«Révolution» chez Renault, qui sépare et introduira en Bourse ses voitures électriques

Le directeur général du groupe Renault, Luca De Meo, à Paris le 8 novembre 2022, présente un point sur la stratégie du groupe et les perspectives financières à moyen terme du plan "Renaulution". (Photo Éric PIERMONT / AFP)
Le directeur général du groupe Renault, Luca De Meo, à Paris le 8 novembre 2022, présente un point sur la stratégie du groupe et les perspectives financières à moyen terme du plan "Renaulution". (Photo Éric PIERMONT / AFP)
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Publié le Mardi 08 novembre 2022

«Révolution» chez Renault, qui sépare et introduira en Bourse ses voitures électriques

  • Le groupe va lancer une nouvelle filiale baptisée «Ampere» --sans accent-- qui rassemblera 10 000 salariés en France, pour produire un million de véhicules électriques sous marque Renault à horizon 2031
  • Renault va s'associer à 50/50 au géant chinois Geely, déjà propriétaire de Volvo Cars et Lotus, dans une nouvelle filiale appelée «Horse»

PARIS: Le constructeur automobile français Renault s'est lancé à la chasse aux partenaires pour sortir la tête haute d'une période à risque pour l'automobile: il va lancer ses voitures électriques en Bourse, coopérer avec le Chinois Geely pour ses moteurs traditionnels, mais aussi accélérer avec sa marque premium Alpine. 

Le groupe va lancer une nouvelle filiale baptisée "Ampere" --sans accent-- qui rassemblera 10 000 salariés en France, pour produire un million de véhicules électriques sous marque Renault à horizon 2031, a annoncé le groupe lors d'une grande conférence dédiée aux investisseurs à Paris. 

Produisant notamment la nouvelle Renault 5, cette filiale se veut aussi étincelante que Tesla ou le Chinois BYD, dont les valorisations en Bourse font envie. Ampere vise plus de 30% de croissance annuelle dans les huit prochaines années. 

L'Américain Ford a aussi annoncé la création d'une filiale électrique, "Model E", tandis que l'Allemand Volkswagen a lancé en Bourse sa marque Porsche pour financer son électrification. 

Renault veut ainsi réaccélerer dans l'électrique, où il était un pionnier avant de se faire rattraper. 

Mais il mise aussi sur la persistance des moteurs thermiques hors de l'Union européenne, zone la plus ambitieuse sur le climat et où les seules voitures neuves autorisées à la vente en 2035 devront ne produire aucune émission de gaz à effet de serre. 

Ce nouveau volet de son plan stratégique, appelé "Révolution", doit amener le groupe à une marge opérationnelle supérieure à 8% en 2025, alors qu'elle était de 4,7% au premier semestre 2022. Le groupe prévoit de générer plus de 5 milliards d'euros de flux financiers libres dès cette année. 

Si Renault cherchait sous Carlos Ghosn à "pousser de la tôle", il doit devenir une "entreprise anticyclique" et ainsi surfer sur les incertitudes du marché automobile, a lancé le directeur général de Renault, Luca de Meo. 

Le Losange "jouera le jeu en investissant le moins possible", a souligné M. De Meo. Le groupe préfère les partenariats: dans les batteries déjà avec Envision et Verkor et bientôt dans l'électrique en Bourse, mais aussi dans le secteur des utilitaires, dans le premium avec sa marque Alpine, et surtout dans les moteurs thermiques avec Geely. 

Financer l'électrique 

Renault va donc s'associer à 50/50 au géant chinois Geely, déjà propriétaire de Volvo Cars et Lotus, dans une nouvelle filiale appelée "Horse", et qui produira des moteurs, des boîtes de vitesse et des systèmes d'hybridation destinés aux voitures thermiques (essence et diesel) et hybrides. 

Cet attelage franco-chinois comptera 19.000 employés en Europe (Espagne, Roumanie et Suède), en Chine et en Amérique du Sud, avec 17 usines et cinq centres de R&D partagés. 

Une nouvelle entité, appelée "Power" (puissance), rassemblera toutes les activités thermiques et hybrides du Losange ("Horse", l'essence et le diesel de la marque Renault, les utilitaires et Dacia). 

Ce nouvel élan dans les moteurs conventionnels doit aussi protéger Renault "de tout aléa sur les matières premières qui pourraient impacter le développement de l'électrique", a expliqué le président de Renault Jean-Dominique Senard. 

La groupe compte introduire Ampere à la Bourse de Paris "au plus tôt au second semestre 2023" et financer son coûteux virage électrique grâce à des investisseurs attirés par de hauts taux de rentabilité. Tout en conservant "une forte majorité" dans la filiale parce qu'Ampere est "le futur de la marque Renault", a souligné le directeur financier du groupe, Thierry Piéton. 

Le fabricant américain de puces électroniques Qualcomm, fournisseur de Renault, s'est déjà positionné pour prendre une petite part d'Ampere. Reste à savoir si l'entité sera valorisée à la hauteur des espérances de Renault. 

Et Nissan? 

L’action du groupe a baissé à l’ouverture de la Bourse de Paris avant de se stabiliser vers 11H, à 31 euros. 

Car le partenariat majeur du Losange reste en suspens: Renault, dont l'Etat français et Nissan possèdent chacun 15%, doit encore préciser la part que prendra son partenaire japonais dans sa nouvelle filiale électrique. 

Cette "révolution" précède en effet une refonte profonde de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, avec une réduction de la part de Renault au capital de Nissan, qui doit être précisée "dans les prochaines semaines", a souligné M. De Meo. 

Renault va aussi se relancer dans les voitures de luxe en donnant de l'ampleur à sa marque Alpine, désormais connue mondialement via son écurie de Formule 1. La marque va s'ouvrir aux investisseurs et pourrait s'étendre notamment en Amérique du Nord ou en Chine. 


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.