Dans une vallée suisse, la sobriété énergétique comme premier mot d'ordre

Pour acheminer le courant au Val Bavona, il aurait fallu construire des transformateurs, mais "les gens d'ici n'avaient pas l'argent pour cela". (AFP).
Pour acheminer le courant au Val Bavona, il aurait fallu construire des transformateurs, mais "les gens d'ici n'avaient pas l'argent pour cela". (AFP).
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Publié le Mardi 11 octobre 2022

Dans une vallée suisse, la sobriété énergétique comme premier mot d'ordre

  • Située dans la région italophone du pays, cette vallée très sauvage d'origine glaciaire est l'une des plus abruptes et rocailleuses des Alpes
  • La singularité de la vallée tient au fait que onze de ces localités ne sont pas reliées au réseau alors que la région produit beaucoup d'électricité grâce à des barrages situés sur les hauteurs de la petite vallée

CEVIO: Comme partout en Europe, les ménages suisses sont appelés à économiser l'énergie. Une sobriété qui vient tout naturellement aux habitants de la vallée de Bavona, un des endroits les plus reculés du pays alpin jamais relié au réseau électrique. 

Située dans la région italophone du pays, cette vallée très sauvage d'origine glaciaire est l'une des plus abruptes et rocailleuses des Alpes. 

Mais douze hameaux constitués d'habitations en pierre et d'étables troglodytes s'y dressent et abritent encore quelques dizaines d'habitants plusieurs mois par an, sauf en hiver quand moins d'une dizaine y vivent. 

La singularité de la vallée tient au fait que onze de ces localités ne sont pas reliées au réseau alors que la région produit beaucoup d'électricité grâce à des barrages situés sur les hauteurs de la petite vallée. 

Ils ont été construits après la seconde guerre mondiale pour acheminer l'électricité vers la région germanophone de la Suisse, explique Romano Dado, ancien conseiller municipal de Cevio, dont dépendent les hameaux. 

Pour acheminer le courant au Val Bavona, il aurait fallu construire des transformateurs, mais "les gens d'ici n'avaient pas l'argent pour cela", dit-il. Seul le dernier hameau a pu s'offrir ce luxe. 

Les décennies passant, la population vivant dans la vallée s'est réduite - d'environ 500 à moins de 50 selon Romano Dado, et les habitants ont appris à se passer du réseau électrique, installant dès les années 1980 des panneaux solaires sur les toits et cheminées. 

Lampe à pétrole et bougies 

Les habitants recourent également aux bonbonnes de gaz, aux bougies et certains même aux lampes à pétrole. Pour laver les habits, "on va à la rivière comme toujours", explique Tiziano Dado, maçon et frère de Romano. 

Cette étroite vallée d'une dizaine de kilomètres flanquée de versants rocheux vertigineux de plus de 2 500 m d'altitude est rythmée depuis des siècles par des avalanches, des inondations et des glissements de terrain, occasionnant parfois des morts. 

La transhumance a marqué l'histoire de la région jusque dans les années 1970. Les familles montaient dans la vallée avec leurs bêtes de mars à fin décembre, et n'en redecescendaient qu'à Noël, explique Sonia Fornera, de Orizzonti Alpini, groupe d'experts en histoire et culture alpine. 

"C'était une vie dure mais simple", se souvient Bice Tonini, 88 ans, qui se réchauffe au coin du feu dans sa maison. 

Malgré son âge, elle continue d'y vivre du printemps à octobre grâce au solaire. "Il y a tant de gaspillage d'électricité" dans la société actuelle, déplore-t-elle. 

La nuit, aucun éclairage public ne l'empêche d'admirer les étoiles. Un spectacle qui la ravit bien plus que la télévision, un objet rare ici. 

« Juste un rêve » 

"Nous avons l'habitude de vivre de façon très simple, nous n'avons pas peur de faire des économies" en matière d'énergie, assure aussi Ivo Dado, 81 ans, fier d'avoir installé des panneaux solaires dès 1987. 

Des étoiles dans les yeux, cet ancien paysan se réjouit que certaines villes renoncent aux illuminations de fin d'année : "Ce Noël sera comme avant, avec moins de lumière. Ce sera de nouveau beau!" 

Cette sobriété énergétique n'est pas du goût de tous. 

