Les post-fascistes au seuil du pouvoir en Italie, un «espoir» prudent pour Le Pen en France

Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d'Italia (FDI), s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement dans le cadre de la campagne pour les élections générales, sur la Piazza Duomo à Milan, Italie, le 11 septembre 2022. (Photo de Piero CRUCIATTI / AFP)
Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d'Italia (FDI), s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement dans le cadre de la campagne pour les élections générales, sur la Piazza Duomo à Milan, Italie, le 11 septembre 2022. (Photo de Piero CRUCIATTI / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 21 septembre 2022

Les post-fascistes au seuil du pouvoir en Italie, un «espoir» prudent pour Le Pen en France

  • Dimanche, Le Pen s'est félicitée lors d'un discours de rentrée d'«une vague patriote qui prépare le retour prochain des nations d'Europe: hier la Suède, demain l'Italie»
  • Quels fruits pourrait alors tirer le Rassemblement national? «Une victoire psychologique, car ça montrerait la faiblesse de la droite traditionnelle», dit l'expert

PARIS: Le Rassemblement national concentre ses regards sur les élections législatives italiennes de dimanche, lors desquelles la victoire des post-fascistes, favoris, représenterait un "espoir", selon les lepénistes, même si les deux partis entretiennent une distance méfiante.

Dimanche, une semaine après la victoire de l'extrême droite aux législatives suédoises et une semaine avant les élections générales transalpines, Marine Le Pen s'est félicitée lors d'un discours de rentrée d'"une vague patriote qui prépare le retour prochain des nations d'Europe: hier la Suède, demain l'Italie".

Favorite dans les sondages, la coalition entre le parti de Silvio Berlusconi (dont les troupes siègent avec LR au Parlement européen), la Ligue de Matteo Salvini et Fratelli d'Italia, héritiers du parti néofasciste Mouvement social italien, bénéficie du "soutien" et des "encouragements" du RN, avait déjà affirmé Jordan Bardella, candidat à la présidence du parti en novembre.

Giorgia Meloni, une ex-fan de Mussolini au seuil du pouvoir en Italie

Favorite pour devenir la première femme chef de gouvernement de l'histoire de l'Italie, Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d'Italia (FDI), incarne un mouvement à l'ADN post-fasciste qu'elle s'efforce de "dédiaboliser" pour accéder enfin au pouvoir.

Cette Romaine de 45 ans caracole en tête dans les enquêtes de popularité et sa formation est créditée d'environ 24% des intentions de vote aux législatives du 25 septembre, devant le Parti démocrate (PD, centre-gauche).

Aux législatives de 2018, FDI avait dû se contenter d'un peu plus de 4% des voix, mais Mme Meloni est parvenue depuis à catalyser sur son nom les mécontentements et frustrations des nombreux Italiens se disant excédés par les "diktat" de Bruxelles, la vie chère et l'avenir précaire de leurs enfants.

Sa devise? "Dieu, patrie, famille". Ses priorités? Fermer les frontières pour protéger l'Italie de "l'islamisation", renégocier les traités européens pour que Rome reprenne le contrôle de son destin, lutter contre "l'hiver démographique" du pays, dont la moyenne d'âge est la plus élevée du monde industrialisé juste derrière le Japon.

Le 6 octobre 2016 sur Facebook, elle dénonce "le remplacement ethnique en cours en Italie", à l'unisson des autres formations d'extrême droite européennes. "Meloni représente un point de référence pour la contestation, la protestation, la désaffection", relève Sofia Ventura, professeur de sciences politiques à l'université de Bologne.

Mussolini? «Un bon politicien»

Meloni et son parti sont les héritiers du Mouvement social italien (MSI), parti néofasciste créé après la Seconde Guerre mondiale.

A 19 ans, elle affirme à la chaîne française France 3 que le dictateur Benito Mussolini était "un bon politicien".

Si elle doit ménager une frange de sa base qui se réclame de ce passé-là, elle sait aussi que pour gagner, elle doit rassurer l'aile modérée de sa famille politique. "Si j'étais fasciste, je dirais que suis fasciste", s'est-elle défendue dans un récent entretien au magazine britannique The Spectator.

Son récit est "contredit par les faits", estime le quotidien de centre gauche La Repubblica, qui pointe du doigt une partie de l'entourage et de la base du parti restée sensible à ses racines.

Dans un exercice consommé d'équilibriste, elle reconnaît encore aujourd'hui à Mussolini d'avoir "beaucoup accompli", sans l'exonérer de ses "erreurs" : les lois antijuives, l'entrée en guerre, l'autoritarisme. Et de clarifier: dans ses rangs, "il n'y a pas de place pour les nostalgiques du fascisme, ni pour le racisme et l'antisémitisme".

«Je suis chrétienne»

Née à Rome le 15 janvier 1977, Giorgia Meloni entre en militance à 15 ans dans les associations étudiantes classées très à droite, tout en travaillant comme babysitter ou serveuse.

