L'Ukraine accuse Moscou de préparer une «déportation massive» des habitants des régions occupées

Un militaire ukrainien à Kyiv le 17 octobre 2022 lors d'une attaque de drones (Photo, AFP).
Un militaire ukrainien à Kyiv le 17 octobre 2022 lors d'une attaque de drones (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 20 octobre 2022

L'Ukraine accuse Moscou de préparer une «déportation massive» des habitants des régions occupées

  • Dans le sud de l'Ukraine, l'administration russe de la région de Kherson a assuré mercredi que les évacuations de civils avaient débuté
  • Depuis lundi, Kiev a été attaquée à plusieurs reprises par des drones kamikazes russe qui ont notamment visé des infrastructures énergétiques

KIEV: L'Ukraine a accusé mercredi la Russie de préparer une "déportation massive" de la population des territoires récemment annexés, où l'évacuation des civils de Kherson a commencé et où Vladimir Poutine a décrété la loi martiale, signe qu'il est désormais dans une "situation incroyablement difficile", selon Joe Biden.

Parallèlement, les bombardements russes se sont poursuivis dans le nord de l'Ukraine, y compris à Kiev, dans l'est et le centre, mais aussi dans l'ouest, une zone en général plus épargnée par les combats.

"L'ennemi a effectué quatre frappes de missiles, onze frappes aériennes et plus de 100 attaques au lance-roquettes multiple", a résumé dans la soirée l'état-major des forces ukrainiennes.

Il a évoqué une attaque "massive avec des missiles de croisière et des drones iraniens sur les infrastructures civiles des régions de Kiev, Tcherniguiv (nord), Vinnytsia (ouest), Ivano-Frankivsk (ouest), Donetsk (est), Dnipropetrovsk (centre), Zaporijjia (sud) et Mykolaïv (sud)", ainsi que de Tcherkassy (centre).

Les batteries de défense antiaérienne ont abattu "plusieurs missiles russes" au-dessus de la capitale ukrainienne, a déclaré son maire, Vitaly Klitschko. Des explosions y avaient été entendues par des journalistes de l'AFP en début d'après-midi.

Depuis lundi, Kiev a été attaquée à plusieurs reprises par des drones kamikazes russe qui ont notamment visé des infrastructures énergétiques.

Plus au nord, un autre aéronef sans pilote, de fabrication iranienne, a explosé à Tcherniguiv, ont affirmé les Ukrainiens, qui ont fait état de trois blessés hospitalisés.

Dans la partie occidentale, "l'ennemi a frappé la centrale à charbon de Bourchtynska", ce qui a déclenché un incendie qui a par la suite pu être maîtrisé, ont signalé les autorités régionales d'Ivano-Frankivsk.

Déportation massive

Dans le sud de l'Ukraine, l'administration russe de la région de Kherson a assuré mercredi que les évacuations de civils avaient débuté. Elle prévoit d'en déplacer "50.000 à 60.000" en quelques jours sur l'autre rive du Dniepr.

La ville de Kherson, occupée depuis le printemps, va de même être évacuée, face à l'avancée des troupes ukrainiennes, a dit le chef des autorités municipales prorusses Vladimir Saldo, promettant que les soldats russes allaient résister "jusqu'à la mort".

Le général Sergueï Sourovikine, récemment nommé chef des opérations russes en Ukraine, avait reconnu mardi que la situation y était "très difficile".

Mais pour le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Oleksiy Danilov, on assiste plutôt à "la préparation de la déportation massive de la population ukrainienne" vers la Russie "afin de modifier la composition ethnique des territoires occupés".

"Un crime qui devrait être condamné par les Nations unies et qui a déjà été commis en Crimée", unilatéralement rattachée en 2014 à la Russie, a-t-il ajouté.

Au total, "environ cinq millions d'habitants" des quatre régions ukrainiennes annexées en septembre par Moscou sont actuellement sur le sol russe, où ils se sont "réfugiés", a de son côté affirmé le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev.

Il s'agit de celles de Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia dans lesquelles le président russe a ordonné mercredi l'instauration de la loi martiale, une mesure "nulle et non avenue", a réagi la diplomatie ukrainienne.

Vladimir Poutine se trouve désormais dans une "situation incroyablement difficile" : "il semblerait que le seul outil qui reste à sa disposition est de persécuter les citoyens ukrainiens" afin de "les intimider pour les amener à une capitulation, mais ce n'est pas ce qu'ils vont faire", a commenté son homologue américain Joe Biden.

