Un siècle après Toutankhamon, les Égyptiens veulent sortir de l'ombre

Sur cette photo d'archive prise le 26 juillet 2022, un artisan travaille dans un bazar d'albâtre dans le village d'al-Qurna (Gurna) sur la rive ouest du Nil, en face de la ville de Louxor, dans le sud de l'Égypte. (Photo par Khaled Desouki / AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 26 juillet 2022, un artisan travaille dans un bazar d'albâtre dans le village d'al-Qurna (Gurna) sur la rive ouest du Nil, en face de la ville de Louxor, dans le sud de l'Égypte. (Photo par Khaled Desouki / AFP)
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Publié le Dimanche 06 novembre 2022

Un siècle après Toutankhamon, les Égyptiens veulent sortir de l'ombre

  • «Les Égyptiens ont été effacés du récit historique à cause de l'occupation culturelle de l'Égypte des 200 dernières années», affirme Monica Hanna, doyenne du Collège d'archéologie d'Assouan
  • Christina Riggs rappelle que dans les rares cas où une découverte a été portée au crédit d'Égyptiens, il s'agissait d'«enfants» et de «pilleurs de tombes» quand ce n'étaient pas leurs «animaux»

QURNA : Sur la photo iconique, le Britannique Howard Carter inspecte le sarcophage de Toutankhamon et, dans l'ombre, se tient un Egyptien.

Ce cliché du début du XXe siècle illustre bien ce que furent deux siècles d'égyptologie selon les experts: d'un côté, le savant occidental qui découvre seul des trésors; de l'autre, des petites mains égyptiennes absentes de l'histoire de la révélation des secrets des pharaons.

L'égyptologie, née à l'époque coloniale, a créé «des inégalités structurelles» qui «résonnent aujourd'hui» encore, souligne la Britannique Christina Riggs, égyptologue à l'université de Durham.

Mais, alors que le monde célèbre le bicentenaire du déchiffrement de la pierre de Rosette par le Français Jean-François Champollion et le centenaire de la découverte du tombeau de l'enfant-pharaon Toutankhamon par Carter, en Égypte des voix s'élèvent pour mettre en lumière la contribution des Égyptiens dans ces explorations.

Manière de se réapproprier leur histoire, au même titre que la préservation du patrimoine dans leur pays ou la restitution réclamée de trésors estimés «volés» par les Occidentaux.

Les Égyptiens qui ont fouillé «ont fait tout le travail» mais ils «ont été oubliés», déplore Abdel Hamid Daramalli, chef de fouille à Qurna (sud) où il dit être né sur la tombe d'un scribe.

«C'est comme si personne n'avait cherché à comprendre l'Égypte antique avant» Champollion, qui le 27 septembre 1822 annonça avoir déchiffré la pierre de Rosette, abonde la chercheuse Heba Abdel Gawad, spécialiste de l'héritage égyptien.

«Anonymes»

Sur le fameux cliché, «l'Égyptien, pas nommé, pourrait être Hussein Abou Awad ou Hussein Ahmed Saïd», explique Mme Riggs.

Ces deux hommes ont été, avec Ahmed Gerigar et Gad Hassan, des piliers de l'équipe de Carter pendant près d'une décennie mais aucun expert ne peut aujourd'hui mettre un nom sur les visages photographiés.

«Les Égyptiens sont restés dans l'ombre, anonymes et transparents dans le récit de leur histoire», résume l'historienne.

Un nom cependant a émergé, celui des Abdel Rassoul.

Hussein d'abord qui alors enfant passe pour être celui qui a découvert involontairement la tombe de Toutankhamon, le 4 novembre 1922, sur la rive ouest du Nil dans la nécropole de Thèbes (aujourd'hui Louxor), à Qurna.

Les versions varient: il a trébuché dessus, son âne a trébuché dessus ou il a renversé un broc d'eau qui a mis au jour une pierre.

