Les post-fascistes au seuil du pouvoir en Italie, un «espoir» prudent pour Le Pen en France

Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d'Italia (FDI), s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement dans le cadre de la campagne pour les élections générales, sur la Piazza Duomo à Milan, Italie, le 11 septembre 2022. (Photo de Piero CRUCIATTI / AFP)
Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d'Italia (FDI), s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement dans le cadre de la campagne pour les élections générales, sur la Piazza Duomo à Milan, Italie, le 11 septembre 2022. (Photo de Piero CRUCIATTI / AFP)
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Publié le Mercredi 21 septembre 2022

Les post-fascistes au seuil du pouvoir en Italie, un «espoir» prudent pour Le Pen en France

  • Dimanche, Le Pen s'est félicitée lors d'un discours de rentrée d'«une vague patriote qui prépare le retour prochain des nations d'Europe: hier la Suède, demain l'Italie»
  • Quels fruits pourrait alors tirer le Rassemblement national? «Une victoire psychologique, car ça montrerait la faiblesse de la droite traditionnelle», dit l'expert

PARIS: Le Rassemblement national concentre ses regards sur les élections législatives italiennes de dimanche, lors desquelles la victoire des post-fascistes, favoris, représenterait un "espoir", selon les lepénistes, même si les deux partis entretiennent une distance méfiante.

Dimanche, une semaine après la victoire de l'extrême droite aux législatives suédoises et une semaine avant les élections générales transalpines, Marine Le Pen s'est félicitée lors d'un discours de rentrée d'"une vague patriote qui prépare le retour prochain des nations d'Europe: hier la Suède, demain l'Italie".

Favorite dans les sondages, la coalition entre le parti de Silvio Berlusconi (dont les troupes siègent avec LR au Parlement européen), la Ligue de Matteo Salvini et Fratelli d'Italia, héritiers du parti néofasciste Mouvement social italien, bénéficie du "soutien" et des "encouragements" du RN, avait déjà affirmé Jordan Bardella, candidat à la présidence du parti en novembre.

Giorgia Meloni, une ex-fan de Mussolini au seuil du pouvoir en Italie

Favorite pour devenir la première femme chef de gouvernement de l'histoire de l'Italie, Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d'Italia (FDI), incarne un mouvement à l'ADN post-fasciste qu'elle s'efforce de "dédiaboliser" pour accéder enfin au pouvoir.

Cette Romaine de 45 ans caracole en tête dans les enquêtes de popularité et sa formation est créditée d'environ 24% des intentions de vote aux législatives du 25 septembre, devant le Parti démocrate (PD, centre-gauche).

Aux législatives de 2018, FDI avait dû se contenter d'un peu plus de 4% des voix, mais Mme Meloni est parvenue depuis à catalyser sur son nom les mécontentements et frustrations des nombreux Italiens se disant excédés par les "diktat" de Bruxelles, la vie chère et l'avenir précaire de leurs enfants.

Sa devise? "Dieu, patrie, famille". Ses priorités? Fermer les frontières pour protéger l'Italie de "l'islamisation", renégocier les traités européens pour que Rome reprenne le contrôle de son destin, lutter contre "l'hiver démographique" du pays, dont la moyenne d'âge est la plus élevée du monde industrialisé juste derrière le Japon.

Le 6 octobre 2016 sur Facebook, elle dénonce "le remplacement ethnique en cours en Italie", à l'unisson des autres formations d'extrême droite européennes. "Meloni représente un point de référence pour la contestation, la protestation, la désaffection", relève Sofia Ventura, professeur de sciences politiques à l'université de Bologne.

Mussolini? «Un bon politicien»

Meloni et son parti sont les héritiers du Mouvement social italien (MSI), parti néofasciste créé après la Seconde Guerre mondiale.

A 19 ans, elle affirme à la chaîne française France 3 que le dictateur Benito Mussolini était "un bon politicien".

Si elle doit ménager une frange de sa base qui se réclame de ce passé-là, elle sait aussi que pour gagner, elle doit rassurer l'aile modérée de sa famille politique. "Si j'étais fasciste, je dirais que suis fasciste", s'est-elle défendue dans un récent entretien au magazine britannique The Spectator.

