Huit morts à la prison d'Evine, nouvelles manifestations en Iran

Une photo obtenue par l'agence de presse iranienne Mizan le 16 octobre 2022 montre les dégâts causés par un incendie dans la tristement célèbre prison d'Evin, au nord-ouest de la capitale iranienne Téhéran. (AFP)
Une photo obtenue par l'agence de presse iranienne Mizan le 16 octobre 2022 montre les dégâts causés par un incendie dans la tristement célèbre prison d'Evin, au nord-ouest de la capitale iranienne Téhéran. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 18 octobre 2022

Huit morts à la prison d'Evine, nouvelles manifestations en Iran

  • «Quatre personnes (blessées) sont décédées à l'hôpital, portant le bilan à huit morts», tous des condamnés pour vol, a indiqué Mizan Online, le site de l'Autorité judiciaire
  • Après les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, l'Union européenne a imposé des sanctions à l'Iran, ciblant la police des moeurs, onze responsables

PARIS: Au moins huit détenus sont morts dans un incendie à la prison d'Evine à Téhéran, ont annoncé lundi les autorités, deux jours après les incidents qui ont encore avivé les tensions en Iran, secoué par des manifestations depuis la mort de Mahsa Amini il y a un mois.

Quatre détenus blessés "sont décédés à l'hôpital, portant le bilan à huit morts", tous des condamnés pour vol, selon Mizan Online, le site de l'Autorité judiciaire iranienne.

Les autorités ont accusé des "voyous" d'avoir "mis le feu samedi soir à un entrepôt de vêtements" dans la prison et fait état de heurts entre prisonniers puis entre détenus et gardiens.

"Ce qui s'est passé à la prison d'Evine était un crime commis par quelques éléments (liés à) l'ennemi", a affirmé le chef de l'Autorité judiciaire Gholamhossein Mohseni Ejei.

Les dirigeants iraniens accusent les Occidentaux, notamment les Etats-Unis, l'ennemi juré de l'Iran, de fomenter les "émeutes", en allusion aux manifestations consécutives à la mort le 16 septembre de Mahsa Amini.

Cette Kurde iranienne de 22 ans avait été arrêtée trois jours plus tôt par la police des moeurs à Téhéran, qui lui reprochait d'avoir enfreint le strict code vestimentaire imposant le port du voile aux femmes.

L'agence officielle Irna a affirmé que les troubles à Evine n'avaient "rien à voir" avec les manifestations. Celles-ci se poursuivent malgré la répression qui a fait au moins 122 morts, parmi lesquels des enfants, selon un bilan de l'Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo.

L'ONG Center for Human Rights in Iran (CHRI), basée à New York, a mis en ligne lundi des vidéos montrant des enfants criant des slogans hostiles au gouvernement à Ispahan, dans le centre de l'Iran, et des étudiants manifestant à l'université de Mazandaran, dans le nord.

Après les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, l'Union européenne a imposé lundi des sanctions à l'Iran, ciblant notamment la police des moeurs et onze responsables impliqués dans la répression.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, les a qualifiées de "superflues", dans un message sur Twitter.

"Les émeutes et le vandalisme ne sont tolérés nulle part; l'Iran ne fait pas exception", a-t-il ajouté.

Lundi, le président Ebrahim Raïssi a de nouveau accusé Washington d'être derrière la "sédition" dans son pays, affirmant que l'Iran ne "cèderait pas face aux sanctions".

«Mauvais traitements»

Des centaines de personnes arrêtées lors des protestations contre la mort de Mahsa Amini auraient été envoyées à la prison d'Evine. Parmi elles, des manifestants mais aussi des journalistes, des intellectuels, des militants, des artistes, des avocats.

Des ONG ont mis en doute la version des autorités sur les troubles au centre de détention, connu pour ses mauvais traitements infligés aux détenus politiques et où sont emprisonnés des étrangers.

"Vu combien le mensonge des responsables officiels est devenu normal, nous n'acceptons pas les explications officielles", a dit l'IHR, estimant aussi que "le nombre de personnes tuées à Evine est probablement plus élevé que le chiffre officiel".

Sur des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, des coups de feu et des explosions ont été entendus le soir de l'incendie aux abords de la prison.

Après le sinistre, des ONG ainsi que les Etats-Unis et la France se sont dit inquiets pour les prisonniers, mais plusieurs détenus étrangers ont pu contacter leurs familles.

Parmi les étrangers à Evine figurent l'universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah et l'Américain Siamak Namazi, qui sont en sécurité.

Le militant du droit d'expression iranien Hossein Ronaghi a appelé sa mère depuis la prison, où il est détenu depuis septembre, et "pouvait à peine parler", a écrit son frère Hassan sur Twitter. Sa famille affirme qu'il a subi de mauvais traitements.

En revanche l'épouse du militant Majid Tavakoli, lui aussi arrêté récemment, a affirmé sur Twitter être sans nouvelles de lui depuis l'incendie.

«Nous sommes toutes Mahsa»

Selon un avocat iranien, Saeid Dehghan, 19 avocats qui voulaient défendre les personnes arrêtées durant les manifestations ont eux aussi été interpellés.

La vague de contestation en Iran est la plus importante depuis celle de 2019 contre la hausse du prix de l'essence dans ce pays.

Depuis le 16 septembre, les Iraniennes, beaucoup tête nue, ont été à l'avant-garde du mouvement. Dimanche encore, des femmes ont manifesté au Collège technique et professionnel Shariati de Téhéran, selon l'IHR.

Par ailleurs, la ville de Zahedan, dans la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est), a été touchée par plusieurs jours de violences déclenchées le 30 septembre lors de manifestations contre le viol d'une jeune fille imputé à un policier, qui ont fait au moins 93 morts selon l'IHR.

Lundi, plus de 40 organisations de défense des droits humains ont exprimé "leurs vives préoccupations" face à "la machine de répression déployée par les autorités iraniennes" et ont appelé l'ONU à enquêter d'urgence.

Un Comité des Nations unies a  appelé l'Iran à mettre fin aux "graves violations des droits de l'enfant" lors de la répression des manifestations.

Selon l'IHR, 27 enfants au total ont été tués dans les récentes violences.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Short Url
  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Short Url
  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.