La dépendance à l'égard des énergies fossiles compromet la santé des humains, selon une étude

Le changement climatique affecte également la propagation des maladies infectieuses, montre le rapport (Photo, AFP).
Le changement climatique affecte également la propagation des maladies infectieuses, montre le rapport (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 26 octobre 2022

La dépendance à l'égard des énergies fossiles compromet la santé des humains, selon une étude

  • La montée des températures et les phénomènes météorologiques extrêmes - rendus plus probables par le changement climatique - laissent aujourd'hui près de 100 millions de personnes supplémentaires en situation d'insécurité alimentaire
  • Par ailleurs, les décès liés à la chaleur ont augmenté de 68% entre 2017 et 2021 par rapport à 2000-2004

PARIS: "La crise climatique nous tue": des experts médicaux internationaux dénoncent mercredi la trop grande dépendance mondiale aux énergies fossiles, à l'origine du dérèglement climatique, qui entraine des effets délétères sur la santé.

"Le monde se situe à un tournant. (...) Nous devons changer. Sinon nos enfants seront confrontés à une accélération du changement climatique qui menacerait leur survie", alerte Anthony Costello, professeur et co-président du Lancet Countdown, étude annuelle menée par 99 experts issus de 51 institutions, notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Organisation météorologique mondiale (OMM), sous la supervision de University College de Londres.

Alors que les pays et les systèmes de santé doivent faire face aux retombées de la pandémie de Covid-19, l'analyse, publiée à quelques jours de l'ouverture de la réunion onusienne sur le climat COP27 à Charm el-Cheikh, souligne que la grande majorité des pays allouent encore des centaines de milliards de dollars en subventions aux combustibles fossiles, des sommes comparables ou même supérieures à leurs budgets de santé.

Décés liés à la chaleur: +68% en deux décennies 

Or, "la dépendance excessive et persistante vis à vis des combustibles fossiles aggrave rapidement le changement climatique" et "engendre des répercussions dangereuses pour la santé", souligne l'étude.

La montée des températures et les phénomènes météorologiques extrêmes - rendus plus probables par le changement climatique - laissent aujourd'hui près de 100 millions de personnes supplémentaires en situation d'insécurité alimentaire grave, par rapport à la période 1981-2010, note Elizabeth Robinson, directrice du Grantham Research Institute à la London School of Economics, l'une des principales contributrices au rapport.

Par ailleurs, les décès liés à la chaleur ont augmenté de 68% entre 2017 et 2021 par rapport à 2000-2004, et l'exposition humaine aux jours à haut risque d'incendie a augmenté de 61% sur des périodes similaires.

Le changement climatique affecte également la propagation des maladies infectieuses, montre le rapport. La période propice à la transmission du paludisme a augmenté de près d'un tiers (32,1%) dans certaines régions des Amériques et de 14% en Afrique au cours de la dernière décennie, par rapport à la période 1951-1960. Au niveau mondial, le risque de transmission de la dengue s'est accru de 12% sur la période.

"La crise climatique nous tue. Elle nuit non seulement à la santé de notre planète, mais aussi à celle de tous ses habitants (...) tandis que l'addiction aux combustibles fossiles devient hors de contrôle", a réagi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, réclamant des investissements dans les énergies renouvelables et la résilience climatique.

Il y a un an, l'OMS avait estimé qu'entre 2030 et 2050, près de 250 000 décès supplémentaires par an seraient imputables au changement climatique.

«150 ans pour décarboner l'énergie»

Selon l'étude, les pays contribuent eux-mêmes à ces crises sanitaires en subventionnant les énergies fossiles: 69 des 86 gouvernements analysés subventionnent la production et la consommation de combustibles fossiles, pour un total net de 400 milliards de dollars en 2019.

Résultat: "l'intensité en carbone du système énergétique mondial (secteur qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre) a diminué de moins de 1% par rapport à 1992" et "au rythme actuel, une décarbonation complète de notre système énergétique prendrait 150 ans", est-il souligné.

"Les stratégies actuelles de nombreux gouvernements et entreprises enfermeront le monde dans un avenir fatalement plus chaud, nous liant à l'utilisation de combustibles fossiles qui nous ferment rapidement les perspectives d'un monde vivable", souligne Paul Ekins, professeur de ressources et de politiques à la Bartlett School de l'University College London.

Pour faire face, les auteurs appellent à une "réponse centrée sur la santé".

Ainsi, l'amélioration de la qualité de l'air permettrait d'éviter les décès résultant de l'exposition aux combustibles fossiles, dont le nombre s'élève à 1,3 million pour la seule année 2020.

Et l'accélération de l'évolution vers des régimes alimentaires végétaux permettrait de réduire 55% des émissions agricoles et d'éviter jusqu'à 11,5 millions de décès annuels liés à l'alimentation.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.