Billie Jean King: "c'est le champion des champions. Il a le jeu le plus complet de sa génération et a saisi les coeurs des fans de sport du monde entier avec son incroyable rapidité sur le cour et un puissant esprit tennis. Il a eu une carrière historique avec des souvenirs qui perdureront. Nous te souhaitons le meilleur alors que tu continues ta route".

- Martina Navratilova: "quel message sincère, plein d'amour, de vie, d'espoir, de passion et de gratitude. Exactement comme le tennis que Roger a joué et que nous avons tant aimé. Merci, merci, merci pour toute la magie" (Twitter)

- Rod Laver: "Merci pour tout Roger. A bientôt. Rocket"

- Tournoi de Roland-Garros: "légende du tennis", accompagné d'un photo du joueur sur la terre battue (Twitter)

- ATP tour: "tu as changé le tennis"#Rforever" (Twitter)

- Wimbledon: "Cela a été une chance d'être les témoins de ton voyage et de te voir devenir un champion dans tous les sens du terme (...). Tout ce qu'on peut dire c'est merci, pour les souvenirs et la joie que tu as donnés à tant" (Twitter)

- WTA: "la définition de la grandeur. La fin d'une ère #ThankYouSerena #RForever", agrémenté d'une photo de Federer et Serena Williams ensemble (Twitter)

- Thomas Bach, président du Comité international olympique (CIO): "Roger Federer est un gentleman sur et en dehors du court, et un vrai champion olympique. Félicitations pour ta carrière exceptionnelle, bonne chance pour la suite. J'espère que nos chemins pourront se recroiser" (Twitter)

- Toni Nadal: "Rafael n'aurait pas été aussi fort sans Roger Federer. Il devait toujours élever son niveau. Avec Djokovic, chacun a fait évoluer le niveau de jeu des autres. C'est un très mauvais jour pour ceux qui aiment le tennis. J'ai un fils qui avait une admiration pour Federer, il attendait qu'il revienne et maintenant on sait que c'est son dernier match. Il avait la combinaison parfaite entre l'efficacité et la classe." (site internet de RMC Sport)

- Serena Williams (USA/qui a pris sa retraite il y a treize jours): "Nos chemins ont toujours été si similaires, si semblables. Tu as inspiré des millions et des millions de personnes - dont moi - et nous ne l'oublierons jamais. Je t'ai toujours admiré. Bienvenue dans le club des retraités. Et merci d'être toi Roger federer". (Instagram)

Le désastre de 2008

Après cinq manches d'un tennis éblouissant des deux côtés, le Suisse mettait un dernier coup droit dans le filet qui le précipitait dans "le désastre", selon sa propre expression. "C'est de loin ma plus dure défaite. Il n'y a pas de comparaison possible. À Paris, ce n'était rien", dit-il, alors qu'il avait été écrasé par le même rival en finale de Roland-Garros un mois plus tôt.

C'est que le Bâlois a toujours placé Wimbledon au-dessus de tout. "Tant que je gagne à Wimbledon et que je suis numéro mondial tout va bien", disait-il quand Nadal lui infligeait défaite sur défaite à Roland-Garros (de 2005 à 2008).

Il ne lui fallut qu'un an pour remonter au sommet, et plus haut que jamais. En 2009, dans la foulée de sa victoire si longtemps attendue à Paris, il battit le record des titres du Grand Chelem de Sampras avec un quinzième trophée, son sixième à Londres. Il le détiendra pendant onze ans en continuant à faire grimper son total jusqu'à 20, jusqu'à ce que Nadal (en 2020) puis Djokovic (en 2021) ne le rejoignent puis le dépassent.

Deux autres triomphes suivront à Wimbledon: en 2012 quand il égala le record des sept victoires de Sampras et en 2017 quand il l'améliora, au coeur de sa "deuxième jeunesse", à près de 36 ans.

Le sort a pourtant réservé à l'immense champion une sortie cruelle: un 6-0 infligé par le Polonais Hurkacz pour conclure une défaite en trois sets en quarts de finale de l'édition 2021.

Ce qui, mais personne ne le savait à l'époque, restera comme son dernier match.


Plus de 200 personnalités demandent la libération du dirigeant palestinien Marwan Barghouti

Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002. (AFP)
Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002. (AFP)
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  • Cette initiative fait partie de la campagne internationale "Free Marwan", lancée par sa famille
  • La plupart des signataires se sont déjà exprimés publiquement pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza

PARIS: Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002.

