Les options politiques de Biden au Moyen-Orient vues par les experts

De nombreux analystes estiment que si le Moyen-Orient n'est peut-être pas la principale préoccupation de l'administration démocrate pour le moment, les États-Unis n'ont aucun intérêt à se renoncer à la région. (AFP / Fichier Photo)
De nombreux analystes estiment que si le Moyen-Orient n'est peut-être pas la principale préoccupation de l'administration démocrate pour le moment, les États-Unis n'ont aucun intérêt à se renoncer à la région. (AFP / Fichier Photo)
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Publié le Mercredi 11 novembre 2020

Les options politiques de Biden au Moyen-Orient vues par les experts

  • On craint de Biden un réengagement avec la République islamique et à des efforts pour reprendre ou renégocier l'accord nucléaire iranien
  • Bien que la Chine ne fasse pas encore partie de la géopolitique du Moyen-Orient, cette situation finira par changer

DUBAI: Joe Biden est membre du Comité sénatorial américain des relations étrangères depuis longtemps, mais la place exacte de la politique étrangère dans la liste des priorités du président américain reste nébuleuse.

De nombreux analystes estiment que si le Moyen-Orient n'est sans doute pas la principale préoccupation de l'administration démocrate pour le moment, les États-Unis n'ont aucun intérêt à renoncer à la région.

Les experts qui ont participé à une session intitulée «Les élections américaines: le retour de la concurrence internationale au Moyen-Orient» anticipent un changement dans les relations entre les États-Unis et le monde arabe.

La table ronde virtuelle de lundi, animée par Ebtesam Al-Ketbi, présidente du Centre des politiques des Émirats, fait partie du septième débat stratégique d'Abou Dhabi.

«Le Moyen-Orient n'est pas une grande priorité pour cette nouvelle administration», a déclaré Paul Salem, président de l’Institut du Moyen-Orient. «Les États-Unis traversent la pire pandémie depuis un siècle, et la pire récession économique depuis la Grande crise des années 1930. La politique étrangère du Moyen-Orient n’a pas été évoqué dans les élections et le public américain n’est pas du tout intéressé par ce sujet».

Il a affirmé que l'administration Biden s’est attachée principalement aux problèmes nationaux      et les questions de politique étrangère impliquant la pandémie, le changement climatique, la reprise économique ou même la concurrence avec la Russie et la Chine.

Attirant l’attention sur la première visite à l'étranger du président Donald Trump, et qui avait eu lieu à Riyad, une ville du Moyen-Orient, Salem a déclaré: «Tout cela ne sera pas le cas dans une nouvelle administration Biden».

Ses opinions ont été reprises par Steven Cook, Eni Enrico Mattei membre principal au Conseil des relations extérieures pour les études sur le Moyen-Orient et l'Afrique, qui a déclaré qu'il faudrait six mois ou plus à l'administration Biden pour «étoffer» son approche à l’égard des différents conflits des pays du Moyen-Orient.

Il a déclaré que la première destination de Biden serait probablement le Canada, suivie de l’Europe. «La grande question est de savoir si nous verrons une continuité ou un réel changement dans la politique étrangère américaine au Moyen-Orient», a révélé Cook.

«La tendance la plus probable est de voir beaucoup plus de continuité dans les relations relatives à la région, malgré les revirements importants de la politique étrangère américaine d’une administration à une autre ces dernières années».

(De la droite a la gauche) Le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn Abdullatif Al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis Abdullah bin Zayed Al-Nahyan en possession des documents après la signature des accords d'Abraham. (AFP / Fichier Photo)
(De la droite a la gauche) Le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn Abdullatif Al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis Abdullah bin Zayed Al-Nahyan en possession des documents après la signature des accords d'Abraham (AFP / Fichier Photo)

En ce qui concerne l'Iran, Cook s'attend à un passage de la «pression maximale» à un réengagement avec la République islamique et à des efforts pour reprendre ou renégocier le Plan d'action global conjoint de 2015, communément appelé l'accord nucléaire iranien.

«C'est un changement très important par rapport au président Trump», a déclaré Cook. «C’est une éventualité à laquelle doivent se préparer les leaders de l’autre côté du Golfe, car ce sera à mon avis au cœur de la politique de l’administration Biden au Moyen-Orient».

