Dans les musées, un «combat» de l'intérieur pour représenter les minorités

Un couple regarde les œuvres du peintre ivoirien Armand Boua exposées à la galerie Cecile Fakhoury à Abidjan le 23 août 2019. (AFP)
Un couple regarde les œuvres du peintre ivoirien Armand Boua exposées à la galerie Cecile Fakhoury à Abidjan le 23 août 2019. (AFP)
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Publié le Samedi 22 octobre 2022

Dans les musées, un «combat» de l'intérieur pour représenter les minorités

  • «Il faut que les enfants issus de l'immigration sachent d'où ils viennent», a résumé la chargée de mission à l'Institut national d'histoire de l'art (INHA)
  • Le sujet n'épargne pas non plus les musées africains, où les collections obéissent à des modèles post-coloniaux, relève Richard Ohene-Larbi, muséologue pour le conseil des musées et monuments du Ghana

PARIS : Renouveler les oeuvres, représenter davantage la diversité, monter des expositions qui reflètent les trajectoires des descendants d'immigrés: les musées sont le terrain d'un «combat» de société, partout dans le monde, pour «rendre visibles les minorités» et «déconstruire» les récits racistes.

«Notre travail consiste à regarder de quoi on a hérité, des récits qui ont institué des représentations totalement faussées des sociétés qui ont été concernées par les conquêtes (coloniales), les migrations, et de les déconstruire. C'est l'une des grandes fonctions du musée», a expliqué vendredi lors d'un colloque international au musée de l'immigration à Paris l'historienne de l'art Zahia Rahmani.

«Il faut que les enfants issus de l'immigration sachent d'où ils viennent», a résumé la chargée de mission à l'Institut national d'histoire de l'art (INHA), lors de ce rassemblement qui se poursuit samedi sur le thème de la représentation des minorités.

Comment améliorer leur place dans les collections, que l'ensemble des musées américains, britanniques ou encore français présents jugent insuffisant, voire scandaleux ?

- Médiateurs -

Le sujet n'épargne pas non plus les musées africains, où les collections obéissent à des modèles post-coloniaux, relève Richard Ohene-Larbi, muséologue pour le conseil des musées et monuments du Ghana.

«Les Ghanéens ne veulent pas voir que le Ghana colonial. Malheureusement, les musées ne reflètent pas la diversité actuelle», poursuit-il.

Pour «relever ce défi», il faut «trouver des collections qui reflètent le Ghana d'aujourd'hui», «mieux connaître les ethnies», explique Richard Ohene-Larbi.

Parfois, les oeuvres et les collections sont déjà disponibles, mais les résistances sont tenaces: le musée d'Orsay, qui a pourtant hébergé en 2019 l'exposition «Le Modèle noir» consacrée à leur représentation, «détient la plus grande collection au monde sur la banlieue» mais n'en fait rien, déplore Zahia Rahmani.

«On attend toujours l'exposition. Jamais ce musée, dans sa programmation, n'a franchi le périphérique», tacle l'historienne de l'art.

Elle qui a monté l'exposition «Made in Algeria» au Mucem, à Marseille, estime que «travailler sur la colonisation c'est impossible dans les musées nationaux» français.

Conscient de l'ampleur du chantier, le ministère de la Culture veut «s'inspirer du chemin effectué sur le terrain de l'égalité homme-femme» pour en «dupliquer les recettes sur le terrain de la diversité», notamment pour «déconstruire les stéréotypes», a réagi lors du colloque Agnès Saal, responsable diversité et égalité rue de Valois.

En attendant, les musées doivent se doter de «figures de médiation» incarnées par des personnes issues de cette diversité, reprend Zahia Rahmani. «Ils ont le tact nécessaire et ont été éprouvés par ces histoires. Il faut leur laisser la place», réclame-t-elle.

- Musées militants ? -

Une proposition qui fait écho à ce qui existe déjà en Belgique, notamment au musée royal de l'Afrique centrale, à Tervuren, a expliqué son ancien directeur Guido Gryseels, devant ses confrères.

A son arrivée à la tête de l'institution, il y a deux décennies, «la mission officielle du musée était toujours de faire la promotion des réalisations belges en Afrique centrale», pour «montrer aux Belges la supériorité des Blancs sur les Africains», raconte-t-il.

«Aujourd'hui on est dans un processus de co-construction. Dans toutes les activités (du musée), il doit désormais y avoir une personne africaine ou d'origine africaine à un poste de responsabilité. 20% des Belges sont issus de l’immigration, c'est important qu'ils se retrouvent dans le musée», souligne-t-il.

Quitte à exposer l'institution à des accusations de militantisme ?

