Les survivants d'un «  bateau cercueil » au large de la Libye espèrent relancer l'enquête en France

Une vue de la côte à Tripoli. (AFP).
Une vue de la côte à Tripoli. (AFP).
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Publié le Mardi 20 septembre 2022

Les survivants d'un «  bateau cercueil » au large de la Libye espèrent relancer l'enquête en France

  • Très vite à court de carburant, l'embarcation avait dérivé pendant quatorze jours avant d'être rejetée sur une plage de Libye le 10 avril
  • Après une première plainte classée en novembre 2012, deux des neufs survivants de cette embarcation de fortune ont saisi en juin 2013 un juge d'instruction parisien pour "non-assistance à personne en danger"

PARIS: Le drame de ce "bateau cercueil" de migrants avait fait 63 morts en 2011 au large de la Libye. Plus de dix ans après, deux des neufs survivants, estimant avoir été abandonnés par les marines militaires occidentales, espèrent jeudi que la justice française va relancer une nouvelle fois l'enquête.

Dans la nuit du 26 au 27 mars 2011, un fragile canot pneumatique parmi tant d'autres avait quitté Tripoli à destination de l'Italie, avec à son bord cinquante hommes, vingt femmes, pour certaines enceintes, ainsi que deux bébés. Tous issus d'Afrique, et 47 d'entre eux d'Ethiopie.

Très vite à court de carburant, l'embarcation avait dérivé pendant quatorze jours avant d'être rejetée sur une plage de Libye le 10 avril.

"Quinze jours de périple, dont quatorze de dérive, pendant lesquels 63 personnes sont mortes dont deux enfants. La soif, la faim, l’odeur des cadavres ont jeté ces migrants dans un désarroi qui a poussé certains d’entre eux à se jeter à l’eau", détaillent les plaignants dans un document consulté par l'AFP à l'attention de la justice.

Après une première plainte classée en novembre 2012, deux des neufs survivants de cette embarcation de fortune ont saisi en juin 2013 un juge d'instruction parisien pour "non-assistance à personne en danger".

Pendant ces deux semaines cauchemardesque, ils assurent que l'embarcation a été photographiée par un avion militaire, survolée par deux hélicoptères, dont un qui leur largua "bouteilles d'eau et biscuits", et qu'ils ont croisé au moins deux bateaux de pêche.

Le rivage libyen était quadrillé par des bâtiments de plusieurs marines occidentales au moment où explosait la révolte qui mettra un terme au régime de Mouammar Kadhafi.

Les naufragés rappellent qu'ils ont également fait parvenir un appel de détresse aux garde-côtes italiens, relayé à l'ensemble des navires de la zone, mais également au QG de l'Otan à Naples (Italie).

Soutenus par plusieurs ONG, parmi lesquelles le Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), ils estiment que plusieurs armées européennes engagées en Libye, et la marine française en particulier, n'ont pas réagi malgré leur connaissance du péril pesant sur leur canot en panne.

Multiples refus d'enquêter 

Saisie, la juge d'instruction Sabine Kheris a rendu fin 2013 un non-lieu, s'appuyant sur l'enquête initiale de 2012 pour écarter toute responsabilité française.

Après de multiples démêlés procéduraux dont un détour par la Cour de cassation, l'affaire est revenue début juin devant la cour d'appel de Paris, chargée de se prononcer jeudi à nouveau sur un deuxième non-lieu ordonné en 2018 sur la base de nouvelles recherches qualifiées par Mme Kheris de "longues, pointues et fouillées".

Me Stéphane Maugendre, qui défend deux des survivants depuis dix ans, a plaidé pour une remise à plat de l'enquête, dénonçant "l'insuffisance manifeste des investigations" et "une instruction menée exclusivement à décharge".

Il cible la magistrate instructrice Sabine Kheris, désormais en charge des "cold cases" à Nanterre, qui d'après lui a écarté trop vite des contradictions apparentes ou des lacunes dans les réponses du ministère de la Défense français.

Celui-ci avait ainsi exclu en 2012 que l'avion qui avait photographié les migrants au premier jour de leur dérive soit français, avant de finalement le reconnaître en 2017, à la suite d'une déclassification d'informations.

De la même manière, le ministère de la Défense avait cartographié l'emplacement des navires dans la zone au seul premier jour de la dérive du zodiac, empêchant selon les plaignants de vérifier leur proximité ensuite.

Les plaignants espèrent aussi la jonction de procédures étrangères, notamment espagnole ou italienne, qui témoigneraient de "contradictions", chaque Etat "se disant hors de cause au motif que ce serait leur voisin qui serait impliqué".

D'après Me Maugendre, l'avocate générale s'en était remise à l'audience "à la sagesse" du tribunal. Mais une source judiciaire avait indiqué à l'AFP que la parquet général avait requis la confirmation du non-lieu.

