Quand une ignorance des sources et « un syndrome de contradiction » dominent la réflexion de Zakaria Qurchon

(Hassan AMMAR/AFP)
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Publié le Vendredi 24 juillet 2020

Quand une ignorance des sources et « un syndrome de contradiction » dominent la réflexion de Zakaria Qurchon

Quand une ignorance des sources et « un syndrome de contradiction » dominent la réflexion de Zakaria Qurchon
  • Le gouvernement turc actuel répète les erreurs et les crimes des Ottomans envers les Arabes
  • Les Arabes sympathisants de la politique gouvernementale turque souffrent du syndrome de Stockholm

Après avoir traité, dans l’épisode précédent, de la crise psychologique turque dans l’histoire complexe, ainsi que des articles de la série de Qurchon qui prouvent l’existence de cette crise, nous allons nous pencher sur les étapes historiques les plus importantes que Qurchon  a étudiées selon une approche scientifique et académique. Nous ne mentionnerons pas ses projections politiques ayant pour intention d'insulter le Royaume d’Arabie saoudite ou de dévaloriser la Vision 2030, car selon le proverbe chinois « L'arbre est connu par ses fruits », l’Arabie saoudite est considérée par le monde entier comme faisant partie des pays les plus développés et qui obtiennent les résultats qu’ils désirent grâce à leur vision. L’arbre turc, quant à lui, ne donne pour fruits que l’ingérence dans les affaires des autres, la planification de situations de guerre dans plus d’une région du monde arabe dans le but de réaliser le vieux rêve impérial, qui est somme toute est comme une vague qui se brise sur la réalité. La politique du gouvernement turc actuel ne créera que davantage de problèmes à l’intérieur comme à l’extérieur. Outre la crise économique et les problèmes internes, cette politique sera à l’origine de nouveaux maux, comme ceux qui ont causé le drame arménien, qui s’ajouteront à l’histoire de la Turquie. En effet, les Arabes ne sont pas différents des Arméniens dans leur problème avec les Turcs, vu qu’ils ont été victimes de massacres durant la période ottomane. Le gouvernement turc actuel poursuit ces massacres aujourd’hui dans plus d’un pays arabe.

La question de la « galerie ottomane »

Zekeriya Qurchon a commencé l’étude des questions historiques avec « la galerie ottomane », mais en réalité, sa décision n’a pas été très sage. Quiconque possède un minimum de compétences historiques est conscient que la présentation de cette question historiquement tranchée est risquée et ne peut être soumise à un questionnement structurel historique à la manière turque, étant donné les preuves que fournissent les sources historiques.

Cependant, il semblerait qu’il ait présenté cette question uniquement pour se référer au terme de « mouches électroniques » dont l’usage n’est pas approprié pour un chercheur ou un académicien. Ironiquement, ceux qui discutent ou contredisent le mensonge historique sont accusés d'un tel langage inapproprié.

Qurchon a indiqué que les Saoudiens revendiquent la construction des galeries ottomanes dans l’esplanade de la Grande Mosquée au nom du calife Othman ibn Affan, que Dieu l’agrée, et qu'ils évitent ainsi les problèmes. Il a déclaré cela dans le contexte selon lequel les Saoudiens montrent une certaine hostilité envers les Ottomans et l’utilisent dans leur compétition avec la Turquie sur le plan régional.

Mais Zakariya Qurchon devrait probablement prendre une leçon d’histoire basique sur la lecture des sources puisqu’il nie l’attribution des galeries ottomane à Othman ibn Affan, que Dieu l’agrée. S’il se référait à l’histoire, elle lui démontrerait cela à travers des sources, et cela avant même que l’histoire ne connaisse l’Empire ottoman.