Marwan Barghouti, 66 ans et ancien cadre du Fatah, défend une résolution politique au conflit israélo-palestinien. Parfois surnommé par ses partisans le "Mandela palestinien", il est connu pour sa lutte contre la corruption et est cité comme un possible successeur du président palestinien Mahmoud Abbas.

La lettre ouverte, consultée par l'AFP, réunit des stars du cinéma comme Josh O'Connor, Benedict Cumberbatch et Javier Bardem, ainsi que des musiciens tels que Fontaines D.C. et Sting. Les autrices à succès Sally Rooney, Annie Ernaux ou Margaret Atwood ont également apporté leur soutien, tout comme les anciens footballeurs Éric Cantona et Gary Lineker.

"Nous exprimons notre vive inquiétude face à la détention continue de Marwan Barghouti, à ses mauvais traitements et au déni de ses droits légaux en prison", écrivent-ils, appelant "les Nations Unies et les gouvernements du monde à œuvrer activement" pour sa libération.

Cette initiative fait partie de la campagne internationale "Free Marwan", lancée par sa famille. La plupart des signataires se sont déjà exprimés publiquement pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza.

Marwan Barghouti a été condamné à cinq peines de prison à vie par un tribunal israélien, qui l'a reconnu coupable d'implication dans des attaques meurtrières durant la seconde intifada (2000-2005).

Israël a refusé de le libérer dans le cadre des échanges de prisonniers, effectués depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Son fils a déclaré en octobre qu'il avait été violemment battu par des gardiens israéliens lors d'un transfert de prison. En août, le ministre israélien d'extrême droite Itamar Ben Gvir a diffusé une vidéo où il prend à partie et sermonne Marwan Barghouti, apparaissant affaibli dans sa cellule.


Ukraine: «aucun compromis» sur les territoires occupés après une rencontre Poutine-Witkoff à Moscou

"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
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  • M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington
  • "Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts"

MOSCOU: "Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine.

M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington il y a deux semaines et depuis retravaillé lors de consultations avec les Ukrainiens.

"Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts", a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.

Sur la question des territoires occupés par la Russie en Ukraine, qui représentent environ 19% du pays, "aucune solution de compromis n'a encore été choisie", même si "certaines propositions américaines peuvent être discutées", a précisé M. Ouchakov.

Il a qualifié la discussion d'"utile", mais prévenu qu'il "reste encore beaucoup de travail" pour parvenir à un accord, alors que les troupes russes ont accéléré leur avancée sur le front.

"Ce que nous avons essayé de faire, et je pense que nous avons fait quelques progrès, est de déterminer ce qui pourrait convenir aux Ukrainiens et leur donner des garanties de sécurité pour l'avenir", a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio sur la chaîne Fox News, sans qu'il soit précisé s'il s'exprimait après la fin des pourparlers.

Après cet entretien avec les Russes à Moscou, Steve Witkoff et Jared Kushner pourraient rencontrer mercredi en Europe une délégation de Kiev, selon une source ukrainienne à l'AFP.

"Nous sommes prêts" 

Quelques heures avant sa rencontre avec les Américains, Vladimir Poutine avait menacé les Européens, les accusant de chercher à "empêcher" les efforts de Washington pour mettre fin au conflit.

"Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant", a-t-il lancé aux journalistes, en marge d'un forum économique.

Des propos qui tranchent avec ceux du chef de l'Otan, Mark Rutte, qui s'est dit peu avant convaincu que les efforts américains en Ukraine "finiront par rétablir la paix en Europe".

Le président américain Donald Trump a répété mardi que le règlement du conflit en Ukraine était une question complexe. "Ce n'est pas une situation facile, croyez-moi. Quel gâchis", a-t-il dit.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a accusé la Russie d'utiliser les pourparlers actuels pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou.

Il a appelé à la fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats.

Les Etats-Unis ont annoncé fin octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les premières sanctions d'importance prises par Donald Trump contre la Russie depuis son retour au pouvoir.

Les Européens espèrent que l'administration Trump, soupçonnée de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l'Ukraine, considérée comme un rempart face à la Russie.

Accélération russe 

Ces discussions se sont déroulées alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP, émanation de l'American Enterprise Institute), deux centres de réflexion américains spécialisés dans l'étude des conflits.

En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.

La Russie a revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk dans l'est de l'Ukraine, un nœud logistique clé pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Mais l'Ukraine a affirmé mardi que les combats à Pokrovsk se poursuivaient.

