Le Pakistan, sous les eaux, lance à l'ONU un appel désespéré à sauver la planète

Le Premier ministre pakistanais Muhammad Shehbaz Sharif (Photo, AFP).
Le Premier ministre pakistanais Muhammad Shehbaz Sharif (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 24 septembre 2022

Le Pakistan, sous les eaux, lance à l'ONU un appel désespéré à sauver la planète

  • «Pourquoi mon peuple paie le prix d'un tel réchauffement climatique»
  • «La Nature va contre-attaquer et pour cela l'humanité n'est pas de taille»

NATIONS UNIES: Le Pakistan, victime cet été d'inondations "dévastatrices", a lancé vendredi à l'ONU un appel désespéré à sauver la planète menacée par le dérèglement climatique provoqué par les pays riches et qui frappe injustement cette nation pauvre d'Asie du Sud, selon son Premier ministre.

Lorsque le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres s'était rendu le 10 septembre dans ce pays sous les eaux, il s'était écrié n'avoir "jamais vu un carnage climatique de cette ampleur".

À la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU vendredi, le chef du gouvernement pakistanais Shehbaz Sharif a enfoncé le clou: "Le Pakistan n'a jamais vu une telle illustration absolue et dévastatrice de l'impact du réchauffement climatique".

Mais le Premier ministre, dans un discours vibrant, y a ajouté une sombre prédiction.

«Calamité» climatique 

Il a prévenu la communauté internationale que cette "calamité" climatique due à des pluies de "mousson monstrueuses" n'était qu'un prélude à ce qui attend le reste du monde. "Une chose est très claire: ce qu'il s'est passé au Pakistan ne restera pas cantonné au Pakistan", a lancé M. Sharif, la voix parfois prise par la colère et le visage fermé.

D'après le dirigeant "la définition même de la sécurité nationale a aujourd'hui changé et à moins que les dirigeants mondiaux ne s'unissent et n'agissent maintenant sur un programme minimal, il n'y aura plus de Terre pour y mener des guerres".

"La Nature va contre-attaquer et pour cela l'humanité n'est pas de taille", a prévenu le leader de 71 ans, au pouvoir à Islamabad depuis avril.

Causées par des pluies de mousson diluviennes, à la force accrue par le réchauffement climatique selon des experts, les inondations avaient recouvert un tiers du Pakistan -- soit la superficie du Royaume-Uni -- et provoqué la mort de près 1.600 personnes depuis juin, selon le dernier bilan.

Habitations, commerces, routes, ponts et récoltes agricoles ont été détruits.

30 milliards de dollars de pertes 

Islamabad a évalué ses pertes financières à 30 milliards de dollars et son ministre des Finances Miftah Ismail a annoncé vendredi sur Twitter qu'il demanderait un allègement de sa dette auprès de créanciers bilatéraux.

Dans ce pays coincé entre l'Afghanistan, l'Iran, l'Inde et la Chine, plus de sept millions de personnes ont été déplacées, beaucoup vivant dans des camps de fortune sans protection contre les moustiques et où manquent l'eau potable et les sanitaires.

Sur place début septembre, M. Guterres avait exhorté les grands pollueurs de la planète à "arrêter cette folie" consistant à investir encore dans les énergies fossiles.

La star hollywoodienne Angelina Jolie, qui s'est aussi rendue au Pakistan cette semaine en tant qu'émissaire du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), a déclaré n'avoir "jamais rien vu de tel" et que cela devait servir d'avertissement au reste du monde.

Mais pour Islamabad, les effets du climat sont particulièrement injustes pour un pays pauvre en développement de 220 millions d'habitants et d'à peine 350 milliards de PIB annuel (en 2021 selon la Banque mondiale).

0,8% des émissions mondiales de CO2 

"Pourquoi mon peuple paie le prix d'un tel réchauffement climatique" alors que le Pakistan représente 0,8% des émissions mondiales de CO2, s'est interrogé le Premier ministre. Il s'est emporté contre une "Nature (qui) a déchaîné sa furie contre le Pakistan sans même regarder notre empreinte carbone".

"Le Pakistan et les Pakistanais n'ont pas créé cette crise dont ils sont (maintenant) les victimes" en raison de "l'industrialisation de plus grands pays", a renchéri devant la presse à l'ONU le jeune ministre des Affaires étrangères Bilawal Bhutto Zardari.