Historiquement parlant, l’architecture des deux saintes mosquées de la Mecque et de Médine est passée par plusieurs étapes, à commencer par le règne du deuxième calife bien guidé Omar ibn al-Khattâb, que Dieu l’agrée, suivi par le règne du calife Othman ibn Affan, que Dieu l’agrée, qui a estimé nécessaire l’élargissement de l’esplanade de la Grande Mosquée vu le grand nombre de maisons qui l’entouraient et qui en étaient très proches. Ce dernier a donc ordonné l’achat de ces maisons afin de contenir l’augmentation du nombre de pèlerins et de fidèles. Durant cette expansion, le calife Othman, que Dieu l’agrée, a également ordonné la construction de galeries dans la mosquée après avoir élargi sa superficie de 2 040 m2. La superficie de l’esplanade a donc doublé par rapport à sa superficie avant l’an 26 AH/ 647 ap. J-C Al-Fakihi (décédé entre 272-279 AH / 885-892 ap. J-C), dans Akhbar Makkah, et Ibn Jarir Al-Tabari (décédé : 310 AH / 922 apr. J.-C) dans sa chronique, ont tous deux fait référence à l’expansion de Othman, que Dieu l’agrée, dans les évènements de l’an 26 AH : « Othman a élargi la Grande Mosquée ». (Muhammad Al-Fakihi, Akhbar Makkah fī Qadim al-Dahr wa-ḥadīthih, réalisé par Abdul-Malik ibn Dahish, 2ème édition (Beyrouth : Dar Khodr, 1994), 2 : 158 ; Muhammad Al-Tabari, histoire des prophètes et des rois, réalisé par : Muhammad Abou El Fadl, 2ème édition (Le Caire : Dar Al-Maaref, s.d), 4 : 251).

Par conséquent, les galeries de la Grande Mosquée sont attribuées à Othman Ibn Affan, que Dieu l’agrée, puisqu’il est le premier à les avoir construites dans la mosquée et les livres d'histoire l'ont indiqué à l'unanimité. Al-Balâdhurî (décédé : 279 AH / 892 ap. J-C) a affirmé lors de ses conquêtes : « Othman est le premier à avoir construit les galeries dans la mosquée lors de ses travaux d’élargissement ». De même, Al-Zarkashi (décédé : 794 AH / 1392 ap. J-C) a déclaré dans Iʻlām al-sājid bi-aḥkām al-masājid : « Ensuite, lorsque Othman, que Dieu l’agrée, est devenu calife, il a acheté un autre étage, l’a élargi et a construit la mosquée et les galeries. Othman était le premier à avoir construit les galeries ». (Ahmad Al-Balâdhurî, Futuh al-Buldān, réalisé par : Abdallah Tabbah (Beyrouth : Al Maaref, s.d), 62 ; Muhammad Al-Zarkashi, Iʻlām al-sājid bi-aḥkām al-masājid, réalisé par : Abou el Wafa Al Maraghi, 4ème édition, (Le Caire : Conseil supérieur des affaires islamiques, 1996), 57) (…)

Cependant, la mosquée s’est développée après l’ère des bien guidés ; Abdallah Ibn Az-Zubayr a ajouté quelques éléments à la Grande Mosquée en l’an 64 AH /  684 apr. J.-C, l’a couverte, l’a soutenue avec des piliers de marbre et l’a rendue deux fois plus large que pendant le règne de Othman, que Dieu l’agrée. Le calife omeyyade Abd Al-Malik ibn Marwān, lui, a réalisé quelques modifications architecturales dans l’esplanade, sans rien y ajouter. Il a détruit ses murs, l’a recouverte de teck et a ajouté au-dessus de chaque colonne cinquante mithqals d’or en l’an 75 AH / 694 ap. J-C Pendant le règne de son fils Al-Walid, il a ajouté des colonnes d’Égypte et de Damas et a agrandi le côté est de l’esplanade sous la forme de galerie circulaire (Muhammad ibn Sa'd, Le Livre des classes majeures, réalisé par : Ali Mohammed (Le Caire : librairie al-khanji, 2001), 6 : 488-490 ; Ahmad Ibn Abi Ya’qub, Chronique d’Al-Ya’qubi, réalisé par : Abdel Amir Mhanna (Beyrouth : société El Aalami pour les publications, 2010), 2 : 191, 206).