La mythologie locale dit aussi que ses ancêtres Ahmed et Mohammed ont découvert en

1871 les 50 momies de Deir el-Bahari, dont celle de Ramsès II.

Le petit-neveu de Hussein, Sayed Abdel Rassoul, que l'AFP a retrouvé à Qurna, éclate de rire à l'évocation de ces récits.

Est-ce «vraiment sensé» de croire qu'un gosse avec une jarre d'eau a pu faire une telle découverte ?, demande-t-il. De toutes façons, «certains ont gardé des archives mais pas nous», dit-il.

Christina Riggs rappelle pourtant que dans les rares cas où une découverte a été portée au crédit d'Égyptiens, il s'agissait d'«enfants» et de «pilleurs de tombes» quand ce n'étaient pas leurs «animaux».

«L'archéologie, c'est surtout de la géographie», explique Mme Abdel Gawad. Et dans ce domaine, dit-elle, les agriculteurs locaux ont un atout en main: «Ils connaissent le terrain et ses reliefs» et peuvent dire «en fonction des couches sédimentaires s'il y a des objets enterrés».

C'est ainsi que de génération en génération, le travail de fouille s'est transmis à Qurna, où vivent les Abdel Rassoul, et à Qift, au nord de Louxor où dans les années 1880 les habitants ont été formés à l'archéologie par le Britannique William Flinders Petrie.

L'arrière-grand-père de Mostafa Abdo Sadek fut l'un d'eux. Au début du XXe siècle, il s'est installé à 600 kilomètres au nord de Qift pour fouiller la nécropole de Saqqara, près des pyramides de Guizeh.

Lui, ses enfants et ses petits-enfants ont, durant un siècle, aidé à percer les mystères de dizaines de tombes, raconte à Saqqara l'arrière-petit-fils, lui-même archéologue réputé.

Mais eux «ont été lésés», poursuit Mostafa Abdo Sadek en brandissant des photos de ses ancêtres dont aucun nom n'apparaît aujourd'hui dans les livres d'histoire.

«Enfants de Toutankhamon»

«Les Égyptiens ont été effacés du récit historique à cause de l'occupation culturelle de l'Égypte des 200 dernières années», affirme Monica Hanna, doyenne du Collège d'archéologie d'Assouan.

Il faut prendre en compte «le contexte historique et social de l'Égypte sous occupation britannique», nuance Fatma Keshk, conférencière à l'Institut d'archéologie orientale du Caire.

Au début du XXe siècle, sur fond d'anticolonialisme grandissant, l'héritage pharaonique sert à faire vibrer la corde nationaliste. La bataille culturelle devient politique.

«Nous sommes les enfants de Toutankhamon», chante la diva Mounira al-Mahdiyya en 1922 - année de la découverte de la tombe de l'enfant-pharaon dans la Vallée des Rois et de l'indépendance de l'Égypte.

A coups de campagnes brocardant la mainmise des étrangers sur le patrimoine national, Le Caire parvient la même année à mettre fin au système de partage colonial qui garantissait aux Occidentaux la moitié des pièces mises au jour en échange du financement des fouilles.

Mais alors, l'Égypte antique a été dissociée de l'Égypte moderne et à partir de là «considérée comme une civilisation universelle» dans un monde qui à l'époque «se résumait à l'Occident», analyse Mme Abdel Gawad.

Toutankhamon reste en Égypte mais le pays «perd les archives des fouilles», outil essentiel pour toute publication universitaire, au profit de la collection privée Carter, relate Mme Hanna. «Nous étions encore colonisés. Ils nous ont laissé les objets mais ont pris notre capacité à produire de la connaissance sur Toutankhamon.»

Et quand la nièce d'Howard Carter décide de faire don de ces archives peu après la mort de l'archéologue britannique en 1939, elle choisit l'université d'Oxford plutôt que l'Égypte.

Oxford qui justement propose actuellement l'exposition «Toutankhamon: fouille dans les archives» pour mettre en lumière «les Egyptiens souvent oubliés des équipes archéologiques».

