Les jeunes américains, proie facile de la désinformation électorale sur TikTok

Si la maison-mère de TikTok, ByteDance, dispose de mesures pour limiter les théories complotistes sur le réseau social, «cela ne signifie pas que celles-ci sont respectées», explique Jon Lloyd. (AFP)
Si la maison-mère de TikTok, ByteDance, dispose de mesures pour limiter les théories complotistes sur le réseau social, «cela ne signifie pas que celles-ci sont respectées», explique Jon Lloyd. (AFP)
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Publié le Samedi 05 novembre 2022

Les jeunes américains, proie facile de la désinformation électorale sur TikTok

  • Peut-être de manière encore plus inquiétante, TikTok a approuvé sur sa plateforme des publicités politiques payantes contenant de la désinformation
  • «Les hackers peuvent facilement changer les résultats de l'élection! Pas la peine d'aller voter!», peut-on entendre dans une vidéo

WASHINGTON: Si la campagne bat son plein sur les réseaux sociaux à quelques jours des élections américaines de mi-mandat, la désinformation n'est pas non plus en reste, y compris sur TikTok. Et en dépit des règles établies par le géant chinois, des analystes craignent l'influence que pourraient avoir les intox partagées sur la plateforme prisée des jeunes.

Des vidéos, évoquant sans aucun fondement l'existence de fraude électorale ou de vols de bulletins postaux, ont notamment trouvé refuge sur le réseau.

Et peut-être de manière encore plus inquiétante, TikTok a approuvé sur sa plateforme des publicités politiques payantes contenant de la désinformation, alors même que l'entreprise avait affirmé interdire en 2019 une telle pratique.

"Les hackers peuvent facilement changer les résultats de l'élection! Pas la peine d'aller voter!", peut-on entendre dans une vidéo dont le contenu a été élaboré par des chercheurs de l'ONG Global Witness.

Lors de l'expérience réalisée conjointement avec l'université de New York, et visant à tester les limites de l'interdiction établie par TikTok, plus de 90% des publications trompeuses rédigées par l'équipe ont été autorisées sur le site.

"Nous sommes assez choqués de ces résultats", confie à l'AFP Jon Lloyd, un conseiller de Global Witness, qui décrit TikTok comme l'un des "bonnets d'âne" en matière de modération.

Polarisant 

Plus de huit millions de jeunes Américains actifs sur le site pourront voter pour la première fois ce 8 novembre. Et selon un sondage du Pew Research Center, plus d'un quart des Américains entre 18 et 29 ans consultent aujourd'hui TikTok pour s'informer.

La large quantité de contenus diffusés sur la plateforme fait que ses "utilisateurs, et en particulier les jeunes et plus impressionnables" finiront par interagir avec des publications potentiellement polarisantes ou problématiques, note Matt Navarra, un consultant expert en réseaux sociaux.

Et si la maison-mère de TikTok, ByteDance, dispose de mesures pour limiter les théories complotistes sur le réseau social, "cela ne signifie pas que celles-ci sont respectées", explique Jon Lloyd.

TikTok est censé retirer les contenus en rapport avec "la santé publique, les processus électoraux, les faits et la science", qui pourraient nuire aux citoyens. Mais les récentes vidéos communiquant de manière trompeuse ou fausse sur la fraude électorale aux Etats-Unis, sont, elles, encore en ligne.

"Nous prenons notre responsabilité de protéger l'intégrité de notre plateforme et les élections avec le plus grand sérieux", a déclaré un porte-parole de ByteDance dans un communiqué à l'AFP.

"Nous continuons d'investir dans notre règlement, notre sûreté, et nos équipes de sécurité pour contrer la désinformation électorale", poursuit-il.

D'autres pays ont auparavant fait état de problèmes similaires avec le réseau, notamment durant l'élection présidentielle aux Philippines, ainsi qu'en Allemagne où de faux comptes parlementaires avaient été créés, et au Kenya, où la propagande politique prospère.

A portée de tous

Lors du deuxième trimestre 2022, TikTok a supprimé 113 millions de vidéos pour violation de ses règles communautaires, soit environ 1% de son contenu publié.

Les analystes, quant à eux, n'expriment aucun réel optimisme quant à une amélioration à l'avenir, se rappelant du déroulement de la dernière présidentielle américaine et du rôle des réseaux sociaux dans la propagation de rumeurs sur l'élection.

"Que Facebook passe pour un bon élève en comparaison sur ces questions, paraît incroyable", souligne Steven Brill, président de NewsGuard, site qui évalue les sources d'information en fonction de leur fiabilité.

Selon Matt Navarra, le format "très rapide et très simpliste" des vidéos TikTok rend la création et la diffusion de contenu à portée de tout utilisateur.

Combiné à un algorithme puissant, il est alors un jeu d'enfant d'accumuler des milliers de vues à une vitesse astronomique, et cela sans nécessairement disposer d'un nombre important d'abonnés.

Quant au style, la nuance cède souvent la place au contenu haché, accompagné d'une musique entraînante et de commentaires ajoutés en voix off. Il est alors très difficile de distinguer le mythe de la réalité.

"Si les jeunes cherchent à s'informer au sujet de l'élection sur la plateforme, ils trouveront des résultats de courte durée, dépourvus de leur contexte" et souvent sans explication quant à leur source, conclut Jack Brewster, analyste chez NewsGuard.


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
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  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.