Le succès du cinéma coréen ne doit rien au hasard, estime la star de «Squid Game»

Le réalisateur sud-coréen de "Hunt" Lee Jung-jae pose pour l'AFP lors du Festival international du film de Toronto 2022, le 15 septembre 2022, à Toronto, au Canada. (AFP).
Le réalisateur sud-coréen de "Hunt" Lee Jung-jae pose pour l'AFP lors du Festival international du film de Toronto 2022, le 15 septembre 2022, à Toronto, au Canada. (AFP).
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Publié le Dimanche 18 septembre 2022

Le succès du cinéma coréen ne doit rien au hasard, estime la star de «Squid Game»

  • «Nous sommes très heureux que cette œuvre, qui n'est pas en anglais, ait pu toucher un public international», s'est félicité la star de «Squid Game»
  • Le Sud-Coréen est entré dans l'histoire en devenant le premier comédien non-anglophone à ravir la prestigieuse distinction pour son rôle dans cette série, devenue le programme le plus vu sur la plateforme de streaming Netflix

TORONTO : Le succès planétaire de "Squid Game" et "Parasite" est le résultat du patient labeur des cinéastes sud-coréens qui ont su mettre en récit les thèmes universels de la violence et de la course à la performance, estime Lee Jung-jae, récemment auréolé de l'Emmy Award du meilleur acteur.

"Nous sommes très heureux que cette œuvre, qui n'est pas en anglais, ait pu toucher un public international", s'est félicité la star de "Squid Game" dans un entretien à l'AFP donné quelques jours après son triomphe aux Emmys.

Le Sud-Coréen est entré dans l'histoire en devenant le premier comédien non-anglophone à ravir la prestigieuse distinction pour son rôle dans cette série, devenue le programme le plus vu sur la plateforme de streaming Netflix.

"Tout le monde en Corée du Sud est tellement heureux, je ne cesse de recevoir des messages de félicitations. A mon retour, je vais avoir une tonne d'interviews et de choses à faire !", a confié Lee Jung-jae, rencontré au Festival international du film de Toronto, plus grand rendez-vous du septième art en Amérique du Nord.

"Squid Game" est une critique féroce du capitalisme, où 456 misérables et rebuts de la société s'affrontent au péril de leur vie pour remporter des millions dans des jeux d'enfants comme "un, deux, trois, soleil". Son triomphe aux Emmys fait suite au succès inattendu de "Parasite" qui avait remporté en 2020 l'Oscar du meilleur film, une performance rarissime pour une production non-anglophone.

"Pendant longtemps, le cinéma sud-coréen essayait de trouver la recette pour toucher un public international. Ce travail de plusieurs années commence à payer, on voit maintenant beaucoup de contenu de grande qualité résonner à travers le monde et être salués par la critique", observe Lee Jung-jae.

Véritable phénomène de société, "Squid Game" fera l'objet d'une seconde saison. Son réalisateur Hwang Dong-hyuk en termine la rédaction et selon M. Lee, qui se fait énigmatique, son personnage de Seong Gi-hun " sera complètement différent" dans cet opus.

«Trop compétitive»

Mais avant que la folie "Squid Game" ne s'empare à nouveau des écrans de la planète, M. Lee fait ses débuts comme réalisateur avec "Hunt", son premier long-métrage qu'il a présenté cette semaine au Festival international du film de Toronto (TIFF).

Ce film d'espionnage, campé pendant la Guerre froide, revient sur des événements politiques réels survenus en Corée du Sud dans les années 1980, tels que la tentative d'assassinat d'un président sud-coréen, ou la défection d'un pilote nord-coréen.

Ce long-métrage partage certains thèmes avec "Squid Game", selon M. Lee, notamment comment "une société trop compétitive peut pousser les gens à se faire du mal entre eux".

"Hunt" culmine déjà en tête du box-office en Corée du Sud. Il sera lancé dans les cinémas d'Amérique du Nord, et sur les plateformes de vidéo à la demande, le 2 décembre.

«Grandir ensemble»

Reste que les différences culturelles persistent et qu'il a fallu adapter "Hunt" pour conquérir les publics occidentaux, tant les premières critiques, lors de la présentation du film cet été au Festival de Cannes, pointaient une intrigue seulement compréhensible des Sud-Coréens.

