Eric Zemmour jugé pour injure raciale, Hapsatou Sy revient sur quatre ans de calvaire

L'animatrice de télévision française Hapsatou Sy arrive au procès du leader du parti d'extrême droite français "Reconquete !", Eric Zemmour, pour "insulte raciste" pour avoir qualifié son prénom d'"insulte à la France", au tribunal judiciaire de Paris, le 4 novembre 2022. (Photo, AFP)
L'animatrice de télévision française Hapsatou Sy arrive au procès du leader du parti d'extrême droite français "Reconquete !", Eric Zemmour, pour "insulte raciste" pour avoir qualifié son prénom d'"insulte à la France", au tribunal judiciaire de Paris, le 4 novembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 04 novembre 2022

Eric Zemmour jugé pour injure raciale, Hapsatou Sy revient sur quatre ans de calvaire

  • Il s’agit d’une «injure à caractère racial» pour laquelle Éric Zemmour est jugé devant la 17e chambre du Tribunal correctionnel de Paris ce vendredi 4 novembre
  • «Ces plaisanteries, je les ai aussi entendues à de multiples reprises dans des réunions de travail, dans la rue, sur les réseaux sociaux et même sur une page Wikipédia»

PARIS: L’affaire en avait choqué plus d’un en 2018: sur le plateau de Salut les Terriens, Éric Zemmour, alors chroniqueur, avait lancé à l’ex-présentatrice du groupe Canal+ Hapsatou Sy que la mère de celle-ci avait eu tort de choisir ce prénom, que Corinne lui irait mieux.

Hapsatou Sy rétorque alors que «ce que vous venez de dire n’est pas une insulte à mon égard, c’est une insulte à la France. C’est extrêmement blessant». Zemmour ne se privera pas de répondre: «C’est votre prénom qui est une insulte à la France.» 

«La France n’est pas une terre vierge, c’est une terre avec une histoire», ajoute-t-il, s'enfonçant encore plus dans un racisme presque assumé. Il s’agit d’une «injure à caractère racial» pour laquelle Éric Zemmour a été jugé devant la 17e chambre du Tribunal correctionnel de Paris ce vendredi 4 novembre. 20 000 euros d’amende ont été requis. Le jugement sera rendu le 12 janvier.

Le président de Reconquête !, ne s'est pas présenté à l’audience, contrairement à Hapsatou Sy. Cette dernière s'est confiée peu avant l’audience au quotidien Le Parisien.

Hapsatou Sy est alors revenue sur cet épisode qui lui a «pourri» la vie. Elle confie que les propos du candidat à la présidentielle française 2022 l’ont poursuivie partout, jusqu’à la salle d’accouchement.

«Le jour où j’accouche de mon deuxième enfant, en novembre 2019, l’anesthésiste s’est permis de me faire une blague en m’appelant Corinne, explique-t-elle. Il avait l’air de trouver ça marrant. J’ai coupé court et demandé qu’il ne s’occupe plus de moi.»

Depuis quatre ans, explique-t-elle, «ces plaisanteries, je les ai aussi entendues à de multiples reprises dans des réunions de travail, dans la rue, sur les réseaux sociaux et même sur une fiche Wikipédia, énumère-t-elle. En fait, c’est l’extrême droite et la horde des sympathisants d’Éric Zemmour qui m’ont rebaptisée Corinne pendant ces quatre années, sous l’impulsion de leur gourou. J’ai aussi reçu de leur part des messages de haine, des enveloppes contenant des excréments, etc. C’est d’une violence inouïe.»

Elle raconte par ailleurs qu'elle a été «progressivement placardisée au sein du groupe Canal+» après cet épisode. Et d'ajouter qu'elle a également eu «un arrêt de travail d’un an pour raisons médicales, en 2021» et qu'elle a été hospitalisée.

Enfin Hapsatou Sy, qui a confirmé sa présence au sein du tribunal ou sera jugé Zemmour, a déclaré: «J’attends aussi que le tribunal entende les conséquences des actes de monsieur Zemmour. On pourrait se dire que ce ne sont que des paroles injurieuses, mais elles ont engendré des conséquences extrêmement lourdes pour moi.»

 


Soupçons d'ingérence: le journaliste M'Barki se dit victime d'«accusations injustes»

Il a été interrogé pendant deux heures par une commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy (Photo, AFP).
Il a été interrogé pendant deux heures par une commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy (Photo, AFP).
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  • «Ces dernières années, j'ai eu la satisfaction de co-présenter l'émission "Faites entrer l'accusé", mais sans savoir que c'est moi qui me retrouverais sur le banc»
  • Sans mettre en doute l'ensemble de cette enquête, M'Barki a assuré que sa «prétendue implication» était «une fable»

PARIS: Rachid M'Barki, ex-journaliste de BFMTV licencié après des soupçons d'ingérence étrangère dans son travail, a clamé son innocence et estimé être la cible d'"accusations injustes", mercredi pour sa première prise de parole publique depuis sa mise en cause.

