Fuite d'images de «Grand Theft Auto VI»: les éditeurs de jeu vidéo sous la menace du piratage

Un homme passe devant un panneau d'affichage du jeu vidéo «Grand Theft Auto V» à Hong Kong, le 17 septembre 2013. (Fichier, AFP)
Un homme passe devant un panneau d'affichage du jeu vidéo «Grand Theft Auto V» à Hong Kong, le 17 septembre 2013. (Fichier, AFP)
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Publié le Mercredi 21 septembre 2022

Fuite d'images de «Grand Theft Auto VI»: les éditeurs de jeu vidéo sous la menace du piratage

Un homme passe devant un panneau d'affichage du jeu vidéo «Grand Theft Auto V» à Hong Kong, le 17 septembre 2013. (Fichier, AFP)
  • Activision-Blizzard, Electronic Arts, Ubisoft, Capcom... La liste des éditeurs victimes de cyberattaques ciblées n'a cessé de s'allonger ces dernières années
  • L'enjeu est de taille pour le studio, alors que «GTA V» s'est vendu à plus de 170 millions d'exemplaires dans le monde depuis sa sortie en 2013 et aurait généré plus de 7 milliards de dollars

PARIS: Vidéos volées et mauvaise publicité autour d'un des jeux vidéo les plus attendus: Rockstar Games, producteur de la célèbre saga "Grand Theft Auto" (GTA), a vu des extraits du sixième opus piratés et divulgués sur internet le week-end dernier, symbole de la menace qui pèse sur les éditeurs. 

Mardi, c'était au tour de "Diablo 4", autre titre d'envergure dont la sortie est prévue en 2023, de voir de longues vidéos faire l'objet de fuites sur un forum spécialisé. 

Activision-Blizzard, Electronic Arts, Ubisoft, Capcom... La liste des éditeurs victimes de cyberattaques ciblées n'a cessé de s'allonger ces dernières années. 

Le cas le plus emblématique reste celui de CD Projekt RED: le groupe polonais avait publié début 2021 une copie de la demande de rançon de pirates affirmant avoir volé les "codes sources" (l'architecture informatique d'un programme) de productions majeures comme "Cyberpunk 2077" et "The Witcher 3", ainsi que des documents internes. 

Le site spécialisé PC Gamer avait relevé ce week-end la publication d'un dossier contenant quelque 90 vidéos de "GTA VI" sur des forums de joueurs. A travers le pseudonyme "teapotuberhacker", le pirate a promis de "faire fuiter plus d'informations prochainement". 

"Nous sommes extrêmement déçus que des détails du prochain jeu soient partagés avec vous de cette façon", a déploré Rockstar Games, qui avait confirmé en février dernier être en train de concevoir le sixième opus de sa série à succès, sans donner de date de commercialisation. 

L'enjeu est de taille pour le studio, alors que "GTA V" s'est vendu à plus de 170 millions d'exemplaires dans le monde depuis sa sortie en 2013 et aurait généré plus de 7 milliards de dollars. 

Machine à cash aussi populaire que décriée pour sa violence, "GTA" permet aux joueurs, depuis le tout premier épisode en 1997, d'incarner des criminels dans des villes ressemblant à New York, Los Angeles, San Francisco ou Miami. 

« Perturbations » à venir?  

Quelles conséquences sur le développement du jeu après un tel piratage ? "A ce stade, nous n'anticipons pas de perturbations sur nos services de jeu en direct", a promis Rockstar. "Notre travail continue comme prévu". 

En réalité, c'est un "bad buzz" en matière d'image qui met à plat la "stratégie de lancement" du jeu, en enlevant tout effet de surprise, estime Julien Pillot, économiste spécialiste des industries culturelles. 

Après une telle mésaventure, "l'objectif est de rassurer les futurs clients et le marché" sur les "capacités de réaction de l'entreprise face à cette fuite", complète Loïc Gezo, expert en cybersécurité. 

Car après avoir déjà été chahuté lundi, le cours de Take-Two Interactive, géant américain du secteur et propriétaire de Rockstar Games, continuait de décrocher de près 3% mercredi à Wall Street. 

Quel que soit le diagnostic, entre l'inévitable lancement d'un audit pour rechercher les responsabilités, les équipes de cybersécurité qui vont devoir redoubler d'efforts pour trouver les brèches et le bouleversement à venir pour les équipes créatives, le temps de production du jeu va inévitablement s'allonger, sans compter les "coûts supplémentaires", selon les spécialistes interrogés. 

