ONU: Les Palestiniens de Cisjordanie en passe de subir l'année la plus meurtrière

Un manifestant brandissant un drapeau palestinien se dispute avec un soldat israélien tenant un lanceur de gaz lacrymogène lors d'affrontements en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
Un manifestant brandissant un drapeau palestinien se dispute avec un soldat israélien tenant un lanceur de gaz lacrymogène lors d'affrontements en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 02 novembre 2022

ONU: Les Palestiniens de Cisjordanie en passe de subir l'année la plus meurtrière

  • Les pays arabes profitent du débat ouvert du Conseil de sécurité des Nations unies pour condamner l'escalade de la violence
  • L'Arabie saoudite déplore l'annexion, l'expansion des colonies et les déplacements forcés dans les territoires occupés par Israël

LONDRES: Les Palestiniens de Cisjordanie occupée connaîtront probablement leur année la plus meurtrière depuis que les Nations unies ont commencé à recenser les attaques, a-t-on indiqué au Conseil de sécurité de l'organisation.

Le coordinateur du processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a déclaré lors du débat ouvert trimestriel du Conseil que l'intensification des opérations militaires israéliennes était un facteur majeur de l'escalade, bien que les attaques des colons aient également augmenté.

Les derniers chiffres de l'ONU montrent qu'au moins 101 Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est ont été tués par les forces de sécurité israéliennes cette année, ce qui constitue la moyenne mensuelle la plus élevée depuis le début du recensement par l’ONU des décès de Palestiniens en 2005.

«Jusqu'à présent, 2022 est en passe de devenir l'année la plus meurtrière pour les Palestiniens de Cisjordanie depuis que les Nations unies ont commencé à recenser systématiquement les décès de Palestiniens en 2005», a avisé Wennesland.

«Le désespoir, la colère et les tensions croissantes ont à nouveau éclaté en un cycle mortel de violence de plus en plus difficile à contenir», a-t-il prévenu.

Le coordinateur a souligné des développements positifs, tels que la déclaration d'Alger d'octobre, dans laquelle 14 factions palestiniennes ont accepté de reconnaître l'OLP comme le seul représentant légitime du peuple palestinien et d'organiser des élections pour la présidence de l'Autorité palestinienne, le Conseil législatif et le Conseil national.

Les membres et non-membres du Conseil ont condamné l'escalade de violence par Israël.

L'observateur permanent de l'État de Palestine, Riyad Mansour, a signalé que le Conseil avait laissé ses propres résolutions être violées par Israël pendant des décennies.

«Votre rôle est de protéger la Palestine, sinon vous abandonneriez de fait la solution à deux États», a-t-il averti.  «S'il y a quoi que ce soit de plus que vous puissiez faire, et vous savez qu'il y a beaucoup plus à faire, faites-le. Qu'attendez-vous?»

Le représentant d'Israël, Gilad Menashe Erdan, a déclaré que l'AP joue les victimes au Conseil mais fait l'éloge des «terroristes» dans les rues de Naplouse et de Jénine.

Il a indiqué que son pays était au milieu d'une «vague de terreur» tout en affirmant qu'il y avait eu plus de 4 000 attaques palestiniennes contre des Israéliens cette année. 

Erdan a ajouté que l’ONU était biaisée contre Israël, ce qui, selon lui, envoie le message que les Palestiniens n’ont pas à faire la moindre concession.

Le représentant de l'Arabie saoudite, Abdelaziz al-Wasil, a appelé la communauté internationale à tout mettre en œuvre dans le but de résoudre le conflit et garantir les droits du peuple palestinien.

Al-Wasil a condamné les politiques et les mesures de colonisation israéliennes dans les territoires occupés, notamment l'annexion de terres, la construction et l'expansion de colonies, les déplacements forcés et la destruction de biens.

Il a également exhorté Israël à s'engager dans des négociations sérieuses afin de parvenir à une paix fondée sur la solution à deux États.

Le représentant du Koweït, Faisal al-Enezi, a incité le Conseil à assumer ses responsabilités, telle que définie dans la Charte des Nations unies, de tenir Israël responsable de ses crimes et de ses actions illégales.

Il a en outre salué le retrait de l'Australie de sa reconnaissance de Jérusalem-Ouest comme capitale d'Israël, et a appelé les autres pays à faire de même.

La représentante du Qatar, Ayla Ahmed Saïfi al-Thani, a déclaré que la décision de l'Australie renforce les efforts internationaux en faveur d'une solution à deux États.

Al-Thani a déclaré qu'elle espérait que la Coupe du monde de football, qui débutera au Qatar à la fin du mois, inspirerait les gens et aurait un impact positif sur le processus de paix.

La représentante de la Jordanie, Katherine al-Halique, a révélé qu'Israël tentait de modifier le statu quo juridique et historique de la mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem. Elle a déclaré que l'Awqaf jordanien était la seule institution autorisée à gérer les affaires du lieu saint, et qu'il continuerait à le faire.

La représentante des Émirats arabes unis, Amiereh al-Hefeiti, a souligné que 36% des Palestiniens vivent en dessous du seuil de pauvreté et que la bande de Gaza a l'un des taux de chômage les plus élevés au monde.

«Une solution politique est le seul moyen de mettre fin à ce conflit et d'établir un État palestinien indépendant et souverain sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale», a-t-elle jugé.

Le représentant bahreïni Jamal Fares al-Rowaei a déclaré que la communauté internationale doit répondre aux aspirations du peuple palestinien à un pays pacifique, stable et prospère avec Jérusalem-Est comme capitale.

L'observateur de la Ligue des États arabes, Maged Abdelfattah Abdelaziz, a déclaré que l'échec du Conseil à traiter la question palestinienne conduirait à une plus grande dépendance envers l'Assemblée générale, le Conseil des droits de l'homme, la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale pour faire respecter la démocratie, les droits de l'homme et la loi. 

Il a soutenu que la Palestine devrait se voir accorder le statut de membre à part entière des Nations unies et a ajouté qu'il était illogique qu'Israël condamne la Russie pour son occupation du territoire ukrainien tout en poursuivant ses activités de colonisation en violation de la résolution 2334 du Conseil.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.