Son récit est "contredit par les faits", estime le quotidien de centre gauche La Repubblica, qui pointe du doigt une partie de l'entourage et de la base du parti restée sensible à ses racines.

Dans un exercice consommé d'équilibriste, elle reconnaît encore aujourd'hui à Mussolini d'avoir "beaucoup accompli", sans l'exonérer de ses "erreurs" : les lois antijuives, l'entrée en guerre, l'autoritarisme. Et de clarifier: dans ses rangs, "il n'y a pas de place pour les nostalgiques du fascisme, ni pour le racisme et l'antisémitisme".

«Je suis chrétienne»

Née à Rome le 15 janvier 1977, Giorgia Meloni entre en militance à 15 ans dans les associations étudiantes classées très à droite, tout en travaillant comme babysitter ou serveuse.

En 1996, elle prend la tête d'une association lycéenne, Azione Studentesca, dont l'emblème est la Croix celtique.

En 2006, elle devient députée et vice-présidente de la chambre. Deux ans plus tard, elle est nommée ministre de la Jeunesse dans le gouvernement de Silvio Berlusconi.

Elle fréquente alors assidûment les plateaux de télé. Sa jeunesse, sa témérité, ses formules font d'elle un bon personnage médiatique. Jusqu'ici jalouse de sa vie privée, elle comprend que, au moins autant que les idées, la personnalité d'une jeune et jolie femme blonde dans une Italie encore très machiste séduit.

"Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne", lance-t-elle à ses supporteurs en 2019 à Rome lors d'un fervent discours devenu célèbre. Giorgia Meloni, qui vit en concubinage avec un journaliste TV, a une fille née en 2006.

Fin 2012, lasse des dissensions qui rongent la droite, elle fonde Fratelli d'Italia avec d'autres dissidents du berlusconisme, et choisit de camper dans l'opposition.

Lorsque Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque centrale européenne forme en février 2021 un cabinet d'unité nationale pour sortir l'Italie de la crise sanitaire et économique, elle refuse d'y participer.

"L'Italie a besoin d'une opposition libre", affirme-t-elle alors. C'est au nom de cette liberté, synonyme de souveraineté, que cette Atlantiste dénonce dès le premier jour l'agression de l'Ukraine par Moscou.

"Il n'y a pas de raison qu'on ne se réjouisse pas de leur victoire", renchérit son adversaire dans la compétition interne Louis Aliot; "une très bonne nouvelle", qui "démontre que nos idées sont inexorablement appelées à être au pouvoir partout", assurent respectivement les députés Alexandre Loubet et Bruno Bilde.

Sauf que l'attelage italien n'est plus dominé par l'allié historique du Rassemblement national, la Ligue, en grande perte de vitesse, mais par Fratelli d'Italia (FDI), autrefois petit parti d'appoint situé à la droite de la formation de M. Salvini, et dont la fulgurante ascension sondagière pourrait désormais faire de sa patronne Giorgia Meloni la future cheffe du gouvernement.

Or, les eurodéputés de Fratelli d'Italia ne siègent pas au Parlement européen sur les mêmes bancs que ceux du Rassemblement national, en restant sourds aux appels à un rapprochement. "Ce serait plus simple si Matteo Salvini était leader de la coalition italienne...", soupire Jean-Paul Garraud, élu RN au Parlement de Strasbourg.

Meloni, dont la devise "Dieu, patrie, famille" et son amour de jeunesse plus ou moins abjuré pour Mussolini font écho aux saluts fascistes affichés par certains de ses partisans, "est plus conservatrice (sur les moeurs) et plus libérale (économiquement) que nous: si ça n'est pas notre alliée traditionnelle, c'est pour une bonne raison", fait pour sa part valoir le député lepéniste Sébastien Chenu.

Un autre parlementaire RN, Kevin Pfeffer, appelle dès lors "à ne pas trop en faire" en cas de victoire de Fratelli d'Italia dimanche prochain et "s'abstenir de tout commenter".

