Le RN se choisit samedi un nouveau président, Bardella ultra-favori

Jordan Bardella devrait accéder samedi à la présidence du RN, signant une mise en retrait de l'appareil de la part de Marine Le Pen, la finaliste de la présidentielle qui conserve intactes ses ambitions élyséennes. (AFP)
Jordan Bardella devrait accéder samedi à la présidence du RN, signant une mise en retrait de l'appareil de la part de Marine Le Pen, la finaliste de la présidentielle qui conserve intactes ses ambitions élyséennes. (AFP)
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Publié le Jeudi 03 novembre 2022

Le RN se choisit samedi un nouveau président, Bardella ultra-favori

  • Libérée de l'intendance partisane, Marine Le Pen pourra peaufiner une quatrième candidature à la présidentielle dans cinq ans, que personne n'ose remettre en cause
  • Populaire auprès de la base militante, M. Bardella loue sa «relation singulière d'une confiance inestimable» avec Marine Le Pen, à qui il jure régulièrement fidélité et loyauté

PARIS: Jordan Bardella devrait accéder samedi à la présidence du RN, signant une mise en retrait de l'appareil de la part de Marine Le Pen, la finaliste de la présidentielle qui conserve intactes ses ambitions élyséennes.

Le résultat du vote des adhérents, qui sera révélé lors d'un congrès à la maison de la Mutualité à Paris, doit mettre fin à un faux suspense: après trois mois de campagne, nul n'imagine que le président par intérim Jordan Bardella, qui fait face au maire de Perpignan Louis Aliot, puisse échouer à se faire élire à la tête de l'ex-Front national.

"La question, c'est l'ampleur de sa victoire", résume un cadre, alors que l'eurodéputé s'est fixé pour objectif d'obtenir au moins 67,65% des voix, le score obtenu par Marine Le Pen face à Bruno Gollnisch pour succéder à Jean-Marie Le Pen il y a onze ans.

Mais président pour quoi faire? S'occuper des tâches parfois ingrates internes au mouvement, alors que l'épicentre du RN se trouve désormais à l'Assemblée nationale, où Marine Le Pen rayonne sur un groupe de 89 députés et assoit plus que jamais son assise politique et médiatique.

Libérée de l'intendance partisane, elle pourra peaufiner une quatrième candidature à la présidentielle dans cinq ans, que personne n'ose remettre en cause.

Le sacre annoncé de Jordan Bardella doit parachever une fulgurante ascension entamée en 2019 lorsqu'il avait pris la tête de la liste RN aux Européennes, avant de rafler la présidence par intérim du parti l'année dernière.

Originaire de Seine-Saint-Denis, celui qui a fêté mi-septembre ses 27 ans s'est surtout révélé lors de la campagne présidentielle au gré de débats télévisés où son aisance et son habileté ont parfois mis en difficulté des contradicteurs chevronnés.

Populaire auprès de la base militante, M. Bardella loue sa "relation singulière d'une confiance inestimable" avec Marine Le Pen, à qui il jure régulièrement fidélité et loyauté.

Mais, présenté par d'aucuns comme "la créature" de la patronne de l'extrême droite française, il va désormais devoir trouver sa place, alors que le parti a souvent réservé un sort cruel à ses numéros deux - "le destin de dauphin est parfois de s'échouer", avait résumé en son temps Jean-Marie Le Pen.

Les moments forts du FN, devenu RN, depuis l'arrivée de Marine Le Pen à sa tête

En plus de dix ans à la tête du Front national (FN), puis du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen a conduit le parti d'extrême droite à plusieurs succès électoraux, jusqu'à sa percée historique des dernières législatives.

2011-2014, les années fastes 

Marine Le Pen accède le 16 janvier 2011 à la tête du parti cofondé par son père en 1972.

A l'élection présidentielle de 2012, elle arrive en troisième position à 17,9%. Marion Maréchal, sa nièce, et l'avocat Gilbert Collard entrent au Palais Bourbon, mais Mme Le Pen est battue de peu à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).

Sur le front idéologique, Marine Le Pen tente de polir l'image d'un parti secoué par les dérapages de son père Jean-Marie, joignant dans son discours des problématiques sociales aux thèmes habituels de l'immigration et de la sécurité.

Après les municipales de mars 2014, où le FN conquiert onze mairies, le parti remporte une victoire historique - près de 25% des voix - aux élections européennes de mai, loin devant l'UMP et le PS.

2014: père et fille, rien ne va plus 

Quand Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du parti, s'en prend en juin 2014 à des artistes qui ont pris position contre le FN, Marine Le Pen condamne la "faute politique" de son père.

