Les députés libanais ne parviennent pas à élire un nouveau président

Le président de l'Assemblée nationale, Nabih Berri, prend la parole devant le Parlement à Beyrouth le 13 octobre 2022. (Reuters)
Le président de l'Assemblée nationale, Nabih Berri, prend la parole devant le Parlement à Beyrouth le 13 octobre 2022. (Reuters)
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Publié le Vendredi 14 octobre 2022

Les députés libanais ne parviennent pas à élire un nouveau président

  • Bien que quatre-vingt-huit députés aient été présents au siège du Parlement, seuls soixante et onze ont participé à la séance de vote
  • La plupart des députés qui ont assisté à la session ont exprimé leur inquiétude face à la menace d’un vide présidentiel au cas où le Parlement ne parviendrait pas à élire un président la semaine prochaine

BEYROUTH: Le Parlement libanais n’a pas réussi à élire un successeur au président, Michel Aoun, jeudi, pour la deuxième fois en moins d’un mois.

Certains députés ont boycotté le vote, ce qui signifie que le quorum n’a pas été atteint, tandis que d’autres qualifient de «farce» les circonstances de l’échec de la réunion.

Bien que quatre-vingt-huit députés aient été présents au siège du Parlement, seuls soixante et onze ont participé à la séance de vote.

Le quorum requis est de quatre-vingt-six sur cent vingt-huit députés, soit deux tiers du nombre total.

Le président de la Chambre des députés, Nabih Berri, a appelé à un autre vote le 20 octobre avant que le mandat de Michel Aoun ne se termine à la fin du mois.

Michel Aoun doit quitter le palais présidentiel à minuit le 31 octobre.

La séance de jeudi a été reportée faute de quorum et d’accord sur un candidat sérieux.

Le bloc parlementaire de dix-neuf députés, qui constitue l’équipe du président Aoun, dirigée par son gendre, Gebran Bassil, a boycotté la session, car elle coïncidait avec le trente-deuxième anniversaire de l’entrée par effraction de l’armée syrienne au palais présidentiel de Baabda.

Des centaines de soldats libanais avaient été tués lors de l’attaque. Michel Aoun, quant à lui, avait trouvé refuge à l’ambassade de France.

Les députés arméniens, alliés du Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil, ont également boycotté la session parlementaire de jeudi.

Le député George Bushekian affirme que tous les blocs politiques doivent parvenir à un consensus.

«Jusqu’à présent, la situation n’est pas claire et nous voulons choisir la bonne personne pour servir les intérêts du pays», déclare-t-il.

Plusieurs députés étaient absents pour des raisons médicales, dont la députée réformiste Cynthia Zarazir, qui a pris d’assaut une banque la semaine dernière pour récupérer ses économies bloquées afin de pouvoir payer une intervention chirurgicale.

Bien qu'il n’ait manqué que quinze députés supplémentaires pour atteindre le quorum, certains parmi les quinze députés du Hezbollah et les quinze autres du mouvement Amal, présents au siège du Parlement, ne sont pas entrés dans la salle où se tiennent les sessions.

Cela a incité certains députés à qualifier les événements de «farce» puisque le quorum a été atteint au siège du Parlement, mais pas durant la session elle-même.

La députée réformiste Paula Yacoubian déclare: «Si nous savions que cela arriverait, nous n’aurions pas assisté à la session et gaspillé de l’essence.»

La plupart des députés qui ont assisté à la session ont exprimé leur inquiétude face à la menace d’un vide présidentiel au cas où le Parlement ne parviendrait pas à élire un président la semaine prochaine.

Le député du Hezbollah Hassan Fadlallah indique avant la session: «Le pays a besoin d’ententes et de consensus entre les blocs parlementaires. S’affronter les uns les autres mènera à un vide.»

Dans le même temps, le député Michel Moussa a révélé que le groupe de M. Berri dont il fait partie aurait recours au vote blanc lors de la session.

Gebran Bassil, qui se tenait avec son groupe devant la tombe du Soldat inconnu, près du siège du Parlement, soutient: «Ce moment est imprégné de sang, de douleur et de violence, et il est plus important que tout le reste. Nous aurions dû respecter les martyrs des uns et des autres. Ce jour-là, des soldats ont été martyrisés au nom de la légitimité et de notre patrie, mais certains ont trahi leur mémoire.»

Le président Berri avait sarcastiquement répondu à l’objection du CPL quant à la tenue de la session le 13 octobre, en disant: «Je ne savais pas que c’était un jour férié.»

Les blocs qui ont participé à la session pouvaient soit recourir au vote blanc, soit voter pour le candidat Michel Moawad, soit inscrire le mot «Liban» sur le bulletin.

Les Forces libanaises (FL), le parti socialiste progressiste, ainsi que les partis Kataëb (Phalanges libanaises) et Tajaddod ont annoncé qu’ils auraient de nouveau voté pour M. Moawad. On s’attendait à ce qu’il obtienne quarante voix, bien qu’il en ait besoin de soixante-quatre pour être élu président.

Le chef adjoint des FL, le député Georges Adwan, précise: «Il n’y a aucune excuse pour que les blocs ne votent pour personne. Il n’y a aucune excuse pour ne pas avoir de candidat avec une position claire. M. Moawad a la capacité de mettre en place le changement souhaité.»

Hadi Abou al-Hassan, député du parti socialiste progressiste, affirme: «Michel Moawad fait preuve de patriotisme, il croit en l’accord de Taëf et il a une vision économique claire. La plupart des blocs d’opposition étaient d'accord avec lui. Pourquoi ne pas voter pour lui à l’unanimité?»

Il a critiqué les députés qui ont perturbé la session en déclarant: «Nous venons de faire des progrès majeurs sur la question de la délimitation des frontières maritimes, qui nécessite de relancer les institutions de l’État, de créer un atelier de réforme au Parlement et de reprendre les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Pourquoi laisserions-nous passer notre chance d’assurer un avenir sûr et prospère aux Libanais?»

Des députés réformistes et deux députés indépendants de Sidon ont indiqué qu’ils ne voteront pas blanc.

Le député Oussama Saad note: «J’aurais voté pour le Dr Essam Khalifa pour protester contre le processus de délimitation des frontières maritimes. Ce dernier est l’un des chercheurs les plus acharnés qui ont critiqué l’adoption par le Liban de la ligne 23 pour délimiter la frontière maritime, au lieu de la ligne 29 qui garantit au Liban ses droits sur une partie du champ gazier de Karich.»

Après la session, le député Melhem Khalaf a exigé que le président Berri appelle le Parlement à tenir une session d’urgence pour discuter de la délimitation des frontières maritimes.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.