Une centaine de livreurs de repas à domicile manifestent à Paris

La reconnaissance du statut de salarié de ces travailleurs, réclamée entre autres par CNT-SO, aurait "une incidence sur leur capacité à être régularisés en France", explique à l'AFP Etienne Deschamps, un de ses représentants. (AFP).
La reconnaissance du statut de salarié de ces travailleurs, réclamée entre autres par CNT-SO, aurait "une incidence sur leur capacité à être régularisés en France", explique à l'AFP Etienne Deschamps, un de ses représentants. (AFP).
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Publié le Samedi 01 octobre 2022

Une centaine de livreurs de repas à domicile manifestent à Paris

  • «Nous manifestons d'abord parce que nous sommes mal payés», explique à l'AFP Souleymane, un Ivoirien de 30 ans qui dit gagner environ 300 euros par semaine pour des journées de travail de 14 heures
  • La situation la plus précaire parmi les livreurs revient aux travailleurs sans papiers, contraints de louer des comptes ouverts sous une autre identité

PARIS : Une centaine de livreurs travaillant pour des sociétés de livraison de repas à domicile ont manifesté à vélo et à scooter samedi dans Paris pour réclamer de meilleures conditions de travail, la régularisation des travailleurs sans papiers et la reconnaissance du statut de salarié.

"Nous manifestons d'abord parce que nous sommes mal payés", explique à l'AFP Souleymane, un Ivoirien de 30 ans qui dit gagner environ 300 euros par semaine pour des journées de travail de 14 heures.

Sa situation comme celle de beaucoup d'autres autour de lui est dénoncée par un tract de la Confédération Nationale des Travailleurs - Solidarité ouvrière (CNT-SO) distribué peu avant le départ de la manifestation, place de la République, avec ce slogan: "Stop à l'exploitation numérique".

"Nos tarifs doivent augmenter avec une rémunération minimale garantie égale au smic horaire", y est-il écrit.

La situation la plus précaire parmi les livreurs revient aux travailleurs sans papiers, contraints de louer des comptes ouverts sous une autre identité.

Ceux-ci sont à la merci d'une déconnexion soudaine de la part des plateformes. Ainsi début septembre Uber Eats a annoncé avoir déconnecté 2 500 comptes identifiés comme frauduleux parmi ses quelques 60 000 livreurs actifs en France.

La reconnaissance du statut de salarié de ces travailleurs, réclamée entre autres par CNT-SO, aurait "une incidence sur leur capacité à être régularisés en France", explique à l'AFP Etienne Deschamps, un de ses représentants.

En attendant, M. Deschamps demande aux pouvoirs publics d'autoriser les préfectures à accepter les dossiers de régularisation sur présentation de factures et non de bulletins de salaires, les livreurs n'en ayant pas, relevant du statut d'indépendants.

Les syndicats Sud Commerces, la CNT-SO et le Clap avaient déjà interpellé le gouvernement le 19 septembre afin qu'il facilite la régularisation administrative, encadré par une circulaire dite "circulaire Valls" datant de 2012.

Une manifestation sur le même thème, partant de la place de la République jusqu'au siège français de la firme américaine Uber Eats, s'était par ailleurs tenue le 12 septembre.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.