Aux cantonales de mars 2015, le FN arrive en tête dans 43 départements. Mais M. Le Pen contrarie encore la volonté de sa fille de "dédiaboliser" l'image du parti en répétant ses propos sur les chambres à gaz "détail" de l'Histoire.

Le 20 août 2015, Jean-Marie Le Pen, 87 ans, est exclu du FN.

2017: le FN au second tour 

En avril 2017, Marine Le Pen se qualifie pour le second tour de la présidentielle avec 21% des voix, puis s'incline - après un débat télévisé qu'elle reconnaîtra "raté" - avec un score de 33% face à Emmanuel Macron.

Fin juin, elle est mise en examen dans une enquête sur les assistants parlementaires d'eurodéputés de son parti.

Aux législatives, le FN envoie huit députés, dont Mme Le Pen, au Palais Bourbon.

En septembre, Florian Philippot, vice-président, reproche au FN de ne plus faire de la sortie de l'euro sa priorité, et claque la porte.

2018 : le FN devient RN 

Réélue pour un troisième mandat, Marine Le Pen veut symboliser la "mue" du FN en un "parti de gouvernement" susceptible de nouer des alliances : il devient le Rassemblement national (RN).

En juin, la justice européenne confirme qu'elle doit rembourser près de 300.000 euros au Parlement européen pour l'emploi douteux d'une assistante parlementaire. Mme Le Pen dénonce un "assassinat politique".

Sa mise en examen est requalifiée en "détournement de fonds publics".

2019: en tête aux européennes 

Le 26 mai 2019, le RN arrive en tête des élections européennes (23,31%), devançant de peu La République en marche du président Emmanuel Macron. Renforcé dans ses terres de conquête, il attire des cadres LR, mais recule ensuite aux municipales et aux régionales.

En septembre 2021, Marine Le Pen cède les rênes du RN à Jordan Bardella pour se consacrer à la campagne présidentielle. Son rival à l'extrême droite, Eric Zemmour, lui ravit des figures du parti, comme Stéphane Ravier, Gilbert Collard, et même sa nièce Marion Maréchal.

2022 : record de 89 députés 

L'Office européen de lutte antifraude (Olaf) préconise en mars 2022 le remboursement d'environ 600.000 euros que Mme Le Pen aurait abusivement utilisés en tant qu'eurodéputée à des fins de politique nationale.

Le 10 avril, Marine Le Pen se qualifie pour le second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron avec 23,15% des votes, mais s'incline avec 41,5% des suffrages. Jamais l'extrême droite ne s'est approchée à ce point du pouvoir sous la Ve République.

Aux législatives de juin, le RN réalise une percée historique (89 élus), surpassant le précédent record de 1986 (35 députés). Il devient le premier parti d'opposition devant La France insoumise.

«Aigreur» et «mauvaise foi»

Au-delà de ses propres ambitions, c'est sa ligne, voire ses amitiés politiques que mettent en exergue ses détracteurs, l'eurodéputé étant soupçonné d'accointances avec les "identitaires" et d'une trop grande mansuétude envers ceux qui étaient partis chez Eric Zemmour.

Mi-octobre, son empressement à vouloir participer à une manifestation initiée par Reconquête! après la mort de la jeune Lola à Paris - il y a renoncé in extremis - a accentué le trouble, au mieux sur ses capacités d'appréciation de la situation politique, au pire sur ses véritables desseins.

Louis Aliot ne s'y est pas trompé, le mois dernier, en rédigeant une tribune pour fustiger "les excès pratiqués par le Front national d'un autre temps", les "identitaristes" et, surtout, "les adeptes du +grand remplacement+", une expression que seul Jordan Bardella a reprise à son compte, en août 2021, quand Marine Le Pen y a toujours opposé une grande circonspection.

Le maire de Perpignan, le seul élu RN à la tête d'une ville de plus de 100.000 habitants, a eu beau jurer qu'il ne visait qu'Eric Zemmour et ses partisans, son attaque envers son adversaire est apparue transparente. Au point que Jordan Bardella lui a reproché dans le JDD "aigreur et mauvaise foi". "C'est qu'il a mal compris", lui a répondu Louis Aliot.

Celui qui fut dans les années 90 patron du Front national de la jeunesse entend poursuivre l'entreprise de "dédiabolisation" entamée par Marine Le Pen. Il met en avant son expérience et ses responsabilités d'élu local autant qu'une forme d'ouverture politique - il a recruté un ancien collaborateur du feu leader socialiste Georges Frêche.

A défaut d'espérer se faire élire par les militants, Louis Aliot entend réaliser un score suffisant pour peser dans la prochaine direction.

Quitte, bien que les deux prétendants se réclament d'une même ligne "mariniste", à ouvrir un nouveau front.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».