Ce naufrage "est quelque chose que je n'oublierai jamais. J'ai vu de nombreux amis et des enfants mourir devant moi", a raconté à l'AFP Abu Kurke Kebato, rescapé de 35 ans vivant actuellement aux Pays-Bas. "Si la justice ne parvient pas à établir la vérité, c'est vraiment, vraiment malheureux".


Gaza: la Défense civile annonce au moins 20 morts dont des enfants dans deux frappes aériennes à Khan Younès

Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal. (AFP)
Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal. (AFP)
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  • L'armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza et a lancé une nouvelle offensive dans le nord du territoire où, selon elle, les combattants du Hamas se regroupent
  • Selon la Défense civile, plus de 770 personnes sont mortes dans le nord depuis le début de cette offensive le 6 octobre

TERRITOIRES PALESTINIENS: Au moins 20 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans deux frappes aériennes israéliennes nocturnes sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé vendredi la Défense civile du territoire palestinien.

Une première frappe a visé une maison familiale du quartier d'al-Manara, dans le sud-est de la ville, faisant 14 morts dont neuf enfants de moins de seize ans, selon le porte-parole de l'organisme, Mahmoud Bassal.

Une autre a visé une seconde maison à proximité, tuant six personnes, a-t-il précisé.

Les victimes ont été transportées à l'hôpital européen de la ville, où les corps de plusieurs enfants ont été enveloppés d'un linceul par leurs proches, selon des photographes de l'AFP.

L'armée israélienne a seulement indiqué dans un communiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes depuis les airs et le sol et démantelé de nombreuses infrastructures terroristes".

L'armée israélienne poursuit ses opérations dans la bande de Gaza et a lancé une nouvelle offensive dans le nord du territoire où, selon elle, les combattants du Hamas se regroupent.

Selon la Défense civile, plus de 770 personnes sont mortes dans le nord depuis le début de cette offensive le 6 octobre.

La guerre a Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

L'attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et lancé une offensive dans laquelle au moins 42.847 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Trois journalistes tués au Liban, qui dénonce un «crime de guerre » israélien

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BEYROUTH: Trois journalistes ont été tués dans une frappe israélienne vendredi au Liban, le gouvernement dénonçant un "crime de guerre" au moment où Israël intensifie ses bombardements contre le Hezbollah tout en menant une offensive terrestre dans le sud du pays.

L'armée israélienne poursuit parallèlement son offensive dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, allié du Hezbollah et lui aussi soutenu par l'Iran, où des frappes aériennes ont fait au moins vingt morts, selon la Défense civile.

Au Liban, la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen a annoncé la mort d'un cameraman, Ghassan Najjar, et d'un ingénieur de radiodiffusion, Mohammad Reda, dans une frappe qu'elle a qualifiée de "délibérée contre une résidence de journalistes".

 


Blinken estime « vraiment urgent » de parvenir à une «solution diplomatique » au Liban

"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a dit M. Blinken. (AFP)
"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a dit M. Blinken. (AFP)
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  • "Nous avons le sentiment qu'il est vraiment urgent de parvenir à une solution diplomatique et à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu'il puisse y avoir une véritable sécurité le long de la front
  • M. Blinken a déclaré qu'il était essentiel d'"obtenir les ententes nécessaires à la mise en œuvre complète" de cette résolution

LONDRES: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé vendredi à Londres qu'il était "vraiment urgent" de parvenir à une "solution diplomatique" au Liban.

"Nous avons le sentiment qu'il est vraiment urgent de parvenir à une solution diplomatique et à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu'il puisse y avoir une véritable sécurité le long de la frontière entre Israël et le Liban", a déclaré M. Blinken après avoir rencontré le Premier ministre libanais Najib Mikati dans la capitale britannique.

La résolution 1701 adoptée en 2006 a mis fin à une guerre précédente entre le Hezbollah et Israël. Elle prévoit la cessation des hostilités entre les deux parties et stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus doivent être déployés dans le sud du Liban, frontalier d'Israël.

M. Blinken a déclaré qu'il était essentiel d'"obtenir les ententes nécessaires à la mise en œuvre complète" de cette résolution.

Il a également plaidé en faveur de la protection des civils, sans appeler à un cessez-le-feu.

"Nous voulons nous assurer que, dans des endroits comme Beyrouth, il y a un réel effort pour s'assurer que les gens sont sains et saufs et que les civils ne sont pas pris dans ces tirs croisés", a-t-il ajouté.

M. Mikati n'a fait aucune remarque à la presse à l'occasion de sa rencontre avec M. Blinken.

La veille, au cours de la conférence sur le Liban à Paris, il avait déclaré que seuls l'État et l'armée libanaise devraient porter des armes.

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, qui s'est entretenu séparément avec M. Blinken à Londres, a déclaré que le gouvernement libanais avait clairement fait savoir qu'il mettrait en œuvre la résolution 1701. "L'agression contre le Liban doit immédiatement cesser. Rien ne justifie sa poursuite", a dit M. Safadi.

Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban depuis le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, d'après un comptage de l'AFP reposant sur des données officielles.