Il a été interrogé pendant deux heures par une commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy.

"Ces dernières années, j'ai eu la satisfaction de co-présenter l'émission 'Faites entrer l'accusé', mais sans savoir que c'est moi qui me retrouverais sur le banc, spectateur de ma mise à mort professionnelle", a affirmé M. M'Barki.

"Il m'est reproché d'avoir failli à ma déontologie professionnelle en passant des informations non vérifiées à l'antenne et en laissant supposer que j'aurais été rémunéré pour cela. Tout cela est faux et relève de la calomnie pure", a-t-il affirmé, en dénonçant un "lynchage médiatique".

Présentateur des journaux de la nuit de BFMTV et de "Faites entrer l'accusé" sur RMC Story, il a été licencié en février pour faute grave par le groupe Altice, auquel appartiennent ces chaînes. Une plainte contre X pour corruption passive et abus de confiance a été déposée.

En cause, des soupçons d'ingérence étrangère dans son travail de présentateur des journaux de la nuit sur BFMTV. Cela concernait une douzaine de brèves illustrées en image, ayant notamment trait aux oligarques russes, au Qatar ou au Sahara occidental.

M. M'Barki a été mis en cause dans une enquête internationale du collectif de journalistes Forbidden Stories, à laquelle ont contribué pour la France la cellule investigation de Radio France et Le Monde.

Parue mi-février, cette enquête pointait les activités d'une société israélienne, surnommée "Team Jorge", spécialisée dans la désinformation au profit de différents clients, dont des Etats.

Sans mettre en doute l'ensemble de cette enquête, M. M'Barki a assuré que sa "prétendue implication" était "une fable".

"Si en tête de proue de cette enquête on peut brandir la tête d'un présentateur de journal télévisé d'une grande chaîne, dont le nom et le visage est un peu connu des Français, alors là on crée une affaire", a-t-il affirmé en visant le journaliste de Radio France qui a participé à l'enquête.

M. M'Barki a reconnu que le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, cité dans l'enquête de Forbidden Stories, était l'un de ses "informateurs". Mais il a assuré n'avoir eu "à aucun moment l'impression (...) qu'il pouvait travailler pour quelqu'un qui essayait de manipuler une information".

M. M'Barki a toutefois admis avoir fait passer à l'antenne des images fournies à sa demande par ce lobbyiste, notamment sur un forum économique entre le Maroc et l'Espagne organisé en juin dans le Sahara occidental.

"C'était des images neutres", a-t-il fait valoir. Relancé par un député, il a concédé qu'il aurait "peut-être fallu" mentionner sur ces images le fait qu'elles provenaient d'une source extérieure.

"C'est peut-être une erreur de ne pas l'avoir fait, est-ce que c'est mon erreur ou l'erreur de la hiérarchie qui a validé ces images" avant leur diffusion, s'est-il défendu.

A-t-il été manipulé? "Aujourd'hui, je dis que non", a-t-il martelé, revenant sur des déclarations publiées début février par le site Politico, qui avait fait état le premier des soupçons pesant sur lui.

La commission d'enquête doit entendre jeudi le directeur général de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel.


Retraites: la grève des éboueurs à Paris reconduite jusqu'à lundi

Une femme marche avec son vélo près de la Tour Eiffel, devant des tas de sacs poubelles empilés depuis que les éboueurs se sont mis en grève contre le projet de réforme des retraites du gouvernement français à Paris le 21 mars 2023. (Photo, AFP)
Une femme marche avec son vélo près de la Tour Eiffel, devant des tas de sacs poubelles empilés depuis que les éboueurs se sont mis en grève contre le projet de réforme des retraites du gouvernement français à Paris le 21 mars 2023. (Photo, AFP)
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  • «Nous ne sommes pas résignés, le combat peut changer de forme (...) Même si nous on s'essouffle, le monde du travail n'est pas essoufflé», a déclaré Régis Vieceli, secrétaire général CGT de la filière déchets et assainissement à Paris
  • Mercredi, toujours selon la mairie, 9 500 tonnes jonchaient les trottoirs, une estimation en légère augmentation pour la première fois depuis le début des réquisitions décidées jeudi par la préfecture de police

PARIS: La grève des éboueurs parisiens engagée le 6 mars contre la réforme des retraites est reconduite jusqu'à lundi, ont confirmé mercredi à l'AFP les responsables de la CGT qui bloquent l'accès à l'usine d'incinération d'Ivry-sur-Seine.

