Etats-Unis vs Russie: Bataille pour la direction de l'agence des télécoms de l'ONU

Cette organisation établit les normes mondiales aussi bien pour les téléphones mobiles que la télévision ou l'internet (Photo, AFP).
Cette organisation établit les normes mondiales aussi bien pour les téléphones mobiles que la télévision ou l'internet (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 29 septembre 2022

Etats-Unis vs Russie: Bataille pour la direction de l'agence des télécoms de l'ONU

  • L'Union internationale des télécommunications (UIT) élit jeudi son nouveau secrétaire général
  • Le résultat sera un test de l'influence de la Russie aux Nations unies, sept mois après son invasion de l'Ukraine

GENÈVE: La Russie et les Etats-Unis se battent pour diriger l'agence de télécommunications de l'ONU, peu connue du grand public mais au rôle crucial pour les communications modernes, des satellites à la 5G.

L'Union internationale des télécommunications (UIT) élit jeudi son nouveau secrétaire général. Le résultat sera aussi un test de l'influence de la Russie aux Nations unies, sept mois après son invasion de l'Ukraine.

Pour ce poste, la responsable du développement de l'organisation, l'Américaine Doreen Bogdan-Martin, affronte l'ancien vice-ministre russe des Télécommunications, Rashid Ismailov,

Cette organisation établit les normes mondiales aussi bien pour les téléphones mobiles que la télévision ou l'internet.

"Cette élection est une priorité absolue pour les Etats-Unis", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken dans sa lettre de nomination de Mme Bogdan-Martin.

Cette compétition n'est pas directement liée à la guerre en Ukraine, qui vaut à la Russie l'opprobre de l'Occident, mais elle sera présente dans tous les esprits quand il faudra passer au vote jeudi.

Moscou a perdu du poids à l'ONU en envahissant son voisin ukrainien, mais les Etats membres de l'UIT ont néanmoins bloqué une tentative d'empêcher les candidats russes de se présenter.

"La Russie est aujourd'hui confrontée à une pression sans précédent", a déclaré lundi la vice-ministre du Développement numérique, Bella Cherkesova, lors d'une conférence de presse à Moscou.

"Mais personne ne peut douter que la Russie dispose d'informaticiens hautement qualifiés. M. Ismailov est l'un d'entre eux", a-t-elle plaidé.

Équilibre des forces

Les postes de dirigeants à l'ONU sont toujours un exercice d'équilibre des pouvoirs.

Le deuxième mandat de quatre ans du Chinois Houlin Zhao en tant que secrétaire général de l'UIT expire fin décembre.

Son successeur sera choisi par un vote à bulletin secret lors de la conférence de plénipotentiaires de l'UIT, son principal organe décisionnel. La réunion qui se tient à Bucarest, du 26 septembre au 14 octobre, est l'événement majeur du calendrier quadriennal de l'agence.

L'UIT a été fondée en 1865, ce qui en fait l'une des plus anciennes agences de l'ONU.

Elle a été créée pour gérer les réseaux télégraphiques internationaux, mais a élargi son champ d'action au fur et à mesure des développements technologiques tels que le téléphone, la radio, la télévision, les satellites, les téléphones portables et internet.

Elle rassemble 193 Etats membres ainsi que quelque 900 entreprises, universités et organisations internationales et régionales.

"Chaque fois que vous passez un appel téléphonique via le mobile, accédez à internet ou envoyez un e-mail, vous bénéficiez du travail de l'UIT", proclame l'organisation.

Visions contrastées

Doreen Bogdan-Martin a rejoint le bureau de développement de l'UIT en 1993 et en est devenu la directrice en 2019.

Son argumentaire consiste à connecter une plus grande partie du monde à internet et à faire progresser l'accès haut débit.

"Nous devons fournir une connectivité universelle soutenue par des réseaux résilients et sécurisés pour les 3,7 milliards de personnes qui ne sont toujours pas connectées", a-t-elle déclaré.

"Nous devons être à l'avant-garde pour comprendre les effets transformationnels de technologies telles que la 5G puis la 6G, l'internet des objets, l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique", argumente-t-elle.