En novembre, la Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine que durant le mois précédent, soit un total de 5.660 missiles et drones longue portée (+2%).

En interne, le président ukrainien est affaibli par un vaste scandale de corruption impliquant ses proches et qui a contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi.

 


Bissau: formation d'un gouvernement, le président renversé est à Brazzaville

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
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  • La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre
  • Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale

BISSAU: La junte au pouvoir en Guinée-Bissau a formé samedi un nouveau gouvernement composé de 28 membres, en majorité des civils, quatre jours après avoir renversé le président Umaro Sissoco Embalo, qui est arrivé à Brazzaville.

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques.

La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre.

Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale. Quatre femmes intègrent aussi le gouvernement.

M. N'Tam a exhorté le nouveau gouvernement à "lutter contre la corruption et le trafic de drogue", dans ce pays très pauvre et considéré comme une plaque tournante de ce trafic entre l'Amérique latine et l'Europe.

Brièvement arrêté par les militaires mercredi, puis parti au Sénégal jeudi dans un vol affrété par le gouvernement sénégalais, M. Embalo "est arrivé à Brazzaville pour y rester", a affirmé samedi à l'AFP une source proche de la présidence congolaise, sous couvert de l'anonymat.

Echauffourées 

M. Embalo, 53 ans, est réputé proche du président congolais Denis Sassou Nguesso, et s'est rendu à plusieurs reprises en visite au Congo.

"Le président Embalo est arrivé en fin de matinée à Brazzaville à bord d'un jet privé affrété par les autorités", a indiqué à l'AFP une source proche du pouvoir congolais, jointe depuis Bissau.

Dans la capitale bissau-guinéenne, le Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), puissante et historique formation d'opposition, a dénoncé l'"envahissement" de son siège samedi matin dans la capitale et des "dégradations" par des "miliciens armés".

Selon le PAIGC, ces derniers ont "procédé à l'expulsion de toutes les personnes qui s'y trouvaient, à l’effraction des portes de bureaux et à la grave violation de l’intégrité des installations".

Le principal opposant Domingos Simoes Pereira - dirigeant du PAIGC, parti ayant mené la Guinée-Bissau à l'indépendance en 1974 - avait été écarté de la présidentielle du 23 novembre. Le parti avait ensuite soutenu le candidat d'opposition Fernando Dias, devenu le principal adversaire de M. Embalo lors du scrutin.

M. Pereira a été arrêté mercredi en Guinée-Bissau, selon des proches et un collaborateur.

Dans une déclaration jeudi à l'AFP, M. Dias affirme avoir largement remporté la présidentielle au premier tour et accuse M. Embalo d'avoir "organisé" le coup d'Etat pour empêcher son accession au pouvoir.

M. Dias affirme être "en sécurité" et se cacher dans le pays.

Par ailleurs, des échauffourées mineures ont eu lieu samedi dans la matinée dans un quartier périphérique de Bissau, non loin du siège de campagne de M. Dias, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mercredi, les auteurs du putsch avaient expliqué vouloir garantir la "sécurité au niveau national et rétablir l'ordre", évoquant la découverte par les "renseignements généraux" d'un "plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue".

Des opposants et des experts soupçonnent néanmoins M. Embalo, au pouvoir depuis 2020, d'avoir orchestré lui-même son renversement afin d'arrêter le processus électoral.

Coup "factice" 

La prise de pouvoir par les militaires a été largement critiquée, notamment par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a dénoncé une "violation des principes démocratiques".

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a suspendu la Guinée-Bissau de "tous ses organes décisionnels". L'Union africaine (UA) a également suspendu le pays de ses instances.

Samedi, le président du Conseil des Sages et ancien chef d'Etat du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui faisait partie des observateurs des scrutins du 23 novembre, a à nouveau affirmé que le coup d'état était selon lui "factice".

Il répondait à un journaliste de la télévision nationale après avoir briefé le président nigérian Bola Tinubu sur la situation en Guinée-Bissau.

"C'est une cérémonie mise en scène par le chef de l'Etat (Embalo, NDLR) lui même", a-t-il accusé. "Nous sommes fatigués de tout cela en Afrique....", a-t-il fustigé.

La Guinée-Bissau, située entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), a déjà connu quatre coups d'Etat et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal en 1974. La proclamation des résultats électoraux y a souvent donné lieu à des contestations.