Le procès du maire d'Istanbul pour «insulte» reporté au 11 novembre

Des partisans se tiennent devant le palais de justice d'Anadolu à Istanbul le 21 septembre 2022 lors du procès du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, accusé d'avoir «insulté» les responsables électoraux du district de Kartal. (AFP)
Des partisans se tiennent devant le palais de justice d'Anadolu à Istanbul le 21 septembre 2022 lors du procès du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, accusé d'avoir «insulté» les responsables électoraux du district de Kartal. (AFP)
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Publié le Mercredi 21 septembre 2022

Le procès du maire d'Istanbul pour «insulte» reporté au 11 novembre

  • A 52 ans, M. Imamoglu est potentiellement l'un des meilleurs candidats de l'opposition pour tenter de succéder en juin prochain au président Recep Tayyip Erdogan
  • L'élu, qui devait comparaître mercredi pour «insulte» devant un tribunal sur la rive asiatique de la mégapole, court le risque d'être mis hors jeu par la justice à neuf mois de l'élection présidentielle

ISTANBUL: Le procès du maire d'Istanbul et figure de l'opposition turque Ekrem Imamoglu, susceptible de compromettre son avenir politique, a été reporté mercredi au 11 novembre, a annoncé le bureau de l'élu.

A 52 ans, M. Imamoglu, qui a ravi en 2019 la mégapole au parti au pouvoir AKP (islamo-conservateur), est potentiellement l'un des meilleurs candidats de l'opposition pour tenter de succéder en juin prochain au président Recep Tayyip Erdogan.

L'élu, qui devait comparaître mercredi pour "insulte" devant un tribunal sur la rive asiatique de la mégapole, court le risque d'être mis hors jeu par la justice à neuf mois de l'élection présidentielle.

"Ce procès ne devrait pas avoir lieu", a commenté mercredi M. Imamoglu, confirmant que "l'audience a été repoussée en novembre avec l'audition des témoins".

Preuve de la nervosité du pouvoir, la police avait été déployée dans un large périmètre autour du tribunal et les rues barrées par des barrières anti-émeutes afin de prévenir toute manifestation.

La presse avait également été interdite d'accès à la salle d'audience.

En mars 2019, l'élection de justesse de M. Imamoglu à la mairie d'Istanbul avait été annulée par un pouvoir mauvais joueur, contraint de s'incliner trois mois plus tard face à la mobilisation de l'électorat en sa faveur qui lui avait offert une large avance.

L'AKP - et surtout son président - avait bel et bien perdu la capitale économique et principale ville de Turquie, sur laquelle M. Erdogan, ancien maire d'Istanbul (1994-1998), avait lui-même bâti son ascension vers le sommet.

Quelques mois plus tard, Ekrem Imamoglu avait estimé que ceux qui avaient annulé son élection étaient des "idiots" - reprenant un terme utilisé quelques heures plus tôt à son encontre par le ministre de l'Intérieur, Süleyman Soylu.

«Une affaire politique»

C'est ce qualificatif qui a déclenché les poursuites contre le maire d'Istanbul pour "insulte" aux membres du Haut conseil électoral turc.

L'édile risque en théorie jusqu'à quatre ans de prison. Son avocat, Kemal Polat, a dénoncé une "affaire politique": toute condamnation à plus d'un an de prison - "même un an et un jour" - l'écarterait automatiquement de la vie politique pour quatre ans, a-t-il expliqué à l'AFP.

En avril, un procureur avait requis 15 mois de détention contre M. Imamoglu, qui a mené une carrière prospère dans le bâtiment avant de s'engager en politique.

"Du point de vue de la loi, je ne m'attends pas à une peine de prison. Mais si tel était le cas nous continuerions à faire valoir nos droits", assurait Kemal Polat à la veille de l'audience.

Reste que le pire est possible, redoute Sinan Ülgen, directeur du think tank Edam, basé à Istanbul: "Ekrem Imamoglu est l'un des deux principaux candidats potentiels de l'opposition" à la présidence, "et il est toujours populaire, malgré quelques faux pas" - dont sa gestion critiquée d'une tempête de neige qui avait paralysé une partie de la mégapole en janvier dernier.

"Le pouvoir pourrait être tenté de le mettre hors jeu. C'est un vrai risque, non souhaitable bien sûr, qui constituerait une ingérence artificielle dans le jeu démocratique", insiste M. Ülgen. "L'opposition se retrouverait alors les mains liées: elle ne pourrait prendre le risque d'appeler à la contestation, par crainte de se voir reprocher la légitimation de la répression qui s'ensuivrait".

Depuis le coup d'Etat raté de juillet 2016, le régime a procédé à plus de 300.000 arrestations, notamment dans les rangs de la police, de la justice et de l'armée et parmi les intellectuels.

De nombreuses personnalités - journalistes, universitaires, défenseurs des droits humains - ont pris la route de l'exil pour y échapper. Et les effets dissuasifs de cette vague de répression se font toujours sentir dans le pays.