Sans oublier la plus grosse crainte des éditeurs en termes de cybsersécurité: le vol du "code source" du jeu. 

"Le 'code source', c'est le savoir-faire, c'est le capital intellectuel de l'entreprise", décrypte Loïc Gezo. "Une analyse du +code source+ par des experts en amont peut donner des idées sur [la manière de] pirater ou détourner les fonctions du jeu". 

"Si c'est vraiment le 'code source' qui a été volé, je crois que Rockstar est dans l'obligation de le récupérer d'une manière ou d'une autre, renchérit encore Julien Pillot. Le +code source+, c'est vraiment l'ADN du jeu, son squelette. Cela coûte beaucoup trop cher et nécessite beaucoup trop de temps pour que vous puissiez repartir de zéro". 


L'Australie tente de sauver ses derniers «dragons sans oreilles»

Cette photo prise le 25 mars 2024 montre un lézard dragon sans oreilles des prairies dans la réserve naturelle de Tidbinbilla, située à la périphérie de la capitale australienne, Canberra. (AFP)
Cette photo prise le 25 mars 2024 montre un lézard dragon sans oreilles des prairies dans la réserve naturelle de Tidbinbilla, située à la périphérie de la capitale australienne, Canberra. (AFP)
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  • L'Australie abrite des milliers d'espèces animales uniques, parmi lesquelles 1 130 espèces de reptiles qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde
  • Une centaine d'espèces de la flore et de la faune endémique d'Australie ont disparu au cours des 300 dernières années

SYDNEY: Quand il voit le jour, le "dragon des prairies sans oreilles" d'Australie est à peine plus grand que le petit doigt. Mais le minuscule reptile doit répondre à un défi de taille : échapper à l'extinction de son espèce.

En 2019, des scientifiques de Canberra avaient recensé plusieurs centaines de spécimens de ce lézard à l'état sauvage. Cette année, ils n'en ont compté que 11.

Le dragon des prairies sans oreilles, une espèce endémique d'Australie, a une peau brune claire, striée de longues bandes blanches. Dépourvu d'oreilles et de tympans fonctionnels, il mesure 15 centimètres à l'âge adulte.

L'Australie en compte quatre espèces, dont trois "en danger critique d'extinction" - la catégorie la plus menacée - la quatrième étant classée comme "en danger".

Sans mesures de conservation, les dragons en "danger critique d'extinction" seront probablement éteints dans les 20 prochaines années. Mais "si nous gérons correctement leur conservation, nous pouvons les faire revenir", espère Bernd Gruber, professeur à l'université de Canberra, qui œuvre en ce sens.

«Espoir»

L'Australie abrite des milliers d'espèces animales uniques, parmi lesquelles 1.130 espèces de reptiles qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde.

Victimes du changement climatique, de la prolifération de plantes et d'animaux invasifs et de la destruction de leurs habitats - en 2019, les incendies de forêt ont brûlé plus de 19 millions d'hectares - les espèces endémiques d'Australie sont dans une situation critique.

Une centaine d'espèces de la flore et de la faune endémique d'Australie ont disparu au cours des 300 dernières années.

Pour éviter un tel sort aux dragons sans oreilles, plusieurs programmes de conservation ont été mis en place dans le pays, comptant au total jusqu'à 90 animaux voués à être relâchés dans la nature.

M. Gruber supervise l'un d'entre eux, dans la région de Canberra, où des compartiments abritent chacun un lézard, disposant d'herbe, d'un terrier et d'une lampe chauffante.

L'accouplement des spécimens est particulièrement épineux.

Les femelles préférant choisir leur partenaire, les scientifiques doivent leur présenter plusieurs mâles jusqu'à ce qu'elles en acceptent un.

Il leur faut aussi déterminer - à l'aide d'analyses génétiques - quels sont les lézards compatibles et assurer la diversité génétique de leur progéniture.

M. Gruber prend soin d'une vingtaine de bébés lézards, à peine éclos. Il y a encore trois semaines, les scientifiques ne voyaient pas leurs œufs. "Il y a un sentiment d'espoir quand on les regarde", confie-t-il à l'AFP.

Ces reptiles vivent exclusivement dans des prairies tempérées, un habitat que l'étalement urbain a pratiquement réduit à néant, explique la chargée de campagne de l'Australian Conservation Foundation, Peta Bulling. Seules 0,5% des prairies de l'époque de la colonisation européenne subsistent encore.

"Nous ne comprenons pas tout ce que les dragons des prairies sans oreilles font dans l'écosystème, mais nous pouvons supposer qu'ils jouent un rôle important dans la gestion des populations d'invertébrés", explique-t-elle à l'AFP. "Ils vivent dans des terriers creusés dans le sol, ce qui fait qu'ils aèrent probablement le sol", détaille-t-elle.