D'autant que Giorgia Meloni désignée cheffe du gouvernement n'aurait "aucun intérêt à se précipiter dans les bras de Marine Le Pen, auquel cas ce serait une faute politique qui la marginaliserait", note le politologue Jean-Yves Camus.

«Victoire psychologique»

Quels fruits pourrait alors tirer le Rassemblement national? "Une victoire psychologique, car ça montrerait la faiblesse de la droite traditionnelle", poursuit l'expert.

"Meloni, comme le RN, a essayé de se dédiaboliser: cela peut fournir des pistes de stratégie pour le RN", complète le directeur d'études chez Ipsos Mathieu Gallard, qui rappelle néanmoins "que les scrutins à l'étranger ont rarement un impact en France" et que "si, au bout de quelques mois, Meloni fait face à une situation économique et sociale très difficile, cela confirmera que les droites radicales n'ont pas les épaules assez solides pour diriger un grand pays".

Prudent, le RN rejette également l'idée du modèle italien d'"union des droites", en estimant qu'il n'est pas transposable dans le système électoral français.

"Au contraire, c'est ce que nous appelons de nos vœux en France", lui répond Marion Maréchal, ex-députée RN devenue vice-présidente du parti d'Eric Zemmour, Reconquête!, et dont l'époux, l'eurodéputé italien Vincenzo Sofo, a quitté la Ligue pour Fratelli.

Chez les zemmouristes, Nicolas Bay (également ex-RN) estime lui-aussi croire que Giorgia Meloni "est bien davantage sur la ligne de Reconquête! que sur celle du RN", "avec des positions très claires sans compromission". Et rêve que le mouvement identitaire français connaisse la même trajectoire électorale.


Vance en Israël pour consolider le cessez-le-feu à Gaza

M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l'aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s'entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaires de Donald Trump arrivés lundi, puis de prendre la route pour Jérusalem où il doit tenir une conférence de presse. (AFP)
M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l'aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s'entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaires de Donald Trump arrivés lundi, puis de prendre la route pour Jérusalem où il doit tenir une conférence de presse. (AFP)
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  • M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l'aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s'entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué qu'il le rencontrerait mais sans préciser quand.

JERUSALEM: Le vice-président américain JD Vance est en visite mardi en Israël à l'heure où Washington accentue ses efforts diplomatiques afin de consolider le cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Gaza, fragilisé par des violences et le retard dans le retour d'otages.

M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l'aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s'entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaires de Donald Trump arrivés lundi, puis de prendre la route pour Jérusalem où il doit tenir une conférence de presse.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué qu'il le rencontrerait mais sans préciser quand.

L'administration Trump intensifie ses efforts diplomatiques après les violences de dimanche dans le territoire palestinien, les plus importantes depuis l'entrée en vigueur le 10 octobre d'un accord de cessez-le-feu, qui a permis la libération des 20 otages vivants du 7-Octobre encore détenus à Gaza en échange de celle de prisonniers palestiniens.

"Nous avons passé un accord avec le Hamas selon lequel ils vont bien se tenir et si ce n'est pas le cas, nous allons les éradiquer, si nécessaire", a déclaré lundi le président américain, disant vouloir donner encore "une petite chance" à la poursuite de sa feuille de route pour faire taire les armes à Gaza.

Le Hamas devait aussi rendre d'ici le 13 octobre dernier les 28 corps d'otages encore retenus à Gaza. Il a remis lundi à la Croix-Rouge une 13e dépouille, que le gouvernement a ensuite identifié comme celle de Tal Haïmi, tué le 7 octobre 2023 dans le kibboutz Nir Yitzhak lors de l'attaque du Hamas sur Israël ayant déclenché la guerre.

Le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, a assuré mardi que son mouvement restait "engagé" dans le cessez-le-feu. "Nous sommes déterminés à récupérer les corps de toutes les personnes détenues" malgré des "difficultés pour les extraire", a-t-il affirmé sur la chaîne égyptienne Al-Qahera News.

"L'accord pour Gaza tiendra, car nous le voulons et que notre volonté de le respecter est forte", a-t-il insisté, alors qu'Israël a rappelé qu'elle exigeait le retour de toutes les dépouilles d'otages.