«On dit que les musées doivent être neutres, mais ne rien faire c'est déjà faire un choix. Il faut avoir du courage», balaye Nicole Ivy, maître de conférence à l'université George Washington de la capitale américaine.

«Pourquoi, quand vous commencez à faire intervenir des sujets comme celui des Noirs, dit-on que c'est de l'idéologie ?», interroge la philosophe Nadia Yala Kisukidi.

«Dès qu'on envisage ce genre de question, on est immédiatement accusé de produire des thèses mortifères qui visent à détruire la cohésion nationale et on apparaît comme une menace pour les institutions républicaines», explique la professeure à l'université Paris-VIII.

Pour elle, ce sujet se résoudra nécessairement au niveau politique, car «à l'intérieur des institutions sont en train de se mettre en place des formes de combat».

Reste une question, sur ce combat, soulève-t-elle: «Qui va l'emporter?»


Le prochain test de langue arabe Hamza aura lieu dimanche

La deuxième édition du test universitaire de langue arabe pour les locuteurs non natifs (Hamza) commence le dimanche 16 février dans 19 universités saoudiennes. (Photo Fournie)
La deuxième édition du test universitaire de langue arabe pour les locuteurs non natifs (Hamza) commence le dimanche 16 février dans 19 universités saoudiennes. (Photo Fournie)
La deuxième édition du test universitaire de langue arabe pour les locuteurs non natifs (Hamza) commence le dimanche 16 février dans 19 universités saoudiennes. (Photo Fournie)
La deuxième édition du test universitaire de langue arabe pour les locuteurs non natifs (Hamza) commence le dimanche 16 février dans 19 universités saoudiennes. (Photo Fournie)
La deuxième édition du test universitaire de langue arabe pour les locuteurs non natifs (Hamza) commence le dimanche 16 février dans 19 universités saoudiennes. (Phot Fournie)
La deuxième édition du test universitaire de langue arabe pour les locuteurs non natifs (Hamza) commence le dimanche 16 février dans 19 universités saoudiennes. (Phot Fournie)
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  • Il sera administré par la King Salman Global Academy for Arabic Language (KSGAAL).
  • Grâce au test « Hamza », la KSGAAL entend renforcer l'importance académique de la langue arabe à l'échelle régionale et mondiale.

RIYADH : Le deuxième test de compétence en langue arabe saoudienne pour les locuteurs non natifs, Hamza, aura lieu dimanche.

Il sera administré en personne par la King Salman Global Academy for Arabic Language (KSGAAL), en collaboration avec plusieurs universités saoudiennes.

Le premier test Hamza, qui s'est déroulé en septembre, a été conçu comme une étape vers l'élaboration d'un test de compétence en arabe normalisé.

Sur cette base, le deuxième événement devrait élargir sa portée, tant au niveau local qu'international, en proposant des tests en personne et à distance, en collaboration avec la Commission d'évaluation de l'éducation et de la formation (Qiyas).

Abdullah Al-Washmi, secrétaire général de la KSGAAL, a expliqué que le test Hamza servait d'évaluation de référence accréditée par l'académie.

« Le test évalue quatre compétences linguistiques clés, à savoir la compréhension orale, la compréhension écrite, l'expression écrite et l'expression orale, sur une durée de 155 minutes, comprenant 75 questions. Conçu pour répondre aux normes internationales les plus élevées, il s'aligne sur le Cadre européen commun de référence pour les langues », a déclaré M. Al-Washmi.

Le test répond aux exigences de certains employeurs qui demandent une évaluation des compétences linguistiques des candidats, a-t-il ajouté.

Grâce au test « Hamza », la KSGAAL entend renforcer l'importance académique de la langue arabe à l'échelle régionale et mondiale.

En offrant une évaluation précise et fiable des compétences linguistiques, le test permet aux établissements d'enseignement d'évaluer efficacement les apprenants d'arabe et les enseignants d'arabe non natifs, garantissant ainsi un placement précis et le développement des compétences.

Le test a été administré en personne à plus de 2 000 candidats en Arabie saoudite et dans de nombreux autres pays, représentant plus de 60 nationalités.

Dans le cadre de son engagement en faveur de la langue arabe, la KSGAAL continue d'affiner et d'élargir le test, en tirant parti des ressources éducatives et technologiques pour améliorer l'accessibilité de ce dernier pour les locuteurs non natifs, qu'ils se trouvent au sein ou en dehors du Royaume.

Mansoor Almalki, directeur des tests linguistiques à la KSGAAL, a déclaré à Arab News que la collaboration avec 19 universités saoudiennes pour administrer le test Hamza marquait une étape importante dans l'élargissement de son adoption et dans la consolidation de son statut de référence fiable pour la maîtrise de la langue arabe dans les établissements universitaires.