Pour Mme Bulling, si les programmes d'élevage sont importants, il est vital de protéger les habitats où les lézards élevés pourront être réintroduits.

Ces animaux "sont hautement spécialisés pour vivre dans leur habitat, mais ils ne s'adapteront pas rapidement au changement", prévient-elle.

L'année dernière, des scientifiques ont observé pour la première fois depuis 50 ans un petit nombre de spécimens d'une autre espèce de dragons sans oreilles, dans une zone tenue secrète pour les protéger.


‘The Jinn Daughter’ : Un début inimitable et envoûtant de Rania Hanna

« The Jinn Daughter » est un début inimitable par l’écrivain syrienne américaine Rania Hanna. (Fournie)
« The Jinn Daughter » est un début inimitable par l’écrivain syrienne américaine Rania Hanna. (Fournie)
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  • "The Jinn Daughter" est un premier ouvrage obsédant et inimitable de l'écrivaine syrienne Rania Hanna, qui mêle le fantastique à la mythologie et au folklore du Moyen-Orient dans une histoire centrée sur la lutte d'une mère pour sauver sa fille
  • Grâce à sa force physique, à la magie qu'elle possède et à sa vivacité d'esprit, Nadine doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la sécurité de sa fille.

CHICAGO : Prévu pour être publié en avril 2024, "The Jinn Daughter" est un premier ouvrage obsédant et inimitable de l'écrivaine syrienne Rania Hanna, qui mêle le fantastique à la mythologie et au folklore du Moyen-Orient dans une histoire centrée sur la lutte d'une mère pour sauver sa fille.

Nadine est une Hakawati Jinn, une personne qui recueille les graines des âmes mortes et documente leurs vies avant qu'elles ne s'éteignent. Un matin, elle se retrouve au milieu d'un désastre lorsque les graines des morts cessent de tomber. Les âmes ne pouvant plus passer, elles resteront sur Terre et se transformeront en goules.

Mais lorsque la Mort lui fait une proposition, la tâche de Nadine devient plus claire et plus dangereuse. Elle doit déjouer la mort et utiliser sa magie pour sauver sa fille Layala et le monde tel qu'elle le connaît.

Nadine et Layala vivent en marge de la ville et de la société. Les djinns ne sont pas les bienvenus parmi les humains. La plupart ont été emprisonnés ou tués pendant la guerre des djinns, mais Nadine est la djinn Hakawati de la ville et doit donc rester. Mais sa vie n'a jamais été facile, d'autant plus que sa fille unique est mi-jinn, mi-humaine.

Son mari ne vit plus avec eux et sa fille Layala, âgée de 14 ans, pose des questions incessantes sur la vie de Nadine, sur ses devoirs et sur la question de savoir si Layala est destinée à suivre les traces de sa mère. La gestion des morts humaines, une fille adolescente et des habitants en colère pèsent déjà sur Nadine, mais lorsque Kamuna, la gardienne du monde souterrain, lui rend visite et demande à Layala de prendre sa place, Nadine sait que ses ennuis ne font que commencer.

Grâce à sa force physique, à la magie qu'elle possède et à sa vivacité d'esprit, Nadine doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la sécurité de sa fille. Et alors que Layala a toujours écouté sa mère, lorsque les choses commencent à changer, Layala remet en question ce qu'on lui a dit et les vérités commencent à se dévoiler.

Entre la vie et la mort, les relations intimes, le deuil, la perte, l'espoir et l'amour, le roman de Hanna se développe de manière inquiétante dès la première phrase. La vie de ses personnages est semée d'embûches alors qu'ils sont les vices régents de mondes opposés et qu'ils tentent de vivre un semblant de vie dont ils ont hérité. Et lorsqu'une mère est poussée au bord du monde pour sa fille, le cœur de l'histoire est l'amour et le sacrifice.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


A Paris, plongée extraordinaire dans l'univers de Brancusi, père de la sculpture moderne

Les visiteurs regardent la sculpture "Leda" de l'artiste roumain Constantin Brancusi lors de l'avant-première presse de la rétrospective organisée au Centre Pompidou (également connu sous le nom de Beaubourg) à Paris le 26 mars 2024. (AFP)
Les visiteurs regardent la sculpture "Leda" de l'artiste roumain Constantin Brancusi lors de l'avant-première presse de la rétrospective organisée au Centre Pompidou (également connu sous le nom de Beaubourg) à Paris le 26 mars 2024. (AFP)
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  • Lieu de création et de vie de Brancusi, arrivé à Paris en 1904 à l'âge de 28 ans, en pleine effervescence culturelle, il était situé près du quartier de Montparnasse
  • Reconstitué à la mort de l'artiste, l'atelier était abrité dans un pavillon installé sur le parvis du musée d'art moderne