Une momie dans la maison

A Qurna, Ahmed Abdel Rady, 73 ans, se rappelle avoir trouvé, enfant, une tête de momie dans un renfoncement de la maison installée dans un des tombeaux de la nécropole de Thèbes où il a grandi.

Ma mère, raconte-t-il à l'AFP, a éclaté en sanglots en me suppliant de traiter «cette reine» avec respect. Pour autant, poursuit-il, elle stockait oignons et têtes d'ail dans un sarcophage de granit.

Aujourd'hui, le village, n'est plus que ruines où, entre tombeaux et temples, les colosses de Memnon, construits il y a plus de 3 400 ans, semblent veiller sur les morts et les vivants.

En 1998, des bulldozers ont débarqué pour détruire les petites maisons de terre et de brique des 10 000 habitants, sous lesquelles reposaient des tombes datant pour la plupart de 1 500 à 1 200 avant JC.

Dans des affrontements avec la police, quatre habitants refusant d'être expulsés sont tués. C'est parce qu'ils sont profondément liés à l'héritage pharaonique que les habitants de Qurna ont tant protesté contre la démolition de leur village, assure Abdel Hamid Daramalli.

Mais la bataille pour l'histoire se fait aussi aux dépens des Egyptiens, en dépit même des critiques alors de l'Unesco. «Il fallait le faire» pour protéger le patrimoine, martèle le ministre des Antiquités de l'époque, Zahi Hawass.

En 2008, la quasi-totalité des maisons encore debout étaient rasées et leurs habitants relogés loin de leur gagne-pain autour des sites archéologiques et des terres de leur bétail.

Selon Monica Hanna, c'est leur réputation de «pilleurs de tombes» qui a mené les autorités à faire de Louxor un «musée à ciel ouvert».

Sayed Abdel Rassoul en souffre depuis qu'il y a longtemps des membres de la famille ont été pris vendant des pièces archéologiques sous le manteau.

«Les Français, les Britanniques, tous volaient», dit son neveu Ahmed. «Et qui, au départ, a dit aux habitants de Qurna qu'ils pouvaient gagner de l'argent en vendant des pièces pharaoniques ?

Cinq choses à savoir sur Toutankhamon et son fabuleux trésor

L'ouverture, il y a 100 ans, du tombeau du pharaon égyptien Toutankhamon, l'une des plus grandes découvertes archéologiques de tous les temps, reste nimbée de mystères.

Voici cinq choses à savoir sur l'enfant-roi, ses énigmes et ses trésors:

Un trésor inviolé

En novembre 1922, après six saisons de fouilles infructueuses, l'archéologue britannique Howard Carter, son équipe égyptienne et le riche mécène Lord Carnarvon découvrent une sépulture inviolée dans la Vallée des Rois, près de Louxor en Haute-Egypte.

Le trésor funéraire, réparti dans les cinq pièces du tombeau, est intact, avec 4 500 objets (mobilier, bijoux, statuettes), dont bon nombre en or massif.

Le tombeau du jeune pharaon, mort à 19 ans aux environ de 1324 avant Jésus-Christ, est le seul mausolée de l'Egypte antique à avoir livré un tel trésor.

Les innombrables autres tombeaux de pharaons et notables mis au jour jusqu'alors avaient été pillés au fil des millénaires.

Cercueil en or massif

Parmi les objets découverts: un lit en bois plaqué or orné d'une tête de lion, un char ou encore un poignard au manche d'or, forgé à partir du fer de météorites selon des chercheurs.

Le spectaculaire sarcophage en quartzite rouge hébergeait trois cercueils emboîtés les uns dans les autres, dont le dernier (110 kg) en or massif abritait la momie de Toutankhamon.

Mais la pièce maîtresse du trésor, devenue l'un des objets égyptiens les plus reconnaissables au monde, est un masque funéraire en or de plus de 10 kg incrusté de lapis-lazuli et d'autres pierres semi-précieuses.