"Nous ne faisons pas la charité, nous ne voulons ni armes, ni aide. Mais la justice pour notre peuple et pour les autres pays frappés par le (dérèglement du) climat", a lancé ce fils de l'ex-Première ministre Benazir Bhutto tuée en 2007 et de l'ancien président Asif Ali Zardari.

Dans le hall du palais des Nations unies à New York, des photos et des cartes du Pakistan sous les eaux sont exposées. L'une est frappée de cette affirmation: "Aujourd'hui, c'est le Pakistan. Demain, ça peut être n'importe quel autre pays!!!!".


L'Asean «  profondément inquiète » face à l'escalade du conflit en Birmanie

L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a exprimé sa "profonde" inquiétude face à l'intensification du conflit civil en Birmanie, qui a culminé récemment avec la prise d'une ville stratégique à la frontière thaïlandaise par des combattants anti-junte. (AFP).
L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a exprimé sa "profonde" inquiétude face à l'intensification du conflit civil en Birmanie, qui a culminé récemment avec la prise d'une ville stratégique à la frontière thaïlandaise par des combattants anti-junte. (AFP).
Short Url
  • La Birmanie, pays membre de l'Asean, est enlisé dans un violent conflit civil depuis le coup d'Etat de 2021 contre Aung San Suu Kyi
  • L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a exprimé sa "profonde" inquiétude face à l'intensification du conflit civil en Birmanie

BANGKOK: L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a exprimé sa "profonde" inquiétude face à l'intensification du conflit civil en Birmanie, qui a culminé récemment avec la prise d'une ville stratégique à la frontière thaïlandaise par des combattants anti-junte.

"Nous, les Etats-membres de l'Asean, sommes profondément inquiets par la récente escalade des conflits, notamment dans la région de Myawaddy", ont écrit les ministres des Affaires étrangères du bloc de dix pays, dans un communiqué conjoint daté de jeudi.

"Nous demandons de manière urgente à toutes les parties de cesser immédiatement la violence et de faire preuve de la plus grande retenue, de respecter le droit humanitaire international et de prendre toutes les mesures nécessaires pour désamorcer les tensions et assurer la protection et la sécurité de tous les civils", ont-ils insisté.

La Birmanie, pays membre de l'Asean, est enlisé dans un violent conflit civil depuis le coup d'Etat de 2021 contre Aung San Suu Kyi, sans qu'une issue pacifique ne se dessine, malgré les appels répétés du groupe régional qui a présenté un plan de sortie de crise il y a trois ans.

Les combats se sont accentués ces derniers mois après une série d'attaques de groupes ethniques minoritaires et de combattants anti-junte dans plusieurs régions.

Le pouvoir militaire a essuyé plusieurs revers majeurs, notamment dans des zones frontalières de la Chine et de la Thaïlande, qui le place dans une position de faiblesse inédite depuis le putsch, selon des analystes.

La semaine dernière, la junte s'est retirée de la ville stratégique de Myawaddy, après des jours de combats dont les bruits d'explosion et d'artillerie étaient perceptibles du côté thaïlandais.

Depuis, il n'y a pas eu d'affrontements importants dans la ville, mais des combats ont lieu à une trentaine de kilomètres plus loin, à Kawkareik, autre localitée située sur la principale route reliant Rangoun à la Thaïlande.

La Thaïlande a de son côté rehaussé son niveau de présence militaire à sa frontière.

Le royaume a prévenu qu'il n'accepterait aucune "violation" de son territoire, tout en se préparant à un éventuel afflux de réfugiés.

Aung San Suu Kyi en résidence surveillée 

"En tant que pays voisin, nous soutenons les négociations qui pourraient mener à l'unité, la paix et la stabilité", a déclaré vendredi Nikorndej Balankura, porte-parole de la diplomatie thaïlandaise.

Depuis octobre 2021, la Birmanie a été écartée des sommets et réunions ministérielles de l'Asean mais, en janvier, une haute fonctionnaire de Naypyidaw a participé à une "retraite" des ministres des Affaires étrangères au Laos, pays qui assure la présidence annuelle tournante.

Un émissaire laotien de l'Asean a rencontré début janvier le chef de la junte à Naypyidaw, pour discuter de la "paix et de la stabilité".

La Birmanie a souvent été un sujet de discorde entre les membres de l'Asean.

Le plan de sortie de crise en cinq points concocté par l'Asean comprend la mise en place d'un dialogue entre toutes les parties concernées. Une demande restée lettre morte pour le moment, la junte continuant de qualifieer ses adversaires ethniques et politiques de "terroristes".