Mais pour M. Lee, cela ne doit pas faire oublier que désormais la culture sud-coréenne "est bien comprise à l'étranger", grâce à l’interconnexion technologique, du streaming aux jeux vidéo en passant par les réseaux sociaux.

"En Corée du Sud, on regarde beaucoup de contenu de l'étranger, c'est très naturel pour nous", observe-t-il. "Le monde est beaucoup plus proche de nous désormais, et l'histoire particulière de la Corée du Sud n'est plus compliquée à comprendre pour un public étranger."

"Avec un monde qui grandit ensemble, toujours plus proche, il est moins difficile de comprendre les émotions des autres, que ce soit la peine ou la douleur. Car nous vivons dans un monde dans lequel les émotions sont partagées instantanément", conclut l'acteur-réalisateur sud-coréen.


Vers l’infini et au‑delà – Goldorak, 50 ans d’inspiration

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  •  50 ans après sa création, la série animée Goldorak continue de marquer l’imaginaire arabe
  • Arab News Japan s’entretient avec son créateur Go Nagai, des fans du Moyen-Orient, et revient sur l’histoire du robot OVNI chargé de protéger notre planète

​​​​​​LONDON: Peu d’importations culturelles ont franchi les frontières de manière aussi inattendue — et aussi puissante — que Goldorak, le robot géant japonais qui, il y a un demi-siècle, est devenu un héros de l’enfance à travers le monde arabe, et plus particulièrement en Arabie saoudite.

Créé au Japon au milieu des années 1970 par le mangaka Go Nagai, Goldorak s’inscrivait dans la tradition des « mecha », ces récits de robots géants. Le genre, façonné par l’expérience japonaise de la Seconde Guerre mondiale, explorait les thèmes de l’invasion, de la résistance et de la perte à travers le prisme de la science-fiction.

Si la série a rencontré un succès modéré au Japon, c’est à des milliers de kilomètres de là, au Moyen-Orient, que son véritable héritage s’est construit.

L’anime « UFO Robot Goldorak » est arrivé à la télévision dans la région en 1979, doublé en arabe et diffusé pour la première fois au Liban, en pleine guerre civile. L’histoire du courageux Actarus, prince exilé dont la planète a été détruite par des envahisseurs extraterrestres, a profondément résonné chez les enfants grandissant dans un contexte de conflits régionaux et d’occupation par Israël.

Ses thèmes — la défense de la patrie, la résistance à l’agression et la protection des innocents — faisaient douloureusement écho aux réalités de la région, transformant la série d’un simple divertissement en un véritable refuge émotionnel.

Une grande partie de l’impact de la série tenait à la réussite de son arabisation. Le doublage arabe puissant et le jeu vocal chargé d’émotion, notamment celui de l’acteur libanais Jihad El-Atrash dans le rôle d’Actarus, ont conféré à la série une gravité morale inégalée par les autres dessins animés de l'époque.

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Au début des années 1980, Goldorak s'était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. (Fourni)

Le générique de la série, interprété par Sami Clark, est devenu un hymne que le chanteur libanais a continué à interpréter lors de concerts et de festivals jusqu’à son décès en 2022.

Au début des années 1980, Goldorak s’était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. Pour beaucoup, il s’agissait non seulement d’un premier contact avec les anime japonais, mais aussi d’une source d’enseignements sur des valeurs telles que la justice et l’honneur.

L’influence de Goldorak dans la région a été telle qu’il a fait l’objet de recherches universitaires, qui ont non seulement mis en lumière la manière dont le sort des personnages résonnait auprès du public du Moyen-Orient, mais ont aussi relié sa popularité aux souvenirs générationnels de l’exil, en particulier à la Nakba palestinienne.

Un demi-siècle plus tard, Goldorak demeure culturellement vivant et pertinent dans la région. En Arabie saoudite, qui avait pleinement adopté la version originale de la série, Manga Productions initie aujourd’hui une nouvelle génération de fans à une version modernisée du personnage, à travers un jeu vidéo, The Feast of The Wolves, disponible en arabe et en huit autres langues sur des plateformes telles que PlayStation, Xbox et Nintendo Switch, ainsi qu’une nouvelle série animée en langue arabe, «  Goldorak U », diffusée l’an dernier.

Cinquante ans après les débuts de la série, « Goldorak » est de retour — même si, pour toute une génération de fans de la série originale, dont les étagères regorgent encore de produits dérivés et de souvenirs, il n’est en réalité jamais vraiment parti.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com