L'Espagne envoie des générateurs électriques en Ukraine

Le gouvernement espagnol a annoncé mercredi l'envoi de cinq générateurs électriques en Ukraine, où les attaques russes contre les infrastructures énergétiques ont laissé plus d'un millier de villes dans le noir et où des restrictions d'électricité sont prévues à partir de jeudi.

"Compte tenu des récentes attaques de la Russie contre l'infrastructure électrique, qui ont gravement affecté l'approvisionnement en électricité des citoyens ukrainiens, (...) le ministère de la Défense va envoyer immédiatement des groupes électrogènes dans ce pays", indique un communiqué du ministère.

Il s'agit de quatre générateurs de 400 kilowatts de puissance et d'un cinquième de 150 kilowatts, qui appartiennent à l'armée de l'air espagnole.

Restrictions
Egalement dans la partie méridionale de l'Ukraine, une cinquantaine d'employés de la centrale nucléaire de Zaporijjia, aux mains des Russes depuis mars, sont "toujours prisonniers", a déploré l'opérateur ukrainien Energoatom, tandis que, depuis le début de la guerre, d'autres ont été "torturés", voire "tués".

L'armée russe, qui a envahi l'Ukraine le 24 février, est sur la défensive sur l'essentiel du front en Ukraine, reculant depuis septembre aussi bien dans le nord que l'est et le sud. Le seul tronçon où elle avance encore est situé près de la ville de Bakhmout (est), qu'elle tente de prendre depuis l'été.

A l'approche de l'hiver, elle bombarde actuellement de très nombreuses infrastructures énergétiques dans toute l'Ukraine.

Face à cette situation, "des restrictions pour l'approvisionnement en électricité seront introduites dans toute l'Ukraine" à compter de jeudi, a fait savoir dans la soirée un conseiller de la présidence, Kyrylo Timochenko.

"Nous travaillons à la création de points d'alimentation mobiles en électricité pour les infrastructures critiques des villes et des villages", avait peu avant déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à l'occasion d'une "réunion stratégique".

Vague d'inculpations aux Etats-Unis suite au transfert de technologies en Russie

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi l'inculpation d'une dizaine de personnes accusées d'avoir vendu des technologies américaines à la Russie, dont certaines se sont retrouvées utilisées sur le champ de bataille en Ukraine.

Ces poursuites, associées à de nouvelles sanctions économiques, résultent de "deux complots internationaux distincts destinés à violer les lois commerciales et les sanctions américaines", a déclaré le ministre de la Justice Merrick Garland dans un communiqué.

Dans le premier, cinq Russes et deux courtiers en pétrole vénézuéliens ont été inculpés pour avoir acheté aux Etats-Unis des composants électroniques destinés à équiper des avions, des radars ou des missiles, et de les avoir revendus à des entreprises d'armement russes.

Les drones iraniens

Au plan international, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunissait à huis clos mercredi à New York à propos du recours à des drones conçus par l'Iran dans la guerre en Ukraine, à la demande des Occidentaux.

L'Union européenne avait auparavant annoncé avoir rassemblé des "preuves" démontrant l'origine iranienne des aéronefs sans pilote russes qui ont attaqué le territoire ukrainien et préparer des sanctions contre Téhéran.

L'Iran a quant à lui nié à plusieurs reprises ces derniers jours fournir des armes et en particulier des drones à la Russie pour ce conflit.

Dans un tout autre registre, le président Zelensky s'est félicité de la remise du prestigieux prix Sakharov du Parlement européen aux Ukrainiens, saluant son peuple qui se bat pour "la liberté et la démocratie".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.


Le Canada a l'intention de reconnaître l'Etat de Palestine, Israël condamne

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion du cabinet pour discuter des négociations commerciales avec les États-Unis et de la situation au Moyen-Orient, à l'Amphithéâtre national de la presse à Ottawa, Ontario, Canada, le 30 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion du cabinet pour discuter des négociations commerciales avec les États-Unis et de la situation au Moyen-Orient, à l'Amphithéâtre national de la presse à Ottawa, Ontario, Canada, le 30 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Canada prévoit de reconnaître l'Etat de Palestine en septembre à l'ONU, a annoncé mercredi le Premier ministre canadien, Mark Carney
  • En franchissant le pas de la reconnaissance, le Canada est motivé par une conviction "de longue date" en faveur d'une solution à deux Etats pour mettre fin au conflit israélo-palestinien

OTTAWA: Le Canada prévoit de reconnaître l'Etat de Palestine en septembre à l'ONU, a annoncé mercredi le Premier ministre canadien, Mark Carney. Un changement de politique aussitôt condamné vigoureusement par Israël.