"Sur deux tableaux" 

Avec JD Vance, Benjamin Netanyahu entend discuter de "deux choses": "les défis de sécurité auxquels nous faisons face et les opportunités diplomatiques qui s'offrent à nous", a-t-il dit lundi.

M. Netanyahu a rencontré mardi le chef des services de renseignements égyptiens, venu à Jérusalem, a indiqué son bureau. L'Egypte, médiatrice pour le cessez-le-feu à Gaza, a accueilli lundi une délégation du Hamas.

Parrainé par Donald Trump, l'accord de cessez-le-feu a paru vaciller dimanche après des violences dans la bande de Gaza, fatales à au moins 45 Palestiniens, selon la Défense civile locale, et deux soldats israéliens selon l'armée.

"Le seul élément qui empêche Israël de ravager encore davantage Gaza, c'est Trump", souligne Mairav Zonszein, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG), pour qui le cessez-le-feu reste "très, très fragile".

"Les Israéliens sont heureux de la libération des otages (...) Ils ne veulent plus de roquettes, mais craignent que le Hamas se tienne toujours debout", ajoute-t-elle, soutenant que dans ce contexte, M. Netanyahu joue "sur deux tableaux".

"Il parle de paix (...) Mais en même temps, il bombarde Gaza et tente de nouveau de conditionner l'entrée d'aide", dit-elle.

"Urgence absolue" 

Le maintien du cessez-le feu est "vital" pour "sauver des vies" à Gaza, a d'ailleurs exhorté mardi le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, appelant à l'ouverture de tous les points de passage vers le territoire palestinien.

Le PAM achemine actuellement de l'aide via Kissoufim (centre-est) et Kerem Shalom (sud), mais a besoin d'atteindre le nord de Gaza et réclame notamment en ce sens l'ouverture du passage de Zikim.

Il faut "passer tout de suite, et c'est l'urgence absolue, à la réouverture des ponts humanitaires et des différentes routes humanitaires", a renchéri depuis la Slovénie le président français Emmanuel Macron, appelant à ce que "la pression demeure pour que le cessez-le-feu soit pleinement observé".

Une étape ultérieure du plan Trump prévoit le retrait progressif des forces israéliennes dans la bande de Gaza, mais aussi le désarmement du Hamas. Le plan, en 20 points, exclut tout rôle du Hamas dans la gouvernance de Gaza afin que le territoire palestinien "ne pose plus de menace à ses voisins".

L'attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 68.229 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.


Le cessez-le-feu reste en vigueur, affirme Trump, après des frappes israéliennes à Gaza

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  • Après avoir accusé le Hamas de violation de l'accord de cessez-le-feu, Israël a également suspendu l'entrée "jusqu'à nouvel ordre" de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, selon un responsable israélien
  • "C'est comme si la guerre avait repris. Nous espérions que l'accord tiendrait, mais l'occupant ne respecte rien, aucun accord. Depuis cet après-midi, les bombardements se sont considérablement intensifiés"

GAZA: Le président américain Donald Trump a assuré que le cessez-le-feu à Gaza était toujours en vigueur, après qu'une série de frappes israéliennes a tué au moins 45 personnes dans le territoire palestinien dimanche en réponse, selon Israël, à des attaques du Hamas.

"Oui, il l'est", a déclaré M. Trump aux journalistes à bord de l'avion présidentiel, lorsqu'on lui a demandé si le cessez-le-feu, qu'il a contribué à négocier, était toujours en vigueur.

Il a également suggéré que les dirigeants du Hamas n'étaient pas impliqués dans les violations présumées de la trêve et a plutôt blâmé "certains rebelles au sein du mouvement".

La Défense civile, opérant sous l'autorité du mouvement islamiste palestinien, a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche, dont des civils et un journaliste, au cours de frappes aériennes israéliennes.

Quatre hôpitaux à Gaza ont confirmé ce bilan à l'AFP.

Ce sont les premières violences de cette ampleur depuis le début de la trêve, entrée en vigueur le 10 octobre.