Durant l’époque des Abbassides, Abû Ja’far al-Mansûr a ajouté une galerie à l’esplanade de la mosquée et a construit un minaret au côté nord-ouest en l’an 140 AH / 757 ap. J-C Vingt ans plus tard, en l’an 160 AH / 777 ap. J-C puis en 164 AH / 781 ap. J-C, Muhammad Al-Mahdi a réalisé une grande expansion de l’esplanade de la mosquée et a veillé à ce qu’elle soit carrée et que la Sainte Kaaba soit placée en son centre. Son expansion comprenait toutes les parties de la mosquée et, après avoir construit la grande galerie de l’esplanade et de la Kaaba, il a placé des colonnes, ainsi que leurs couronnes et leurs bases en marbre, cette galerie a été nommée Grande galerie abbasside. Après cela, les expansions abbassides se sont poursuivies jusqu'au règne d’Al-Mu’tadid (décédé : 289 AH / 902 ap. J-C), qui a ajouté Dar Al-Nadwah à la Grande Mosquée après l'avoir soutenue avec des colonnes et des galeries recouvertes de teck. En l’an 306 AH / 918 ap. J-C, Al-Muqtadir a augmenté la superficie en incluant certaines portes. (Chronique d’Al-Ya’qoubi, 2 : 299-347 ; Jalal al-Din al-Suyuti, Histoire des califes (Beyrouth : Dar Ibn Hazm, 2003), 293-305).

En se basant sur ce qui précède, les galeries sont ainsi apparues avant la création de l’Empire ottoman d’environ neuf siècles, mais les Ottomans et les Turcs anatoliens profitent actuellement de la question de l’homonymie pour dire le contraire, comme le montrent les affirmations de l'Agence officielle turque Anatolie. L’agence a décrit la suppression de la galerie pour la seule raison de sa symbolique pour les Ottomans comme étant un sabotage de l’esplanade de la mosquée. Bien que les chercheurs, ainsi que le commun des mortels, soient conscients du fait que cette galerie est attribuée, comme nous l’avons démontré, au calife bien guidé Othman ibn Affan, que Dieu l’agrée, et non aux Ottomans, l’agence d’Anatolie a exploité le nom de la galerie (Galerie d’Othman) et falsifié les faits en raison de la mauvaise connaissance par les Turcs de l'histoire et de ses sources, et  de leur  habitude à la réécrire l’Histoire pour servir leurs intérêts ; ils ont continué à déformer la réalité même après avoir réalisé leur erreur car ils ont cédé à la pression de ceux qui s'y opposaient sur Twitter. Mais en fin de compte, ils ont admis l’attribution de la galerie à Ibn Affan et, malgré cela, ont continué à tenter d’offenser les Saoudiens.

Ainsi, dans sa recherche sur les galeries ottomanes, Zakariya Qurshon n’a pas pris la peine de vérifier les sources. Il doit s’assurer des faits avant d’affirmer que les Saoudiens attribuent cette galerie à Othman bin Affan, que Dieu l’agrée. Toutefois, il existe un problème psychologique profond dans la tentative d'amélioration de l'image des Ottomans ; le remodelage de l’histoire et sa reformulation dans l’objectif de démontrer que les Ottomans représentent une extension du califat islamique. Cela génère donc une autre crise engendrant une rivalité sur une base ethnique entre les califes arabes et les califes turcs, soutenue par une propagande basée sur des rêves et des visions qui sont répétées dans leurs livres.

