Climat: le réchauffement s'accélère, avertit un rapport de l'ONU

Des délégués assistent à la cérémonie d'ouverture de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique 2022, plus connue sous le nom de COP27, au Centre international de conventions de Sharm El Sheikh, dans la station balnéaire égyptienne du même nom sur la mer Rouge. (Photo, AFP)
Des délégués assistent à la cérémonie d'ouverture de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique 2022, plus connue sous le nom de COP27, au Centre international de conventions de Sharm El Sheikh, dans la station balnéaire égyptienne du même nom sur la mer Rouge. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 06 novembre 2022

Climat: le réchauffement s'accélère, avertit un rapport de l'ONU

  • «Alors que la COP27 commence, notre planète envoie un signal de détresse», a commenté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un message vidéo diffusé à Charm el-Cheikh
  • Cette «chronique du chaos climatique» montre «tellement clairement que le changement se produit à une vitesse catastrophique, dévastant les vies sur tous les continents», a-t-il ajouté

CHARM EL-CHEIKH : Si les projections pour cette année se confirment, les huit années de 2015 à 2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées, s'est alarmée dimanche l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un rapport qui tient plus d'une "chronique du chaos climatique".

"Alors que la COP27 commence, notre planète envoie un signal de détresse", a commenté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un message vidéo diffusé à Charm el-Cheikh.

Cette "chronique du chaos climatique" montre "tellement clairement que le changement se produit à une vitesse catastrophique, dévastant les vies sur tous les continents", a-t-il ajouté, appelant à y répondre par des "actions ambitieuses et crédibles" pendant les deux semaines de cette conférence sur le climat en Egypte.

Avec une température moyenne estimée de 1,15°C supérieure à celle de l'ère préindustrielle, l'année 2022 devrait se classer "seulement" à la cinquième ou sixième place de ces années les plus chaudes, en raison de l'influence inhabituelle, pour une troisième année consécutive, du phénomène océanique La Niña qui entraîne une baisse des températures.

"Mais cela ne renverse pas la tendance de long terme ; c'est seulement une question de temps avant qu'il y ait une nouvelle année plus chaude", a insisté l'OMM, agence spécialisée de l'ONU.

Fonte de glaciers

Preuve s'il en est de cette tendance, "les huit années de 2015 à 2022 seront probablement les huit années les plus chaudes enregistrées", a estimé l'Organisation, qui publiera son évaluation définitive en 2023.

La température moyenne sur la décennie 2013-2022 est estimée à 1,14°C au-dessus de celle de l'ère préindustrielle, contre 1,09°C sur la période 2011-2020.

L'Accord de Paris sur le climat vise à limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C, si possible 1,5°C. Alors que la science a prouvé que chaque dixième de degré multiplie les événements météorologiques extrêmes, cet objectif le plus ambitieux de +1,5°C est devenu l'objectif à "maintenir en vie".

"Les concentrations de CO2 dans l'atmosphère sont tellement élevées que l'objectif de 1,5°C (...) est à peine du domaine du possible", a commenté dimanche le patron de l'OMM Petteri Taalas.

"C'est déjà trop tard pour de nombreux glaciers et la fonte va se poursuivre pendant des centaines voire des milliers d'années, avec des conséquences majeures sur l'approvisionnement en eau", a-t-il ajouté.

Ainsi, les glaciers des Alpes ont enregistré en 2022 une perte record de masse de glace, avec une réduction d'épaisseur de 3 à 4 mètres, "beaucoup plus que lors du précédent record en 2003".

«Oeillères»

Et les nouvelles ne sont pas meilleures du côté de l'élévation du niveau des océans, principalement liée à la fonte des calottes glaciaires.

Le niveau des océans est aussi à un "record" en 2022, avec une hausse de 10 mm depuis janvier 2020, soit 10% de la hausse enregistrée depuis le début des mesures par satellite il y a près de 30 ans. Et le rythme d'élévation a doublé depuis 1993.

La planète a été en outre victime cette année d'une avalanche d'événements extrêmes, des inondations historiques au Pakistan aux canicules répétées en Europe, en passant par la sécheresse dans la Corne de l'Afrique.

"Nous savons que certains de ces désastres, les inondations et la chaleur au Pakistan, les inondations et les cyclones dans le sud de l'Afrique, l'ouragan Ian, les canicules extrêmes et la sécheresse en Europe n'auraient pas été aussi graves sans le changement climatique", a commenté Friederike Otto, climatologue à l'Imperial College de Londres.

"S'il y a bien une année où il faut réduire en lambeau et brûler les oeillères qui empêchent l'action climatique, c'est celle-là", a ajouté Dave Reay, de l'Université d'Edimbourg.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.