Liban: l'armée achèvera de désarmer le Hezbollah près de la frontière avec Israël d'ici trois mois

L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah dans la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi. (AFP)
L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah dans la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi. (AFP)
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  • En août, le gouvernement avait demandé à l’armée de préparer un plan de désarmement d’ici la fin de l’année
  • Le chef de l'armée Rodolphe Haykal l’a présenté le 5 septembre en Conseil des ministres, mais le texte ne respecte pas pleinement l'échéance fixée par l'exécutif

BEYROUTH: L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah dans la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi.

Le Hezbollah pro-iranien est sorti très affaibli d'une guerre avec Israël à laquelle un cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre 2024 mais refuse de remettre ses armes, accusant le gouvernement libanais de faire le jeu d'Israël et des Etats-Unis.

En août, le gouvernement avait demandé à l’armée de préparer un plan de désarmement d’ici la fin de l’année. Le chef de l'armée Rodolphe Haykal l’a présenté le 5 septembre en Conseil des ministres, mais le texte ne respecte pas pleinement l'échéance fixée par l'exécutif.

M. Raggi a précisé que le plan présenté par l'armée et qui vise à assurer le monopole des armes par l’Etat sur l'ensemble du Liban, comportait cinq phases.

La première stipule que "le désarmement sera achevé au sud du fleuve Litani", à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, d'ici "trois mois", soit fin novembre 2025, selon le ministre.

À cette date, "il ne restera plus ni dépôts, ni armes, ni transferts d’armes, ni combattants, ni présence armée" dans la zone située au sud du fleuve Litani, a-t-il ajouté.

Parallèlement, la mise en œuvre de cette première étape s'accompagnera de "mesures de sécurité" sur l'ensemble du territoire, a poursuivi M. Raggi.

Selon lui, l'armée "renforcera et multipliera les postes de contrôle, interdira le transport et le port d'armes (…) sans toutefois effectuer de perquisitions ou d'arrestations, et sans saisir les armes stockées. Mais au moins, le transfert d’armes d’une région à une autre ne sera plus autorisé".

"Plus de temps" 

Le chef de la diplomatie a ajouté que les quatre autres étapes concerneront progressivement les autres régions du Liban, "mais sans échéances précises".

La zone frontalière a longtemps constitué un bastion du Hezbollah, qui y avait notamment creusé des tunnels pour ses combattants et ses armes. En juin déjà, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, avait déclaré que l'armée libanaise avait démantelé "plus de 500 positions militaires et dépôts d'armes" dans le sud du pays.

Vendredi, le gouvernement libanais a salué le plan présenté par le commandant en chef de l’armée. Le ministre de l’Information, Paul Morcos, avait expliqué que "l’armée libanaise allait entamer la mise en œuvre du plan mais dans la limite des moyens disponibles, qui sont restreints sur les plans logistique, matériel et humain".

M. Raggi a confirmé mardi que "le commandant chef de l’armée nous a dit qu’il n’y avait pas les moyens humains, matériels et techniques pour tout faire dans le délai fixé par le gouvernement, et qu’il lui fallait plus de temps".

"Pression diplomatique" 

En août, le gouvernement avait également approuvé les objectifs d’une proposition américaine faite par l’émissaire Tom Barrack, détaillant un calendrier et des modalités de désarmement, et prévoyant aussi le retrait israélien de cinq positions encore occupées dans le sud.

Le gouvernement libanais reproche à Israël de ne pas avoir respecté la feuille de route apportée par l'émissaire américain.

Mais selon M. Raggi, "le monopole des armes n’est pas liée à la proposition de M. Barrack mais découle de la Constitution".

Le ministre a par ailleurs demandé qu’"Israël cesse ses attaques et se retire du sud", affirmant que le Liban exerçait un "pression diplomatique" en ce sens.

Conformément à l'accord de cessez-le-feu, surveillé par les Etats-Unis, la France et l'ONU, le Hezbollah devait retirer ses forces et démanteler toute infrastructure militaire au sud du Litani.

Israël, qui devait de son côté retirer ses troupes du Liban, s'est maintenu dans cinq positions frontalières et mène régulièrement des frappes sur le territoire libanais, disant viser le Hezbollah, très affaibli par la guerre.


Explosions à Doha, Israël affirme avoir frappé des responsables du Hamas

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  • Les autorités du Qatar ont confirmé des frappes contre des domiciles de responsables du Hamas et condamné une attaque "lâche"
  • Un responsable du Hamas à Gaza dit à l'AFP que l'équipe de négociations du mouvement avait été "ciblée" à Doha. On ignorait dans l'immédiat si les frappes avaient fait des victimes

DOHA: L'armée israélienne a annoncé avoir mené mardi des frappes contre des responsables du mouvement islamiste palestinien Hamas, après que des explosions ont été entendues à Doha, la capitale du Qatar.

Les autorités du Qatar ont confirmé des frappes contre des domiciles de responsables du Hamas et condamné une attaque "lâche".