FAITS MARQUANTS

Débat stratégique d'Abu Dhabi

  • C’est le 7e Débat Stratégique d’Abou Dhabi, qui a a lieu les 9, 10 et 11 novembre.
  • Les sujets principaux sont la Covid-19, les élections américaines et l’accord EAU-Israël.
  • Les discussions organisées via Zoom sont diffusées en direct sur les réseaux sociaux.

Tout a fait d’accord avec le point de vue de Cook, Salem a confirmé que Biden chercherait probablement à renforcer l’accord nucléaire et à engager des négociations sur la défense antimissile sans oublier «l’ingérence» de l’Iran dans les pays de la région. «Ce dont Biden peut bénéficier, c'est que Trump lui a laissé beaucoup de pression sur l'Iran», a-t-il déclaré.

«Il y a tellement de sanctions qui ne seraient pas annulées avec le retour de l'accord nucléaire, et l’administration Biden pourrait utiliser ce point de pression diplomatique avec l'Iran pour obtenir un meilleur résultat qu'il y a quelques années».

Quant aux alliés de Washington dans le Golfe, il prévoit différents types de relations, sans la cordialité personnelle qui existait sous Trump. Il croit que les leaders de la région et l’équipe de Biden devraient comprendre la dynamique de ces relations. «Mais il ne fait aucun doute que le partenariat économique, énergétique, sécuritaire et politique avec les principaux pays du Golfe se ne sera pas énormément affecté», a déclaré Salem.

Cook a décrit la relation américano-saoudienne comme importante, mais qui devrait être institutionnalisée et soumise à un processus de politique étrangère mieux adapté aux États-Unis.

En termes de comportement des démocrates vis-à-vis du Royaume, il anticipe un changement de ton. Cela dit, il ne pas prévoit pas que Biden entreprenne de vrais changements de politique  alors que les États-Unis font face à une pandémie mondiale, à la pire situation économique depuis les années 1930, à des problèmes raciaux et, surtout, dans un contexte où la population est profondément divisée.

«Les dossiers les plus importants sur le bureau du président concernant les affaires internes suggère le Moyen-Orient n’est certainement pas la priorité», a ajouté Cook.

D’après William Wechsler, directeur des programmes au Centre Rafik Hariri et du programme du Moyen-Orient au Conseil de l'Atlantique, la victoire de Biden profitera à la région car un deuxième mandat de Trump aurait, à coup sûr, accéléré la dynamique d'un retrait américain de la région.

«Biden est, au fond, un internationaliste, un institutionnaliste issu d'une génération plus ancienne qui considère que les intérêts des États-Unis résident dans le Golfe et le Moyen-Orient, dans une vision plus élargie», a-t-il déclaré. «Et c’est ainsi qu’il abordera, sans aucun doute, ces problèmes».

Quoique William Wechsler croit que Biden est un internationaliste au fond, les experts s'attendent à ce que son administration se concentre sur les problèmes nationaux et les questions de politique étrangère impliquant la pandémie, le changement climatique, la reprise économique ou même la concurrence avec la Russie et la Chine.
Quoique William Wechsler croit que Biden est un internationaliste au fond, les experts s'attendent à ce que son administration se concentre sur les problèmes nationaux et les questions de politique étrangère impliquant la pandémie, le changement climatique, la reprise économique ou même la concurrence avec la Russie et la Chine (AFP / Fichier Photo)

Cependant, en raison de cette perception répandue du retrait américain, Wechsler prévoit que de nombreux autres pays entreront dans un nouveau vide, la Chine étant une grande réalité économique dans la région. Bien que la Chine ne fasse pas encore partie de la géopolitique du Moyen-Orient, il pense vraiment que la situation finira par changer.

«Vous avez trois acteurs non arabes importants, la Russie, l'Iran et la Turquie, qui prennent autant de place dans ce vide autant qu'ils ne le peuvent», a déclaré Wechsler. «Avant, toute tentative de ces acteurs de s'implanter dans la région avait affaire aux puissances arabes traditionnelles au Caire, à Damas et à Bagdad. Malheureusement, aucun de ces pôles n'est en mesure à présent de fournir un leadership de ce calibre. Il reste donc une coalition croissante de pays qui n’ont jamais été de grands acteurs géopolitiques dans la région, et c’est bien sûr, les pays du Golfe et Israëlcapables de bloquer le mouvement (des acteurs non arabes)».