"Nous ne sommes pas résignés, le combat peut changer de forme (...) Même si nous on s'essouffle, le monde du travail n'est pas essoufflé", a déclaré Régis Vieceli, secrétaire général CGT de la filière déchets et assainissement à Paris, après l'entretien télévisé d'Emmanuel Macron.

Les grévistes ont "la capacité de tenir un moment" grâce à la "coordination et la solidarité", a soutenu Ali Chaligui, qui se présente comme un animateur CGT de la filière dans le privé.

"On vit ici, on couche ici, on mange ici. Ce n'est pas la grève la plus simple à tenir. Je ne sais pas jusqu'à quand on va tenir", a aussi admis Régis Vieceli au milieu d'une vingtaine de salariés en grève et de soutiens extérieurs.

Sous un barnum près du brasero, Eric Geneste, militant du mouvement Alternatiba, est venu apporter en vélo cargo des plats cuisinés par des bénévoles pour "soutenir ceux qui sont en première ligne".

Il regrette le "discours inaudible" du chef de l'Etat, qui "nous a bien fait comprendre qu'il ne bougera rien".

Après plus de deux semaines de grève, le blocage des trois sites d'incinération entourant Paris et des dépôts de bennes a provoqué l'amoncellement des ordures dans les rues de la capitale. Plus que le taux réel de grévistes, "assez faible" hors des jours de forte mobilisation, reconnaît la mairie de Paris.

Mercredi, toujours selon la mairie, 9 500 tonnes jonchaient les trottoirs, une estimation en légère augmentation pour la première fois depuis le début des réquisitions décidées jeudi par la préfecture de police.


Le maire de Villeurbanne interdit une séance de dédicace d'Eric Zemmour

 Le chef du parti d'extrême droite "Reconquête" Eric Zemmour, le 27 mai 2022. (Photo, AFP)
Le chef du parti d'extrême droite "Reconquête" Eric Zemmour, le 27 mai 2022. (Photo, AFP)
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  • L'interdiction a été jugée «scandaleuse» par Agnès Marion, une des cadres de Reconquête dans le Rhône, invoquant le «droit fondamental à exprimer son opinion» et le «devoir de tout élu de préserver ce droit fondamental»
  • La venue d'Eric Zemmour pour la promotion de son dernier livre «Je n'ai pas dit mon dernier mot» avait fortement fait réagir parmi les partis politiques et syndicats de Villeurbanne, une ville profondément ancrée à gauche

LYON: Le maire socialiste de Villeurbanne (Rhône) Cédric Van Styvendael a interdit mercredi par arrêté la tenue d'une séance de dédicace d'Eric Zemmour organisée par le parti Reconquête, à cause des risques de débordements.

L'annonce de cet événement "a suscité de nombreuses réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux mettant en évidence l'existence d'un risque de débordements et de violences", indique la mairie dans un communiqué.

L'interdiction a été jugée "scandaleuse" par Agnès Marion, une des cadres de Reconquête dans le Rhône, invoquant le "droit fondamental à exprimer son opinion" et le "devoir de tout élu de préserver ce droit fondamental".

"Les motivations sont au-delà des troubles à l'ordre public", a-t-elle dit en dénonçant un parti pris "sectaire". "Nous sommes en train d'étudier les recours", a-t-elle déclaré à l'AFP.

La ville avait autorisé "une réunion du parti Reconquête le samedi 25 mars dans une salle du CCVA (centre culturel et de la vie associative) devant accueillir une centaine de personnes", explique le communiqué municipal. Reconquête a ensuite annoncé l'inscription de quelque 600 personnes, au-delà de la capacité d'accueil de la salle.

"Il y a un écart majeur entre ce qu'ils ont dit et ce qu'ils vont faire", note auprès de l'AFP Cédric Van Styvendael. De plus, selon lui, "cet événement n'est pas en mesure de se dérouler sans risquer de créer des troubles à l'ordre public mettant en danger la sécurité des personnes".

Ainsi, le groupe antifasciste "La Jeune Garde", très actif à Lyon, a appelé à des actions contre la séance de dédicace sur les réseaux sociaux. Le maire évoque également la situation "particulière" du pays, avec des forces de l'ordre "déjà particulièrement mobilisées" pour les manifestations contre la réforme des retraites.

Cédric Van Styvendael ajoute qu'il "reste fermement attaché à la liberté d'expression et à la liberté de réunion", en évoquant la possibilité pour Reconquête de réserver la salle municipale, même s'il s'oppose "aux idées et aux valeurs défendues par Eric Zemmour", qualifié de "prêcheur de haine".

La venue d'Eric Zemmour pour la promotion de son dernier livre "Je n'ai pas dit mon dernier mot" avait fortement fait réagir parmi les partis politiques et syndicats de Villeurbanne, une ville profondément ancrée à gauche. Le PCF avait "condamné" sa présence, LFI s'y était "fortement opposé".