« Ce partenariat garantit que le test répond aux besoins évolutifs des établissements d'enseignement tout en renforçant son rôle d'outil d'évaluation normalisé pour les arabophones non natifs », a-t-il déclaré.

« L'intégration entre les établissements d'enseignement supérieur et le KSGAAL, en tant qu'autorité principale pour l'apprentissage, l'enseignement et l'évaluation de la langue arabe dans le Royaume, joue un rôle crucial dans l'élaboration de programmes d'enseignement de la langue arabe fondés sur des normes scientifiques rigoureuses.

M. Almalki a déclaré que le partenariat avec les universités permettait d'élargir la base de données de recherche sur l'évaluation de l'arabe en tant que deuxième langue, ouvrant ainsi la voie à des stratégies éducatives plus efficaces.

Concernant l'expansion internationale, il a dévoilé un plan stratégique visant à renforcer les partenariats avec des universités et des établissements d'enseignement internationaux, en particulier dans les pays où l'on observe un intérêt croissant pour l'apprentissage de la langue arabe.

Ces efforts visent à renforcer la reconnaissance internationale du test et à garantir son adoption à plus grande échelle dans le monde entier.

« Le modèle d'évaluation standardisée joue un rôle crucial dans l'avancement de la recherche sur l'enseignement de la langue arabe. Les résultats des tests fournissent des données analytiques qui permettent de développer des méthodes d'enseignement plus efficaces », a déclaré M. Almalki.

Il a ajouté que la diversité des nationalités des participants au test témoignait du succès mondial d'Hamza en tant que test international.

« Cette diversité souligne la confiance que les apprenants et les établissements d'enseignement accordent à la KSGAAL, ainsi que la fiabilité du test pour évaluer de manière standardisée et précise les compétences linguistiques », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des étudiantes participent aux événements « Girls on Track » de la FIA lors du championnat de Formule E à Jeddah

Les filles de la FIA sur la piste au Championnat de Formule E à Jeddah. (Photo Fournie)
Les filles de la FIA sur la piste au Championnat de Formule E à Jeddah. (Photo Fournie)
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  • L'initiative « Girls On Track » de la FIA vise à accroître la participation féminine en Formule E. Les jeunes femmes âgées de 12 à 18 ans sont invitées à découvrir gratuitement différents aspects de l'industrie du sport automobile.
  • Des ateliers, une promenade dans la voie des stands et des activations dans la Gaming Arena ont eu lieu avant le premier E-Prix de Jeddah.

DJEDDAH : avant le premier E-Prix de Jeddah, la Fédération internationale de l'automobile (FIA), la direction de la Formule E et les équipes et partenaires participants ont pris part à plusieurs événements sur le circuit de la Corniche de Jeddah afin d'éduquer et d'inspirer 120 jeunes filles de la région. L'initiative « Girls On Track » de la FIA vise à accroître la participation féminine en Formule E. Les jeunes femmes âgées de 12 à 18 ans sont invitées à découvrir gratuitement différents aspects de l'industrie du sport automobile.

Les activités, qui se sont tenues le vendredi avant les courses de la nuit, comprenaient des discussions sur les carrières, une visite de la voie des stands, des activités dans l'Arena Gaming et des ateliers animés par des femmes inspirantes du paddock.

En marge de ces événements, la Formule E a organisé une table ronde à l'Université des affaires et de la technologie (UBT) avec l'équipe Nissan de Formule E. Les 70 étudiants de l'UBT présents ont pu écouter un panel d'experts de la Fédération internationale de l'automobile (FIA).

Les questions des étudiants portaient sur l'inauguration du Jeddah E-Prix, les opérations de la semaine de course, les courses durables, les initiatives en faveur de la diversité et l'accent mis par la Formule E sur l'innovation.

Les étudiants ont pu poser des questions sur l'inauguration du Jeddah E-Prix, les opérations de la semaine de course, les courses durables, les initiatives en faveur de la diversité et l'accent mis par la Formule E sur l'innovation.