Suggérant qu'une administration Biden serait «sage» d'encourager ce phénomène, Wechsler a répond par l’affirmative.

Les États-Unis ne vont pas se retirer du Moyen-Orient en raison de leurs intérêts, mais plutôt pour se rééquilibrer; les hydrocarbures restant une composante énergétique importante du futur proche. «Les États-Unis n'abandonneront sûrement pas le contrôle de cette région à l'Iran ou à la Chine», a déclaré Salem.

«L’accent mis sur les armes de destruction massive est un problème du XXIe siècle que les États-Unis ne peuvent pas tolérer. De même que le problème du terrorisme reste le principal problème de sécurité nationale. Washington a une présence militaire, économique, diplomatique et politique primordiale au Moyen-Orient, ils sont solidement ancrés ici et n’iront nulle part».

Wechsler verrait un retrait potentiel des États-Unis de la région comme un «désastre total», mais estime que Biden est le meilleur candidat pour ce problème grâce à son expérience de plusieurs décennies. C'est une chance inespérée pour les habitants de la région, surtout dans le Golfe», a-t-il affirmé.

«Les pays du Golfe devraient tenter d’établir une formule de coexistence avec l'administration Biden, rééquilibrer les rôles et les responsabilités pour protéger nos intérêts communs dans la région, et tenter de projeter nos valeurs communes. Ces arguments ont plus de poids chez Biden que chez Trump, et ils aménageraient le terrain pour une nouvelle philosophie du rôle américain dans la région, et pour longtemps».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Après un an de guerre, des Soudanais se remémorent leurs rêves partis en fumée

Des personnes des États de Khartoum et d'al-Jazira, déplacées par le conflit actuel au Soudan entre l'armée et les paramilitaires, font la queue pour recevoir de l'aide d'une organisation caritative à Gedaref, le 30 décembre 2023. (Photo par AFP)
Des personnes des États de Khartoum et d'al-Jazira, déplacées par le conflit actuel au Soudan entre l'armée et les paramilitaires, font la queue pour recevoir de l'aide d'une organisation caritative à Gedaref, le 30 décembre 2023. (Photo par AFP)
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  • Les start-up «bourgeonnaient dans tout le pays», rivalisant de solutions «pour répondre aux vrais besoins des Soudanais», témoigne depuis les Etats-Unis l’ancienne employée d’une société d'investissement à Khartoum
  • De nombreux Soudanais de la diaspora avaient investi les économies d'une vie dans la construction d'une maison à Khartoum, pour assister impuissants à la saisie de leurs biens par les FSR

LE CAIRE : Au début, en 2018, de la révolution au Soudan, Omar Ushari n'aurait jamais imaginé être un jour réfugié au Caire, après avoir fui la guerre sanglante qui ravage son pays depuis maintenant un an.

A l'époque, cet avocat de 37 ans était derrière les barreaux, comme de nombreux opposants emprisonnés par le régime islamo-militaire d'Omar el-Béchir et, comme eux, il s'était réjoui de ce soulèvement populaire.

Libéré, dans un Soudan assoiffé de changement après la chute d'Omar el-Béchir en 2019, Omar Ushari a décidé de réaliser son rêve: ouvrir un petit café littéraire qu'il a appelé Rateena, un havre de paix où les militants de Khartoum réfléchissaient collectivement à construire «un meilleur Soudan».

Mais quand le 15 avril 2023, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo sont entrés en guerre, M. Ushari a vu son projet «peu à peu partir en fumée».

Pendant des mois, bravant les combats de rue, il s'est rendu à Rateena pour, dit-il, «m'asseoir dans la pénombre, prendre note des pillages survenus depuis ma dernière visite, et me souvenir».

Longtemps, il est resté sidéré, incapable de comprendre «comment la musique, les conférences et les débats avaient disparu au profit des balles perdues éparpillées au sol et l'écho des tirs d'artillerie».

- Une «révolution volée» -

Un an de guerre a dévasté le Soudan et fait des milliers de morts. Le rêve de M. Ushari «n'est qu'un des milliers de rêves qui ont volé en éclat», à l'aune de ce qu'il appelle «une révolution volée».

La transition démocratique enclenchée au départ d'Omar el-Béchir, après 30 ans de pouvoir, a libéré «les espoirs, l'inspiration et l'audace» de la jeunesse, explique à l'AFP Sarah Salmane, qui travaillait à l'époque dans une société d'investissement à Khartoum.