"Les panneaux solaires sont une solution partielle", commente Martino Giovanettina, écrivain et propriétaire d'un des rares restaurants de la vallée. 

A son goût, le manque d'électricité - auquel s'ajoutent des règles astreignantes pour rénover les bâtiments traditionnels - contribue au dépeuplement de la vallée, qui devient un "musée" à ciel ouvert tourné vers le passé au lieu de s'ouvrir au tourisme comme d'autres vallées voisines. 

Ici, rien n'est prévu pour les touristes, à part un funiculaire pour monter aux barrages. Et le stationnement des camping-cars est interdit. 

Originaire de la région, Doris Femminis, prix suisse de littérature 2020, raconte l'histoire de cette vallée dans ses livres. Vivant désormais dans le Jura, elle retourne tous les deux mois dans ce "lieu merveilleux de son enfance". 

"On aime bien en Suisse l'idée d'avoir encore un coin de nature sauvage", dit-elle, mais elle reconnaît que les lieux ne sont pas adaptés à la vie d'aujourd'hui: "C'est un lieu du passé. Personne ne veut plus y vivre, c'est juste un rêve". 


Le ministre saoudien des communications appelle à combler le fossé mondial de l’IA

Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
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  • À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain
  • M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes

GENÈVE : Le ministre saoudien des communications et des technologies de l'information a appelé à une "collaboration internationale décisive" pour remédier à l'inégalité des infrastructures informatiques qui pourrait laisser d'autres nations à la traîne à l'ère de l'intelligence artificielle.

Dans un discours prononcé à l'occasion du 160e anniversaire de l'Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève, le ministre Abdullah Al-Swaha a évoqué "la concentration de la puissance informatique dans quelques régions, le manque d'infrastructures d'intelligence artificielle dans de nombreux pays et la participation limitée des pays du Sud à l'élaboration des cadres de gouvernance et des politiques de réglementation".

Aujourd'hui, le monde est confronté à un "fossé existentiel" en raison des disparités alarmantes dans l'accès aux technologies de l'IA, a déclaré le ministre, selon l'agence de presse saoudienne.

M. Alswaha a déclaré que le monde pouvait tirer des leçons des phases précédentes de la transformation technologique : l'ère analogique, qui a pris plus d'un siècle pour connecter 800 millions de personnes, et l'ère numérique, qui a connecté 5,5 milliards d'individus en seulement 50 ans, mais qui a laissé 2,6 milliards d'individus sans connexion.

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Le ministre Al-Swaha a déclaré que l'Arabie saoudite sous le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane avait positionné le Royaume en tant que leader mondial à l'ère de l'IA grâce à une série d'initiatives audacieuses. (SPA)

À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain.

M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes.

Il a souligné les efforts déployés par l'Arabie saoudite pour combler ces fossés, en citant l'autonomisation numérique des femmes dans le Royaume - qui ont maintenant un taux de participation d'environ 35 % - et le fait que le Royaume se soit classé en tête du classement mondial en matière de compétitivité numérique pendant deux années consécutives.

Il a également souligné que les chercheurs de l'université saoudienne King Abdullah University of Science and Technology (KAUST) se classent parmi les premiers pour cent au niveau mondial en matière de citations scientifiques, ce qui laisse espérer l'avenir de l'IA.

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Le ministre Abdullah Al-Swaha et sa délégation. (SPA)

Il a également souligné les progrès réalisés par le Royaume en matière de réglementation sur la protection des données et le développement de "modèles linguistiques qui favorisent un accès inclusif à la technologie pour diverses communautés".

M. Al-Swaha a en outre cité le projet HUMAIN lancé par le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane "pour fournir tout le spectre des capacités d'IA, des processeurs avancés aux meilleurs talents, et pour positionner le Royaume en tant que pionnier mondial de l'IA."

"Les efforts du Royaume sont une réponse directe aux défis mondiaux urgents", a-t-il déclaré.

M. Al-Swaha a souligné que les dix prochaines années seront déterminantes pour combler les fossés. Il a appelé à des "partenariats multinationaux sous l'égide de l'UIT pour construire un écosystème de l'IA équitable, sûr et inclusif qui soutienne le développement durable et améliore le bien-être humain".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.