"Le Canada a l'intention de reconnaître l'Etat de Palestine lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 2025", a déclaré Mark Carney lors d'une conférence de presse à Ottawa, soulignant que "le niveau de souffrance humaine à Gaza est intolérable".

En franchissant le pas de la reconnaissance, le Canada est motivé par une conviction "de longue date" en faveur d'une solution à deux Etats pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, qui dure depuis des décennies, a justifié son Premier ministre.

"Cette possibilité d'une solution à deux États s'érode sous nos yeux", a déclaré Mark Carney.

L'intention du Canada "repose sur la volonté de l'Autorité palestinienne de mener des réformes essentielles", a expliqué le Premier ministre, citant l'engagement pris par le président Mahmoud Abbas d'organiser des élections générales en 2026 et de ne pas militariser l'État palestinien.

Ce dernier a salué mercredi la décision "courageuse" du Canada, qui "intervient à un moment historique critique pour sauver la solution à deux Etats".

Il s'agit du troisième pays membre du G7, après les récentes annonces de la France et du Royaume-Uni, à signaler son intention de reconnaître l'État palestinien en septembre.

- Israël condamne, la France salue -

Israël a immédiatement décrié cette annonce et a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "durcir la position du Hamas à la table des négociations à un moment critique", a réagi l'ambassade d'Israël à Ottawa dans un communiqué.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a de son côté fustigé dans une publication sur X le changement de position du gouvernement canadien, affirmant que cela "récompense le Hamas et nuit aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza et un cadre pour la libération des otages".

Donald Trump a également critiqué la décision de Mark Carney et averti qu'elle compliquerait les négociations avec Ottawa au sujet des droits de douane.

"Wow! Le Canada vient d'annoncer qu'il soutient un Etat palestinien. Cela va devenir très difficile pour nous de conclure un accord commercial avec eux. O Canada !!!", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Avec cette décision, le Canada se positionne aux côtés de la France, qui a récemment annoncé son intention de reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale des Nations unies et qui espère créer une dynamique collective en ce sens.

La présidence française a salué mercredi l'annonce du Premier ministre canadien et s'est réjoui "de pouvoir travailler de concert avec le Canada pour relancer une perspective de paix dans la région", précisant qu'Emmanuel Macron s'est entretenu avec Mark Carney "un peu plus tôt dans la journée" à ce sujet.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a également annoncé mardi que son pays reconnaîtrait l'État de Palestine en septembre, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

- Une approche qui "n'est plus tenable" -

Cette annonce du Canada intervient alors qu'un organisme international de surveillance de la faim soutenu par l'ONU a affirmé mardi que le "pire scénario de famine" était "en cours à Gaza".

Mark Carney a par ailleurs ajouté que son pays a toujours été un membre indéfectible du groupe de nations qui espéraient qu'une solution à deux États "serait réalisée dans le cadre d'un processus de paix fondé sur un accord négocié entre le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne".

"Malheureusement, cette approche n'est plus tenable", a-t-il dit, s'en prenant au "terrorisme du Hamas" et "le rejet violent et de longue date par le groupe du droit d'Israël à exister".

Il a également critiqué "l'incapacité persistante" d'Israël à empêcher une catastrophe humanitaire à Gaza, ainsi que l'expansion des colonies en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée par Israël, considérées comme illégales au regard du droit international.

Quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés à Gaza par Israël depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.


Les pays arabes appellent à la paix et au renouvellement de l’Initiative arabe

Un sommet de suivi de la conférence de cette semaine est prévu pendant l'Assemblée générale des Nations unies en septembre. (ONU)
Un sommet de suivi de la conférence de cette semaine est prévu pendant l'Assemblée générale des Nations unies en septembre. (ONU)
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  • Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, dénonce « le prix très élevé que nous payons tous pour que perdure le système d’apartheid et d’occupation » à Gaza, et affirme que pour les Palestiniens, il s’agit d’« un prix payé en sang »
  • Le représentant omanais accuse Israël d’« éroder unilatéralement » les perspectives de paix, en « défi aux dispositions du droit international et aux résolutions de la légitimité internationale »

Les pays arabes ont lancé mercredi un appel unifié pour mettre fin à la violence à Gaza et en Cisjordanie, réaffirmant leur soutien le plus ferme à l’Initiative de paix arabe, qu’ils considèrent comme le seul cadre viable pour une paix et une stabilité durables dans la région.

« Ce que nous voyons aujourd’hui à Gaza — le retrait de la stabilité et de la sécurité dans la région — est bel et bien le résultat de l’occupation en cours », a déclaré un représentant de la Ligue arabe, lisant une déclaration au nom de son secrétaire général, Ahmed Aboul Gheit.

