Coco Makmak: «Je voudrais que mes personnages décomplexent les filles face à leur éducation»

Franco-Libanaise, consultante en recrutement informatique dans son autre vie, rien ne prédestinait la future comédienne à cette carrière parallèle. Photo fournie.
Franco-Libanaise, consultante en recrutement informatique dans son autre vie, rien ne prédestinait la future comédienne à cette carrière parallèle. Photo fournie.
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Publié le Vendredi 30 septembre 2022

Coco Makmak: «Je voudrais que mes personnages décomplexent les filles face à leur éducation»

  • Consultante en recrutement informatique dans son autre vie, rien ne prédestinait la future comédienne à cette carrière parallèle, même si elle a toujours été à la fois clown et critique dans sa jeunesse
  • À travers des personnages attachants, la comédienne réussit à traiter des sujets souvent tabous dans la société libanaise tels que « le rôle des femmes, le refus de se marier, la non-envie d'avoir des enfants»

BEYROUTH: Instagram l’a révélée. Brune pétillante «biberonnée au houmous libanais», à la recherche «d’un grand brun d’1 m 80 aux épaules dessinées» comme son profil sur les réseaux sociaux l’indique. Ses parodies sur les différences culturelles entre la France et le Liban ont un grand succès: cent mille abonnés sur Instagram, quatre-vingt-dix mille sur TikTok et quinze mille sur Facebook. Elle y incarne cinq personnages à la fois: Coco, la jeune Franco-Libanaise bien dans sa vie; Mona, la prude un peu âgée; Raya, archétype de la Libanaise croqueuse d’hommes et de diamants; Dominique, l’amie française, psychologue amoureuse du Liban et puis surtout la mère Makmak, la préférée incontestable des internautes, caricature de la Libanaise francophone typique ayant émigré en France, mais très attachée à son pays d’origine. Les personnages sont tous créés, filmés et interprétés par une seule et même personne qui préfère cacher sa véritable identité. Le succès est tel qu’elle décide de se produire, pour la première fois, seule, sur scène, à Beyrouth pour une expérience «live» avec son public dans un «one-woman-show» produit par Nibal Arakji. Arab News en français l’a rencontrée à cette occasion.

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La mère Makmak a été créée en 2020 pendant le confinement. Photo fournie.


Franco-Libanaise, consultante en recrutement informatique dans son autre vie, rien ne prédestinait la future comédienne à cette carrière parallèle, même si elle a toujours été à la fois clown et critique dans sa jeunesse et «adorait imiter les personnes autour d’elle», d’après sa famille. Un don passé à la trappe durant de nombreuses années et que le confinement a réveillé.
«La mère Makmak a été créée en 2020 pendant le confinement. J’étais en train de parler avec ma mère en appel vidéo. Elle n'arrivait pas à mettre le téléphone en face d'elle, chose que souvent les mères n'arrivent pas à faire. Et je me suis dit que j’allais en faire une vidéo parce que je m'ennuyais. Je dis toujours que Coco s'est construite avec l'ennui. Un ennui qui a développé ma créativité. J'ai donc fait cette vidéo avec la mère Makmak que j’ai partagée avec mes amis et face au succès quasi instantané, j’ai commencé à en faire d’autres», explique l’humoriste.
C’est le personnage central de tous ses sketches. Elle y intègre «tous les traumatismes que toutes les mères orientales ont pu nous mettre en tête pendant notre éducation ad hoc, avec toutes les choses positives et toutes les choses négatives», confie Coco. Pour s’habituer au personnage, elle l’habille. «Au début, la mère Makmak, c'était juste moi avec les lunettes. Mais avec le temps, j’ai développé le personnage avec la coiffure et la tenue (robe de chambre)», ajoute-t-elle. Quand elle imite sa maman, elle roule les «r» et déforme certaines expressions phares de la langue française… «à la libanaise».
Les autres personnages ont suivi. «Ils ressemblent à des personnes qui existent dans la vraie vie. Je me suis inspirée de mon entourage pour les créer», confie Coco qui avoue «qu’à travers ces minisketches, c’est aussi l’histoire de toutes les personnes issues de la diaspora, à cheval entre leur culture d’appartenance et leur culture d’adoption, qu’elle caricature».


Comment fait-elle pour transformer des épisodes de la vie courante en anecdotes? «Il suffit que je rencontre quelqu'un qui va me dire une phrase que je vais retenir. Et puis je vais finir par construire un scénario derrière. En réalité, toutes les femmes que je rencontre m'inspirent et ce sont presque toujours des histoires vraies», précise l’humoriste.
Telle cette maman libanaise qu’elle a rencontrée et «qui pleurait parce que son fils s'était marié avec une étrangère ou encore une autre qui se plaignait que sa fille ne s’était toujours pas mariée à la quarantaine». Ce sont souvent des histoires de femmes qui lui permettent de donner vie aux personnages qui l’inspirent. «Au début, les idées se bousculent toutes dans ma tête, puis il me faut environ une demi-journée pour tourner une séquence», précise Coco. Et finalement, «tout le monde s’y retrouve».

Une double culture «qui inspire»
La jeune femme de 39 ans confie être elle-même plongée dans les deux cultures, à l’image de ses personnages. Elle passait tous ses étés au Liban: «Mes parents ont quitté le Liban en 1985. J’avais trois ans. Mais, en France, j’ai toujours baigné dans l’atmosphère du Liban. À la maison, on mangeait libanais, on parlait libanais. Les amis de mes parents étaient Libanais. Je pensais que tous mes amis en France étaient comme moi: qu’ils parlaient en arabe et mangeaient du houmous», déclare-t-elle. «Ma mère avait ramené Beyrouth à Paris», ajoute-t-elle en riant.
Au-delà de la comédie, les sujets qu’elle aborde avec ironie sont sérieux. Grandir en France, tout en restant très attachée au pays du Cèdre, lui a permis de prendre du recul face à certaines mœurs. «On a l'impression avec les Libanais que les problèmes n’existent que chez les Européens. Mais que le Liban, c’est une société parfaite, qu’il n'y a pas de violences faites aux femmes, ou qu’il n'y a pas de divorces (…) Et que tout est parfait socialement, alors qu’il n'y a rien de parfait», explique Coco Makmak.

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Au-delà de la comédie, les sujets qu’elle aborde avec ironie sont sérieux. Photo fournie.


À travers ses personnages attachants, elle réussit à traiter des sujets souvent tabous dans la société libanaise tels que «le rôle des femmes, le refus de se marier, la non-envie d'avoir des enfants». «Des sujets dans lesquels de nombreuses personnes vont se retrouver sans avoir osé en parler au préalable», souligne la comédienne. «En réalité, je voudrais que mes personnages décomplexent les filles face à leur éducation», souligne-t-elle. «De nombreuses personnes m’ont d’ailleurs écrit à ce sujet, notamment des filles.»

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Coco Makmak se produit au théâtre Le Monnot à Beyrouth du 5 au 23 octobre. Photo fournie


L’humoriste précise toutefois qu’aucun des deux «mondes» n’est exempt de défauts: «Je tente d’extraire le meilleur des deux mondes. Cette double nationalité a toujours été un avantage pour moi. Dans la vraie vie et pour mes sketches.» Une double culture qui imprègne ses personnages et qui la pousse à créer un nouveau mot pour décrire cette minute de rire (quasi) quotidienne partagée avec les internautes, «la dehkonométrie». Les «Franbanais» (ou Franco-Libanais) comprendront.
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*Coco Makmak se produit au théâtre Le Monnot à Beyrouth du 5 au 23 octobre

 


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.