Dans la soirée de dimanche, l'armée israélienne a annoncé cesser ses frappes et reprendre l'application du cessez-le-feu. Elle a également indiqué examiner les informations faisant état de victimes.

Après avoir accusé le Hamas de violation de l'accord de cessez-le-feu, Israël a également suspendu l'entrée "jusqu'à nouvel ordre" de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, selon un responsable israélien.

"C'est comme si la guerre avait repris. Nous espérions que l'accord tiendrait, mais l'occupant ne respecte rien, aucun accord. Depuis cet après-midi, les bombardements se sont considérablement intensifiés, des maisons, des tentes et une école ont été touchés. Le sang coule de nouveau", déplore Abdallah Abou Hassanein, 29 ans, à Bureij (centre).

Visite prochaine 

"Comme vous le savez, ils ont été assez turbulents", a déclaré dimanche Donald Trump à propos du Hamas, "ils ont tiré des coups de feu, et nous pensons que leurs dirigeants ne sont peut-être pas impliqués là-dedans".

Selon un responsable israélien, le Hamas a tiré sur les troupes à Rafah (sud) et des combattants palestiniens qui s'étaient approchés de zones de contrôle israélien à Beit Lahia (nord) ont été "éliminés lors d'une frappe".

Dans un communiqué, le Hamas a affirmé n'avoir "aucune connaissance d'incidents ou d'affrontements" à Rafah et a réaffirmé son "engagement total à mettre en œuvre tout ce qui a été convenu, en premier lieu le cessez-le-feu."

Selon un témoin, des combattants du Hamas avaient ciblé un groupe rival dans un secteur de Rafah, près duquel des chars israéliens sont déployés.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Peu avant la prise de parole de Donald Trump, le vice-président américain JD Vance avait minimisé la reprise des violences à Gaza.

"Le Hamas va tirer sur Israël. Israël va devoir répondre", a-t-il déclaré aux journalistes. "Nous pensons donc que le cessez-le-feu a toutes les chances d'offrir une paix durable. Mais même s'il y parvient, il y aura des hauts et des bas, et nous devrons surveiller la situation".

Un membre de l'administration Trump doit se rendre "certainement" en Israël "dans les prochains jours" pour évaluer la situation, selon lui. "Ce pourrait être moi", a-t-il avancé.

JD Vance a par ailleurs appelé les pays du Golfe à mettre en place une "infrastructure de sécurité" afin de garantir le désarmement du Hamas, un élément clé de la deuxième phase de l'accord de paix.

Retour de corps 

En vertu de la première phase de l'accord, le Hamas a remis le 13 octobre, en échange de près de 2.000 prisonniers palestiniens, les 20 captifs vivants qu'il détenait encore depuis le 7-Octobre et a rendu jusque-là 12 des 28 dépouilles d'otages toujours retenues à Gaza.

Dimanche, le Hamas a annoncé avoir trouvé un 13e corps d'otage à Gaza, s'engageant "si les conditions le permettent" à le restituer plus tard à Israël.

Israël conditionne la réouverture du poste-frontière avec l'Egypte de Rafah, crucial pour l'entrée des aides, à la remise de tous les otages décédés.

Après deux ans de guerre destructrice et sous la pression du président américain, Israël et le Hamas ont conclu un accord de cessez-le-feu après des négociations indirectes en Egypte.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

L'offensive israélienne a fait 68.159 morts à Gaza, en majorité des civils, et provoqué un désastre humanitaire, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.


L'Iran dit ne plus être tenu par les "restrictions" liées à son programme nucléaire

Ci-dessus, un panneau d'affichage sur la place Enqelab à Tehra affiche des photos de scientifiques nucléaires, des centrifugeuses et une phrase en farsi : "La science est le pouvoir", le 29 août 2025. (AFP)
Ci-dessus, un panneau d'affichage sur la place Enqelab à Tehra affiche des photos de scientifiques nucléaires, des centrifugeuses et une phrase en farsi : "La science est le pouvoir", le 29 août 2025. (AFP)
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  • À l’expiration officielle de l’accord nucléaire de 2015, l’Iran affirme ne plus être lié par aucune des restrictions imposées à son programme nucléaire, tout en réitérant sa volonté de poursuivre la voie diplomatique
  • Le retrait des États-Unis en 2018, suivi de tensions militaires et du rétablissement de sanctions par les Européens, a fragilisé l’accord, désormais jugé "caduque" par Téhéran, qui enrichit aujourd’hui l’uranium à des niveaux proches de l’usage militaire