Le syndrome de contradiction dans « l’hostilité envers les Ottomans

Qurshon a émis l’hypothèse de l’hostilité envers les Ottomans qui aurait franchi plusieurs étapes, et qui est toujours utilisée dans la compétition avec la Turquie au niveau régional, prenant une nouvelle dimension sans précédent.

Il semblerait que la politique turque actuelle suive le modèle ottoman, avec ses erreurs et ses crimes. Aujourd’hui, le rejet de la Turquie par l’Europe nous rappelle le changement de direction des Ottomans, qui après s’être tournés vers l’Europe se tournent vers l’Orient. C’est ce que fait la Turquie actuellement après son impossibilité d’adhérer à l’Union européenne ; elle se tourne vers le monde arabe, malgré tous les risques que ce changement implique, et crée une situation d’incertitude politique.

En ce qui concerne l’hostilité envers les Ottomans, c’est une hypothèse émise par certains historiens, notamment ceux qui se sont imprégnés de cette idée-là en réaction au mouvement panarabe et à la grande révolution arabe qui se sont opposés à l’Empire ottoman durant la première guerre mondiale.

Les Turcs et leurs sympathisants arabes ressentent sont particulièrement sensibles aux critiques adressées aux Ottomans, qu’ils perçoivent comme hostiles. En effet, ils ont élevé les Ottomans à un rang qui ne permet pas la critique, et une telle situation n’est pas uniquement le résultat d’un état psychologique, mais plutôt d’une politique ancienne imposée par Abdul Hamid II, lorsqu’il a prétendu que son Empire s’élevait au-dessus des critiques et a établi une idéologie fasciste à travers le mouvement d’unification islamique qui s’est développé et a donné naissance à des partis et des groupes encore présents aujourd’hui, comme l’idéologie des frères musulmans compatible avec l’idéologie du gouvernement actuellement au pouvoir en Turquie.

Les Turcs et les sympathisants arabes, qui rêvent d’un retour de l’Empire ottoman, souffrent d’un complexe psychologique maladif composé de deux syndromes : le syndrome des contraires et le syndrome de Stockholm.

Le syndrome de contradiction consiste à classer le pouvoir entre partisans et dirigeants ; les Turcs se sont imprégnés de l’idée impériale et de l’ancienne dépendance de plusieurs races et cultures, permettant ainsi une résurgence psychologique de convictions irréalistes imposant une relation contradictoire basée sur l’extrémisme. Ils ont soumis d’autres peuples, avec leurs nationalismes, leurs idéologies et leurs cultures, à une domination turque qui avait pour but de leur arracher leur volonté et leurs droits, et de fondre leurs propriétés dans une propriété virtuelle sur des bases historiques.

Par conséquent, une relation ambiguë est née entre les partisans et les dirigeants à l’ère de l’Empire ottoman. Cette-ci était caractérisée par la tromperie, la fourberie, le leurre, l’interdiction, la violence, l’oppression et l’endiguement, retardant ainsi la séparation des Arabes et des Ottomans jusqu’à la Première guerre mondiale. Les Arabes ont été affectés profondément au niveau psychologique et ont donc souffert de ce complexe maladif dont ils n’ont pas pu guérir.

Le syndrome de Stockholm, quant à lui, a atteint les Arabes influencés par l’idéologie impériale turque. En effet, ceux-ci sont nés de la politique ottomane ancienne à travers l’héritage inscrit dans de nombreux livres d’histoire qui a été ravivé par la politique turque moderne. Certains Arabes sont devenus plus agréables avec leurs oppresseurs, sympathisant avec eux et les admirant même, au point qu’ils désiraient se faire emprisonner et perdre leur pouvoir et leur culture au profit d’un autre pouvoir et d’une autre culture qu’ils admiraient. Ibn Khaldoun a donné l’exemple de ces personnes-là dans son introduction et a expliqué que leur dépendance excessive les a conduits à un épuisement psychologique. C’est pour cette raison qu’ils admiraient le dominant, ses slogans, son uniforme, son credo, ses conditions et ses habitudes. (Ibn Khaldoun, Introduction, Beyrouth : dar al kotob al-ilmiyah, 1994, 1 : 156).