Un arbre généalogique énigmatique

Des tests ont permis d'établir que le père de Toutankhamon était le pharaon Akhenaton, qui a régné entre 1351 et 1334 avant Jésus-Christ.

Akhenaton était l'époux de la légendaire reine Néfertiti.

Pour autant, celle-ci n'est pas la mère de Toutankhamon. La mère du jeune pharaon, dont la momie a été retrouvée, serait la soeur de son père. L'analyse génétique montre en effet une consanguinité entre les parents.

Toutankhamon aurait épousé sa demi-soeur, Ankhsenpaamon. Le mariage entre frère et soeur était commun dans l'Egypte des pharaons.

Le couple n'a pas de descendance connue mais deux momies d'enfants mort-nés ont toutefois été découvertes dans la tombe du jeune roi.

Un règne troublé, une mort mystérieuse

C'est à neuf ans, vers 1333 avant Jésus-Christ, que Toutankhamon serait monté sur le trône de Haute et Basse Egypte, mais les âges et les dates varient d'un spécialiste à l'autre.

Le pays sort alors d'une période troublée, marquée par la volonté d'Akhenaton d'instaurer une forme de monothéisme dédiée au dieu du soleil Aton.

L'arrivée au pouvoir du jeune prince permet aux tenants du culte d'Amon de reprendre le dessus et de rétablir les divinités traditionnelles.

Plusieurs théories ont circulé sur les causes de son décès: maladie, accident de char ou meurtre.

En 2010, des tests génétiques et des études radiologiques ont révélé que l'adolescent serait en fait mort de paludisme combiné à une affection osseuse. Le jeune roi boitait d'un pied en raison d'une nécrose osseuse et son système immunitaire était déficient.

Un trésor maudit ?

Quelques mois après la fabuleuse découverte, le mythe de la malédiction du pharaon, qui frapperait ceux qui ont ouvert le tombeau, prend corps lorsque Lord Carnavon meurt en avril 1923 de septicémie, après une coupure infectée.

La légende se nourrit aussi d'une série de décès, comme celui de Carter qui meurt d'un cancer en 1939 à l'âge de 64 ans sans avoir achevé la publication de son ouvrage sur la sépulture, alors qu'il avait consacré dix ans à répertorier le trésor.

Agatha Christie s'inspirera de la malédiction de Toutankhamon pour une de ses célèbres nouvelles: "L'aventure du tombeau égyptien".

«Butin de guerre»

Au cours des siècles, un nombre inquantifiable d'antiquités sont sorties d'Égypte.

Certaines, comme l'Obélisque de Louxor à Paris ou le Temple de Debod à Madrid, ont été offertes par le gouvernement égyptien à des pays amis.

D'autres ont été envoyées dans les musées européens dans le cadre du système de partage colonial.

Et des centaines de milliers sont passées en contrebande vers «des collections privées à travers le monde», affirme Mme Abdel Gawad.

C'est la nouvelle croisade de l'ancien ministre Hawass, qui a lancé en octobre une pétition pour la restitution de la pierre de Rosette et du zodiaque de Dendérah. Il a déjà recueilli 78 000 signatures et promet une nouvelle pétition pour le buste de Néfertiti. Car ces trois pièces sont sujettes à controverses depuis des décennies.

La pierre de Rosette, stèle gravée en 196 avant JC en grec ancien, égyptien démotique et hiéroglyphes, est exposée depuis 1802 au British Museum de Londres avec en cartel «prise en Égypte en 1801 par l'armée britannique».

Un porte-parole du British Museum assure à l'AFP que c'est «un cadeau diplomatique». Pour Mme Abdel Gawad, c'est «un butin de guerre».

Le buste de Néfertiti a atterri au Neues Museum de Berlin en vertu du partage colonial, affirme l'Allemagne. Pour M. Hawass, cette sculpture, peinte en 1340 avant JC et ramenée par des archéologues allemands en 1912, «a été sortie illégalement d'Égypte».

