Violente agression du jeune Yuriy en 2021 à Paris: 13 adolescents renvoyés en procès

L'enquête s'est d'abord concentrée sur une dizaine de garçons qui se sont enjoints sur le réseau Signal à se taire ou à effacer leurs discussions. Ils ont été interpellés et mis en examen deux semaines après l'agression.  (Photo, AFP)
L'enquête s'est d'abord concentrée sur une dizaine de garçons qui se sont enjoints sur le réseau Signal à se taire ou à effacer leurs discussions. Ils ont été interpellés et mis en examen deux semaines après l'agression.  (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 18 octobre 2022

Violente agression du jeune Yuriy en 2021 à Paris: 13 adolescents renvoyés en procès

L'enquête s'est d'abord concentrée sur une dizaine de garçons qui se sont enjoints sur le réseau Signal à se taire ou à effacer leurs discussions. Ils ont été interpellés et mis en examen deux semaines après l'agression.  (Photo, AFP)
  • Né en Ukraine en 2006, le collégien qui s'apprêtait à fêter ses 15 ans avait été conduit à l'hôpital dans un état grave après avoir été roué de coups dans la soirée du 15 janvier 2021
  • Après un an et demi d'enquête, le juge d'instruction estime que «les faits s'inscrivent dans un contexte de rivalité entre jeunes individus, résidents du 15e arrondissement de Paris (…)»

PARIS: Une guerre des bandes et des provocations 2.0 à l'issue tragique : un juge d'instruction a renvoyé mardi en procès criminel 13 adolescents ou jeunes hommes pour la violente agression du jeune Yuriy début 2021 à Paris. 

Dans son ordonnance datée de mardi, le juge d'instruction suit très largement les réquisitions du parquet de Paris et prononce le renvoi en procès de ces 13 garçons âgés de 14 à 18 ans au moment des faits, dont six pour "tentative de meurtre". 

Deux audiences devraient se tenir, une devant la cour d'assises des mineurs pour les neuf mis en cause les plus âgés, une autre devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle pour les quatre plus jeunes. Ces audiences se tiendront possiblement à huis clos, vu l'âge de ces garçons au moment des faits. 

Né en Ukraine en 2006, le collégien qui s'apprêtait à fêter ses 15 ans avait été conduit à l'hôpital dans un état grave après avoir été roué de coups dans la soirée du 15 janvier 2021, alors qu'il se trouvait avec des amis sur la dalle de Beaugrenelle, le toit aménagé d'un centre commercial du 15e arrondissement de la capitale. 

Muni d'un tournevis dans sa poche, par précaution expliquera-t-il, il avait été conduit à l'hôpital dans un état grave. 

Son pronostic vital avait été engagé pendant dix jours, car les agresseurs se sont acharnés sur lui pendant plusieurs minutes. Devant le juge, certains mis en cause ont concédé qu'aucun d'entre eux n'était intervenu pour que les violences cessent. Selon l'un d'entre eux, c'est le cri d'un voisin qui les a stoppés. 

Après un an et demi d'enquête, le juge d'instruction estime que "les faits s'inscrivent dans un contexte de rivalité entre jeunes individus, résidents du 15e arrondissement de Paris, formant la bande RD4 d'une part, et celle du plateau de Vanves d'autre part". 

"Il est établi que l'agression de Yuriy (...) était un acte de vengeance en réponse à l'agression subie" cinq jours plus tôt par le demi-frère et cousin de deux des mis en cause, d'après le magistrat. 

Si Yuriy était alors présent, il n'est pas mis en examen dans l'information judiciaire distincte sur ces faits, a indiqué une source judiciaire. 

L'agression avait été diffusée en direct et des "snaps" triomphants avaient ensuite circulé avec l'un des mis en cause souriants, un téléphone (celui de Yuriy, dérobé) ensanglanté ou des légendes telles que "Je lèche son sang" ou "Le taf est fini". 

La vingtaine de secondes d'images de l'agression avait fait réagir aussi bien le président Emmanuel Macron que le footballeur Antoine Griezmann. 

La mairie de Paris, la préfecture de police, le rectorat et le parquet de Paris avaient annoncé un renforcement de leur stratégie anti-rixes. 

Zones « vitales » 

L'enquête s'est d'abord concentrée sur une dizaine de garçons qui se sont enjoints sur le réseau Signal à se taire ou à effacer leurs discussions. Ils ont été interpellés et mis en examen deux semaines après l'agression. 

Les enquêteurs sont parvenus ensuite, grâce à la vidéosurveillance et des investigations téléphoniques et sur les réseaux sociaux, à identifier d'autres protagonistes parmi lesquels Julien (prénom modifié), 18 ans alors, actuellement en détention provisoire comme un autre protagoniste. 

Soupçonné d'avoir frappé Yuriy de plusieurs coups de marteau dans le visage, il a reconnu devant le juge avoir été violent, avoir agi sans but, sans réfléchir, sous l'effet de "l'adrénaline", mais nié toute intention d'homicide. 

Un 14e jeune homme a fait l'objet d'un non-lieu, faute de charges suffisantes. 

Certains des treize garçons mis en cause et présumés innocents ont fini par reconnaître et regretter leurs coups. 

Pour le juge, l'enquête a établi l'intention de tuer des mis en cause, au vu de leur acharnement et de leur ciblage des zones "vitales" du corps de Yuriy. Il n'a en revanche pas retenu la préméditation, faute de preuves. 

Aucun des 13 n'avait jamais été condamné par la justice, et la grande majorité d'entre eux est décrite comme sans histoire, avec des cadres familiaux soudés et sans antécédent pénal. 

Ni l'avocat de Yuriy, ni l'avocat de Julien n'ont fait de commentaire dans l'immédiat. 


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.