Il est très facile de critiquer et d’accuser, mais il est difficile de prouver ces critiques et ces accusations et de les approfondir pendant de longues périodes. Les Turcs et les Arabes touchés par ces critiques ou accusations doivent être conscients que l'Histoire n'a pas de pitié, et que les Arabes ont été privés de leur liberté et de leur pouvoir pendant quatre siècles. Ils sont tombés sous l'influence de la culture turque ottomane qui les a dominés, et qui a fait d’eux une race subordonnée comme toute autre race, les a maltraités et les a opprimés. En outre la vie publique dans le monde arabe et pour les Arabes eux-mêmes a régressé durant la période ottomane vu que la croissance du pays et du peuple s’est arrêtée et que les frontières arabes au sein de l’Empire ottoman devaient payer des taxes sur l’exportation de ses biens et de ses ressources humaines.

La plus grande indication du retard délibéré causé par les Ottomans dans le monde arabe pourrait être le renversement des Mamelouks par Salim Ier en Égypte, le déplacement par la force des artisans les plus éminents du Caire vers Istanbul, et la mort des manifestations culturelles. Même le marbre qui décorait les palais des Mamelouks a été démantelé et transféré à Istanbul, ce qui prouve absolument que les Turcs ottomans sont nouveaux dans la civilisation et ne sont pas différents des races barbares qui envahissent les pays civilisés.

Sans oublier ce qui s'est passé pendant la période de domination ottomane par la suite, lorsque le monde arabe a été remis à des gouverneurs non-arabes. Ils ont privé le peuple d’options, monopolisé le commerce et se sont emparés des fiefs, créant une véritable classe féodale comme celle qui existait au Moyen Âge en Europe.

Prenons pour exemple les actions de l'armée ottomane dans toutes les régions arabes. En Irak, pendant la Première guerre mondiale, les soldats entraient dans les marchés et les pillaient, abusaient et opprimaient les commerçants. Ils considéraient cela comme une redevance en échange de leur présence loin de leurs pays, sous les ordres de leur État, qui leur payait leurs salaires en retard. Ils s’emparaient donc des biens du pays comme compensation.

Les pratiques des Ottomans contre les Arabes étaient pleines de cruauté, de torture et d'abus, et ce depuis la première invasion de l'armée de Salim Ier au Levant et en Égypte. L’armée commettait des atrocités à l’encontre du peuple et kidnappait même des femmes pour les agresser, comme l’a décrit Ibn Iyas dans Bada'i Al-Zuhur. En général, ils reproduisaient la même chose dans chaque pays où ils entraient, selon les différentes sources historiques dans le monde arabe. Les Ottomans ont également imposé le service militaire aux Arabes. Ils arrachaient les jeunes hommes de leurs maisons et de leurs familles, et les forçaient à combattre au front, sans aucune formation, approbation ou connaissance de la cause pour laquelle ils combattaient. (Muhammad Ibn Iyas, Bada'i Al-Zuhur fi Waqa’e al-Douhour, réalisé par: Muhammad Mustafa, 3ème édition (Le Caire : Bibliothèque nationale, 2008), 6: 233; Saïd Tawleh, Safarbarlik et l'évacuation des habitants de Médine pendant la Première guerre mondiale 1334-1337 AH, 2ème édition Médine, Centre culturel littéraire de Médine, s.d, 186).