Les start-up «bourgeonnaient dans tout le pays», rivalisant de solutions «pour répondre aux vrais besoins des Soudanais», ajoute-t-elle depuis les Etats-Unis.

A elle seule, Mme Salmane a examiné plus de 50 projets de start-up dans des secteurs variés, allant de la télé-santé à la finance.

Un boom initié par l'«énergie de la révolution», ce moment où «les gens avaient espoir que le Soudan emprunte enfin la bonne voie, sorte des ténèbres et atteigne, via une transition civile, la liberté», se souvient M. Ushari.

Comme nombre de ses compatriotes, l'experte en communication Raghdan Orsud, âgée de 36 ans, a pris part au changement.

Elle a co-fondé la plateforme de lutte contre la désinformation Beam Reports, «convaincue du rôle que les médias peuvent jouer dans une transition démocratique», dit-elle à l'AFP depuis Londres.

Mais deux mois après le lancement de sa plateforme, cette fragile transition a déraillé lorsqu'en octobre 2021, les deux généraux aujourd'hui en guerre ont mené ensemble un coup d'Etat et confisqué le pouvoir aux civils.

«C'était une période douloureuse, des manifestants étaient tués toutes les semaines», se souvient M. Ushari.

Pourtant, malgré la répression, la jeunesse soudanaise a continué à battre le pavé pour exiger le retour des civils au pouvoir.

- Rateena incendié -

Puis un samedi, à la fin du ramadan, les habitants de Khartoum se sont réveillés au son des tirs d'artillerie.

En une nuit, les cadavres d'habitants abattus par des snipers ou fauchés par des balles perdues ont jonché les rues de Khartoum.

Plusieurs millions d'habitants ont fui la capitale. Raghdan Orsud a dû abandonner l'équipement sonore flambant neuf qu'elle venait d'acquérir. «Tout était encore empaqueté» quand les paramilitaires se sont emparés de son immeuble.

Omar Ushari tentait de s'établir au Caire quand il a reçu un message vidéo montrant un immense incendie.

«C'est comme ça que j'ai appris que Rateena avait brûlé». Avec le café, des milliers de livres et d'oeuvres d'art ont été réduits en cendres.

De nombreux Soudanais de la diaspora avaient investi les économies d'une vie dans la construction d'une maison à Khartoum, pour assister impuissants à la saisie de leurs biens par les FSR.

La cheffe pâtissière Chaimaa Adlan, âgée de 29 ans, raconte que son père, qui vit en Arabie saoudite, «priait pour qu'un bombardement touche la maison». «Il aurait préféré la voir détruite plutôt que transformée en base paramilitaire», ajoute-t-elle.

- «Le Soudan est à nous» -

Mme Adlan, qui venait de lancer une activité de traiteur, s'est retrouvée au Caire, déracinée et sans emploi.

Un an plus tard, elle slalome dans une cuisine animée de la capitale égyptienne, hurlant des ordres à ses équipes tout en mettant la touche finale à ses plats mêlant subtilement arômes soudanais et occidentaux.

Sur scène, M. Ushari, qui s'est associé à Mme Adlan et à d'autres pour ouvrir un restaurant éphémère doublé d'un espace culturel, présente un musicien soudanais qui s'apprête à jouer le répertoire classique du pays.

Cette même jeunesse qui organisait les manifestations rêve toujours de démocratie et chapeaute l'entraide à travers le pays, constituant, d'après l'ONU, «la première ligne» de la réponse humanitaire à la guerre.

Malgré l'exil et la douleur, il reste une «étincelle révolutionnaire» vivace dans le «coeur de tous les Soudanais», dit M. Ushari.

«Le Soudan est à nous tous, alors que faire si ce n'est s'atteler à le reconstruire?», ajoute Mme Orsud.


La province orientale, Qassim et Riyadh se préparent à de fortes averses de pluie et de grêle

Manifa, dans la province orientale de l'Arabie saoudite, a reçu plus de 42 mm de pluie en une heure mardi. (NCM/ X)
Manifa, dans la province orientale de l'Arabie saoudite, a reçu plus de 42 mm de pluie en une heure mardi. (NCM/ X)
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  • Le NCM prévoit de fortes pluies, des vents violents et des tempêtes de grêle dans ces régions mardi
  • Fermeture des écoles, cours en ligne dans certaines parties du Royaume en raison du mauvais temps

Riyad : L'Arabie saoudite recevra davantage de précipitations mardi, la province orientale, la région d'Al-Qassim et la capitale Riyad et sa périphérie étant susceptibles de connaître de fortes pluies, accompagnées de vents violents, de grêle et d'un manque de visibilité, selon les prévisions du Centre national de météorologie (NCM).

