Maghreb: Le pain des Tunisiens est-il devenu une arme dans la guerre?

Dans une boulangerie non subventionnée par l'État tunisien, dans la capitale Tunis, le 11 mars 2022. Anis MILI / AFP
Dans une boulangerie non subventionnée par l'État tunisien, dans la capitale Tunis, le 11 mars 2022. Anis MILI / AFP
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Publié le Vendredi 30 septembre 2022

Maghreb: Le pain des Tunisiens est-il devenu une arme dans la guerre?

  • Les adversaires du président tiennent l’État pour responsable des difficultés d’approvisionnement des Tunisiens
  • Ennahdha a «appelé à mettre un terme aux pénuries des produits alimentaires et à révéler les véritables causes des pénuries au lieu d’accuser des parties inconnues de monopole»

TUNIS: Face à une pénurie persistante d’un nombre sans cesse croissant de produits de base, le président accuse ses ennemis d’en être les instigateurs. Mais la théorie du complot passe de plus en plus mal, y compris parmi ses partisans.
«En raison des pénuries à répétition, on en vient à souhaiter le retour d’Ennahdha.» C’est une femme, voilée, la cinquantaine, qui formule ce vœu en s’adressant à un commerçant du marché de Sidi el-Bahri, l’un des plus fréquentés de la capitale par la classe moyenne, pendant qu’il lui prépare sa commande de poulet, un produit qui s’est raréfié après avoir vu son prix s’envoler. «Détrompez-vous, ce sont eux, les gens d’Ennahdha, qui sont, avec des hommes d’affaires, en train d’acheter les produits de consommation courante et de les stocker pour créer la pénurie», la contredit son interlocuteur.
Cette scène, qui s’est déroulée mardi 20 septembre 2022, reflète les difficultés qu’affrontent les Tunisiens depuis quelques mois, ainsi que leur division au sujet des raisons derrière les pénuries à répétition et de l’inflation galopante.
Adepte de la théorie du complot, le président tunisien impute ces actes à ses ennemis et ne manque jamais une occasion de le clamer haut et fort. Il l’a réitéré une énième fois, le 9 septembre 2022, devant la ministre du Commerce, Fadhila Rebhi ben Hamza : «Certains produits sont stockés dans certaines régions afin d’enflammer la situation sociale pour des objectifs politiques, en plus du gain illicite.»
Kaïs Saïed a enfoncé le clou trois jours plus tard devant le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la centrale ouvrière historique, et le président de l’Union Tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), l’organisation patronale la plus ancienne. Il a souligné «l’absence anormale de certains produits de base malgré leur disponibilité». «Ces produits sont monopolisés afin d’enflammer la situation sociale. Mais le peuple tunisien sait qui sont les gens qui payent de l’argent pour atteindre leurs objectifs», a-t-il constaté.
Les adversaires du président, eux, tiennent l’État pour responsable des difficultés d’approvisionnement des Tunisiens. Le parti politique Ennahdha, le plus concerné par les accusations de Kaïs Saïed, le prend régulièrement à contre-pied. Le 16 septembre, le bureau exécutif du parti islamiste a, dans un communiqué, pointé du doigt «la hausse exorbitante des prix, notamment ceux des fournitures scolaires». Il a en outre mis «en garde contre la gravité de la crise économique et ses répercussions sur la situation sociale, surtout avec l’aggravation du déficit budgétaire et l’échec de l’État dans la mobilisation des ressources nécessaires au budget de l’État».
les Ennahdha a par ailleurs surtout «appelé à mettre un terme aux pénuries des produits alimentaires et à révéler les véritables causes des pénuries au lieu d’accuser des parties inconnues de monopole et de spéculation, alors qu’en réalité, l’État est incapable d’acquérir les produits de base et de gérer les stocks».
Malheureusement pour lui, la théorie du complot du président est de moins en moins plausible, même dans le rang de ses partisans. Le cas de Naoufel Slama en est une parfaite illustration. Ce fervent partisan de Kaïs Saïed et de son coup de force du 25 juillet 2021, qu’il défend régulièrement dans ses contributions au journal Assabah, estime, dans un article publié le 7 septembre par le quotidien de langue arabe, que le président «exclut de son analyse à la fois les facteurs extérieurs qui influencent fortement les marchés, et les facteurs structurels, (…) dont les circuits de distribution, la cherté des matières premières, l’absence de contrôle, la non-maîtrise des prix parce que libérés et le coût élevé de la production».


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
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  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".


L’Arabie saoudite salue la décision des États-Unis de lever les sanctions contre la Syrie

L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
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  • L’Arabie saoudite estime que la levée des sanctions américaines contre la Syrie soutiendra la stabilité et le développement du pay
  • Riyad salue le rôle des États-Unis et les mesures prises par Damas pour favoriser la reconstruction et le retour des déplacés

RIYAD : L’Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu du Caesar Act, estimant que cette mesure soutiendra la stabilité, la prospérité et le développement du pays, et contribuera à répondre aux aspirations du peuple syrien.

Dans un communiqué publié vendredi, le Royaume a salué le rôle positif joué par le président américain Donald Trump dans ce processus, depuis l’annonce faite lors de sa visite à Riyad en mai 2025 de la décision de lever l’ensemble des sanctions contre la Syrie, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le communiqué précise que le processus a abouti à la signature par le président Trump de la loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2026, laquelle inclut l’abrogation du Caesar Act, a ajouté la SPA.

L’Arabie saoudite a également félicité les dirigeants, le gouvernement et le peuple syriens à l’occasion de la levée des sanctions, tout en exprimant sa reconnaissance pour les mesures prises par Damas afin de rétablir la stabilité dans l’ensemble du pays.

Le Royaume a souligné que ces efforts contribueront à créer des conditions favorables à la reconstruction de l’État syrien et de son économie, ainsi qu’à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées syriennes dans leurs foyers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une fondation caritative saoudienne célèbre la Journée mondiale de la langue arabe avec l’UNESCO à Paris

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
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  • Une célébration à l’UNESCO à Paris a mis en lumière le rôle mondial de la langue arabe et son apport au dialogue interculturel
  • Le partenariat entre l’UNESCO et la fondation saoudienne prévoit plusieurs projets clés pour renforcer la promotion de l’arabe

RIYAD : La fondation caritative Sultan bin Abdulaziz Al-Saud et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont célébré cette semaine à Paris la Journée mondiale de la langue arabe lors d’un événement placé sous le thème : « Des voies innovantes pour l’arabe : politiques et pratiques pour un avenir linguistique plus inclusif ».

Organisée en collaboration avec la délégation permanente du Royaume auprès de l’UNESCO, la rencontre a réuni, selon les organisateurs, un groupe distingué de dirigeants internationaux, de décideurs politiques, d’experts, d’intellectuels et de spécialistes des affaires linguistiques et culturelles venus du monde entier, afin de souligner le rayonnement mondial de la langue arabe et son rôle central dans la promotion de la diversité culturelle et du dialogue entre les civilisations.

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l’UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’organisation, ainsi que Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation.

Dans son discours, El-Enany a mis en avant l’importance du partenariat entre l’UNESCO et la fondation, estimant qu’il permet à l’organisation d’élargir l’ampleur de ses ambitions. Plusieurs projets majeurs sont prévus dans le cadre de cette collaboration, a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com