Business France: «Nous ferons Moyen-Orient notre zone prioritaire de développement»

Pour Axel Baroux, le nouveau délégué français au commerce et à l'investissement aux EAU et directeur régional de Business France au Moyen-Orient, le moment est favorable pour renforcer la présence française. Capture d'écran.
Pour Axel Baroux, le nouveau délégué français au commerce et à l'investissement aux EAU et directeur régional de Business France au Moyen-Orient, le moment est favorable pour renforcer la présence française. Capture d'écran.
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Publié le Samedi 29 octobre 2022

Business France: «Nous ferons Moyen-Orient notre zone prioritaire de développement»

  • Pour Axel Baroux, le nouveau délégué français au commerce et à l'investissement aux EAU et directeur régional de Business France au Moyen-Orient, le moment est favorable pour renforcer la présence française
  • Pour aider à l'expansion des entreprises françaises dans la région, le nouveau délégué mettra en place un plan d’action avec comme point fort l’accompagnement individuel des entreprises dans la durée

PARIS : Dans un contexte de crise géopolitique et énergétique où les alliances sont remises en cause, la France et les pays du Golfe ont tissé des liens stables et créé une relation de confiance. 

Si Paris a su établir également une présence économique forte dans la majorité des pays du Proche et Moyen-Orient, consolidée par les dialogues stratégiques et les visites de haut niveau, il reste cependant de la marge pour progresser. Mais le contexte est très concurrentiel, car la région, stimulée par la hausse des prix du pétrole et les réformes économiques et sociétales, enregistre un des taux de croissance les plus importants au monde. Elle est donc courtisée par le monde entier. Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), l’économie des Émirats arabes unis (EAU) devrait croître de 5,1% cette année et de 4,2% en 2023. Elle sera suivie par Oman (4,1%), l’Arabie saoudite (3,7%), le Koweït (2,6%) et le Qatar (2,4%) l’année prochaine. 

Pour renforcer sa position à l’international, la France s’est dotée depuis 2017 d’un instrument de promotion économique, la «Team France», qui regroupe les chambres de commerce françaises, la banque d’investissement publique BPI France, les conseillers du commerce extérieur, les ambassades, et Business France (agence publique de promotion de l’économie française à l’international). Cette dernière a pour mission notamment d’accompagner les nouveaux acteurs sur le marché à l’étranger, de créer les opportunités de signature de contrats et de partenariats entre entreprises françaises et étrangères, ainsi que de promouvoir l'attractivité tricolore auprès des investisseurs étrangers. 

Pour Axel Baroux, le nouveau délégué français au commerce et à l'investissement aux EAU et directeur régional de Business France au Moyen-Orient, le moment est favorable pour renforcer la présence française. «La région est en plein boom économique avec des opportunités multiples et multisectorielles, et il en est de même sur le plan financier. Les relations bilatérales sont excellentes, donc on a, dans cette région du monde, et aux Émirats en particulier, toutes les possibilités de faire un travail de très grande qualité», déclare-t-il à Arab News en français. «Mon ambition est de faire de cette zone une zone prioritaire pour l’agence Business France, et de faire de cette région une success story gagnant-gagnant», ajoute-t-il.  

Avec le bureau régional établi à Dubaï, l’agence est présente dans sept pays: l’Arabie saoudite (avec des bureaux à Riyad et à Djeddah), le Koweït, le Qatar, la Turquie, Israël et les EAU. En tout, une soixantaine de personnes chargées de répondre aux demandes des entreprises françaises «très intéressées notamment par les Émirats et par les grands projets annoncés en Arabie saoudite».  