Le président américain Joe Biden a déclaré le 20 septembre que Mme Bogdan-Martin avait "l'intégrité, l'expérience et la vision nécessaires pour transformer le paysage numérique".

M. Ismailov dirige la société de télécommunications russe VimpelCom. Il était auparavant directeur général de Nokia en Russie et a travaillé pour Siemens et Ericsson.

Vice-ministre russe des Télécommunications de 2014 à 2018, il estime que se concentrer uniquement sur l'expansion des technologies est une erreur.

"Cette course aux technologies a totalement oublié à un moment donné le développement humain et ses effets sur les humains", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse de lundi.

Pour combler le fossé numérique entre les pays développés et les pays en développement, M. Ismailov souhaite améliorer les compétences et les capacités des pays les plus pauvres.

Les pays de l'Union européenne devraient soutenir Mme Bogdan-Martin, qui est donnée favorite. Un diplomate occidental estime qu'elle apporterait "un style de direction très différent à l'UIT".


Le traité sur la pollution plastique n'est pas mort, affirme la cheffe de l'environnement de l'ONU

Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
Short Url
  • Malgré l’échec de deux cycles de négociations et la démission du président du comité, la cheffe du PNUE Inger Andersen reste optimiste : un traité mondial contre la pollution plastique est encore possible
  • Alors que la production de plastique pourrait tripler d’ici 2060, les négociations patinent entre pays favorables à une réduction de la production et ceux qui préfèrent miser sur la gestion des déchets

GENEVE: Un traité mondial historique sur la lutte contre la pollution plastique reste à portée de main, assure la cheffe de l'agence de l'ONU pour l'environnement, malgré l'échec cuisant de deux rounds de négociations successifs et la démission soudaine du président du comité des négociations cette semaine.

Dans un entretien exclusif accordé à l'AFP, la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen, estime que les pays ne feront pas marche arrière, malgré leurs profondes divergences sur la lutte contre ce problème croissant, notamment dans les océans.

Un grand bloc de pays souhaite des mesures audacieuses, comme la réduction de la production de plastique, tandis qu'un groupe plus restreint de pays producteurs de pétrole souhaite se concentrer davantage sur la gestion des déchets.

Les négociations censées se terminer en 2024 en Corée du Sud se sont soldées par un échec, et les efforts repris à Genève en août ont également échoué.

Beaucoup de pays ont exprimé leur colère et leur frustration face à l'échec des discussions, mais ont affirmé souhaiter de nouvelles négociations, dans la foulée de six cycles déjà tenus en trois ans sous l'égide du PNUE.

"Le résultat était-il glorieux ? Non. Mais était-ce la fin ? Non", martèle Mme Andersen.

"Nous sommes repartis avec une plus grande lucidité. Et personne n'a quitté la table. Personne n'est reparti en disant: +C'est trop désespéré, on abandonne+. Personne. Et tout cela me donne du courage", assure l'économiste danoise.

Le problème de la pollution plastique est si omniprésent que des microplastiques ont été retrouvés sur les plus hauts sommets, dans les fosses océaniques les plus profondes et dispersés dans presque toutes les parties du corps humain.

Le sujet est d'autant plus urgent que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 années précédentes. Et la tendance s'accélère: si rien n'est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d'ici 2060, selon les prévisions de l'OCDE. Moins de 10% est recyclé.

- "Tout à fait faisable" -

À l'heure actuelle, aucun calendrier n'a été fixé pour la tenue de nouvelles négociations, et aucun pays n'a proposé officiellement de les accueillir. Mais Mme Andersen est "absolument" convaincue qu'un accord est à portée de main.

"C'est tout à fait faisable. Il faut juste persévérer", avance-t-elle. "Nous sommes si proches".

Selon elle, l'état d'esprit général est le suivant: "Nous sommes toujours en négociation. Nous ne nous éloignons pas. Nous avons nos lignes rouges, mais nous comprenons mieux celles des autres. Et nous voulons tous" un accord.

La Norvège et le Kenya ont organisé une réunion très suivie lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York le mois dernier, souligne Mme Andersen.