Le zodiaque de Dendérah, enfin, a rejoint Paris quand en 1820 le préfet Sébastien Louis Saulnier envoie une équipe desceller à l'explosif ce bas-relief d'un temple du sud de l'Égypte.

Cette représentation de la voûte céleste de plus de 2,5 mètres de largeur et de hauteur est accrochée à un plafond du Louvre depuis 1922, alors qu'une copie de plâtre la remplace à Dendérah. «C'est un crime», accuse Mme Hanna.

Ce qui était acceptable à l'époque, ajoute-t-elle, n'est plus «compatible avec l'éthique du XXIe siècle».


Tunisie: la famille d'un opposant en grève de la faim dénonce des «violences» en prison

L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
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  • M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste"
  • Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille

TUNIS: L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture".

M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste". Son procès en appel aux côtés d'une quarantaine d'autres personnalités est prévu le 17 novembre.

Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille.

"Les agents ont ordonné aux détenus de l'agresser. Ils l'ont torturé car il refusait de manger", a dénoncé dans une vidéo sur Facebook, l'avocate Dalila Msaddek, soeur de M. Ben Mbarek qui, la semaine passée, s'était inquiétée de son état "alarmant".

"Des agents et des détenus l'ont frappé, les traces de coups sont visibles sur son flanc avec des ecchymoses. Ils l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Six détenus et cinq agents ont fait cela", a affirmé Mme Msaddek, en pleurant. "Nous avons atteint le stade de la barbarie", a-t-elle dit.

L'avocate Hanen Khemiri, qui lui a rendu visite mercredi matin en prison, a confirmé en conférence de presse des "traces de torture et une côte cassée" et annoncé le dépôt d'une plainte au Parquet.

Le père de M. Ben Mbarek, le militant de gauche Ezzedine Hazgui, a rencontré le directeur de la prison qui a accusé l'avocate d'"exagérer la situation". Mais M. Hazgui s'est dit convaincu que "des gardiens criminels ont tabassé son fils".

En fin de semaine dernière, plusieurs autres opposants emprisonnés dont le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha Rached Ghannouchi, 84 ans, ont annoncé une grève de la faim en solidarité avec M. Ben Mbarek.

Mardi, Mme Msaddek avait déploré une nouvelle détérioration de son état, assurant qu'il avait subi "deux crises au niveau des reins".

Le même jour, le Comité général des prisons, rattaché au gouvernement, avait démenti dans un communiqué "les rumeurs sur la détérioration de l'état de santé de tous les détenus, y compris ceux prétendant être en grève de la faim", affirmant qu'ils faisaient "l'objet d'un suivi médical constant".

Le parquet de Tunis a ordonné mercredi l'ouverture d'une enquête à l'encontre de trois avocats sur la base de plaintes de l'administration pénitentiaire qui a dénoncé la diffusion "de rumeurs et fausses informations" concernant les grèves de la faim en cours, ont indiqué des médias locaux.

Sans divulguer les noms des avocats, les médias citant une source judiciaire ont indiqué que les plaintes portent aussi sur la circulation de données jugées "erronées" relatives à la dégradation de l'état de santé de détenus déclarant observer ces grèves.

Plusieurs ONG tunisiennes et étrangères ont déploré un recul des droits et libertés en Tunisie depuis un coup de force par lequel le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.


Damas va «lutter activement» contre les groupes «terroristes», affirme un émissaire américain

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  • "Damas nous aidera désormais activement à affronter et démanteler les restes de l'Etat islamique, des Gardiens de la Révolution, du Hamas, du Hezbollah et d'autres réseaux terroristes", a affirmé sur X M. Barrack
  • Le dirigeant des Kurdes de Syrie, Mazloum Abdi, avait affirmé en octobre être parvenu à un "accord de principe" avec le pouvoir central sur l'intégration des FDS au sein des forces de sécurité syriennes

DAMAS: Damas va lutter activement contre les groupes "terroristes" dont l'Etat islamique (EI), les Gardiens de la Révolution iraniens, le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, a affirmé jeudi l'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack.