Les prévisions du NCM pour mardi sont les suivantes : "Il y aura des vents violents, des tempêtes de sable suivies de fortes pluies et de grêle à Qassim, Riyad, dans la province de l'Est, dans la région de la frontière nord et dans la région de la grêle.

"La province orientale, Qassim et Riyadh enregistreront des températures basses, et il y a un risque de crues soudaines dans ces régions", a ajouté le communiqué.

Hussein Al-Qahtani, porte-parole du NCM, a appelé à la plus grande prudence et à la vigilance en raison des fluctuations météorologiques dans ces régions.

"Manifa, dans la province orientale, a reçu plus de 42 mm de pluie en l'espace d'une heure, et les risques de pluie se poursuivent dans les zones touchées. Nous appelons tout le monde à être prudent et à surveiller les informations météorologiques à travers le centre, étant donné les fluctuations météorologiques qui affectent les régions du Royaume", a déclaré Al-Qahtani.

Suite aux intempéries, les autorités éducatives de plusieurs régions d'Arabie saoudite ont suspendu les cours en présentiel mardi et ont ordonné le transfert des cours en ligne.

La suspension a été annoncée pour les classes de la province orientale, d'Al-Qasim et d'Unaizah dans le centre de l'Arabie saoudite et de Hafr Al-Batin dans le nord-est du Royaume.

Une mesure similaire a été prise pour les écoles de certains gouvernorats de la région de Riyad, notamment Wadi Al-Dawasir, Afif, Dawadmi, Al-Aflaj, Al-Zulfi, Shaqra, Al-Ghat et Al-Majma'ah, sur la base des prévisions émises par le NCM, afin d'assurer la sécurité des élèves et du personnel.

Selon les prévisions du NCM, les régions de Najran, Jazan et Aseer connaîtront des vents violents et des précipitations modérées.

Les villes de la province orientale ont été frappées par des pluies fortes et torrentielles lundi, tandis que le NCM prévoit que le temps pluvieux se poursuivra dans la région, accompagné de vents forts, d'une faible visibilité, de tempêtes de grêle, d'orages et d'inondations soudaines.

Dans un contexte d'instabilité météorologique dans la région du Golfe, une dépression pluvieuse a frappé Oman en début de semaine et les Émirats arabes unis lundi, provoquant des inondations, et elle pourrait s'étendre plus loin.

La défense civile saoudienne et les autorités chargées de la circulation ont mis en garde les automobilistes contre le risque de dérapage des voitures en cas de pluie, et conseillé aux habitants d'être prudents lorsqu'ils sortent.

La direction générale de la défense civile saoudienne a mis en garde la population contre les dangers potentiels, le NCM ayant prévu que les mauvaises conditions météorologiques se poursuivraient.

La direction a déclaré mardi que les prévisions du NCM indiquent des pluies fortes à modérées dans tout le Royaume.

"La défense civile appelle tout le monde à la prudence et à se conformer à ses instructions en raison des conditions météorologiques dans la province de l'Est. Votre coopération est nécessaire. Votre sécurité est notre objectif", a déclaré la défense civile.


Des Libanais réfugiés en Israël face au spectre d'une autre guerre

De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne sur le village de Majdel Zoun, au sud du Liban, le 15 avril 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne sur le village de Majdel Zoun, au sud du Liban, le 15 avril 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Des deux côtés de la frontière, dans une bande de plusieurs kilomètres devenue de facto une zone de guerre, des dizaines de milliers de Libanais et d'Israéliens ont fui la région
  • Israël réplique par des frappes de plus en plus profondes en territoire libanais contre des cibles du mouvement de Hassan Nasrallah

TIBERIADE: "Ils nous ont dit de nous préparer pour passer deux semaines à l'hôtel, à Tibériade. Ca fait déjà six mois", lance Claude Ibrahim, un Libanais réfugié de longue date en Israël de nouveau déplacé par la guerre.