"L'armée et le service de sécurité intérieure (Shin Bet) ont mené une frappe ciblée contre la haute direction de l'organisation terroriste Hamas", a dit l'armée israélienne dans un communiqué, sans préciser le lieu de l'attaque.

Un responsable du Hamas à Gaza dit à l'AFP que l'équipe de négociations du mouvement avait été "ciblée" à Doha. On ignorait dans l'immédiat si les frappes avaient fait des victimes.

Plusieurs explosions ont été entendues à Doha, où résident les responsables du Hamas qui ont participé aux négociations sur un cessez-le-feu à Gaza ces derniers mois.

De la fumée s'est élevée d'un quartier, selon des journalistes de l'AFP dans la capitale qatarie.

La police a bloqué l'accès au lieu des explosions.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, Israël a tué plusieurs chefs et hauts responsables du Hamas après avoir juré de détruire le mouvement.

"Depuis des années, ces membres de la direction du Hamas dirigent les opérations de l'organisation terroriste, sont directement responsables du massacre brutal du 7 octobre et ont orchestré et géré la guerre contre l'Etat d'Israël", selon le communiqué de l'armée.

"L'Etat du Qatar condamne fermement l'attaque lâche menée par Israël qui a visé des immeubles résidentiels abritant plusieurs membres du bureau politique du Hamas", a écrit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Majed al-Ansari sur X.

Le jour des frappes à Doha, la branche armée du Hamas a revendiqué l'attaque commise la veille à Jérusalem qui a coûté la vie à six Israéliens.

"Les Brigades Al-Qassam revendiquent leur responsabilité dans l'attaque par balles qui a eu lieu hier matin, lundi (...), près du carrefour de la colonie de Ramot", indique-t-il dans un communiqué.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a sommé lundi le Hamas de se rendre sous peine d'être anéanti, après que le président américain Donald Trump a adressé un "dernier avertissement" au mouvement islamiste palestinien, l'exhortant à libérer tous les otages.

"Ceci est un dernier avertissement aux assassins et violeurs du Hamas à Gaza et dans les hôtels de luxe à l’étranger: libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis", a déclaré M. Katz sur X.

"Aujourd'hui, un ouragan dévastateur frappera le ciel de la ville de Gaza et les toits des tours terroristes trembleront", ajoute-t-il, notant que "l'armée israélienne poursuit ses opérations comme prévu et se prépare à étendre ses manœuvres pour conquérir" Gaza-ville.


Liban: frappe israélienne contre le Hezbollah au sud de Beyrouth, selon une source de sécurité

"Un drone ennemi a pris pour cible il y a peu de temps une voiture près de la mosquée de Zarout, entre les villes de Jiyeh et Barja, dans l'Iqlim el-Kharrub", a rapporté l'Agence nationale de presse. (AFP)
"Un drone ennemi a pris pour cible il y a peu de temps une voiture près de la mosquée de Zarout, entre les villes de Jiyeh et Barja, dans l'Iqlim el-Kharrub", a rapporté l'Agence nationale de presse. (AFP)
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  • Une frappe de drone israélien a blessé un membre du Hezbollah mardi près de Barja, au sud de Beyrouth, au lendemain de frappes meurtrières dans l’est du Liban
  • Ces attaques surviennent malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis novembre 2024, alors que le Liban amorce un plan pour désarmer le Hezbollah

BEYROUTH: Une frappe de drone israélien a visé et blessé mardi un membre du Hezbollah pro-iranien à une trentaine de kilomètres au sud de Beyrouth, a indiqué à l'AFP une source de sécurité libanaise.

Cette frappe est intervenue au lendemain de raids israéliens sur des sites du Hezbollah dans l'est du Liban qui ont fait cinq morts.

"Un drone ennemi a ciblé il y a peu une voiture près d'une mosquée" entre les localités de Jiyé et Barja, a indiqué l'Agence nationale d'information (ANI).

"Un membre du Hezbollah", qui se trouvait dans la voiture visée, "a été blessé", a déclaré une source de sécurité.

Un photographe de l'AFP a vu une petite voiture calcinée, qui a heurté le mur d'une mosquée à l'entrée de la bourgade de Barja.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024, Israël mène régulièrement des frappes, affirmant notamment viser des sites et des membres du Hezbollah pro-iranien.

Lundi, cinq personnes ont été tuées et cinq autres blessées dans des frappes israéliennes qui ont visé la région du Hermel, dans le nord-est du Liban, selon le ministère de la Santé.

Sur X, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait indiqué que l'aviation israélienne avait visé "plusieurs sites du Hezbollah, dont des positions de la force Radwane", unité d'élite du mouvement.

Le président libanais Joseph Aoun a "fermement condamné" les "attaques" de lundi, qui sont intervenues alors que l'armée libanaise doit entamer l'exécution d'un plan pour désarmer le Hezbollah.

Le mouvement pro-iranien, allié du Hamas palestinien, est sorti très affaibli de la guerre contre Israël, à laquelle le cessez-le-feu a mis fin en novembre 2024.