Journée noire à la RATP jeudi, la grève ailleurs risque d'être peu suivie

La RATP invite tous ceux qui le peuvent à rester chez eux en télétravail (Photo, AFP).
La RATP invite tous ceux qui le peuvent à rester chez eux en télétravail (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 10 novembre 2022

Journée noire à la RATP jeudi, la grève ailleurs risque d'être peu suivie

  • Seules les lignes entièrement automatisées 1 et 14 rouleront normalement, mais avec un «risque de saturation»
  • Cinq lignes seront entièrement fermées (2, 8, 10, 11 et 12), les autres ne roulant qu'aux heures de pointe, avec un service fortement dégradé

PARIS: Presque aucun métro ne roulera jeudi à Paris en raison d'une grève à l'appel de l'ensemble des syndicats de la RATP qui s'annonce très suivie, tandis que d'autres secteurs, invités à cesser le travail par la seule CGT, devraient connaître une mobilisation plus modeste.

Seules les lignes entièrement automatisées 1 et 14 rouleront normalement, mais avec un "risque de saturation". Cinq lignes seront entièrement fermées (2, 8, 10, 11 et 12), les autres ne roulant qu'aux heures de pointe, avec un service fortement dégradé.

La RATP invite tous ceux qui le peuvent à rester chez eux en télétravail. La situation ne sera pas meilleure sur le RER A où un train sur trois circulera en moyenne. Sur le RER B, la fréquence sera de un train sur deux.

À la SNCF en revanche, le mouvement soutenu par la seule CGT-Cheminots s'annonce bien moins suivi. Le trafic sera normal sur les TGV et légèrement perturbé sur les Intercités, à la veille d'un weekend prolongé.

Sur les lignes TER, neuf trains sur dix circuleront en moyenne et, en Ile-de-France, quelques perturbations sont à prévoir sur certaines lignes du Transilien.

L'ensemble des syndicats (CGT, FO, Unsa, Solidaires) de la RATP ont appelé de longue date à la mobilisation pour demander des hausses de salaire et une amélioration des conditions de travail.

Les retraites en toile de fond

La RATP, comme les autres entreprises du secteur des transports, souffre d'un sous-effectif chronique à cause de difficultés de recrutement et subit une explosion de l'absentéisme, notamment sur son réseau de bus.

Les ressources humaines seront "le premier sujet sur la table" après sa prise de fonction, a d'ailleurs insisté Jean Castex lors de son audition mardi devant le Sénat. Il a promis l'ouverture de négociations sur les salaires "dès décembre 2022, c'est-à-dire demain".

Les agents RATP ont bénéficié d'une hausse moyenne de 5,2% des rémunérations cette année, selon la direction.

Autre motif de mobilisation: la future réforme des retraites avec un report possible de l'âge légal de départ et la fin des régimes spéciaux, avance une source proche de la direction.

Il s'agit de "montrer que si on veut mobiliser, on sait mobiliser", a affirmé mercredi Frédéric Souillot, secrétaire général de FO, dressant un parallèle avec la journée du 13 septembre 2019 qui avait précédé la grande mobilisation contre la réforme des retraites de l'hiver 2019-2020.

M. Souillot doit se rendre au côté des grévistes de la RATP à 09H30. FO, deuxième syndicat de la régie, est majoritaire chez les conducteurs de métro.

Il ne participera en revanche pas à la manifestation qui démarrera en début d'après-midi de République, direction Opéra, qui s'inscrit dans le cadre d'une journée de mobilisation nationale et interprofessionnelle à l'appel de la seule CGT décidée récemment.

FO, qui s'était associée à la journée de mobilisation du 18 octobre, au plus fort du mouvement dans les raffineries, pour protester contre les réquisitions, a choisi cette fois-ci de ne pas s'associer à la CGT, de même que FSU et Solidaires.

Philippe Martinez à Nîmes

La précédente journée à l'appel de la seule CGT, le 27 octobre, en pleines vacances scolaires, avait peu mobilisé: la police avait recensé 14 000 manifestants en province et 1.360 à Paris. La CGT n'avait pas donné de chiffre.

Mercredi, Frédéric Souillot a fustigé la multiplication des journées de manifestation "saute-mouton", estimant que cette stratégie "non seulement c'est contre-productif, deuxièmement ça fait peu bouger les choses, troisièmement ça use les troupes".

Interrogé par l'AFP lundi, la secrétaire confédérale de la CGT Céline Verzeletti se montrait confiante, disant s'attendre à "150 à 200" lieux de manifestation et à une mobilisation au moins équivalente à celle du 18 octobre. Il y avait alors eu 107 000 manifestants selon la police (300 000 selon le syndicat).

Les autorités parient sur 40 à 50 000 manifestants au niveau national, et "moins de 5 000 à Paris".

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, ne sera pas à Paris, ayant fait le choix de défiler à Nîmes où il est en déplacement dans le cadre des élections professionnelles dans la fonction publique.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.