PARIS: Des dizaines de statues en bronze, bois et pierre, stylisées à l'extrême, ont investi le centre Pompidou à Paris où une rétrospective exceptionnelle retrace à partir de mercredi l'oeuvre de Constantin Brancusi (1876-1957), considéré comme le père de la sculpture moderne.

Plus de 120 sculptures mais aussi des centaines de dessins, carnets, peintures de ce démiurge venu de Roumanie sont rassemblés sur 2.000 m2 au sein de la grande galerie du musée d'art moderne auquel le sculpteur a légué, à sa mort, son atelier et toutes les oeuvres qu'il contenait ainsi que ses archives.

C'est la première fois qu'une rétrospective de cette ampleur est organisée en France en raison notamment de la fragilité des sculptures provenant des plus importantes collections internationales (Tate Modern, MoMA, Guggenheim, Philadelphia Museum of Art, musée national d’art de Roumanie...) exceptionnellement réunies, selon Ariane Coulondre, commissaire de l'exposition avec Julie Jones et Valérie Loth.

L'atelier

Au coeur de l'exposition à la scénographie toute en courbes et lumière, l'établi du sculpteur et ses outils, son mobilier, une petite forge et des oeuvres d'art dont la "Colonne sans fin", un socle en bois dont le motif est répété verticalement par empilement, reconstituent partiellement cet atelier.

Lieu de création et de vie de Brancusi, arrivé à Paris en 1904 à l'âge de 28 ans, en pleine effervescence culturelle, il était situé près du quartier de Montparnasse et a vu défiler les plus grands artistes des avant-gardes du tournant du XXème siècle comme des collectionneurs du monde entier.

Entouré de Modigliani, Léger, Duchamp ou Sati, Constantin Brancusi, "fan de musiques du monde - il possédait plus de 200 disques - y organisait soirées et happenings, filmant ses amies danseuses, postées, telles des statues vivantes, sur des socles en pierre ou en bois", raconte Mme Coulondre.

Reconstitué à la mort de l'artiste, l'atelier était abrité dans un pavillon installé sur le parvis du musée d'art moderne. Il a été déplacé à la faveur des grands travaux de rénovation et de désamiantage du centre Pompidou qui doivent débuter après la fermeture des collections à l'été 2025, pour cinq ans.

Le parcours thématique est organisé autour des séries de référence de l’artiste et met en lumière les grands enjeux de la sculpture moderne: l’ambiguïté de la forme (Princesse X), le portrait (Danaïde, Mlle Pogany), le rapport à l’espace (Maiastra, L’Oiseau dans l’espace), le rôle du socle (Nouveau-né, Le Commencement du monde), les jeux de mouvement et de reflet (Léda), la représentation de l’animal (Le Coq, Le Poisson, Le Phoque) et le rapport au monumental.

Simplification

Il débute par la célèbre "Muse endormie", une tête de femme stylisée dorée, du bronze longuement poli, qui se transforme en surface brillante comme un miroir.

"C'est la quintessence de l'art de Brancusi, la simplification de la forme, des détails à peine estompés et la beauté du matériau qui reflète tout l'espace alentour", commente la spécialiste.

Le visiteur entre ensuite dans une grande pièce ovale qui résume "le parcours de sa vie, les sources de son travail et tout le contexte de sa création", dit la spécialiste.

Des oeuvres de Rodin, Derain, Gauguin et des pièces antiques sont mises en vis-à-vis de ses sculptures. Brancusi "invente un vocabulaire radicalement différent", avec par exemple "Le Baiser" taillé dans un bloc de pierre brute où deux individus fusionnent, "très loin des pleins et des creux de la sculpture classique", souligne la commissaire.

Parmi les pépites, une série de portraits d'enfant, du bronze le plus classique à l'ovale le plus abstrait entre 1906 et 1915-1916.

"Tout est quasiment posé dès le départ, toutes les formes qui lui serviront tout au long de sa vie", ajoute Mme Coulondre.

Après la Seconde Guerre mondiale, Brancusi s'arrêtera de sculpter, "recombinant sans cesse ses oeuvres au coeur de son atelier, oeuvre d'art en soi, environnement total", ajoute-t-elle.