Principal centre économique et financier de la péninsule Arabique depuis une quinzaine d’années, les Émirats sont le premier client de la France parmi les pays du Proche et Moyen-Orient (35% des exportations françaises vers la région en 2021) et son deuxième fournisseur (17% des importations françaises), derrière l’Arabie saoudite. Le commerce bilatéral (exportations et importations) s'élevait à 5,6 milliards d'euros, après 4,8 milliards d'euros en 2019 (+ 8% ) et 3,9 milliards d'euros en 2020. Les exportations françaises sont tirées notamment par l’aéronautique (25% avec près d’un milliard d’euros de commandes) et les produits de luxe, parfums et cosmétiques, en passant par les équipements de communication et les produits pharmaceutiques (la France est le cinquième fournisseur de produits pharmaceutiques aux Émirats). Quant aux importations françaises, elles se concentrent sur les produits pétroliers. 

La France a la cote dans la région: elle a signé l’an dernier de gros contrats stratégiques avec les EAU dans le secteur de la défense pour un montant de 19 milliards de dollars (1 dollar = 0,99 euro). Au Qatar, TotalEnergies a été récemment sélectionné pour s'associer à QatarEnergy sur le champ gazier Giant North Field East. 

Bilan et nouveau plan d'action  

Malgré tout, Paris se place seulement troisième parmi les partenaires européens, en parts de marché, dépassé par Berlin et Londres. «Il y a encore de la place pour de l’amélioration. il s’agit simplement d’être meilleur que les autres», lance Axel Baroux. «La France est perçue comme un pays d’ingénieurs. Je souhaite que l’on soit perçu aussi comme une nation de commerçants dorénavant.» 

Pour aider à l'expansion des entreprises françaises dans la région, le nouveau délégué mettra en place un plan d’action avec comme point fort l’accompagnement individuel des entreprises dans la durée. «Nous allons continuer notre travail sur les plus grands salons à Dubaï, mais il ne s’agit pas uniquement d’assurer la présence de l’entreprise à un ou plusieurs salons. Il faut suivre son évolution sur la durée et sur l’ensemble des marchés de la région», explique-t-il. «L’Expo 2020 a été cruciale pour façonner une nouvelle dynamique. Nous avons soutenu plus de 400 entreprises françaises à travers différents événements sur le pavillon France et avons connecté plus de 1600 acteurs économiques lors de nos sessions de networking», ajoute M. Baroux. 

Dans l’élan, «nous allons organiser également un forum régional d’affaires afin de développer de nouveaux business entre acteurs régionaux et entreprises françaises». Le forum se tiendra l’année prochaine à Paris, sous le haut patronage du président de la République, et aura lieu au ministère de l’Économie et des Finances, avec le soutien du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. 

Enfin, Business France souhaite développer ses plateformes d’e-commerce: des vitrines dans les domaines de la cosmétique ou de l’agroalimentaire pour mieux connecter les acheteurs de la région avec les acteurs français. 

La présence française double en dix ans 

Historiquement très liée à la région, la France est un important investisseur: le stock d'investissements directs étrangers (IDE) français aux EAU s’établissait à 2,5 milliards d’euros en 2020. Selon les dernières données locales, Paris était le 3e investisseur étranger dans l’émirat d’Abu Dhabi en 2016, avec 7,7% du stock d’IDE, tandis qu’à Dubaï, il se plaçait au 5e rang en 2018 (chiffres gouvernement français). En Arabie saoudite, le stock d’investissements directs français est estimé à quelques 3 milliards de dollars. Cela représente 25% des IDE français au Moyen-Orient (Qatar: 1%, EAU: 21%) 