« C’est le prix que paient les Palestiniens, un prix payé en sang. »

Il a qualifié ce tribut de « prix extrêmement élevé que nous payons tous pour que le système d’apartheid et d’occupation se maintienne sur cette terre », tout en soulignant l’attachement continu de la Ligue à l’Initiative de paix arabe, adoptée à Beyrouth il y a 23 ans.

« Cette vision n’a cependant pas été accueillie en retour. Elle a été confrontée à l’arrogance et à un nationalisme fondé sur des vues sectaires religieuses, qui mèneront la région vers un avenir incertain », a-t-il ajouté.

Ces propos ont été tenus à la clôture de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, au siège des Nations unies à New York.

Le représentant d’Oman a repris ces mots à son compte, réaffirmant que la paix « globale et durable » devait s’ancrer dans le cadre du droit international tel que défini dans l’Initiative de paix arabe.

Adoptant une position similaire à celle de nombreux autres États présents à la conférence, le représentant omanais a accusé Israël de miner unilatéralement les perspectives de paix, qualifiant cela de « défi aux dispositions du droit international et aux résolutions de la légitimité internationale ».

Il a poursuivi : « La nature des politiques du gouvernement israélien actuel, les plus extrêmes depuis des décennies, complique davantage le paysage et entrave directement toute tentative de relance du processus de paix. »

Le Conseil de coopération du Golfe a réitéré son soutien à la solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies, a condamné l’agression israélienne continue contre Gaza et exigé qu’elle cesse.

Le représentant du Conseil a également rejeté les politiques israéliennes de colonisation, les qualifiant de violation flagrante, et a réclamé un accès humanitaire complet à Gaza ainsi que le lancement de la reconstruction du territoire.

« La véritable grandeur ne repose pas sur le pouvoir, mais sur la capacité d’utiliser ce pouvoir au service de la justice », a-t-il affirmé. « Il est temps de traduire ce principe en une position internationale claire reconnaissant un État palestinien pleinement souverain. »

Le représentant de l’Organisation de la coopération islamique s’est joint aux appels en faveur d’une solution à deux États, tout en soulignant la nécessité pour les autorités israéliennes de se conformer aux résolutions des Nations unies.

Israël, a-t-il ajouté, est coupable de « crimes systémiques incluant l’agression, le génocide, la destruction, les déplacements forcés, la famine et le blocus sur la bande de Gaza », en plus de « politiques illégales d’expansion des colonies, d’annexion et de nettoyage ethnique ».

L’intention d’Israël « d’imposer sa soi-disant souveraineté sur la Cisjordanie, y compris sur la ville occupée de Jérusalem… constitue une violation flagrante du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU », a-t-il ajouté, appelant à la fin immédiate de telles actions.

Ces déclarations interviennent alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que le conflit à Gaza avait atteint un « point de rupture ». La pression internationale en faveur d’un accord de cessez-le-feu s’intensifie, mais Israël continue de rejeter ces appels, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avançant des plans d’annexion de certaines parties de Gaza si le Hamas refuse une trêve.

Des sources ont indiqué mercredi qu’Israël avait rejeté la dernière proposition de cessez-le-feu, refusant de retirer ses forces de certaines zones clés du territoire.

L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, a qualifié la conférence de l’ONU de cette semaine de « cirque politique » contre Israël.

« Nous assistons à un détachement de la réalité, à la propagation de mensonges et au soutien au terrorisme », a-t-il écrit dans un message publié sur la plateforme X.

L’envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient, Steven Witkoff, devait arriver jeudi à Tel Aviv pour s’entretenir avec des responsables israéliens. Sa visite intervient alors que la classification intégrée de la sécurité alimentaire soutenue par l’ONU a averti que le « pire scénario de famine est actuellement en train de se réaliser » à Gaza.

Le représentant de l’Iran à l’ONU a également pris la parole lors de cette dernière journée de conférence, dénonçant une « politique d’apaisement » de la communauté internationale envers Israël, et appelant à des actions concrètes.

« Compte tenu de son mépris persistant pour la Charte de l’ONU, le régime israélien doit faire l’objet de sanctions ciblées et être suspendu de son adhésion à l’ONU, afin de protéger l’intégrité et la crédibilité de l’organisation », a-t-il déclaré.

Il a en outre exhorté les États membres à faire pression sur le Conseil de sécurité pour qu’il admette la Palestine comme État membre à part entière des Nations unies, insistant : « Ce processus ne doit pas être bloqué par les États-Unis. » La Palestine ne dispose actuellement que du statut d’observateur.

Un sommet de suivi de cette conférence est prévu en septembre, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com