La tyrannie ottomane contre les Arabes est représentative, étendue et bien réelle. En 1106 AH / 1685 ap. J-C, les Ottomans ont occupé la ville de Hama au Levant afin de discipliner le peuple après avoir ordonné au gouverneur ottoman d'exagérer ses griefs. En 1119 AH / 1698 ap. J-C, la ville libanaise de Ghazir a été incendiée, et un an plus tard, le gouverneur ottoman de Damas a envoyé l'armée à Naplouse. Ils ont tué ses habitants et kidnappé environ 700 femmes, ce qui a forcé les pauvres Arabes du Levant à émigrer en raison de l'injustice, de la tyrannie et de l’humiliation. Outre les villages incendiés à répétition et l’abattage d'arbres, les gouverneurs brutaux faisaient empaler les hommes et mettaient les femmes dans un sac en toile de jute rempli de chaux et les jetaient dans le fleuve. Les Arabes n’ont connu ces méthodes horribles de torture qu’après l'entrée des Ottomans dans leurs pays. L’empalement représente le type de crime le plus grave. Le pieu est planté dans le corps de la victime, et la personne qui tue l'Arabe le plus lentement possible afin qu’il souffre plus longtemps, est récompensée. Ils ressentaient un certain plaisir lors de l’empalement des Arabes et du découpage de parties de leur corps, surtout leurs oreilles. La plupart des dirigeants se vantaient de ces pratiques. (Amin Rihani, Nakbat (Beyrouth : Imprimerie scientifique, 1928 ap. J-C), 45-94).

De même, les Ottomans voulaient abolir la langue arabe dans le cadre de la politique de turquisation à travers les publications et les métiers et imposer la langue turque comme langue officielle au gouvernement et imposer son apprentissage à tous les élèves des écoles situées dans les régions ottomanes et même arabes. La vie privée des Arabes n'a pas été respectée à l'intérieur des frontières de l'État, avec une tentative explicite de supprimer leur identité. (Jabr Al-Halloul, Les fédéraux et les sociétés arabes secrètes 1908-1916 (Allemagne : Publications Nour, 2017 ap. J-C), 8-10). Les Arabes ont considéré que la valorisation de langue turque et son imposition comme langue officielle était une insulte majeure pour eux dans leurs États, et la question s’est aggravée pour les Arabes car les dirigeants politiques de l'État étaient très sévères dans l’application de la politique de turquisation et ne montraient aucune tolérance, d'autant plus que la situation n'était pas familière pour les Arabes. Dans une lutte claire et franche contre l'utilisation de la langue arabe comme langue officielle, les Arabes du monde entier qui étaient citoyens de l'Empire ottoman devaient s'adresser à leurs ambassades en turc, de sorte que les fonctionnaires des États arabes communiquaient avec les individus par l'intermédiaire de traducteurs. C’est pour cette raison que depuis sa création jusqu'à la fin des années cinquante du XXème siècle, de nombreux membres de la famille Khédive en Égypte, qui a régné pour une certaine période sous l'Empire ottoman, ne parlaient pas couramment l'arabe, car la plupart d'entre eux ne parlaient que le turc. (Randall Baker, Le Royaume de Hijaz, traduction : Sadiq Al-Rikabi (Amman : 2004 ap. J-C, Publications et Distribution Al-Ahliya), 64 ; Muhammad Jameel Beyhum, Philosophie de l’histoire ottomane (Beyrouth : Imprimerie commerciale, 1954 ap. J-C), 1 : 190 ; membre d'une société arabe secrète (anonyme) La grande révolution arabe 1916 ap. J-C (Hama : Imprimerie Abi al-Fida, 1916 ap. J-C), 26).

En conclusion, ce qui explique ce que Qurshon  a dit à propos de l’hostilité envers les Ottomans est l’ennui de la politique turque actuelle de la lecture historique consciente selon le cadre national qui est devenu épuisant pour les Turcs, sachant qu’il prépare une nouvelle étape dans la revendication de droits volés dans les périodes historiques précédentes.

Dans le troisième épisode, nous complèterons les questions structurelles de l'histoire à partir de ce qui a été mentionné dans la proposition de Zakariya Qurchon.

Talal Al-Torifi est professeur d'université et journaliste saoudien.

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com