Le nombre d’entreprises françaises a plus que doublé en dix ans aux EAU, passant de 250 en 2009 à près de 600 aujourd’hui, représentant plus de 30 000 emplois directs. Elles sont près de 150 en Arabie saoudite et plus de 200 au Qatar. Plusieurs grands groupes (Total, EDF, Thales, Safran, Alstom, Airbus, Engie, mais aussi Sanofi, Ipsen, Servier, Air Liquide et Hygienair…), entreprises de taille intermédiaire (ETI), et petites et moyennes entreprises (PME) ont établi leurs quartiers régionaux à Dubaï, notamment dans les zones franches, profitant du positionnement central du pays pour atteindre aussi les marchés africains ou asiatiques. Les Français sont présents dans tous les principaux secteurs de l’économie régionale: aéronautique et espace civil et militaire, produits de luxe, énergie, développement durable, transport urbain, banque et assurance, hôtels, commerce de détail et industrie, etc. «Avec quelques success stories, comme celle de l’agence créative Studio BK – qui fait partie de BK international Group –, en charge du marketing pour de grandes entreprises comme Emaar ou Dubai Holding et productrice du contenu du dôme Al Wasl à l’Expo 2020 de Dubaï par exemple, ou encore celle de la société de technologie quantique Pasqal qui s’est associée à Saudi Aramco pour développer des applications d'informatique quantique pour le secteur de l'énergie», ajoute Axel Baroux. D'autres événements de jumelage d'entreprises sont également en train de voir le jour dans le secteur de la construction, de l'industrie et de la mobilité. 

Les entreprises françaises innovantes sont aussi reconnues dans le monde entier pour leur expertise dans CyberSec, FinTech, IA. 

«Les startups françaises sont en plein essor. L'année dernière, elles ont levé globalement 11,7 milliards d'euros (+ 115% par rapport à l'année précédente). Dans les six premiers mois du 2022, elles ont levé 8,4 milliards d’euros dans le monde. En plus des fonds souverains, on constate aussi un intérêt croissant de la part des capitaux privés de la région dans nos start-up. Nous travaillons sur certains projets avec des entreprises privées, par exemple dans le secteur de recherche et développement (R&D)», déclare Raffaella Silvetti, directrice du département Invest in France chez Business France. 

Car au-delà de l’accompagnent des entreprises à l’international, la mission de Business France consiste aussi à attirer les investisseurs vers l’hexagone. «Pour la troisième année consécutive, la France est devenue le pays le plus attractif au niveau européen pour les investisseurs étrangers, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne, selon l'étude d'attractivité européenne du cabinet de conseil indépendant Ernst & Young (EY)», ajoute Raffaella Silvetti. La France redevient également le leader européen pour les projets industriels ainsi que pour les décisions d'investissement en R&D, toujours selon la même étude. 

Les EAU sont déjà l'un des plus grands investisseurs étrangers du Moyen-Orient en France à travers notamment des fonds souverains. Ces investissements devraient croître à la suite de la signature de partenariats d'investissement avec Mubadala et avec l'ADQ à l'occasion de la visite du président Macron aux EAU en décembre 2021. 

L’agenda à venir 

Après avoir réuni une soixantaine d’entreprises au salon tech Gitex de Dubaï en octobre, Business France participera au rendez-vous annuel mondial des professionnels de l’énergie ADIPEC a Abu Dhabi, avec une délégation de 37 entreprises françaises spécialisées dans les technologies du pétrole, du nucléaire, ou encore des énergies renouvelables.

Les 22 et 23 novembre, dans le cadre du dialogue stratégique avec les EAU, Business France, CCI France-UAE, Borouge et Adnoc organiseront la 6e édition des «jours d’énergie» à Abu Dhabi et Al-Ruwais.

Le secteur français de la construction sera présent, lui aussi, en décembre prochain au Big 5 Show de Dubaï. Plus d’une centaine d’entreprises françaises se rendront au Beauty World Middle East (31 octobre-2 novembre 2022).

La France est le premier partenaire commercial des EAU pour les produits cosmétiques, avec une part de marché estimée à 20% en 2021. Elle est le leader de la parfumerie avec 36% de part de marché.

À travers le label français de la santé, Business France souhaite réunir plus de 80 PME françaises à Arab Health.

Dans le domaine agro-alimentaire, plus de 50 fabricants d'équipements et d'ingrédients seront présents à Gulfood Manufacturing en novembre prochain. 


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.