Aung San Suu Kyi purge de son côté une peine de prison de 27 ans pour plusieurs condamnations qualifiées de mascarade par les groupes de défense des droits humains.

La prix Nobel de la paix, 78 ans, a été transférée de sa cellule à une résidence surveillée, a indiqué mercredi une source militaire à l'AFP, la junte ayant annoncé des mesures pour protéger les détenus fragiles face à une vague de chaleur.

Le conflit a tué plus de 4.800 civils depuis 2021, selon un groupe de surveillance local.


Israël attaque l’Iran: fortes explosions tôt vendredi dans le centre du pays

De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars (Photo, AFP/Archives)
De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars (Photo, AFP/Archives)
Short Url
  • Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", ont indiqué les autorités iraniennes
  • Les vols commerciaux ont été suspendus avant une reprise graduelle depuis les deux aéroports majeurs de la capitale, comme l’a annonce l’agence Irna

TEHERAN, WASHINGTON : Israël a lancé une attaque contre l'Iran, en représailles aux frappes iraniennes contre son territoire du week-end dernier, ont indiqué plusieurs médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains.

ABC, CBS et CNN, entre autres médias, ont rapporté les frappes tôt vendredi, heure du Moyen-Orient, en citant des responsables américains.

CNN a précisé que l'attaque israélienne n'avait pas pris pour cible d'installations nucléaires, rapportant là encore un responsable américain.

De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars.

Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", ont indiqué les autorités iraniennes. Et les installations nucléaires basées dans la région d'Ispahan (centre), sont "totalement en sécurité", a précisé l'agence Tasnim.

 


Des députés britanniques exhortent le gouvernement à désigner le CGRI comme un groupe terroriste

Short Url
  • Les signataires de la lettre ouverte affirment que l’organisation iranienne «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni»
  • La désignation du CGRI comme groupe terroriste le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda

LONDRES: Un groupe multipartite formé de plus de 50 députés et de pairs à la Chambre des lords au Royaume-Uni a exigé que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien soit désigné comme une organisation terroriste.

Ce groupe, qui comprend les anciennes secrétaires d’État à l’intérieur Suella Braverman et Priti Patel, a formulé cette demande dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien The Times.

Le CGRI constitue un élément clé des capacités militaires et de projection de puissance de l’Iran. Plus de 125 000 personnes servent dans ses rangs, réparties dans des unités telles que la force Al-Qods, l’unité d’outre-mer chargée d’assurer la liaison avec les milices au Yémen, au Liban, en Irak et en Syrie, et de les soutenir. Ces dernières années, le CGRI a également établi des relations avec le Hamas dans la bande de Gaza.

La lettre ouverte, signée par 134 personnes, intervient après l’attaque iranienne du week-end dernier contre Israël, que les signataires ont décrite comme le «dernier chapitre de la terreur destructrice du CGRI».

«Le gouvernement lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en considérant le Hamas et le Hezbollah comme terroristes, mais ce n’est pas suffisant», indique le document.

«Le CGRI est la principale source de radicalisation idéologique, de financement, d’équipement et de formation de ces groupes.»

«Le gouvernement doit agir contre la racine même du problème et considérer le CGRI comme une organisation terroriste.»

L’Iran a riposté à l’attaque israélienne contre son consulat à Damas, qui a fait onze morts, dont des commandants de haut rang.

L’ancien président américain Donald Trump a désigné le CGRI comme une organisation terroriste en 2019, un an avant l’assassinat de Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods.

Le Royaume-Uni s’est toutefois montré réticent à faire de même par crainte de rompre les canaux de communication diplomatiques avec Téhéran.

Cependant, dans le cadre des sanctions imposées à l’Iran en raison de son programme nucléaire, le Royaume-Uni a sanctionné le CGRI; il a gelé les avoirs de ses membres et a mis en œuvre des mesures d’interdiction de voyager.

La désignation du CGRI comme groupe terroriste au Royaume-Uni le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda et rendrait illégal tout soutien au groupe, avec une peine maximale de quatorze ans d’emprisonnement.

Les 134 signataires affirment que le CGRI «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni». Ils accusent des «voyous» qui appartiennent au groupe d’avoir poignardé un dissident iranien à Londres le mois dernier.

La lettre a été coordonnée par le Groupe parlementaire multipartite Royaume-Uni-Israël, dont fait partie l’ex-ministre de l’Immigration Robert Jenrick.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com