À propos de cette initiative, Julia Pallé, vice-présidente de la durabilité de la Formule E, a déclaré : « Ces programmes et initiatives profitent aux habitants des communautés qui nous accueillent. Ce week-end, ici à Djeddah, nous veillons à ce que notre week-end de course se déroule selon les normes de durabilité les plus élevées possibles, tout en défendant et en soutenant l'équité, la communauté et l'action environnementale. »

Laiali Al-Zahrani, une étudiante saoudienne de 18 ans qui a participé à l'événement, a déclaré à Arab News : « Cette expérience a été incroyable. Nous avons pu rencontrer certains des pilotes, des personnes extraordinaires, et découvrir comment les membres d'une équipe travaillent ensemble pour gagner. Nous avons appris l'importance du travail d'équipe. Nous avons également appris l'importance de la communication et de l'organisation pour rendre les choses efficaces et sûres. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Selon les libraires de Cisjordanie, les arrestations reflètent la répression israélienne contre la culture palestinienne

Mahmoud Muna (au centre) avec sa femme et son cousin après sa libération de la détention israélienne à Jérusalem, le 11 février 2025 (capture d'écran).
Mahmoud Muna (au centre) avec sa femme et son cousin après sa libération de la détention israélienne à Jérusalem, le 11 février 2025 (capture d'écran).
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  • Mahmoud Muna et son neveu Ahmed ont été arrêtés dimanche, après que la police israélienne a effectué une descente dans les librairies familiales, accusées de vendre des livres soutenant le terrorisme.
  • « Ce cas n'est pas un événement isolé, mais fait partie d'une série d'attaques contre les institutions culturelles palestiniennes », a déclaré Mahmoud.

LONDRES : Deux libraires de Cisjordanie, récemment arrêtés par la police israélienne, affirment que leur détention s'inscrit dans le cadre d'une escalade des efforts déployés par les autorités israéliennes pour supprimer la culture palestinienne.

Dans une interview accordée au Guardian, Mahmoud Muna et son neveu Ahmed, dont la famille possède la librairie Educational Bookshop à Jérusalem-Est depuis plus de 40 ans, ont décrit la descente dans leur magasin comme faisant partie d'une campagne plus large visant à étouffer l'identité palestinienne et la liberté d'expression.

« Nous ne devrions pas considérer cela comme un événement isolé », a déclaré Mahmoud. « Il y a eu une série d'attaques contre des institutions culturelles à Jérusalem et ailleurs. Je pense que l'establishment israélien est conscient du rôle que jouent les institutions culturelles dans la galvanisation et la protection de l'identité culturelle palestinienne. »

Le raid a eu lieu dimanche dernier, lorsque des officiers en civil ont pénétré dans deux des succursales de la librairie située rue Salah Eddin, l'une spécialisée dans les livres arabes, l'autre dans les publications en anglais et en langues étrangères. Mahmoud et Ahmed ont été arrêtés et placés en détention pendant deux jours.

La police israélienne a accusé les deux hommes de « vendre des livres contenant de l'incitation et du soutien au terrorisme », affirmant que les agents avaient trouvé des documents contenant des « thèmes palestiniens nationalistes », notamment un livre de coloriage pour enfants contenant la phrase « De la rivière à la mer », qui, selon les Israéliens, serait contestable.

Les deux hommes ont déclaré que la police avait confisqué environ 300 livres pour les examiner, mais que tous avaient finalement été restitués, à l'exception de huit d'entre eux, dont le livre de coloriage, qui, selon eux, avait été envoyé pour examen et n'était pas en vente.

Après avoir comparu devant le tribunal de première instance de Jérusalem lundi, les charges retenues contre eux ont été ramenées à un délit d'ordre public, mais il leur a été ordonné de passer 24 heures de plus en détention, suivies de cinq jours d'assignation à résidence.

Leur arrestation a suscité une condamnation internationale, les journalistes et les diplomates suivant de près l'affaire. En Israël, l'incident a également suscité des critiques, le journaliste Noa Simone qualifiant la descente de police d'« acte fasciste » qui « évoque des associations historiques effrayantes avec lesquelles chaque Juif est très familier ».

Se remémorant leur détention, les libraires ont décrit les conditions de vie comme étant « tout simplement indignes d'un être humain ». Ils ont indiqué qu'ils étaient détenus dans des cellules surpeuplées, sans fenêtre et sans chauffage, et qu'ils étaient contraints de dormir sur des nattes posées sur un sol en béton, dans des températures proches du point de congélation. Ils ont assimilé ce traitement à de la torture psychologique.

Bien que leur expérience ait été difficile, ils reconnaissent que leur situation aurait pu être bien pire sans l'attention et le soutien de la communauté internationale.

« Que se serait-il passé si nous ne travaillions pas dans une librairie d'envergure internationale, avec de bonnes relations internationales ? » demande Mahmoud. « L'affaire aurait probablement été manipulée contre nous.

Il a également mis en garde contre les conséquences plus larges de leur arrestation. « La question est de savoir jusqu'où ils vont aller. S'ils s'attaquent maintenant aux librairies palestiniennes, ils s'en prendront ensuite aux librairies israéliennes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com