Le président américain Donald Trump a reçu lundi à la Maison Blanche son homologue syrien Ahmad al-Chareh, une première pour un chef d'Etat syrien et une consécration pour l'ancien jihadiste qui pris le pouvoir en décembre 2024 après avoir renversé Bachar al-Assad.

La coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis a annoncé mercredi que la Syrie était devenue le 90ème membre de ce groupe qui avait été créé en 2014 pour combattre l'EI en Syrie et en Irak.

"Damas nous aidera désormais activement à affronter et démanteler les restes de l'Etat islamique, des Gardiens de la Révolution, du Hamas, du Hezbollah et d'autres réseaux terroristes", a affirmé sur X M. Barrack.

L'Iran, à travers les Gardiens de la Révolution, son armée idéologique, et le Hezbollah soutenaient militairement le pouvoir de Bachar al-Assad avant sa chute, contrairement au Hamas qui n'y avait pas de présence armée.

Une réunion tenue cette semaine à Washington avec les chefs de la diplomatie américaine Marco Rubio, turque Hakan Fidan et syrienne Assaad al-Chaibani a évoqué l'intégration des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et qui contrôlent de vastes pans du nord-est syrien, au sein de l'Etat, selon l'émissaire.

Soutenues par les Etats-Unis, les FDS ont été le fer de lance de la lutte en Syrie contre le groupe EI, qui y a été défait.

Le dirigeant des Kurdes de Syrie, Mazloum Abdi, avait affirmé en octobre être parvenu à un "accord de principe" avec le pouvoir central sur l'intégration des FDS au sein des forces de sécurité syriennes.

Sur X, M. Abdi a indiqué avoir discuté au téléphone avec Tom Barrack de son engagement "à accélérer l'intégration des FDS au sein de l'Etat syrien".

Le pouvoir de M. Chareh et les Kurdes avaient signé un accord en mars pour intégrer dans un délai d'un an leurs institutions civiles et militaires au sein du pouvoir central mais son application a été entravée par des divergences entre les deux parties.

 


Cisjordanie : le chef de l'armée israélienne veut «mettre fin» aux violences de colons

Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
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  • Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens
  • Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes

JERUSALEM: Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies.

"Nous sommes déterminés à mettre fin à ce phénomène et nous agirons avec fermeté jusqu'à ce que justice soit rendue", a déclaré le lieutenant-général Eyal Zamir lors d'une visite à des troupes en exercice dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, selon un communiqué militaire.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaire de l'ONU (Ocha) a annoncé avoir enregistré en Cisjordanie "264 attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en octobre, soit "le bilan mensuel le plus élevé en près de deux décennies de collecte de données".

Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens en lien avec une descente violente menée contre la localité palestinienne de Beit Lid, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.

Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes.

Le président israélien Isaac Herzog a condamné ces exactions les qualifiant de "choquantes et inacceptables".

"L'armée ne tolérera pas de comportements criminels de la part d'une petite minorité qui ternit l'image d'une population respectueuse des lois", a déclaré le général Zamir, alors que nombre de témoignages accusent les soldats israéliens de rester passifs face à la violence de ces colons.

Ces dernières semaines, les attaques attribuées à des colons de plus en plus jeunes et violents vivant généralement dans des avant-postes (implantations illégales au regard du droit israélien et destinées à créer des faits accomplis sur le terrain) se sont multipliées en Cisjordanie, visant des Palestiniens mais aussi des militants anticolonisation israéliens ou étrangers, des journalistes et parfois aussi des soldats.

Plus de 500.000 Israéliens vivent en Cisjordanie dans des colonies régulièrement condamnées par l'ONU comme illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Les violences ont explosé dans ce territoire depuis le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.003 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.