Comment Djibouti s'est imposé comme un carrefour commercial et stratégique mondial

L’emplacement de Djibouti, sur le détroit de Bab al-Mandab et à l'intersection de la mer Rouge et du golfe d'Aden, s'est avérée bénéfique à bien des égards. (Photo, AFP)
L’emplacement de Djibouti, sur le détroit de Bab al-Mandab et à l'intersection de la mer Rouge et du golfe d'Aden, s'est avérée bénéfique à bien des égards. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 16 septembre 2022

Comment Djibouti s'est imposé comme un carrefour commercial et stratégique mondial

  • Les ports de la mer Rouge de ce petit pays africain assurent des transbordements entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie
  • L’emplacement géographique et la stabilité relative permettent à Djibouti de devenir la plaque tournante du commerce maritime mondial

RIYAD: Si la géographie est le destin, alors tous les petits pays ayant des voisins beaucoup plus grands doivent nécessairement apprendre à tirer parti des avantages tout en gérant les défis avec tact et finesse.

Peu de pays se rapprochent de Djibouti, un minuscule pays africain coincé entre l'Érythrée, l'Éthiopie et la Somalie, quant à la réussite de cet exploit.

L’emplacement de Djibouti, sur le détroit de Bab al-Mandab et à l'intersection de la mer Rouge et du golfe d'Aden, s'est avérée bénéfique à bien des égards. Ses ports constituent la principale porte d'entrée pour le commerce de l'Éthiopie, pays enclavé, et assurent 95% des échanges commerciaux du pays. En tant que porte d'entrée du canal de Suez, l'une des routes maritimes les plus fréquentées au monde, les ports de Djibouti assurent également des transbordements entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie.

La stabilité politique relative et l'emplacement stratégique ont également fait de Djibouti un site idéal pour les bases militaires étrangères, ce qui a assuré un flux constant de recettes publiques et d'aide étrangère. Le gouvernement entretient des liens de longue date avec la France, qui maintient une présence militaire dans le pays, ainsi qu'avec les États-Unis, le Japon, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et la Chine.

L'islam radical, qui a fait des ravages en Somalie, pays voisin, et dans d'autres pays d'Afrique, n'a pas réussi à s'implanter à Djibouti, pays majoritairement musulman où l'on trouve quelques autres confessions.

Lors d'une visite en mars, Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a réaffirmé l'engagement de la banque envers le «redressement résilient et inclusif de Djibouti après la Covid-19 et ses efforts afin d’accélérer des investissements plus nombreux et meilleurs dans les personnes».

Le tourisme est également l'un des secteurs économiques en pleine croissance à Djibouti. Le secteur génère entre 53 000 et 73 000 visiteurs par an (Photo, Shutterstock).

Selon le rapport «Perspectives économiques de Djibouti» effectué par le Groupe de la Banque africaine de développement, l'économie a commencé à se redresser en 2021 avec une croissance du produit intérieur brut de 3,9%, contre 1,2% en 2020. Cette reprise a été soutenue par un secteur redynamisé des services, qui génère environ trois quarts du PIB, en particulier les activités portuaires.

Le rapport du groupe a indiqué: «Les perspectives sont positives. La croissance moyenne du PIB entre 2022 et 23 devrait atteindre 4,3% et rester soutenue par les activités portuaires et les investissements.»

Au cours des dernières décennies, Djibouti a beaucoup investi dans la construction de nouveaux ports et la modernisation des infrastructures existantes. Des travaux sont en cours sur de nouvelles installations, notamment un terminal de gaz naturel liquéfié, une zone d'activité, des chantiers de réparation navale, un terminal de pétrole brut, un aéroport international et des lignes ferroviaires reliant Tadjourah, Mekele et la capitale Addis-Abeba au port de Djibouti.

Chaque jour, quelque 2 500 navires transitent par le port ou y font escale, avec l'espoir de faire de Djibouti la plaque tournante du commerce maritime mondial. Pas plus tard que mardi, un navire affrété par les Nations unies et chargé de milliers de tonnes de blé ukrainien est arrivé à Djibouti, à destination de certaines des 22 millions de personnes menacées de famine dans la Corne de l'Afrique.

Le tourisme est également l'un des secteurs économiques en pleine croissance de Djibouti. C'est une industrie qui génère entre 53 000 et 73 000 arrivées par an. Outre les sites historiques, un parc national, des plages et des chaînes de montagnes, les attractions du pays comprennent des sites d'art rupestre à Abourma, des îles et des plages dans le golfe de Tadjoura et, la plongée sous-marine, la pêche, le trekking et la randonnée, à Bab al-Mandab.

Les ports de Djibouti assurent également des transbordements entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie (Photo, AFP).

Le droit à la propriété est respecté à Djibouti et le gouvernement a réorganisé les syndicats. On estime à 15 000 le nombre d'étrangers résidant dans le pays.

La population indigène est divisée entre la majorité des Somaliens (principalement de la tribu Issa, avec une représentation minoritaire d'Isaaq et de Gadabuursi) et les Afars (également connus sous le nom de Danakils).

Djibouti est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique et de la Ligue arabe. Il soutient fermement les efforts de médiation dans la guerre en Éthiopie et encourage la vaccination contre la Covid-19.

L'histoire de Djibouti, inscrite dans la poésie et les chants de ses peuples nomades, remonte à des milliers d'années, à une époque où les Djiboutiens échangeaient des peaux d’animaux contre les parfums et les épices de l'Égypte ancienne, de l'Inde et de la Chine. Grâce à des contacts étroits avec la péninsule arabique pendant plus de mille ans, les tribus somaliennes et afar de la région ont été les premières du continent africain à adopter l'islam.

L'exploration de Shoa par le négociant et diplomate Rochet d'Hericourt (1839 à 1842) a marqué le début de l'intérêt français pour les rives africaines de la mer Rouge, intérêt qui s'est accru au fur et à mesure de l'augmentation de l'activité britannique en Égypte et de l'ouverture du canal de Suez en 1869. En 1884 et 1885, la France étend son protectorat aux rives du golfe de Tadjoura et au Somaliland.

L'exploration de Shoa par le diplomate Rochet d'Hericourt (1839 à 1842) marque le début de l'intérêt français pour les rives africaines de la mer Rouge (Photo, AFP).

La capitale administrative a été déplacée d'Obock à Djibouti en 1896. Djibouti a attiré des caravanes commerciales traversant l'Afrique de l'Est, ainsi que des colons somaliens venus du sud. Le chemin de fer franco-éthiopien, qui relie Djibouti au cœur de l'Éthiopie, est mis en service en 1897 et atteint Addis-Abeba en juin 1917, facilitant encore l’augmentation des échanges.

En 1957, la colonie a été réorganisée par le gouvernement français pour donner à la population une autonomie considérable. L'année suivante, lors d'un référendum constitutionnel, le Somaliland français a choisi de rejoindre la communauté française en tant que territoire d'outre-mer.

En mars 1967, lors d'un référendum organisé par le gouvernement français, 60% des électeurs ont choisi de maintenir l'association du territoire avec la France. En juillet de la même année, une directive de Paris a officiellement changé le nom de la région en Territoire français des Afars et des Issas.

Les Djiboutiens ont voté pour l'indépendance lors d'un référendum en mai 1977, et la République de Djibouti a été créée le 27 juin 1977. Hassan Gouled Aptidon est devenu le premier président du pays et a été réélu plusieurs fois jusqu'en 1999, date à laquelle Ismail Omar Guelleh est devenu le nouveau président.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.