En 1996, elle prend la tête d'une association lycéenne, Azione Studentesca, dont l'emblème est la Croix celtique.

En 2006, elle devient députée et vice-présidente de la chambre. Deux ans plus tard, elle est nommée ministre de la Jeunesse dans le gouvernement de Silvio Berlusconi.

Elle fréquente alors assidûment les plateaux de télé. Sa jeunesse, sa témérité, ses formules font d'elle un bon personnage médiatique. Jusqu'ici jalouse de sa vie privée, elle comprend que, au moins autant que les idées, la personnalité d'une jeune et jolie femme blonde dans une Italie encore très machiste séduit.

"Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne", lance-t-elle à ses supporteurs en 2019 à Rome lors d'un fervent discours devenu célèbre. Giorgia Meloni, qui vit en concubinage avec un journaliste TV, a une fille née en 2006.

Fin 2012, lasse des dissensions qui rongent la droite, elle fonde Fratelli d'Italia avec d'autres dissidents du berlusconisme, et choisit de camper dans l'opposition.

Lorsque Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque centrale européenne forme en février 2021 un cabinet d'unité nationale pour sortir l'Italie de la crise sanitaire et économique, elle refuse d'y participer.

"L'Italie a besoin d'une opposition libre", affirme-t-elle alors. C'est au nom de cette liberté, synonyme de souveraineté, que cette Atlantiste dénonce dès le premier jour l'agression de l'Ukraine par Moscou.

"Il n'y a pas de raison qu'on ne se réjouisse pas de leur victoire", renchérit son adversaire dans la compétition interne Louis Aliot; "une très bonne nouvelle", qui "démontre que nos idées sont inexorablement appelées à être au pouvoir partout", assurent respectivement les députés Alexandre Loubet et Bruno Bilde.

Sauf que l'attelage italien n'est plus dominé par l'allié historique du Rassemblement national, la Ligue, en grande perte de vitesse, mais par Fratelli d'Italia (FDI), autrefois petit parti d'appoint situé à la droite de la formation de M. Salvini, et dont la fulgurante ascension sondagière pourrait désormais faire de sa patronne Giorgia Meloni la future cheffe du gouvernement.

Or, les eurodéputés de Fratelli d'Italia ne siègent pas au Parlement européen sur les mêmes bancs que ceux du Rassemblement national, en restant sourds aux appels à un rapprochement. "Ce serait plus simple si Matteo Salvini était leader de la coalition italienne...", soupire Jean-Paul Garraud, élu RN au Parlement de Strasbourg.

Meloni, dont la devise "Dieu, patrie, famille" et son amour de jeunesse plus ou moins abjuré pour Mussolini font écho aux saluts fascistes affichés par certains de ses partisans, "est plus conservatrice (sur les moeurs) et plus libérale (économiquement) que nous: si ça n'est pas notre alliée traditionnelle, c'est pour une bonne raison", fait pour sa part valoir le député lepéniste Sébastien Chenu.

Un autre parlementaire RN, Kevin Pfeffer, appelle dès lors "à ne pas trop en faire" en cas de victoire de Fratelli d'Italia dimanche prochain et "s'abstenir de tout commenter".

D'autant que Giorgia Meloni désignée cheffe du gouvernement n'aurait "aucun intérêt à se précipiter dans les bras de Marine Le Pen, auquel cas ce serait une faute politique qui la marginaliserait", note le politologue Jean-Yves Camus.

«Victoire psychologique»

Quels fruits pourrait alors tirer le Rassemblement national? "Une victoire psychologique, car ça montrerait la faiblesse de la droite traditionnelle", poursuit l'expert.

"Meloni, comme le RN, a essayé de se dédiaboliser: cela peut fournir des pistes de stratégie pour le RN", complète le directeur d'études chez Ipsos Mathieu Gallard, qui rappelle néanmoins "que les scrutins à l'étranger ont rarement un impact en France" et que "si, au bout de quelques mois, Meloni fait face à une situation économique et sociale très difficile, cela confirmera que les droites radicales n'ont pas les épaules assez solides pour diriger un grand pays".

Prudent, le RN rejette également l'idée du modèle italien d'"union des droites", en estimant qu'il n'est pas transposable dans le système électoral français.

"Au contraire, c'est ce que nous appelons de nos vœux en France", lui répond Marion Maréchal, ex-députée RN devenue vice-présidente du parti d'Eric Zemmour, Reconquête!, et dont l'époux, l'eurodéputé italien Vincenzo Sofo, a quitté la Ligue pour Fratelli.

Chez les zemmouristes, Nicolas Bay (également ex-RN) estime lui-aussi croire que Giorgia Meloni "est bien davantage sur la ligne de Reconquête! que sur celle du RN", "avec des positions très claires sans compromission". Et rêve que le mouvement identitaire français connaisse la même trajectoire électorale.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
Short Url
  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.