A la COP27, un monde divisé au chevet d'une planète en danger

Cette photo d'archive prise le 17 janvier 2022 montre une vue aérienne du Nil dans la province méridionale égyptienne de Qena, au nord de Louxor. (AFP)
Cette photo d'archive prise le 17 janvier 2022 montre une vue aérienne du Nil dans la province méridionale égyptienne de Qena, au nord de Louxor. (AFP)
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Publié le Vendredi 04 novembre 2022

A la COP27, un monde divisé au chevet d'une planète en danger

  • Plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus lundi et mardi pour le «sommet des leaders» de cette vingt-septième COP dans un contexte de crises multiples et liées
  • Même si tous les pays tenaient leurs promesses, ce qui n'est encore jamais arrivé, le monde serait sur une trajectoire de réchauffement de 2,4°C d'ici la fin du siècle

PARIS: Les représentants d'un monde divisé et dans la tourmente se retrouvent dimanche à Charm el-Cheikh pour deux semaines de conférence au chevet d'une planète ballottée par les catastrophes climatiques et toujours sur la voie d'un réchauffement catastrophique.

Plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus lundi et mardi pour le "sommet des leaders" de cette vingt-septième COP, selon les organisateurs égyptiens, dans un contexte de crises multiples et liées: guerre en Ukraine, tensions inflationnistes et spectre de récession mondiale, crises énergétique, alimentaire et de la biodiversité...

De quoi reléguer au second plan une crise climatique "existentielle, primordiale et omniprésente", selon les mots du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui présidera la COP27.

Les rapports alarmants se sont multipliés depuis la COP26 à Glasgow, quand près de 200 pays s'étaient solennellement engagés à "maintenir en vie" l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, traité fondamental conclu en 2015. A savoir contenir le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, période où les humains ont commencé à brûler à grande échelle les énergies fossiles (charbon, pétrole ou gaz) qui émettent les gaz à effet de serre responsables du réchauffement.

Mais depuis, 24 pays seulement ont relevé leurs engagements et l'ONU ne voit "aucune piste crédible" pour tenir cet objectif.

Même si tous les pays tenaient leurs promesses, ce qui n'est encore jamais arrivé, le monde serait sur une trajectoire de réchauffement de 2,4°C d'ici la fin du siècle. Avec les politiques actuelles c'est un catastrophique +2,8°C qui se profile. "Pitoyablement pas à la hauteur", a fustigé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

Catastrophe mondiale 

Il n'est pourtant pas certain que la COP27 débouche sur de vraies avancées en la matière, notamment en raison des tensions entre les deux plus grands pollueurs mondiaux, les Etats-Unis et la Chine, qui s'étaient pourtant engagés à Glasgow à tenir les négociations sur le climat à l'écart de leurs rivalités.

"Si le contexte politique est si mauvais que les deux plus gros émetteurs ne se parlent pas, nous n'arriverons pas à tenir 1,5°C", prévient Li Shuo, de Greenpeace Chine. La venue en Egypte des présidents chinois Xi Jinping et américain Joe Biden n'est pas annoncée, mais ils pourraient se voir en marge du G20 à Bali, pendant la deuxième semaine de la COP.

Mais en attendant une éventuelle relance, M. Guterres ne peut que sonner une nouvelle fois l'alarme: "nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale".

Catastrophe dont les impacts se multiplient déjà, comme l'a montré 2022: terribles inondations au Pakistan (qui ont mis entre juin et septembre un tiers du pays sous les eaux) ou au Nigeria, canicules, mégafeux et sécheresses, comme dans la corne de l'Afrique où des millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire.

La prise de conscience s'est accentuée dans les pays développés, eux aussi de plus en plus touchés, mais les actes ne suivent pas, notamment sur les financements, probablement le sujet le plus contentieux au menu de la COP27.

Les pays riches n'ont en effet toujours pas tenu l'engagement pris en 2009 de porter à 100 milliards de dollars par an en 2020 leurs financements pour aider les plus pauvres à baisser les émissions et s'adapter aux effets du changement climatique. Le montant a plafonné à 83,3 milliards en 2020, selon le dernier bilan de l'OCDE et l'objectif devrait désormais être atteint en 2023.

Trop tard, et surtout trop peu, dénoncent les plus pauvres, quasiment pas responsables du réchauffement mais sur la "ligne de front" de ses effets dévastateurs. Ils réclament désormais des financements dédiés pour les "pertes et dommages" déjà subis.

Croque-mort 

"Nous n'avons plus besoin de milliards mais de milliers de milliards. Va-t-on répondre aux plus de trois milliards de personnes qui vivent dans des pays vulnérables ?", s'insurge Harjeet Singh, responsable de la stratégie du Climate Action Network, principale coalition mondiale regroupant plus de 1 800 ONG.

"On jugera du succès ou de l'échec de la COP27 sur un accord sur cette facilité de financement des pertes et dommages," renchérit Munir Akram, ambassadeur du Pakistan à l'ONU et président du G77+Chine, principal groupe de pays émergents et pauvres aux négociations climat.

Mais les pays développés y sont très réticents, et n'ont accepté à la COP26 que la création d'un "dialogue" sur la question, prévu jusqu'en 2024. Ils devraient toutefois concéder que le sujet soit officiellement à l'ordre du jour à Charm el-Cheikh. "Collectivement, côté pays développés, on est pas mal sur la défensive" sur le sujet, reconnaît un négociateur occidental.

D'autant que les financements pour l'adaptation, que les pays riches s'étaient engagés l'an dernier à doubler, sont eux aussi à la traîne. "Il vaudrait pourtant mieux payer pour le docteur avant (les dégâts) que pour le croque-mort après", cingle Avinash Persaud, représentant de la Première ministre de la Barbade, Mia Motley, qui milite pour une réforme globale du système financier mondial, pour le réorienter vers l'action climatique.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.