La COP30, qui se tiendra au Brésil en novembre, offrira une nouvelle occasion de sonder les esprits avant l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement à Nairobi en décembre.

Mais Luis Vayas Valdivieso, ambassadeur d'Équateur en Grande-Bretagne et président du comité des trois derniers des six cycles de négociations, a jeté l'éponge en annonçant cette semaine sa démission.

"Il a essayé d'écouter attentivement toutes les parties et de proposer des textes", rappelle la cheffe du PNUE, manifestant une "profonde gratitude (...) car il a travaillé d'arrache-pied et a tout donné".

- "Grave allégation" -

Le journal britannique The Guardian a rapporté mardi que des employés du PNUE avaient tenu une réunion secrète la veille à Genève, afin de convaincre des membres de la société civile de faire pression sur M. Vayas pour qu'il démissionne.

"Il s'agit d'une allégation extrêmement grave", a réagi Mme Andersen. "Je n'étais pas au courant et, de toute évidence, je n'avais demandé à personne de faire une telle chose".

Elle a précisé que ce dossier avait été transmis au Bureau des services de contrôle interne des Nations unies.

Quant à la question de savoir si un nouveau président pourrait insuffler un nouvel élan, elle a déclaré : "Comme toujours, lorsqu'il y a un changement, l'ambiance change légèrement", mais, souligne-t-elle "les enjeux resteront les mêmes".


Des militaires américains vont «superviser » la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza

Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
Short Url
  • Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain"
  • Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza"

WASHINGTON: Deux cents militaires américains seront mobilisés pour "superviser" et "observer" la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza, a fait savoir jeudi un haut responsable américain sous le couvert de l'anonymat.

Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain", a dit cette source pendant un échange avec la presse, sans préciser de quel "terrain" il s'agissait.

Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza".

Leur rôle sera de "superviser, observer, de s'assurer qu'il n'y a pas de violations, pas d'incursions", a expliqué le premier haut responsable.

"Ce sera surtout de la supervision", a-t-il ajouté.

"Dans cette équipe de 200 personnes seront intégrés probablement un groupe de membres de l'armée égyptienne qui vont aider, des membres de l'armée qatarie qui vont aider, également des Turcs et probablement des Emiratis", a-t-il encore dit.

Selon ce premier haut responsable, "l'idée est d'être collégial. Et les Israéliens seront évidemment en relation constante avec eux".

"Impliquer l'amiral Cooper a apporté beaucoup de confiance et de sécurité pour les pays arabes et de cette manière, il a été communiqué au Hamas que nous prenons un rôle très important, que le président américain prend une position très forte d'engagement derrière ses garanties", a-t-il aussi déclaré.

Le deuxième haut responsable a, lui, expliqué qu'après l'accord du gouvernement israélien s'ouvrait une fenêtre de "72 heures" pendant laquelle l'armée israélienne doit se retirer sur des positions convenues à l'avance et pendant laquelle doit s'effectuer un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Ensuite l'objectif sera, avec le soutien donc de l'armée américaine, de poser les bases d'une "force de stabilisation internationale", a-t-il dit.

"Il n'est pas prévu d'envoyer des militaires américains dans Gaza. Il s'agit vraiment seulement de créer un centre de contrôle commun et d'intégrer les autres forces de sécurité", a insisté cette même source.


Trump dit qu'il «essaiera» d'aller en Egypte pour la signature de l'accord sur Gaza

Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche
  • Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza.

"Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche.

Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

"C'est la première fois qu'un président le fait, ce qui rend la chose très intéressante", a-t-il affirmé.

Trois présidents américains ont en réalité déjà parlé devant une session plénière de la Knesset: Jimmy Carter en 1979, Bill Clinton en 1994 et George W. Bush en 2008.

Donald Trump a par ailleurs assuré qu'il y aurait "un désarmement" et un "retrait" de troupes dans une prochaine phase de l'accord sur Gaza, tout en déclarant que la priorité était le retour des derniers otages, qui devrait selon lui survenir "lundi ou mardi".

A ce sujet, le président américain a reconnu que les corps de certains otages seraient "un peu difficiles à trouver".