FRANCFORT: La Banque centrale européenne prendra rapidement des mesures supplémentaires si l'inflation élevée persiste et déteint sur les attentes à moyen terme, a prévenu vendredi sa présidente Christine Lagarde.
Entre juillet et octobre, l'institution gardienne de l'euro a relevé ses taux de 2%, du jamais vu dans son histoire. Elle a montré ainsi sa détermination pour abaisser l'inflation qui dépasse les 10% en zone euro, pour l'essentiel tirée par les prix de l'énergie.
Mais "si nous devions voir, par exemple, l'inflation devenir plus persistante et les attentes risquer de se désancrer", c'est à dire s'installer au-dessus de l'objectif de 2%, alors "nous ne pourrions pas attendre que le plein impact des mesures politiques se matérialise", a déclaré Christine Lagarde dans un discours prononcé à Tallinn, en Estonie.
"Nous aurions besoin de prendre des mesures supplémentaires jusqu'à ce que nous soyons davantage convaincus que l'inflation reviendra à la cible en temps opportun", a-t-elle ajouté.
Mme Lagarde suggère que les taux pourraient continuer à monter et ce au-delà du niveau dit "neutre", qui ne pénalise ni ne favorise l'activité et qui lui est en voie d'être atteint lors des mois à venir.
La BCE veut à tout prix combattre l'inflation attisée par les effets de l'invasion armée de la Russie en Ukraine et empêcher que l'inflation s'enracine dans l'économie. Mais ses mesures visant à réduire la demande pourraient encore accentuer la récession qui se profile en zone euro.
"Bien que les données récentes sur la croissance du PIB aient surpris à la hausse, le risque de récession a augmenté", a d'ailleurs reconnu l'ancienne ministre de l'Economie.
Mais le scénario d'une "récession modeste", s'il se matérialise comme prévu au tournant de 2023, sera insuffisant pour "dompter l'inflation", a-t-elle prévenu jeudi lors d'un forum organisé à Riga par la Banque de Lituanie.