L'ONU presse Musk de faire respecter les droits de l'Homme sur Twitter

Le nouveau propriétaire de Twitter Elon Musk (Photo, AFP).
Le nouveau propriétaire de Twitter Elon Musk (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 06 novembre 2022

L'ONU presse Musk de faire respecter les droits de l'Homme sur Twitter

GENÈVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme Volker Türk a pressé samedi le nouveau propriétaire de Twitter Elon Musk de s'assurer que ces droits soient respectés sur le réseau social.

"Je vous demande instamment de faire en sorte que les droits humains soient au centre du management de Twitter sous votre direction", a écrit M. Türk dans une lettre ouverte, où il dit son "appréhension au sujet de notre place publique numérique et du rôle de Twitter dans celle-ci".

"Le respect de nos droits humains partagés devrait tenir lieu de garde-fous pour l'utilisation et l'évolution de la plateforme" et "comme toutes les entreprises, Twitter doit comprendre les dommages associés à sa plateforme et prendre des mesures pour y remédier", a-t-il ajouté.

En ce sens, les informations selon lesquelles Elon Musk a limogé toute l'équipe de Twitter qui était dédiée aux droits de l'Homme ne sont "pas, de mon point de vue, un début encourageant", a regretté M. Türk.

Elon Musk avance ses pions à toute vitesse malgré les critiques

L'application mobile de Twitter propose déjà, depuis samedi, une mise à jour qui doit permettre prochainement de souscrire à la nouvelle formule, pour les utilisateurs souhaitant un compte certifié et des avantages pratiques.

"Obtenez Twitter Blue pour 7,99 dollars par mois si vous souscrivez maintenant", indique l'appli, seulement sur les iPhone pour l'instant.

"Le nouveau Bleu n'est pas encore activé - le sprint jusqu'au lancement continue mais certaines personnes vont peut-être voir des mises à jour parce que nous testons les changements en temps réel", a tweeté Esther Crawford, la directrice des produits en développement de l'entreprise californienne.

"L'équipe Twitter est légendaire. Le Nouveau Bleu arrive bientôt !", a-t-elle ajouté. Mercredi, elle avait republié une photo d'elle-même en train de dormir par terre, au bureau, dans un sac de couchage.

Actuellement, cet abonnement à 5 dollars contient des fonctionnalités premium, comme un mode de lecture plus confortable.

Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, a pris le contrôle de Twitter le 28 octobre, après avoir acheté le réseau social à l'oiseau bleu 44 milliards d'euros. Il en aussitôt dissous le conseil d'administration, congédié les dirigeants, avant de licencier environ la moitié des 7.500 salariés.

Le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, qui a justement publié sa lettre ouverte sur Twitter, où il compte quelque 25.000 abonnés, a énoncé six principes fondamentaux, dont la liberté d'expression, la protection de la vie privée et la garantie de la transparence.

Mais cette liberté d'expression "n'est pas un laissez-passer", a-t-il averti, soulignant que la propagation virale de fausses informations, notamment lors de la pandémie de Covid-19, entraînait des dommages dans le monde réel.

"Twitter a la responsabilité d'éviter d'amplifier les contenus qui portent atteinte aux droits des personnes", a souligné M. Türk.

"Il n'y a pas de place pour la haine qui incite à la discrimination, à l'hostilité ou à la violence sur Twitter", a-t-il résumé, rappelant que "le discours de haine s'est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux... avec des effets terribles et en mettant des vies en danger".

Twitter devrait donc continuer à interdire les discours de haine, et s'efforcer de supprimer rapidement tous ces types de contenu, a-t-il demandé.

Viktor Türk, un Autrichien qui a pris son poste de Haut-Commissaire le 17 octobre, a aussi souligné que la liberté d'expression dépendait de la protection effective de la vie privée.

"Il est essentiel que Twitter s'abstienne de suivre de manière intrusive les utilisateurs et de collecter des données personnelles, et qu'il résiste, dans toute la mesure du possible en vertu des lois applicables, aux demandes injustifiées des gouvernements concernant les données des utilisateurs", a-t-il déclaré.

Il a encore souligné que la recherche était essentielle pour comprendre l'impact des réseaux sociaux, et donc exhorté M. Musk à maintenir l'accès aux données de Twitter en ce sens.

Enfin il a réclamé que Twitter ait des capacités de modération de contenus dans toutes les langues et tous les contextes, pas seulement aux Etats-Unis ou pour les contenus en anglais.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.