NAQOURA : Le Liban et Israël, deux voisins officiellement toujours en guerre, ont achevé mercredi un troisième cycle de négociations sous l'égide de l'ONU et des Etats-Unis, afin de tenter de délimiter leur frontière maritime et lever les obstacles à la prospection d'hydrocarbures en mer.
Les négociations indirectes ont eu lieu dans un contexte de sécurité renforcée dans une base de la force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), dans la ville libanaise de Naqoura, frontalière d'Israël.
Elles ont duré plusieurs heures mais il n'était pas clair dans l'immédiat si des progrès avaient été enregistrés.
Un communiqué conjoint de l'ONU et des Etats-Unis a toutefois qualifié ce troisième round de « productif ». Les deux médiateurs ont dit être « confiants dans le fait que les négociations aboutiraient à un règlement tant attendu ».
Selon l'agence d'information nationale libanaise (ANI), la prochaine session aura lieu le 2 décembre.
Après plusieurs années de médiation américaine, le Liban et Israël avaient annoncé début octobre leur accord pour entamer des négociations sur une zone maritime contestée de 860 kilomètres carrés, selon une carte enregistrée auprès de l'ONU en 2011.
Mais le Liban a maintenant demandé une zone supplémentaire de 1.430 kilomètres carrés plus au sud, qui s'étend dans une partie du champ gazier de Karish qu'Israël a confié à la société grecque Energean pour l'exploration en mer Méditerranée.
« Aujourd'hui nous sommes entrés dans une phase de guerre de cartes », a indiqué l'experte libanaise Laury Haytayan.
Selon une source israélienne proche des pourparlers, l'Etat hébreu a exigé une frontière maritime plus au nord, en profondeur des zones revendiquées par Beyrouth.
Poids lourd de la politique libanaise et ennemi juré d'Israël, le mouvement pro-iranien Hezbollah avait souligné que le « cadre des négociations » concernait « exclusivement » la frontière maritime et la récupération de territoires disputés avec Israël, excluant toute « réconciliation » avec ce pays.
Dans son premier commentaire sur ces pourparlers, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé mercredi que le Liban négociait « en position de force ». « Comme nous avons besoin de délimiter la frontière maritime pour profiter du pétrole et du gaz dans nos eaux régionales, de même l'ennemi ».
« Celui qui veut nous empêcher de profiter du pétrole et du gaz sait que nous aussi nous pouvons l'empêcher d'en profiter », a-t-il dit.
Les deux premiers rounds de négociations ont eu lieu mi et fin octobre. Très peu d'informations ont émergé sur le cours des discussions au cours desquelles les deux délégations communiquent seulement par l'entremise du médiateur même si elles se trouvent dans la même pièce.
Le dossier des hydrocarbures est particulièrement stratégique pour le Liban en faillite, qui mise sur la prospection pour enrayer un effondrement économique total.
En 2018, le pays a signé son premier contrat d'exploration avec un consortium international formé des groupes français Total, italien ENI et russe Novatek. Problème: une partie d'un des deux blocs concernés, le numéro 9, déborde sur la zone de 860 km² que le Liban et Israël se disputent.