Téhéran: L'Iran a affirmé samedi ne plus être tenu par les "restrictions" liées à son programme nucléaire, tout en réitérant son engagement pour la diplomatie, le jour de l'expiration d'un accord international conclu il y a dix ans.

Cet accord, signé en 2015 par l'Iran, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Etats-Unis, la Russie et la Chine, visait à encadrer les activités nucléaires de la République islamique en échange de la levée des sanctions de l'ONU qui pesaient fortement sur son économie.

Sa date d'expiration avait été fixée au 18 octobre 2025, soit dix ans exactement après l'entérinement du texte par l'ONU, via la résolution 2231.

Malgré ses démentis, l'Iran est soupçonné par les Occidentaux et Israël, son ennemi juré, de développer secrètement l'arme atomique.

Désormais, "toutes les dispositions (de l'accord), y compris les restrictions prévues pour le programme nucléaire iranien et les mécanismes connexes, sont considérées terminées", a écrit la diplomatie iranienne dans un communiqué publié à l'occasion de l'expiration du pacte.

L'accord plafonnait l'enrichissement d'uranium par l'Iran à 3,67% et prévoyait une stricte supervision de ses activités nucléaires par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), gendarme onusien du nucléaire.

- Retrait américain -

En 2018, les Etats-Unis, sous le premier mandat du président Donald Trump, ont dénoncé ce pacte et rétabli leurs sanctions contre l'Iran, qui respectait alors ses engagements selon l'AIEA.

En représailles, l'Iran a progressivement pris ses distances avec les dispositions prévues par l'accord.

Selon l'AIEA, l'Iran est ainsi le seul pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir l'uranium à un niveau élevé (60%), proche du seuil technique de 90% nécessaire à la fabrication de la bombe atomique.

Téhéran a en outre suspendu en juillet toute coopération avec l'AIEA après une guerre de 12 jours en juin déclenchée par des bombardements israéliens sans précédent contre notamment les installations nucléaires en Iran.

Les Etats-Unis ont également mené des frappes contre certaines installations en Iran durant cette guerre. En représailles, l'Iran a lancé des missiles et des drones contre Israël.

Le conflit a mis fin à une série de pourparlers indirects menés depuis avril entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien.

A l'initiative de la France, du Royaume-Uni et de l'Allemagne, l'ONU a rétabli fin septembre ses sanctions contre l'Iran, levées il y a dix ans, rendant de facto caduc l'accord sur le nucléaire.

L'expiration formelle du pacte rend les sanctions "nulles et non avenues", a estimé le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi dans une lettre adressée samedi à l'ONU.

- "Actions irresponsables" -

Les trois pays européens reprochent notamment à l'Iran son manque de coopération avec l'AIEA et demandent une reprise des négociations avec les Etats-Unis.

"Les efforts de l'Iran pour relancer les échanges (avec l'AIEA) ayant abouti à l'accord du Caire ont également été sabotés par les actions irresponsables des trois pays européens", souligne la diplomatie iranienne.

Elle fait référence à l'accord conclu en septembre entre l'Iran et l'AIEA, pour définir la reprise de leur coopération.

"L'Iran exprime fermement son engagement en faveur de la diplomatie", a-t-elle poursuivi.

Pour Ali Vaez, directeur du projet Iran du Centre de recherche International Crisis Group, c'est "une bonne chose que (l'accord) soit mort. Les deux parties peuvent enfin passer à autre chose et proposer de nouvelles idées".

Le programme nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l'Iran avec les pays occidentaux.

L'Iran se défend de chercher à acquérir la bombe atomique mais insiste sur son droit à disposer du nucléaire à des fins civiles, notamment pour produire de l'électricité.