Liban: L’ambassade de Suisse annule un dîner ayant suscité la controverse sur la scène politique

Après des années de mauvaise gestion économique et de corruption endémique, le Liban a sombré dans une crise financière sans précédent fin 2019. (Photo, AFP)
Après des années de mauvaise gestion économique et de corruption endémique, le Liban a sombré dans une crise financière sans précédent fin 2019. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 18 octobre 2022

Liban: L’ambassade de Suisse annule un dîner ayant suscité la controverse sur la scène politique

  • L’invitation a suscité la controverse et la désapprobation des partis opposés au Hezbollah et à ses alliés
  • L’ambassadeur saoudien tient des discussions importantes avec le président Aoun et le président du Parlement, Nabih Berri

BEYROUTH: L’ambassade de Suisse au Liban a reporté un dîner informel qui devait avoir lieu à la résidence de l’ambassadrice à l’invitation du Centre pour le dialogue humanitaire basé en Suisse.

L’évènement avait pour but de réfléchir avec «des Libanais ainsi que des acteurs régionaux et internationaux», mais a été reporté suite à la controverse et à la désapprobation des partis politiques opposés au Hezbollah et à ses alliés.

Il a été considéré comme une tentative, avant la fin du mandat du président, Michel Aoun, de démanteler l’accord de Taëf et d’établir une gouvernance tripartite, permettant à la secte chiite d’être un partenaire influent dans la gouvernance.

L’ambassadeur saoudien au Liban, Walid Boukhari, a réitéré «les principes du pacte national constitue un fondement principal qui a protégé le Liban et assuré sa stabilité».

Le député indépendant Abdel Rahman Bizri a déclaré que «toute modification et tout réexamen de l’accord de Taëf sont rejetés et douteux, et une preuve que certains veulent compliquer les choses au lieu de faciliter les solutions politiques attendues».

Bizri a déclaré que «l’accord de Taëf est un pacte national conclu à la suite des grands sacrifices et des difficultés auxquels les Libanais ont été confrontés».

Il a ajouté que le problème «auquel nous faisons face aujourd’hui est le résultat des pratiques de la classe dirigeante et des hauts fonctionnaires qui ont géré notre pays pendant des décennies».

Plusieurs députés libanais représentant les blocs parlementaires ont été invités à dîner mardi à la résidence de l’ambassadrice suisse au Liban, Marion Weichelt.

L’évènement était prévu comme une plate-forme pour discuter de certaines questions avant les discussions ultérieures à Genève sur le Liban.

Selon des rapports, l’évènement devait réunir des représentant du Hezbollah, du Mouvement Amal, du Courant patriotique libre, des Forces libanaises, du Parti socialiste progressiste et des Forces du changement.

Cependant, les Forces libanaises ont demandé à leur représentant de ne pas assister au dîner. Les députés indépendants et les Forces du changement ont refusé d’être représentés.

Le député Waddah Sadek a déclaré à Arab News: «Ce projet est en préparation depuis trois mois. Si nous regardons de plus près les personnes qui y travaillent, nous remarquons que certaines d’entre elles sont proches du Hezbollah, notant que le Hezbollah a planifié une campagne contre l’accord de Taëf depuis un certain temps.

«Si nous faisons le lien, nous nous rendons compte que ce dîner et l’invitation à la conférence de Genève ne sont pas impromptus et qu’une couverture européenne a été fournie pour cette réunion.

«Si le but de la réunion était de tenir des discussions et non d’abroger l’accord de Taëf, pourquoi devrait-elle se tenir à l’ambassade et ensuite à l’étranger?

«De plus, les députés des Forces du changement n’étaient pas au courant de cette réunion. Nous n’en avons entendu parler que par les médias et le député invité ne nous a rien dit.»

Sadek a indiqué que la Constitution «est ma principale référence internationale ou locale au milieu de l’arme de facto. Personne ne me représente dans aucune réunion et dans aucune ambassade et je refuse de discuter de cette question».

Le député Melhem Riachi, membre des Forces libanaises, a déclaré qu’il ne participera pas à la réunion sans clarification de son contexte.

Boukhari a visité lundi Aoun et le président du Parlement, Nabih Berri. Il a réitéré le soutien du Royaume à l’unité et au peuple libanais, sur la base des principes nationaux dans l’accord de Taëf. Il a de même souligné l’importance de tenir les élections constitutionnelles à temps.

Il a écrit sur Twitter: «L’accord de Taëf est un contrat contraignant pour renforcer les bases d’un Liban pluraliste. L’alternative n’est pas un autre pacte mais la désintégration de la coexistence, la disparition de la nation unie et son remplacement par des entités qui ne ressemblent pas au message libanais.»

L’ambassade de Suisse a déclaré que la Suisse était activement engagée au Liban depuis de nombreuses années.

Elle a ajouté: «Au cours des deux derniers mois, la Suisse, en collaboration avec l’organisation basée en Suisse, le Centre pour le dialogue humanitaire, a été en contact avec l’ensemble du spectre politique libanais ainsi qu’avec des acteurs régionaux et internationaux pour préparer des discussions consultatives, et non une conférence de dialogue.

«Il est dans la tradition de la Suisse d’offrir ses bons offices lorsqu’on le lui demande. Les discussions prévues sont le résultat de consultations antérieures avec l’ensemble du spectre politique libanais ainsi qu’avec les acteurs régionaux et internationaux, et dans le plein respect de l’accord de Taëf et de la Constitution libanaise.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.