Depuis le 7 octobre, le conflit larvé entre Israël et le Hezbollah libanais ravive les traumatismes de l'exil des anciens de l'Armée du Liban-Sud (ALS) et de leurs familles, réfugiés il y a plus de 20 ans en Israël.

Les "Tsadalnikim", littéralement en hébreu "ceux de l'ALS", sont les anciens membres de la milice, en grande majorité chrétienne, alliée à Israël dans les années 80 et 90 lors de la guerre dans le sud du Liban.

Ils se sont réfugiés du côté israélien de la frontière après le retrait israélien de la zone en mai 2000, de crainte de mesures de représailles du Hezbollah, contre lequel ils se sont battus pendant des années au Liban.

Depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, la mouvement chiite, allié de l'Iran comme le mouvement islamiste palestinien, tire quasi-quotidiennement sur le nord du pays voisin.

Israël réplique par des frappes de plus en plus profondes en territoire libanais contre des cibles du mouvement de Hassan Nasrallah. Une escalade qui fait craindre le déclenchement d'une guerre.

Des deux côtés de la frontière, dans une bande de plusieurs kilomètres devenue de facto une zone de guerre, des dizaines de milliers de Libanais et d'Israéliens ont fui la région.

«Génération après génération»

Bras droit de l'ancien commandant de l'ALS Antoine Lahad après le retrait israélien du sud du Liban, Claude Ibrahim a été à nouveau évacué, en octobre dernier, avec sa famille, de Kyriat Shmona, ville complètement vidée de ses habitants.

"C'est comme si l'histoire se répétait (…) génération après génération", déplore-t-il, en soulignant que l'évacuation de 2000 faisait elle-même suite à une série d'autres déplacements de la population pendant la guerre civile au Liban dans les années 70.

Sur les 6.000 à 7.000 Libanais passés en Israël en mai 2000, environ 3.500 y vivent encore avec leurs familles, selon les chiffres des autorités israéliennes. Ils sont enregistrés comme "Libanais" d'Israël et ont obtenu la nationalité israélienne en 2004.

Peu après leur arrivée dans le pays, où les autorités ne les ont que partiellement et tardivement pris en charge, beaucoup sont partis en Suède, en Allemagne ou au Canada. D'autres, plus rares, sont rentrés au Liban, où ils ont fait face à la justice, accusés de collaboration avec Israël.

Tous les anciens de l'ALS en Israël ont de la famille au Liban, la plupart dans des villages à quelques kilomètres de la frontière.

Rares sont ceux qui acceptent d'être interviewés, craignant des représailles contre leurs proches, avec lesquels ils ne sont en contact que via des tierces personnes.

Maryam Younnes, 28 ans, étudiante en communication à l'université de Bar-Ilan, près de Tel-Aviv, avait cinq ans lorsqu'elle est arrivée en Israël avec ses parents.

«Gros coup au Hezbollah»

Lorsque son père, un ancien officier de l'ALS, est décédé il y a une dizaine d'années, il a pu être inhumé dans leur village de Debel à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau de Maalot-Tarshita, la petite localité israélienne où ils se sont installés.

Le reste de leur famille est resté à Debel et Beyrouth.

"Je suis très inquiète pour ma famille, pour mon village (...) J'espère qu'il y aura un moyen de les protéger" en cas d'escalade entre Israël et le Hezbollah, dit la jeune femme qui se définit comme "à moitié libanaise et à moitié israélienne".

Des inquiétudes partagées par Claude Ibrahim qui dit cependant espérer qu'en cas de guerre, Israël "finira" le Hezbollah et que ce sera la "dernière" guerre contre ce mouvement.

"La seule solution, c'est un gros coup au Hezbollah pour qu'il comprenne qu'il n'y a pas d'autre voie que de faire la paix", dit-il.

Il dit croire en la paix entre Israël et le Liban, deux pays, qui, selon lui, n'ont pas de "raison de principe" d'être en guerre.

Mais pour Asher Kaufman, professeur d'histoire spécialiste du Liban à l'université américaine Notre-Dame (Indiana), cette vision "d'une relation idéale entre les chrétiens libanais et les Israéliens, qui était à la base de l'invasion de 1982 (du Liban par Israël) s'est complètement effondrée".

Israël a cessé de "considérer le Liban comme la Suisse du Moyen-Orient" pour le voir comme "un bourbier violent avec lequel on ne veut pas avoir à faire".