L'Ukraine craint un nouveau front au nord, des militaires iraniens en Crimée selon Washington

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko parle à la presse à côté d'un bâtiment détruit après une attaque de drone à Kiev le 17 octobre 2022, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
Le maire de Kiev, Vitali Klitschko parle à la presse à côté d'un bâtiment détruit après une attaque de drone à Kiev le 17 octobre 2022, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 21 octobre 2022

L'Ukraine craint un nouveau front au nord, des militaires iraniens en Crimée selon Washington

  • «Je salue l'action rapide de l'UE, à la suite de mon appel lundi, pour imposer des sanctions à l'Iran pour avoir aidé la Russie à tuer des Ukrainiens et à endommager nos infrastructures énergétiques», s'est félicité le chef de la diplomatie ukrainienne
  • L'Iran a démenti jeudi des informations du Washington Post selon lesquelles la République islamique prévoyait d'envoyer des missiles à la Russie pour servir dans sa guerre contre l'Ukraine

KIEV: L'Ukraine, frappée dans ses infrastructures et confrontée aux forces russes au sud et à l'est, s'est alarmée jeudi de l'ouverture possible d'un nouveau front au nord depuis le Bélarus, au moment où l'aide militaire présumée de Téhéran à Moscou va selon Washington jusqu'à la présence de militaires iraniens en Crimée.

Ces affirmations de la Maison Blanche réhaussent d'un cran encore les accusations contre l'Iran, déjà sanctionné jeudi par les alliés occidentaux de l'Ukraine pour des livraisons de drones kamikazes que Moscou et Téhéran continuent de nier.

"Nous estimons que des militaires iraniens ont été sur le terrain en Crimée et ont aidé la Russie dans ces opérations", a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la présidence américaine, John Kirby, a propos des attaques au drone kamikaze sur les villes et les infrastructures ukrainiennes ces derniers jours, et notamment sur Kiev.

Au même moment, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s'exprimant à distance devant le Conseil européen, a accusé la Russie, mise en échec sur le front depuis septembre, de transformer le réseau électrique ukrainien en "champ de bataille" pour paralyser le pays à l'approche de l'hiver.

Il a appelé les pays européens à fournir à Kiev des défenses aériennes plus sophistiquées et à infliger à Moscou plus de sanctions économiques.

Jeudi soir, M. Zelensky a accusé les Russes d'avoir miné un barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, située dans la région de Kherson, craignant une "une catastrophe à grande échelle" si l'ouvrage était détruit.

Les militaires ukrainiens ont dit jeudi redouter en outre l'ouverture par Moscou d'un nouveau front au nord, depuis le Bélarus, qui pourrait menacer les routes d'acheminement des armes occidentales.

"La menace de reprise de l'offensive sur le front nord par les forces armées russes grandit", a déclaré à la presse Oleksiï Gromov, un responsable de l'état-major ukrainien.

Selon lui, "cette fois, l'offensive pourrait être à l'ouest de la frontière bélarusse pour couper les principales voies d'approvisionnement en armes et équipements militaires" étrangers qui arrivent notamment via la Pologne.

M. Zelensky a souligné dans ce contexte devant le Conseil européen que la proposition ukrainienne de déploiement d'une mission internationale de surveillance à la frontière entre l'Ukraine et le Bélarus "devenait chaque jour plus pertinente".

Sanctions contre l'Iran

Dans l'immédiat, face aux livraisons présumées d'armes par l'Iran à la Russie, les alliés occidentaux ont adopté une série de sanctions contre Téhéran malgré les dénégations des deux pays.

Londres a rejoint les mesures adoptées le même jour par l'UE en annonçant imposer de nouvelles sanctions contre l'Iran visant trois généraux et une entreprise d'armements "responsables de fournir à la Russie des drones kamikazes" pour bombarder l'Ukraine.

Les Etats membres de l'UE s'étaient auparavant entendus pour sanctionner la compagnie iranienne, Shahed Aviation Industries, liée aux puissants Gardiens de la Révolution, et les trois responsables militaires, dont le général Mohammed Hossein Bagheri, chef d'état-major des forces armées iraniennes.

Kiev a salué la réponse "rapide" de l'Union européenne.

De son côté, le Premier ministre israélien Yaïr Lapid s'est dit jeudi "profondément inquiet" au sujet des liens militaires entre l'Iran et la Russie lors d'un entretien avec le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kuleba.

Mais la Russie a de nouveau qualifié "d'hypothèses farfelues" les accusations selon lesquelles elle utiliserait des drones iraniens.

M. Zelensky a affirmé mercredi que son armée avait détruit 233 de ces drones iraniens en un mois.

L'Iran a aussi qualifié de "sans fondement" jeudi des informations du Washington Post selon lesquelles la République islamique prévoyait d'envoyer des missiles à la Russie pour être utilisés en Ukraine.

Après plusieurs vagues de frappes russes sur ses infrastructures, l'Ukraine a limité jeudi la consommation en électricité de sa population et ses entreprises, notamment à Kiev.

Dans la capitale ukrainienne, le maire Vitali Klitschko a exhorté les entreprises, les magasins, les cafés et les restaurants à "économiser au maximum" sur les éclairages et la publicité lumineuse.

Dans plusieurs autres régions, les autorités locales ont appelé les habitants à réduire leur consommation, alors que la Russie a détruit 30% des centrales électriques ukrainiennes en une semaine, selon Volodymyr Zelensky.

Des restrictions ont été notamment prises dans les régions de Lviv et Tchernivtsi, a indiqué dans un communiqué l'entreprise Tchernivtsioblenergo.

Evacuations de Kherson

Dans le sud de l'Ukraine, l'administration russe de la région de Kherson a assuré que les évacuations de civils avaient débuté, avec jeudi 15.000 personnes évacuées de ce territoire annexé par Moscou.

Elle prévoit d'en déplacer "50.000 à 60.000" en quelques jours sur l'autre rive du Dniepr.

Le général Sergueï Sourovikine, récemment nommé chef des opérations russes en Ukraine, avait reconnu mardi que la situation y était "très difficile".

Pour le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Oleksiy Danilov, on assiste à "la préparation de la déportation massive de la population ukrainienne" vers la Russie "afin de modifier la composition ethnique des territoires occupés".

L'instauration de la loi martiale cette semaine par Vladimir Poutine dans les territoires annexés en Ukraine montre que les Ukrainiens ne voulaient pas rejoindre la Russie contrairement aux affirmations du président russe, selon le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.

Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part visité jeudi un terrain d'entraînement pour soldats mobilisés dans la région de Riazan, au sud-est de Moscou, selon des images diffusées à la télévision russe.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com